Avant de commencer cette lecture, je n'avais pas réellement conscience de la quantité d'informations, même anodines, emmagasinées et traitées par notre cerveau. Par exemple, nous savons exactement (ou presque, selon que vous êtes plus ou moins bordéliques) où nous rangeons chaque chose à la maison, au bureau (dont nous connaissons l'itinéraire sur le bout des doigts), où je dois me rendre pour acheter mon paquet de Panzani cuisson 3 minutes etc.
La théorie des 1000 cerveaux de
Jeff Hawkins, et de son équipe, nous propose une nouvelle façon d'appréhender le fonctionnement de notre néocortex et du cerveau ancien qui travaillent de concert, avec de nombreux exemples simples, mais percutants. Nous assistons tout au long de ce récit, à la lutte permanente entre nos pulsions, qui régissent le cerveau primitif, et nos prises de décisions logiques et sensées que nous devons à ce fameux néocortex.
Attention, nous sommes toujours dans le cadre d'une hypothèse, mais il semblerait (l'auteur prêche pour sa paroisse, forcément) que les méthodes empiriques mises en application tendent vers une validation de ce schéma.
Pour faire simple, le néocortex, la partie la plus récente et la plus externe du cerveau des mammifères, est organisé en quelques 150 000 colonnes corticales qui vont créer des référentiels pour chaque chose observées et générer des modèles du monde. Ces derniers sont réévalués à chaque instant. le cerveau sait différencier les informations à caractère temporaire (la place du plat de pommes de terre sur la table) de ce qui est permanent (ma tasse préférée, estampillée de la marque
Walt Disney). À force de passer ma tasse au lave vaisselle, le logo disparait petit à petit. Que fait mon cerveau ? Il réactualise le modèle de la tasse, et il fait de même pour toutes les choses du quotidien, pour nos croyances qui ne sont autres que le résultat de nos expériences personnelles.
Ce retour de lecture n'a pas vocation à résumer la théorie des 1000 cerveaux, néanmoins sachez que cette dernière met en évidence la façon dont deux individus, confrontés à la même situation, dans des circonstances équivalentes, n'aboutiront pas à la même conclusion (au même modèle du monde) dans la mesure où ils n'utilisent pas les mêmes référentiels. C'est de là que viennent les fausses croyances. D'ailleurs, si je m'attendais à un ouvrage totalement impartial, il n'en est rien car l'auteur prend parti de mettre en déroute ceux qui n'ont pas les mêmes certitudes que lui : les Platistes, ceux qui croient à la vie après la mort, ceux qui pensent que le réchauffement climatique ne constitue pas une menace… Bref, il a ses propres convictions, et n'hésite pas à le faire savoir.
Pour la partie purement explicative, j'ai trouvé les chapitres un peu redondants, certains points sont repris plusieurs fois, ce que j'ai trouvé assez lourd, quand bien même répéter les choses permettent de les assimiler.
Dans la partie traitant l'Intelligence Artificielle,
Jeff Hawkins insiste sur le fait qu'une machine incapable d'apprendre par elle-même par l'expérience après sa mise en fonctionnement ne peut pas prétendre à être intelligente. Il aborde la question de « débrancher » une machine supposée intelligente. Serait ce une crime ? Qu'en est¬ il de la fusion cerveau/machine ou du téléversement de notre cerveau dans un ordinateur ? Doit on considérer l'IA comme une potentielle menace ? Là encore, la position de l'auteure s'avère tranchée, mais je ne vous en ferai pas part. Si vous voulez tout savoir, notamment comment nous pourrions (allons) entraîner notre propre perte, sans l'aide des machines, je vous invite à plonger au coeur de ce condensé d'informations qui mêle à merveille des aspects scientifiques et humains, le tout saupoudré d'un soupçon de SF.
En remerciant Babelio et les éditions Quanto pour l'envoi de ce service presse dans le cadre de la Masse Critique.