J’admirai le bel arrondi de ses fesses sous le pantalon noir et la façon dont le pull mettait en valeur ses larges épaules et sa taille fine. Il savait s’habiller, mais, encore une fois, c’était le cas de tous les invités de la soirée. Il avait de beaux cheveux châtains, mi-longs, savamment décoiffés comme s’il sortait du lit. Le genre de cheveux qui indiquent que leur propriétaire leur dédie pas mal de temps et beaucoup de produits de soin. Je crus deviner un beau visage, mais à cette distance, c’était plus une supposition qu’une certitude. Mais aussi joli garçon qu’il puisse être, puisque Patrick avait mis son veto, je devrais me contenter de le toucher juste avec les yeux.
Elle venait de me faire remarquer quelque chose que j’aurais dû savoir depuis toujours.
J’étais noire. La révélation m’avait plongée dans le silence jusqu’à la fin de la journée. En rentrant à la maison, j’étais allée chercher les albums photo et je les avais parcourus consciencieusement, page par page. J’étais noire ! Je l’étais depuis ma naissance ! Comment était-il possible que je ne m’en sois pas aperçue avant ?
Patrick et moi étions amis depuis très longtemps. Et à une époque plus lointaine, nous avions été plus qu’amis. Patrick croyait que cela lui donnait le droit de veiller sur moi comme un chaperon, et moi, je le laissais faire parce que… tout simplement parce que je l’aimais, et qu’il n’y a jamais eu assez d’amour dans ma vie pour que je puisse me permettre d’en refuser la moindre miette.