Pendant les vacances, plusieurs lectures ; lectures plaisir et lectures professionnelles, certaines naviguant aux frontières des genres.
En premier lieu, un polar,
Ecorchée, d'
Adèle Hartley, que j'ai emporté sur la plage, puis dès la fin du 1er chapitre, abandonné. Trop noir, trop atroce, trop… pour une fin d'année épuisante.
D'emblée, le lecteur plonge dans une scène de crime atroce, assiste à une débauche d'actes de barbarie, détaillés par l'auteur avec une complaisance malsaine.
Le ton est donné : il faut avoir le coeur bien accroché pour poursuivre.
Deuxième essai.
2ème chapitre, deuxième instance narrative.
Avec le changement de narrateur, l'atmosphère s'allège : je rentre enfin dans l'histoire, récits parallèles, celui d'un psychopathe obsédé par la recherche d'une âme soeur, et de l'amitié de deux jeunes filles, dont l'une sera la proie du monstre, il est facile de le deviner.
Car les ficelles sont évidentes et la trame, légère.
L'auteur semble hésiter constamment entre le roman d'éducation, le thriller psychologique et le polar noir. Pour s'être trop attachée au caractère des personnages et à l'évocation de leur passé,
Adèle Hartley a manqué l'objectif du suspense et de l'horreur. Des débordements et crises d'angoisse de Cassie aux agissements odieux du tueur, tout est prévisible.
Quant à la longue narration de l'enfance des trois personnages principaux, elle paraît accessoire en définitive, puisqu'elle ne trouve pas sa justification dans la chute, rapide et plate, qui laisse en bouche un goût d'inachevé en abandonnant chaque personnage à son sort.
Un roman inégal donc, où l'excès côtoie l'esquisse.
Reste qu'il s'agit pour
Adèle Hartley d'un premier roman et qu'en dépit de ses longueurs et de ses faiblesses,
Ecorchée se lit facilement et vaut par la description des caractères et la relation touchante que nouent les deux jeunes filles.
Certaines scènes du quotidien féminin et les monologues intérieurs du personnage principal, Cassie, sont également très réussis.
Paradoxalement, dans leur langue souple, simple et vive c'est dans les passages comiques ou loufoques que le talent d'
Adèle Hartley s'exprime le mieux.
A charge pour le service de correction des éditions First, le défaut de relecture du texte qui comporte encore des erreurs d'orthographe et des incohérences (Cassie devient Allie page 165)
Ecorchée,
Adèle Hartley, éd. First, 2008