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Nicolas Waquet (Autre)
EAN : 9782743659165
112 pages
Payot et Rivages (15/03/2023)
3.67/5   12 notes
Résumé :
L'action de ce "petit roman" , comme l'appelait volontiers son auteur, débute au milieu de la Première Guerre mondiale pour s'achever tragiquement en mars 1920.
Le lecteur se trouvera là en présence d'un chef-d'oeuvre méconnu, méritant d'être porté à la connaissance d'un plus vaste public dans une nouvelle traduction qui lui restituera sa singularité.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
PREMIERE IMPRESSION.
Si on m'avait cache le nom de l'auteur j'aurais trouve ce court roman interessant, avec cette atmosphere fataliste et pessimiste particuliere des ecrivains de l'entre-deux-guerres en mitteleuropa. Mais son nom se carre, bien a l'aise, sur la couverture.
Bon. Je me dis que c'est surement un ecrit de jeunesse, comme un essai, une experimentation, de premiers pas. A la verification ce livre a ete publie (sans que je sache vraiment quand il a ete ecrit) apres Hotel Savoy, apres La rebellion, deux livres tres accomplis. Alors? Est-ce que je dois faire une division entre un Roth majeur et un Roth mineur? Et classer ce livre parmi les mineurs?

PROMENADE. EXERCICES RESPIRATOIRES. CAFÉ.

DEUXIEME IMPRESSION.
Je suis bete. Si ce livre rappelle Roth et est signe Roth c'est du Roth. Il a la demarche rapide, sautant d'une situation a l'autre, qu'on trouve dans d'autres oeuvres courtes, comme La legende du saint buveur, et peut-etre ce livre aussi est une parabole. La parabole sur le destin triste qu'attend les gens simples, les pauvres gens, dans une societe entristee et crepusculaire. Il ne peut exister d'avenir particulier dans une societe sans avenir.

Et oui, il y a de belles pages. Quand l'heroine, Fini, reve. Quand elle se laisse entrainer, par peur et par espoir. Quand elle ne comprend pas les autres, ne se comprend pas. Quand elle a mal pour les autres, a mal aux autres. Quand elle s'eprend d'un revolutionnaire dont Roth excelle a camper la vie de traques et de fuites. Et des passages traduisant en peu de mots une situation humaine, une position humaine, pas une posture. Comme quand le pere revient de la guerre: “Il avait été enseveli lors d'un bombardement ; Dieu merci, maintenant il était là, peut-être pour toujours. Mais il était déconcerté au milieu de sa famille en pleine santé, étourdi par l'arrivée dans son propre foyer, un apatride au sein de sa patrie, un être inhabituel parmi tant d'habitudes, explorant tout d'un regard fuyant qui semblait toujours retourner dans des lointains perdus, des lointains dont vous pouviez à peine soupçonner les contours et dont la réalité vous échappait de toute façon”. Ou comme la transformation de l'amant: “Il n'allait pas chercher dans l'armoire les verres au tintement cristallin ni la bouteille de liqueur joliment élancée. Ils se couchaient avec une implacable régularité et leur réveil n'avait aucune saveur, comme la fin de toute joie qu'on a pris soin de savourer. le visage de Ludwig revêtait un tout autre aspect lorsqu'il était chez lui, décontracté, sans plus lutter pour sa conquête. Il errait en pantoufles et en bras de chemise. Il ne dégageait plus une odeur étrangère, animale, de racines amères. Ce n'était plus une bête cruelle. C'était un homme solitaire, vieillissant, myope, aux cheveux clairsemés ; un homme soumis et suppliant, mou et oublieux, accablé par des dettes dérisoires et des soucis mesquins. Sa voix perdait sa chaude sonorité de violoncelle. Il ne se mettait plus en scène et ressemblait à un volcan éteint”.

Et le roman se finit, a la Roth, par la mort, ou le suicide (va savoir…), de l'heroine, en des lignes parnassiennes: “Personne ne sut qu'elle avait voulu monter dans le ciel et qu'elle était tombée dans l'eau. Elle s'était fracassée sur les doux escaliers des nuages pourpres et dorés”.

En fin de compte un bon “petit roman", comme le designait son auteur. Pas parmi ses meilleurs, pour moi. Mais je suis surement trop influence par ses grandes oeuvres. Je lui octroie trois etoiles babeliotes. Sous la signature de quelqu'un d'autre, j'aurais peut-etre pousse jusqu'a quatre.

