C'est ce moment d'intense joie et de grand questionnement que Pauline choisit pour faire son apparition dans le champ de vision de notre héros. Partagé entre la volonté d'en savoir plus, de courir après ces bouffées de lavande roses et celle de rester là, à profiter de tout son saoul de ce visage et de ce corps parfaits, Laurent reste comme suspendu dans les airs, en arrêt tel l'épagneul devant la perdrix, aucun mot ne sort de sa bouche, aucun geste de son corps. Soumis à une telle pression, le processeur labial bloqué en hyperfréquence, cet être fait de chair, d'air et d'eau laisse alors échapper une énorme flatulence qui constitue de facto le premier pas de notre homme vers un mode de communication plus explicite.
D’abord, ça te prend aux tripes, l’impression qu’elles sont en train de se retourner comme des vieilles chaussettes que tu vides du sable après une marche sur la plage, mais là, c’est ton intérieur à toi qui se retourne. Ensuite, ça monte aux poumons, le feu de l’enfer, des tisons qui te ramonent pendant de longues minutes, un peu de sang dans la bouche juste pour donner du goût, et pour couronner le tout, ça finit sa course dans le bulbe rachidien, tu ressens une pression identique au gonflage d’une chambre à air entre la boîte crânienne et l’encéphale, tes yeux veulent se tirer par les orbites, mais tu meurs par rupture d’anévrisme avant d’imploser.
Chaque objet que je touchais lançait la narration d’une histoire intime qui réactivait leur mémoire vacillante. Je vivais des moments rares à découvrir de vieux albums photos aux pages collées, visages inconnus qui me souriaient et paraissaient heureux d’avoir été sauvés d’une boîte en carton oubliée dans une armoire. J’adorais par dessus tout le moment où l’album s’ouvrait dans un craquement menaçant, libérant une odeur de colle au moins trentenaire. Mais le plaisir ultime était la visite du grenier, à la recherche de quelque vieux jeu qu’on souhaitait me donner.
Ceux qui sont sujets aux maux de tête connaissent bien cette souffrance sourde qui vous explose la boîte crânienne et vous rend complètement décérébré. Devant le carbet, une vieille Indienne drapée dans une sorte de sari rouge regarde fixement un petit feu de bois situé pile face à l’entrée. Décidément, je donne dans le troisième âge ce soir. Je ne peux pénétrer sans la déranger et lui demande gentiment de se déplacer, mais elle ne semble pas comprendre le français.
Les raffineries du sud de la France ne nous signalent aucune erreur de traitement et il en va de même chez nos confrères espagnols et italiens. En tant que simple citoyen, témoin de la violence quotidienne à laquelle nous avons à faire face, ne pensez-vous pas qu’il puisse s’agir d’une action concertée ? La toxicité des gaz n’a pas encore été établie, mais si c’était le cas, quelle serait votre première réaction ?