Un salon à Trianon.
Sont là, madame de Pompadour, Voltaire et Fragonard. Assise, elle se tient immobile, car Fragonard fait son portrait - tandis que monsieur de Voltaire, du fond de son fauteuil, dit des merveilles - ou des horreurs, qui sont encore des merveilles.
VOLTAIRE. - Oui, madame, Dieu nous a fait à son image - et nous le lui avons bien rendu d'ailleurs !
Louis XV est entré, magnifique et discret, sans qu'on l'ait remarqué.
LE ROI. - Voltaire et Fragonard : la France !
Voltaire fait mine de se lever.
LE ROI. - Non, non, restez, restez. Je ne veux pas qu'on se dérange. D'abord, je m'en voudrai d'interrompre un travail qui déjà nous annonce un chef d'oeuvre - et je tiens en outre à me délecter du spectacle qui m'est offert : madame de Pompadour pose pour Fragonard tandis que monsieur de Voltaire blasphème en souriant - et c'est ce tableau là qu'il conviendrait de faire...
(extrait du chapitre "L'ironie et la grâce")
Dans le genre approche désinvolte de l'Histoire, on ne peut trouver mieux - ou pire - que Sacha Guitry. Dans "Les perles de la couronne" (1937), trois perles ont disparu parmi les joyaux de la couronne d'Angleterre.
Un prétexte pour organiser un grand spectacle avec une série de figures historiques.
Il remet ça en 1954 avec "Si Versailles m'était conté".
On y voit Louis XIV avec ses favorites, rois, reines, Napoléon, ministres et courtisans.
Tous descendent le grand escalier.
On prend trois siècles d'Histoire de France, on secoue, on organise un show interprété par tous les grands du cinéma français, avec en prime Orson Welles.
Ici la vedette, c'est Versailles.
Sacha Guitry a toujours préféré les intrigues de cour à la véracité historique, dans ce film il se lance carrément dans la parade
(extrait du journal "Vécu - l'Histoire c'est aussi l'Aventure" paru en avril 1987)
Dans son nouveau roman "Le barman du Ritz", l'homme de radio, Philippe Collin, nous plonge dans la période de l'Occupation française. Imaginez un rendez-vous de hauts dignitaires nazis, de personnalités à la mode, de collabo et de résistants qui se croisent autour d'un verre sous l'oeil d'un barman virtuose, Frank Meier, un agent double à ses heures perdues. Dans le bar du grand palace de la place Vendôme, qui bénéficiait d'un statut spécial lui permettant de rester ouvert, on y croisait entre autres, Jean Coctzau, Gabrielle Chanel, Sacha Guitry, Barbara Hutton, Ernst Jünger ou Hermann Göring. Pendant ces années sombres, l'élite parisienne se retrouve donc à trinquer avec les SS. Et pour servir ce petit monde, Frank Meier, un fils de prolétaire juif, né en 1884 et issu du Tyrol autrichien. Expatrié aux Etats-Unis, il va rejoindre un hôtel de luxe de New-York et gravir les échelons jusqu'à devenir l'un des papes des barmen, avant de finalement rentrer en France. Naturalisé Français grâce à sa participation à la Première Guerre mondiale, il atterrit ensuite au Ritz en 1921. Derrière son bar, métaphore d'une ligne de front, il voit alors l'arrivée des Allemands dès 1940. Dans ce palace, véritable modèle réduit de la France occupée, il assiste en tant que spectateur, puis acteur de cette partie sombre de l'Histoire. Une question se pose alors : comment réagir ?
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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