L'ogre de barbarie

Un conte écologique qui commencera sur un petit jeu de mots mignon : Quels sont les petits lecteurs qui n'entendront pas de travers le terme "ogre de barbarie'"?
Nous penserons forcément à un ogre féroce, n'est-ce pas ?
Du tout, jeunes gens, il y aura un ogre goulu certe mais pas celui que vous croyez.

Avant d'entrer dans l'aventure, vous noterez que l'auteure se sera amusée aussi avec le nom d'un instrument de musique que l'on pourra apercevoir en fin de livre : l'orgue de Barbarie.
Allo, wiki?
"L'orgue de Barbarie est un instrument de musique mécanique à vent classé dans les orgues. Il fait partie des « automatophones », terme qui englobe tous les instruments destinés à produire de la musique par des procédés mécaniques.

L'appellation « orgue de Barbarie » viendrait de sa sonorité, moins noble que celle des orgues d'église, ou de l'origine exotique des joueurs de rue : les joueurs du xviie et xviiie siècles « baragouinaient un français approximatif... »

Place à l'histoire!
Il était ici une fois un ogre sans manières et peut-être même sans le savoir, des hommes tout aussi ogres que lui.

Dans cette histoire, il y aura un petit prince.
On disait "...  Ils avaient un jeune fils, le Prince Igor, qui faisait tout leur bonheur, mais qui passait son temps à lire.
En mangeant des tartines, il lisait déja, en prenant son bain, il laisait encore, en montant les escaliers, il lisait toujours - ce qui est pourtant peu recommandé. Et le soir, il s'endormait avec ses..."
Comment, Non, nullement, voyons ? Pourquoi pensiez-vous que nous citions ce passage pour vous parler des tablettes et des smartphones ?
Les parents du prince nous mettront en garde indirectement contre l'addiction aux livres.
Ah, non ! S'il vous plait, jeunes impertinents, pas de "On vous l'avait bien dit, que c'était mauvais pour la santé!".

Bref, les parents de cette jeune tête couronnée eurent peur qu'il finisse déconnecté du monde, le nez collé à ses pages en permanence.
Et puis, un jour, le pauvre petit perdit l'appétit.
Plus de livres ? 
Nous ne saurons pas exactement ce qui le rendra apathique, seulement que non loin de là, un ogre qui n'aimait pas manger les enfants, ne se privait pas de dévorer les troncs, les branches, les feuillages, comme lui les pages et que tout y passait comme s'il s'agissait d'une salade.
Le petit prince aimait -il à ce point ses forêts ?
Le livre ne nous aura pas parlé de bains de forêt réguliers, de la peur de ne pouvoir se purifier tous les jours avec sa dose de vert.

L'angoisse est ailleurs.
Ca ne sera donc ici pas le coeur d'une princesse qui sera à conquérir par avis aux princes du royaumes pour la guérir de la tristesse, comme selon la tradition des contes mais celui d'un prince et d'un petit garçon.
Médecins, scientifiques du royaume devront réfléchir et révéler ce qui rendra du bonheur à un enfant.

Les auteures transmettront habilement une leçon, sans cruauté aucune, quelque chose de sans doute ironique.
Nous nous rendrons compte qu'il y aura finalement ici deux formes d'ogres, celui qui mangeait les arbres et celui dévorait son papier métaphoriquement.
Ainsi chacun se sentira concerné.
L'aventure deviendra conte de prudence pour que s'opère un cycle et que jamais dans le conte, on ne manque de forêt pour les histoires, de bois pour le papier.
A découvrir.

 Un conte d'aujourd'hui pour les enfants de demain »

Il était une fois dans un royaume lointain, un petit prince prénommé Igor, féru de lecture. Un jour débarqua un ogre, mais rassurez-vous, il était végétarien. Il se nourrissait d'arbres. La nouvelle arriva aux oreilles du jeune prince qui perdit aussitôt le sourire. Si bien que son père fit tout pour le lui faire retrouver. Mais tout à sa quête, il ne vit pas son fils disparaître. En effet, parti à la rencontre de l'ogre, Igor avait une idée en tête… Vite ! Forêt, contes et héros sont en danger ! Il faut les sauver !

Nos artistes proposent ici une jolie histoire d'amitié entre un petit garçon et un ogre, à qui il fera la lecture pour l'apprivoiser, et qui invite le jeune lecteur à une réflexion sur la déforestation. Un album qui allie humour, adresse aux lecteurs, hommage aux contes traditionnels, anachronismes, jolis jeux de mots (notez le IGOR/OGRE), répétitions, clins d'oeil, éloge de la lecture et... le tout SUPERBEMENT illustré.

Et l'album de finir en beauté avec un orgue, un vrai et pas un ogre, de Barbarie qui nous invite très subtilement à une relecture de l'album. #miseenabyme #plongeedanslenfance

Un bien bel* album intelligent et magnifique où tous les ingrédients du conte sont revisités pour proposer un bel éloge de la lecture et une jolie fable écologique. Coup de coeur.

 

*Oui je sais, ça fait beaucoup de beauté !

L'histoire est jolie et décalée. On considère les fées comme des personnages d'histoires anciennes, on revisite la figure de l'ogre. Pour autant, on reste dans un univers de conte avec les personnages du roi et de la reine, du prince, le royaume à la géographie floue et une écriture délicate et poétique, humoristique aussi.
J'aurais aimé que le lien entre les contes et la forêt soit un peu plus développé. Il est question de la forêt comme d'un cadre pour les histoires, un décor. du coup, je ne suis pas certaine que la conclusion écologique soit si évidente... Mais c'est sans doute aux enfants de se faire une opinion ! Je ne suis qu'une adulte buveuse de tisane comme ce roi qui ne comprend pas la tristesse de son fils au milieu d'une forêt dévastée... Je fais donc confiance aux petits lecteurs pour saisir (peut-être de manière inconsciente) tout l'enjeu de cette histoire.

Les images illustrent parfaitement le propos avec ses personnages de conte qui volent d'une page à l'autre, s'échappent des marges, volent dans le ciel. Les couleurs sont douces et claires. Les illustrations sont en parfaite harmonie avec le contenu et la poésie du texte. Je ne suis pas experte en littérature jeunesse mais je n'ai pas le souvenir d'avoir souvent vu des images qui soient aussi symboliques et pas seulement illustratives.

Dernière petite chose qui n'est qu'une anecdote personnelle mais qui est pour moi la cerise sur le gâteau : mon fils de 3 ans réclame toujours d'écouter de l'orgue de barbarie à la fin de l'histoire. C'est notre page finale à tous les deux.

Un très beau conte que j'ai hâte de conter aux enfants.
L'histoire est pleine de traits d'humour qui permette d'interagir avec le lecteur. Elle reprends les codes du conte mais les actualise, en insérant un petit message écologique léguer toujours appréciable.
Le trait est très doux et la mise en couleur est superbe, ce qui rend les planches très agréable à contempler.

Bref, une sublime découverte ! ^^

Nous avons reçu ce livre suite à une masse critique. Je l'ai lu à ma fille et nous avons adoré ce conte, qui change des autres. Un ogre végétarien, qui mange les arbres, la métaphore est très bien pensée. Et les dessins et images sont d'une finesse et d'une douceur tout à fait remarquable.
Merci pour cette belle découverte !