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EAN : 9782367320694
168 pages
Lima Chandeigne (12/09/2013)
4/5   5 notes
Résumé :
Herberto Helder, reconnu par ses pairs comme le plus grand poète portugais de la seconde moitié du XXe siècle et l'une des très grandes voix de la poésie européenne contemporaine, a publié, en 1963, un ensemble de textes intitulé Os Passos em volta, ou Les Cent pas. Depuis cette date, ces récits débordants d'ironie et ciselés dans une langue bouleversante, n'ont cessé d'évoluer et d'être remaniés au gré des publications.
Ce recueil rassemble 23 nouvelles, par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ces courts récits de l'écrivain portugais Herberto Helder bouleversent les codes et les genres : on entre dans une sorte de labyrinthe où tout se mêle et s'entrechoque dans un style aussi fluide qu'incandescent. Ayant fui le régime de Salazar dans les années 1960 et voyageant beaucoup en Europe, comme un exilé ou un clandestin, Herberto Helder nous plonge d'emblée du côté des marginaux et des réprouvés. C'est souvent âpre et désespéré, d'une grande solitude, très réaliste ou plein de rêves; mais, dans les bas-fonds vers lesquels il nous entraîne, il y a aussi une sorte de beauté étrange, de l'ironie et de la tendresse.
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C'est une bien belle découverte que cette lecture Masse critique, Les Cent pas de Helberto Helder. Lorsque je lis en 4e de couverture qu'il est "l'une des grandes voix de la poésie contemporaine", je n'attends qu'une chose avec impatience maintenant : recevoir l'anthologie de sa poésie parue en 2010 aux éditions Poésie/Gallimard, que je viens de commander. Car cet auteur est en effet une voix, une voix unique comme on aime les lire et les reconnaître. Il est une voix qui capte l'attention dès les premières lignes. "Le style, écrit-il, c'est une façon subtile de déplacer la confusion et la violence de la vie au plan mental d'une unité de sens". Ces mots se sont révélé comme une soudaine évidence, le sentiment qu'il nous faut élever au niveau de l'art ce que le fatras du quotidien nous distille. "Tu m'as donné la boue et j'en ai fait de l'or"... C'est ce qui captive le lecteur avec force : Helder nous parle d'errance, de voyage, d'alcoolisme, de désespoir, mais il en revient toujours à deux fondamentaux que sont l'amour et la mort, Eros et Thanatos, forces vivifiantes et mortifères qui font se mouvoir les hommes dans le brouillard de la vie. le regard sans concession, il offre le tableau désabusé mais ô combien juste de notre misère d'exister. La fable invite à accepter la condition du voyageur, ses faux-pas et tâtonnements. Si les bas-fonds ne sont jamais loin, c'est là que naît le style; il illumine la plus petite expérience humaine, à l'image de ce jeune poète qui, la nuit, trouve l'inspiration dans les toilettes communes des immeubles bourgeois. Une oeuvre sombre et belle, que j'invite chacun à lire ou relire sans tarder. Merci donc à Babelio Masse critique qui n'en finit pas de m'ouvrir de nouveaux horizons de lecture.
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Les bons livres ne s'épuisent pas à la première lecture. Au contraire, à chaque fois que l'on y revient, on y trouve quelque chose de nouveau. C'est un phénomène assez rare et qui mérite d'être souligné.

Ce livre, pour la première fois traduit en français, date des années 60. Il est l'oeuvre majeure d'un des plus importants poète Lusitanien du siècle, qui a influencé un nombre considérable d'écrivains.

Bien que l'auteur soit poète il s'agit ici de nouvelles évoquant les voyages de l'auteur à travers l'Europe. Ce qui étonne avec ce livre est avant tout le style, profondément original et déconcertant. C'est d'ailleurs ce style étrange qui m'a poussé à relire plusieurs fois certains passages. Et à chaque fois le texte semblait différent de mon souvenir précédent. Jetez un oeil aux citations afin de vous faire une idée. C'est en tout cas une expérience de lecture inhabituelle que je vous recommande chaleureusement!
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Ce recueil est bien écrit, dans un style agréable à lire, humoristique et plaisant. Ce ne sont pas des nouvelles qui racontent une histoire mais les réflexions du moment sur la vie, la mort, la vieillesse, l'amour, la solitude. Il nous propose un voyage dans sa pensée. Une première lecture ne peut pas déceler toutes les finesses et la profondeur de ces " mises au point spirituelles". Il entretient un dialogue intéressant et intelligent avec le lecteur. J'ai bien aimé lire ce livre, c'est une belle découverte.
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Vingt trois textes courts et poétiques qui sont comme des promenades, des digressions dans l'espace et dans le temps. La Hollande, Anvers, des personnes qui se croisent, des gares, des bars, des histoires de chiens, des histoires de marins.... ce livre offre une déambulation très particulière et intimiste dans un univers à la fois fantaisiste et grave, plein de surprise.
On se laisse emporter par la plume d'Herberto Helder, suivant le cours de ses pensées, avec le sentiment de lire un très beau texte.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'était un chien qui avait un marin. Le chien demanda à son épouse, que peut-on faire d'un marin? On lui fait garder le jardin, répondit-elle. - On ne doit pas laisser un marin en liberté dans un jardin qui est proche de la mer. Un marin est une créature dérivée par suffixation, et le pouvoir fondamental du radical, ce radical maritime, est à craindre. Au lieu de garder le jardin, il finira par s'enfuir vers la mer. - Laissons-le fuir, dit l'épouse du chien. Mais lui n'était pas d'accord. Car un fait se devait d'être un fait jusqu'à la limite du possible : celui qui possède un marin pour garder son jardin doit à tout prix chercher à le conserver, de même qu'un chien, ou un couple de chiens, qui ne possède pas de marin, ne doit pas chercher à en avoir un à moins d'y être absolument contraint. - Dans ce cas, il ne nous reste plus qu'à gagner un coin à l'intérieur des terres, loin de la mer, dit la chienne. Et alors ils s'en allèrent vers les terres, tenant leur marin en laisse et muselière. Durant le trajet ils virent de nombreux paysages. Le marin était effaré devant les paysages qui pouvaient exister loin de la mer. Il fit diverses observations à ce propos, qui provoquèrent l'aboiement amusé des chiens qui, de leur côté, reconnaissaient qu'ils avaient un marin vraiment intelligent. - Tous les chiens n'ont pas cette chance, dit le chien, car je connais nombre de chiens maîtres de nombre de marins stupides. C'est pourquoi ils marchaient fort satisfaits et disaient aux autres chiens qu'ils croisaient sur leur chemin qu'ils possédaient un marin d'une rare intelligence. - Il a une philosophie des paysages disait le chien.

