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EAN : 9782491560621
80 pages
Le Realgar (08/06/2023)
4.31/5   13 notes
Résumé :
Des poèmes en prose qui relatent chacun un souvenir, une sensation ou un moment marquant de la jeunesse de l'héroïne, depuis sa petite enfance jusqu'à son adolescence.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Cristina - Caloniz Herminia - Éditions le réalgar - Lu en septembre 2020.

Je remercie Daniel Damart des éditions le Réalgar pour l'envoi de ce livre et l'équipe de Masse critique Babelio qui nous permet de faire des découvertes.

J'ai choisi ce livre parmi d'autres sans trop savoir de quoi il s'agissait, mais le titre" Cristina" a attiré mon attention et aussi parce que c'était un texte de poésie en prose.

Dans un style onirique, parfois un peu compliqué à comprendre, l'autrice utilisant souvent des mots hors du commun nous conte en quatre chapitres sa "petite enfance, l'enfance, l'adolescence et la jeunesse", des flashs de vie, parfois gais, parfois sombres .

Derrière ses textes, on devine bien la botaniste spécialiste des climats tropicaux née à Bogota (Colombie) et vivant aujourd'hui à Paris où elle se consacre à l'écriture.

Elle évoque le monde végétal, mais pas que, la cruauté, la sensualité sont présentes et aussi, la mort, celle de sa grand-mère et de sa mère, mère très présente dans son livre. le père n'est que suggéré de manière troublante et un malaise ressort à la lecture de certains passages, derrière l'écriture poétique de Caloniz Herminia, on devine une enfance malmenée.

Un petit livre (68 pages) certes pas facile à lire, il faut prendre le temps nécessaire pour entrer dans l'esprit de l'autrice, pour s'imprégner de son style particulier, pour décrypter ses signaux et pour la comprendre.

Bonnes lectures à tous et prenez soin de vous.