N. B. Je me permets d'attirer l'attention de mes amis sur mon essai (reussi) de prose versifiee: octroie trois etoi…
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Ce court roman rappelle les chansons misérabilistes du début du XXème, mais celui-ci est chanté par la voix de Joseph Roth. Il nous raconte la destinée malheureuse de Fini, une jeune fille dont la vie lui échappe après avoir rencontré des hommes peu fréquentables. A lire pour le style de l'auteur et sa description très juste du milieu populaire à cette période.

La version que j'ai lue comporte une préface trop bavarde qu'il est préférable d'oublier avant de se lancer dans cette lecture.


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« Petit roman », plutôt une nouvelle pour moi. J'aurais pu l'aimer : le contexte de la fin de la Grande Guerre avec la fin de « ce monde d'hier », cet empire austro-hongrois au coeur de l'Europe centrale, la ville de Vienne, une jeune héroïne qui grandit et devient une femme, des références à Stefan Zweig indiquées dans la préface, une relation père-fille...
Mais je n'ai pas été séduite. Cela tient beaucoup au personnage de Finni. Même avec une focalisation interne, on ne sait pas trop ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent. Les premières lignes m'ont donné l'impression d'une jeune enfant : elle a peur d'être grondée, elle veut faire un calin à sa mère... Ce qui prime chez elle, c'est la satisfaction de ses besoins primaires : elle est heureuse quand elle mange une glace au soleil, quand elle est bien au chaud au fond de son lit, quand elle joue avec des feuilles de papier coloré. On ne saura pas si elle aime Ludwig, si elle respecte sa mère, si elle plaint son amie... Peut-être que le format est trop rapide pour explorer vraiment sa personnalité et son évolution ; tout est suggéré, rien n'est implicite, mais l'écriture ne donne pas assez d'éléments d'interprétation. Finni elle-même ne s'analyse pas – même si le rapprochement est un peu forcé, j'ai parfois pensé à Benjy du Bruit et la Fureur, l'Idiot. J'ai eu aussi du mal dans ma lecture, car que le ton est triste... Finni pleure beaucoup, son père cru mort à la guerre revient mutilé, elle se fait violer par Ludwig avant de s'engager dans une relation non consentie...
C'était ma première oeuvre de Joseph Roth, je ne sais pas si je recommencerai tout de suite...
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Fini, l'héroïne de ce roman, est une jeune fille au seuil de l'adolescence qui travaille déjà comme secrétaire auprès d'un juge qui la terrifie de par sa voix tonitruante et ses yeux qui lancent des éclairs. Elle vit avec sa mère dont elle craint la rudesse, et d'un frère qu'elle voit comme le sbire de la mère de famille. le père revient sourd du front de la Première guerre mondiale. c'est celui avec lequel elle a le plus de connivence au sein de sa famille.
Fini, vit dans un monde qu'elle n'appréhende pas vraiment, elle s'effraie de tout, est attiré par la masculinité des jeunes hommes qu'elle est amenée à côtoyer. Tous ceux qui l'entourent sont nimbés de mystère pour elle. Elle sent bouillir en elle une énergie vitale qui la perturbe.
Quand le sang coule pour la première fois entre ses jambes, elle sait qu'elle fait partie de la communauté des femmes. D'ailleurs sa mère la met en garde et se met à surveiller son emploi du temps, lui pose des questions intrusives et fouille dans ses pauvres trésors, qu'elle détruit. Rien n'est explicite dans ce que nous dit le narrateur car il nous fait vivre de l'intérieur, ce que voit, ce que ressent Fini et nous vivons son monde par ses yeux, par son émotion.
Cette gamine convoitée, devient la proie d'hommes auxquels elle ne résiste pas, comme si elle ne pouvait rien décider dans sa vie… Comme si elle était encore une enfant.
Un court roman baigné de mystère dans lequel évolue cette jeune fille qui vit l'instant sans se poser de questions sans rien maîtriser. Un roman en apesanteur.
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Voici un court roman méconnu de l'écrivain autrichien que j'ai dévoré en quelques heures, un « petit » roman, comme il le qualifiait lui-même, troublant et totalement hypnotique.
Nous faisons connaissance de son héroïne, la jeune, « frêle et rêveuse » Fini (prénom qui m'a valu de relire plusieurs fois une même phrase…), une soirée d'avril alors qu'elle craint d'avoir égaré une lettre importante qu'elle s'est vue confier par l'avocat qui l'emploie comme dactylo. C'est ce soir là, en rentrant chez elle, qu'elle se trouvera indisposée pour la première fois. Ce qui lui vaudra quelques instants de tendresse maternelle d'une mère devenue froide, inquisitrice, sévère, une de ces mères « redoutables et pourtant désolées, ces pauvres mères qui ne comprennent rien, vous grondent et vous forcent à mentir. » « Le début de sa vie de femme » comme elle le lui fait remarquer.
