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EAN : 9782491924362
160 pages
Editions Libel (15/05/2023)
4.5/5   3 notes
Résumé :
« Éclats de silences » revisite des textes écrits il y a vingt ans à partir d’entretiens réalisés auprès d’hommes immigrés, autour de leurs mémoires migratoires. Originaires de pays anciennement colonisés, d’Arménie, d’Espagne ainsi que des campagnes françaises, ils vivaient à Vaulx-en-Velin, dans le quartier de la Guillotière, mais aussi dans les foyers de travailleurs migrants de l’agglomération lyonnaise. Difficulté de la transmission, héritage douloureux que d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Eclats de silences » ; Omar Hallouche (Libel, 150p)
Passée la première surprise de tenir entre les mains un très bel objet livre, aussi beau que le titre (écriture blanche et argentée sur fond noir, très belle mise en page, bravo l'éditeur), je me plonge dans l'ouvrage. Il s'agit d'une reprise de textes écrits il y a vingt ans par Omar Hallouche, anthropologue, à partir de témoignages qu'il a recueillis d'hommes immigrés vivant dans la région lyonnaise. On pourrait être surpris de l'intérêt de telles paroles en apparences datées, et pourtant, c'est un regard toujours d'une brûlante actualité qui nous est offert ici. On y découvre les doutes, les espoirs, les souffrances émaillées d'incompréhensions de travailleurs vieillissants, isolés le plus souvent dans des foyers. C'est donc un livre plein d'actualité, nécessaire aujourd'hui, comme il l'aurait été s'il avait été publié à l'époque, qui montre mieux que toute démonstration le mépris qu'ont dû affronter ces transplantés. La réalité crue et complexe des problèmes auxquels ils ont dû (et doivent encore) faire face, la difficulté de transmission, l'héritage que doit porter la seconde génération, les problèmes de langue, tout cela est très clairement palpable.
Il n'y a pas de jugement, pas d'idéalisation, pas de langue de bois ni de politiquement correct, pas de victimisation non plus. Ces paroles disent ce que nous avons à entendre, aujourd'hui comme hier. L'auteur se met d'ailleurs à distance, ses rares références théoriques sont très éclairantes, laissant la place à des expressions qui se suffisent à elles-mêmes. C'est aussi très vivant, avec de belles intonations parlées, des proverbes, une « couleur » orale qui rend la lecture très « forte ». L'intérêt n'est donc pas que documentaire, il est aussi littéraire.
C'est plein de belle humanité, de chaleur, et de solidarité, c'est un beau et bon livre, à lire donc.

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En premier lieu, je remercie l'équipe de Babelio de m'avoir sélectionnée lors de l'édition de Masse critique. Sans cela, je n'aurai pas découvert l'ouvrage Éclats de silences de Omar Hallouche.

Je remercie également les éditions Libel pour l'envoi de cet exemplaire. J'ai apprécié leur gentille attention consistant à glisser une belle carte postale dans le livre. Et, celle-ci n'a pas été choisie par hasard, puisqu'il y figure un chemin tracé menant vers une rangée d'arbres. « le chemin vers où ? » de Hubert Munier, semble rappeler qu'il faut des racines et des ailes pour prendre son envol. Dans le contexte migratoire, la destination se révèle parfois obscure.

Où ces voyageurs de l'exil trouvent-ils leur refuge ? Dans les témoignages recueillis et compilés par Omar Hallouche, c'est à Vaulx-en-Velin que des hommes posèrent leurs bagages. Par recherche d'un mieux ou d'un autre, ces hommes portent en eux la mémoire du départ laissant à même les corps et les coeurs les stigmates du passé. La majorité de ces paroles d'hommes remémore la guerre d'Algérie. Ainsi, certains ont préféré se joindre à l'armée française et/ou quitter le pays pour rejoindre la France. Dans d'autres cas, des citoyens algériens furent sélectionnés pour alimenter les forces de travail des entreprises/usines françaises. Pour une multitude de raisons, ces hommes venus majoritairement du Maghreb se sont retrouvés en France.

Dans ces témoignages, ce qui m'a le plus impacté concerne le chapitre sur la prévention SIDA. Avec humour, les membres des organisations de lutte contre le V.I.H. et les IST arrivent à détourner les tabous religieux. Ainsi, ils discutent des dispositifs de protections, mais également de l'adultère, du plaisir et des traitements contre le V.I.H. Cet aspect relatif à la vie affective et sexuelle s'évoque dans le respect des autres et des cultes.