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« Cristina » la narration de la vie. L'inaugurale préface d'Alain Borer qui acclame « L'art des cris », « nous sommes dans la parole de l'enfant martyrisée, cette pâtisserie humaine qu'est l'enfant-roi dans les serres d'un prédateur... ». Un texte fontaine, jachère fleurie, charnel et enivrant. La féerie d'une écriture souveraine et perlée de pluie enfantine.
Entendre la voix de Paloma Hermine Hidalgo et s'attendre au miracle littéraire.
Il faut lire, étreindre, retenir et aimer à la folie cette toile de maître.
Le regain prend place. Vaciller sous le plein de ce livre. Une corbeille gorgée de fruits mûrs, acides et sucrés. Dans ce manichéen qui est le cercle de ses jours. L'enfance osier, qui bascule la trame vers l'infinie grandeur et le fleuve larmes, toucher et interdit.
Magnétique, hypnotique, ce livre est d'une poésie inouïe, habillée d'écume, de ravages, d'atteintes et d'attentes. Les paraboles sont des robes qui descendent sur les chevilles, le miracle des dires advient envers et contre tout. Subrepticement, le don inné d'écriture est le passage du gué. Ici, tout flambe, la passion et l'amour pour la mère, à la vie, à la mort, aux risques et souffrances. Aux tendresses-écorces où la rémanence est invitée. Les violences inoubliables, taches noires sur la pureté. Ce texte est si beau, si divin, si intrinsèque, qu'il contient à lui seul le langage-né.
Il faut connaître l'invincible, le cru, le vrai pour écrire ainsi. Sous l'épaisseur, des mirabelles à pleine main. Des larmes et la majestueuse vision de la beauté. Tout retenir. Encercler les points. Dormir dans les majuscules, ce texte vaut mille vies.
« Petite enfance, Enfance, Adolescence, Jeunesse », l'initiation d'elle, de Paloma Hermine Hidalgo.
« Mots en boutons : « Ma-man ». La parole me vient sous la voûte des fleurs ».
« Maman s'affaire au jardin, dans l'éclat d'une traîne de paon ».
« Des papillons naissent devant moi, des abeilles battent des ailes pour m'éventer ; je m'endors, mariée à ce monde d'hélices ; les mouches à miel tissent mon voile ».
Le carillon d'une enfant grandissante, dévorante et dévorée, attentive aux bruissements de l'herbe nourrie de rosée, furieuse dans les averses qui noient sa chevelure. Cercle et berceau, coquille et immensité. Elle saute dans les flaques des aspérités, d'une maisonnée où la porcelaine brisée écorche sa vulnérabilité et blesse sa confiance. Les cicatrices comme des lucioles sur sa chair.
Les métaphores et les envolées sont des éclats de larmes sur la fenêtre qui brouille ses regards. La nature encercle la trame, vivifiante, coopérante et semblable aux ressentis d'une fillette connivence et en mutation. Siamoise et le mimétisme est le rouge de ses lèvres.
« Je longe pressoir, grange, étables, écuries. Les pouliches grattent du sabot, paissent dans la sciure ; je passe les juments, leurs crinières, le feutre du cartilage ; j'ébranle la paille, bottelle, engrange le foin, coupe des brassées de fourrage. le froment crisse en épis, l'épeautre lève sa pointe verte. La fraîcheur coule jusqu'à mes pieds. Silence des box. J'écoute le crin du bétail ».
L'intime sous le pli de la sincérité. Crépitement, requiem, feu de St Jean, ce texte est cousu d'or, délicat, et sa pudeur s'éloigne. La marée-basse des miscellanées. Atteindre le sommet de « Cristina » dans les empreintes de Paloma Hermine Hidalgo.
Rejoindre l'émancipation verbale. L'exutoire qui illumine ce renom. Comment peut-on écrire avec une telle capacité ? Où se situe l'origine ? Pour apprendre par Paloma Hermine Hidalgo, la voie de traverse ?
Ce livre est le macrocosme. Les conjugaisons comme des dentelles qui flottent dans le courant glacé. Écrire les souffrances et le martyr, en décalquant la réalité. Trait fin, et crayon de papier dont la mine ne cède rien. Tout est dit et tout est fusion verbale.
« Arrachée, la bretelle de ma robe ; dans l'échancrure, un petit pain fourré aux fraises porte des traces d'ongles ».
Ce livre hurle, et le minuscule devient pas de géant. Ce livre est un glacier. La haute montagne est son allié. Ce livre est le coeur d'une enfant qui bat la chamade. Ce livre est mère, femme, et fille.
« L'orgue de Barbarie joue. Crescendo, note au fortissimo. Maman patine, scintille sous une chapka ».
« Cristina » un edelweiss à flanc de rocher. le triomphe, le chef-d'oeuvre. La prose envoûtante, sombre et merveilleuse. Juteuse et triste, absolument passionnelle. Un livre de chevet dont on retient les murmures comme des chuchotements et les cris comme des envolées d'oiseaux migrateurs. Ce livre est une fierté éditoriale.
Précieux, il faut être attentif à son écho car il perdurera dans l'infini.
Publié par les majeures Éditions le Réalgar.
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J'ai lu Cristina comme un poème d'après-midi d'été, plein de mots, de fatigue, de chaleur trop forte, de sueur, de sensualité.
Et puis, j'ai rencontré l'autrice hier, et lui ai dit que j'avais un bon souvenir de son livre, "joli" était l'adjectif qui me venait, ce qui eut l'air de l'étonner.
J'ai repris le livre et je vois plus de choses que j'avais vu. Dans cette sensualité et cette abondance de mots assemblés en bouquets variés, je vois la permanence du corps, tiré comme tiré par une sexualité impérieuse, une sexualité bonne et mauvaise, une sexualité comme un appel qui ne cesse jamais et maman par dessus qui a l'air de fluidifier l'air autour de sa fille, alors qu'elle n'est pas moins prise qu'elle.
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Un livre difficile à appréhender ; tant à cause du thème que de la forme d'écriture. Je ne lis pas beaucoup de poésie mais l'auteure étant botaniste, une certaine sensibilité savante se dégageait de la citation que j'avais lue. Et en effet, le vocabulaire est très riche.

Cependant, les premières pages pour moi très désagréables à lire ; les énumérations, les phrases non verbales me faisaient penser à un texte non travaillé. Puis les passages mélodieux, recherchés, voire soutenu alternent avec des moments crus et plus que malaisant.... Encore une fois, peut-être était-ce le but...

J'aurais préféré ne pas lire ce livre. Je remercie Babelio et les éditions le Realgar pour la copie que j'ai reçu dans le cadre de la Masse Critique.