Nous allons suivre dès lors le destin tragique de Fini alors qu'elle vient de quitter l'enfance (on s'attend à ce qu'il soit tragique dès les premières pages), le destin d'une femme naïve dans un monde d'hommes, hommes dont elle attend et recherche le contact tout en les redoutant (elle les qualifie de « bêtes, ennemis, êtres étranges et étrangers ») et qui pour certains, abuseront de sa naïveté.
La préface de Nicolas Waquet, le traducteur, vient parfaire cette lecture passionnante (je vous conseille de la lire après le roman) en expliquant notamment comment Roth donne une « aura énigmatique » à ce si beau texte.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
L'émotion vous submerge dans l'air pur de la nuit quand vous parvient la nostalgie qui monte des vallons bleus, quand le sifflement d'une locomotive qui roule au loin reste accroché à la fenêtre, quand une chatte en chaleur se faufile sur le trottoir d'en face et disparaît dans quelque soupirail derrière lequel le chat est aux aguets. Immense et constellé, le ciel se déploie au-dessus de vous, trop haut pour être bon, trop beau pour ne pas porter un Dieu. Il y a un lien entre les vétilles toutes proches et l'éternité lointaine, mais vous ne savez pas lequel. Peut-être le sauriez-vous si l'amour venait à vous : il est parent des étoiles, du pas furtif de la chatte, du sifflement qu'émet la nostalgie et de l'immensité du ciel.
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Ces gens étaient fiers et courageux. Ils sortaient certainement de grandes demeures fraîches et bien gardées de riches appartements où des miroirs sur tous les murs surveillaient constamment la posture de leurs propriétaires et la corrigeaient jusu'à ce qu'elle fût parfaite. Mais celui qui venait comme vous d'une maison exigüe et qui avait grandi dans des pièces aux miroirs aveugles restait petit et peureux toute sa vie.
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Elle entendait encore le son du violon réduit brusquement au silence et voyait le ciel du soir tout proche, juste au-dessus de la verrière de l'atelier. Elle n'entendit pas les mouvements feutrés de Ludwig. Elle savait simplement qu'elle se trouvait enfermée là avec un homme dangereux qui la laissait tranquille, pour le moment, et elle profitait de cette heure qui lui restait comme un condamné profite des derniers instants qui le séparent du châtiment.
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Sur les grandes feuilles épaisses de papier à musique, dont certaines n'étaient qu'à moitié remplies, les notes formaient autant de signes mystérieux, leurs petites têtes noires perchées sur les lignes fines des portées comme de tout petits oiseaux sur des fils télégraphiques.
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L’émotion vous submerge dans l’air pur de la nuit quand vous parvient la nostalgie qui monte des vallons bleus, quand le sifflement d’une locomotive qui roule au loin reste accroché à la fenêtre, quand une chatte en chaleur se faufile sur le trottoir d’en face et disparaît dans quelque soupirail derrière lequel le chat est aux aguets. Immense et constellé, le ciel se déploie au-dessus de vous, trop haut pour être bon, trop beau pour ne pas porter un Dieu. Il y a un lien entre les vétilles toutes proches et l’éternité lointaine, mais vous ne savez pas lequel.
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Vidéo de Joseph Roth
Après avoir parcouru l'Ukraine pour y exhumer les grandes mémoires enfouies de l'autre Europe, Marc Sagnol y est retourné au milieu des bombardements pour en contempler les ruines.
Les images et les mots, comme une invitation au voyage, nous plongent dans des mondes évanouis, sur les traces des grands penseurs d'autrefois. Avec lui, on arpente la terre noire de l'Est à travers villes et villages, aux côtés De Balzac, de Joseph Roth en Galicie et Bucovine, de Leopold von Sacher-Masoch à Lemberg-Lviv, de Paul Celan à Czernowitz…
C'est en connaisseur de la philosophie et de la littérature que Marc Sagnol traverse les « terres de sang » abîmées par tous les chaos. Terres qui furent celles de la plus haute civilisation et des plus grands malheurs. Quelle fut la culture juive, jadis florissante en ces lieux, et qu'en a-t-il été de sa disparition dans la Shoah ? Qu'est-il advenu de ces mondes révolus ? Comment penser la tragédie d'hier au regard du drame d'aujourd'hui ? Une plongée dans les siècles pour dire que notre destin se joue d'abord là-bas. Actuelle parce que inactuelle, une grande fresque littéraire. Un récit d'exception.
Germaniste, philosophe, Marc Sagnol est l'auteur de nombreux ouvrages dont Tragique et tristesse. Walter Benjamin, archéologue de la modernité, primé par l'Académie française, ainsi que d'un film sur Paul Celan, Les eaux du Boug.
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