Je ne peux dévoiler tous les témoignages ni tous les chapitres de cet ouvrage, mais je peux affirmer qu'il constitue une source fiable pour étudier les phénomènes migratoires de première génération concernant principalement les hommes du Maghreb. Bien que ce livre compile des recherches menées dans les années 2000 et relatant des faits antérieurs à cela, il demeure pertinent de connaître ces sources. En effet, celles-ci permettent une étude ciblée particulièrement à propos dans le cadre d'une analyse diachronique.

En dehors de ces considérations scientifiques, cet ouvrage se distingue par la couverture soignée où le fond noir fait apparaître des lettres débossées argentées. Les chapitres comportent des citations écrites en lettres blanches sur fond noir. Il s'agit d'un beau travail de la part de la maison d'édition.
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La méthodologie de cet écrit m'a évoqué celle de Pierre Bourdieu dans « La Misère du monde ».
Des propos d'une même teneur, qui permettent à ces immigrés de se dire, qui tissent la parole en guise de liens lancés vers l'autre, comme passerelle entre deux mondes.
Lorsque vous laissez résonner ces mots, ils vous donnent à ressentir, vous ouvrent, se font gages d'empathie envers ces frères humains qui, parmi nous, vivent. Parfois invisibles, souvent chahutés, frêles esquifs ballottés entre leur origine et leur lieu de (sur)vie.
Se dire, simplement, sans artifices, sans vouloir démontrer, justifier…tel est l'exercice auquel ils se livrent.
Pari réussi, la cible est atteinte, le lecteur développe une attention à ces regards, prend mesure du déni auquel ces personnes sont trop souvent exposées.
Une histoire refoulée, une généalogie ignorée, des motivations inconscientes jaillissent de ces mots, mettant en exergue une humanité commune.
La maquette graphique du livre est très soignée, Libel nous offre un magnifique recueil, argent sur noir concrétisant les Éclats de silence.
Se dire, livrer son vécu serait-il toujours libérateur ? Un seul mot me vient à l'esprit en guise de réponse : espoir.

Lien : https://bafouilles.jimdofree..
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Tout d'abord je remercie Babelio de m'avoir envoyé cet excellent témoignage lors de la Masse Critique Babelio de février dernier.
Un ouvrage où j'ai beaucoup appris. Appris par exemple ce qui se déroulait en Algérie, pendant que les Français fêtaient le 8 mai 1945 : Incroyable ! Terrible ! Je ne vous en dis pas plus. Un livre qui ne nous laisse pas indifférent, qui nous apprend beaucoup sur les relations de la France avec l'Algérie au cours du XXème siècle. Des témoignages poignants, bouleversants.

Postface :
"Le livre que vous venez de lire brise le "silence assourdissant" dans lequel certains hommes issus de l'immigration ont été et restent enfermés. Certains textes ont été écrits à partir d'entretiens recueillis il y a quelques années auprès d'habitants de Vaulx-en-Velin, de la Guillotière et de résidents de foyers de travailleurs migrants de l'agglomération lyonnaise. On pourrait penser qu'ils appartiennent au passé. Et, pourtant, ils ne sont nullement datés..."
Un témoignage à recommander par nos libraires, nos médiathèques, les professeurs mais pas que...

Incroyable ! Epoustouflant ! Déchirant et j'en passe ! A lire absolument !
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[…] « La fille présente à ses parents le premier fiancé : il s’appelle Mahmoud ; six mois après, elle présente le deuxième fiancé, Abdelkrim, puis un jour, elle annonce à sa famille : je ne viens plus à la maison parce que je vis avec Robert… Et là, il y a un hic ! » Mohammed exprime à travers ce « hic », le décalage entre les temporalités du migrant et celle du pays d’accueil (p.99).
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Pour contourner les tabous et les interdits religieux, nous avons eu spontanément recours à des préceptes populaires. Le « Il n’y a pas de honte en religion », par exemple, a été une clé magique pour aborder sans choquer les questions sensibles de l’adultère ou de l’homosexualité (p.53).
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Amrane est intrigué par certains jeunes qui portent le kamis dans son quartier, et par ces filles qui portent le hijab. « C’est une chose qui n’existait pas avant. Comment est-ce arrivé ici ? » (p.93)
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