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Raconter, en vers, en prose, haïku et j'en passe, son enfance, de la petite à la grande. Passer par le parfum des fleurs, à la couleur du ciel, l'odeur de la mer pour décrire celle-ci.
Je savais que se ne serait pas facile à lire, que l'auteur raconterait du vécu, mais pas à ce point. Au début les chants des oiseaux, et l'odeur des lilas, nous cachent la vérité, seulement entre ces choses belles et naturelles, se cachent l'horreur d'une enfance perdue, salie, volée.
Les horreurs du viol d'une enfant, retracée en vers, c'est très dur à écrire et à lire. J'ai mieux compris les peintures choisis en couverture, avec l'explication des titres à la fin. L'Enfer peut se vêtir de beauté.
Livre pour un public averti, pour pouvoir comprendre et saisir les nuances.
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critiques presse (1)
Marianne_
06 décembre 2023
Par la prodigalité d'une langue où le trivial le dispute au raffinement, l'autrice élabore un contre-monde : contre l'étrécissement du vocabulaire, la profusion lexicale ; contre la mutilation des sens chez le métropolitain évoluant dans l'abstraction et l'artificialité.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
  
  
  
  
Aube, fouetté de cils roux. Mirabilis et belles-de-nuit s’étiolent. Je marie mes doigts aux siens, rampe contre son torse : ancrées dans sa peau, des images de pirates, de typhons, de tropiques. Sa cuisse touche la mienne – ruisselet de soie sur mes reins. Il me cloue sur les giroflées, me ravage entre les perce-neiges, une larme de mercure roule sur mes lèvres.
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Les mercredis après-midi, chargée d’un bouquet, je cogne chez la maîtresse. Elle apparaît dans la fente d’une persienne, me déleste de mes dahlias, zinnias, panaches parmi les feuilles gladiées. Ma gerbe trône sur le bureau, large dans la lumière. C’est l’hiver. La table offre une pastèque débitée en tranches rouges, comme des harmonicas. Jojo la fleur bleue et ses airs de java éclabousse mon visage. Je crachote les pépins. Le cœur, réservé aux plus jeunes : pulpe couleur de langue, chair neigeuse, en flammes. Le cœur se reçoit à deux mains. Murmure du jus le long des bras : rosa rosa rosam rosae rosae rosa.
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Froufrous, tutus, ruches de dentelles soufflées en arc-en-ciel : nos corolles s’ouvrent, corail, crépues sous l’élasthanne. Les nerfs se tressent, jouent sous la peau. Les petites filles, d’où gicle l’androcée, comme d’une rose les carpelles, dansent à la barre. Cache-cœur, tarlatane renversée, jambes en pistil que dévoilent les pointes, le grand jeté. Seule, en coulisses, je déchiquette mon escalope, passionnément, à la folie, pas du tout : joie d’effeuiller Maman à la manière des hommes Dans ma bouche, une berceuse. Wiegenlied de Brahms.
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Romanichels. La caravane brinqueballe, se rue vers la lumière. Autour, abers dentelés, dunes sel et miel. Je peins au rouge à lèvres : deux cercles pour les joues, un pour le nez ; visage tenu par trois fils, beau encore, d’Indienne aux traits nets ou de clown en roulotte, femme barbouillée d’aurore. Plus tard, sur le siège du cocher, gigoteuse gitane, blondeur aiguë, j’effeuille un lys. Cursives pâles sur deux lignes. Mots en boutons : « Ma-man ». La parole me vient sous la voûte des fleurs.
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Video de Paloma Hermine Hidalgo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paloma Hermine Hidalgo
Avec Rim Battal, Vanille Bouyagui, Jacques Darras, Guillaume Decourt, Chloé Delaume, Arthur H, Paloma Hermina Hidalgo, Abellatif Laâbi, Christophe Manon, Virginie Poitrasson, Jean Portante, Omar Youssef Souleimane, Milène Tournier… Accompagnés par Lola Malique (violoncelle) et Pierre Demange (percussions)
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2024 rassemble 116 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique de la grâce. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie francophone de notre époque. Pour en donner un aperçu ce soir, douze poètes en lecture, accompagnés de musique.
À lire – Ces instants de grâce dans l'éternité, Anthologie de poésie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, Castor Astral, 2024.
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