C'est une bien belle découverte que cette lecture Masse critique,
Les Cent pas de Helberto Helder. Lorsque je lis en 4e de couverture qu'il est "l'une des grandes voix de la poésie contemporaine", je n'attends qu'une chose avec impatience maintenant : recevoir l'anthologie de sa poésie parue en 2010 aux éditions Poésie/Gallimard, que je viens de commander. Car cet auteur est en effet une voix, une voix unique comme on aime les lire et les reconnaître. Il est une voix qui capte l'attention dès les premières lignes. "Le style, écrit-il, c'est une façon subtile de déplacer la confusion et la violence de la vie au plan mental d'une unité de sens". Ces mots se sont révélé comme une soudaine évidence, le sentiment qu'il nous faut élever au niveau de l'art ce que le fatras du quotidien nous distille. "Tu m'as donné la boue et j'en ai fait de l'or"... C'est ce qui captive le lecteur avec force : Helder nous parle d'errance, de voyage, d'alcoolisme, de désespoir, mais il en revient toujours à deux fondamentaux que sont l'amour et la mort, Eros et Thanatos, forces vivifiantes et mortifères qui font se mouvoir les hommes dans le brouillard de la vie. le regard sans concession, il offre le tableau désabusé mais ô combien juste de notre misère d'exister. La fable invite à accepter la condition du voyageur, ses faux-pas et tâtonnements. Si les bas-fonds ne sont jamais loin, c'est là que naît le style; il illumine la plus petite expérience humaine, à l'image de ce jeune poète qui, la nuit, trouve l'inspiration dans les toilettes communes des immeubles bourgeois. Une oeuvre sombre et belle, que j'invite chacun à lire ou relire sans tarder. Merci donc à Babelio Masse critique qui n'en finit pas de m'ouvrir de nouveaux horizons de lecture.