(P107)
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Il était une fois un lieu avec un petit enfer et un petit paradis, et les gens allaient et venaient, et l'enfer et le paradis ils le rencontraient et les faisaient leurs, et ils l'étaient pour de vrai. Les gens étaient petits, mais ils faisaient beaucoup de bruit. Et ils disaient : c'est mon enfer, c'est mon paradis. Et il ne faut pas mépriser ce genre de mythologies, parce qu'elles font partie des gens et, pour ce qui est des gens, le mieux c'est de les aimer. Et alors on aime leurs mythologies. A part ça le lieu était exécrable. Les gens couinaient comme des rats, et ils prenaient les choses et ils les jetaient, et ils se prenaient et ils se jetaient. Ils disaient : bonjour, bonsoir. Et ils s'agrippaient, couchaient les uns avec les autres, puis se réveillaient. Parfois ils se réveillaient au cœur de la nuit et ils s'agrippaient avec frénésie. J'ai peur - disaient-ils. Et ils s'aimaient à la va-vite et se lavaient, et ils disaient : bonsoir, bonsoir. C'était là une partie de leur vie, et c'était une des zones (attendrissantes) de leur humanité, et ce qui est humain est terrible et possède une sorte de beauté palpitante et ambigüe. Et alors on aime ça parce qu'on est humain et que c'est bon d'aimer, de comprendre, bien sûr, etc.

(P47)
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Théorie des couleurs

Il était une fois un peintre qui avait un aquarium avec un poisson rouge. Le poisson vivait tranquillement avec sa couleur rouge jusqu'à ce qu'il commence à devenir noir à l'intérieur, un nodule noir sous la couleur rouge. Le nodule ne cessait de grossir et de gagner le poisson tout entier. Hors de l'aquarium, le peintre, étonné, assistait à l'apparition d'un poisson neuf.

Forcé d’interrompre son tableau alors qu'il en venait au rouge du poisson, l'artiste se trouvait devant un problème : il ne savait que faire de ce noir que le poisson désormais lui enseignait. Les éléments du problème reposaient sur l'observation des faits et se distribuaient selon l'ordre suivant : poisson, rouge, peintre - le rouge faisait la jonction entre le poisson et le tableau par l'intermédiaire du peintre. Le noir représentait l'insidieux du réel et creusait un abîme au sein de la fidélité originelle du peintre.

En méditant sur le pourquoi du changement au moment même où il se voulait complètement fidèle, le peintre supposa que le poisson, dans un tour de passe-passe, lui montrait qu'il n'existe qu'une seule loi englobant à la fois le monde des objets et celui de l'imaginaire. C'était la loi de la métamorphose.

Ayant saisi ce style de fidélité, l'artiste a peint un poisson jaune.

(P19)
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J'ai tout de suite vu l'étendue de sa solitude : elle avait l'étendue de l'univers. C'était la créature la plus solitaire de l'univers. Et son histoire - simple, ténébreuse - s'est élevée entre nos deux bières. Toutes les histoires personnelles sont simples et ténébreuses. Cela ne m'a pas ému. Ému je l'étais déjà : par les choses, par moi, par cette pluie sur la ville. Peut-être y avait-il une allégorie pleine d'ironie dans nos deux corps posés là, devant deux bonnes bières glacées, à comprendre si aisément ce qui se passait et ce qui allait se passer ; c'est pourquoi on n'était pas du tout pressés. On aurait pu mourir là. On attendait.
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Un taureau noir est une espèce de masse rébarbative, avec une vie intérieure obscure où l'on imagine que circule des images profondes et denses. Il est difficile de discerner les théorèmes dont il fera la démonstration en passant à l'acte. Et la manière dont il va le faire, avec ses improvisations et ses brusques inspirations. Mais il y a brèche dans ce système d'énergie, la pointe d'un fer, la béance imperceptible que le destin offre à la défaite et à la mort. Car chaque créature épouse de manière subtile l'élan de sa destruction. Un tissu de forces insondables qui soudain s'animent. C'est un jeu serré, difficile.

Un taureau noir se penche sur la source de ses pouvoirs tandis qu'au-dessous de lui s'ouvre le minuscule orifice par où tous ses pouvoirs, démontés, pourront échapper. De même pour l'homme : le champ de ses énergies est simplement moins restreint, et son corps moins refermé sur lui-même. Et la mathématique de ses lois est plus labyrinthique, plus minutieuse, plus exposée et vulnérable si son imagination est soudainement distraite. Mais la ruse stimule l'imagination.

(P79)
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