La mythanalyse de quelques oeuvres de Hermann Hesse entreprise par Gilbert Durand ( Figures Mythiques et visages de l'oeuvre, p.260 et suivantes), nous voudrions l'étendre aux traductions parues- principalement chez Corti- depuis 1990. L'idée qui préside à la constitution d'un tel corpus c'est que l'on retrouve dans un ensemble d'oeuvres ce que l'on a découvert à propos d'une oeuvre. Hermann Hesse nous y autorise, qui estime être resté fidèle à son être" et ne pas avoir "quitté la réalisation de (lui) -même à travers bien des crises et des passages difficiles", et qui se dit frappé du fait que la plupart de ses "récits importants) répétaient "avec quelques variations les problèmes et les types conformes à (sa) nature, même si c'était d'un nouveau degré d'existence et d'expériences". Son Goldmund "n'était pas seulement préfiguré seulement dans Klingsor, mais déjà dans Knulp, comme la Castalie et Joseph Knecht dans Mariabronn et dans Narcisse"
(...) ; au plus profond d'elle-même, la psyché n'est plus qu'univers. La psyché que l'on a tendance à prendre comme un fait subjectif "s'étend en dehors de nous, hors du temps, hors de l'espace" (Cahiers de psychologie jungienne, n°6). Jung estime avoir établi "le postulat que la phénomène des configurations archétypiques -événements psychiques par excellence- repose sur l'existence d'une base psychoide, qui relèverait d'autres formes de l'être".
"L'homme intégral" de Mircea Eliade connaît "d'autres situations en plus de sa condition historique" : par exemple, l'état de rêve, ou "rêve éveillé, ou de mélancolie ou de détachement, ou de béatitude esthétique, ou d'évasion". Ces états sont aussi "authentiques et aussi importants pour l'existence humaine" que la situation historique. Hermann Hesse, dans une lettre de décembre 1938, oppose à la vie inauthentique la "vraie vie", l' "authentique réalité réalité", qui est "ailleurs" : "L'homme , de nos jours, ne vit pas : il végète et ne respire qu'à demi étouffée ; et s'il a, de ci, de là, un beau rêve ou qu'il lui remonte en mémoire, du temps de son enfance, quelques mesures de vraie musique de Bach ou de Mozart, il trouve là ses bonnes heures.
En 1903, déjà Hesse signalait qu'un domaine "pratiquement tout nouveau" s'ouvrait à la littérature, celui de l'enfance : "La littérature a aussi pénétré avec un plaisir nouveau dans l'innocent pays de l'enfance et, parfois, les rêveurs rejoignent l'En-deçà de la naissance (Contes merveilleux). "La littérature a aussi pénétré avec un plaisir nouveau dans l'innocent pays de l'enfance" (Magie du Livre)
Le niveau auquel nous travaillons est celui des formations inconscientes, étant bien entendu que l'oeuvre est également organisé suivant des structures conscientes propres. Nous nous intéressons, avec Hesse, aux figures mythiques latentes, mais chacun sait que le vingtième siècle regorge d'oeuvres manifestement inspirés par les mythes de l'Antiquité et du Moyen-Age : Oedipe, Electre, Merlin...