Le temps fera raison à ce grand homme de toutes ces injures, et ceux qui le blâment aujourd’hui connaîtront peut-être à l’avenir combien sa conduite eût été nécessaire pour achever la félicité de cet État, dont il a jeté tous les fondements. Laissons donc évaporer en liberté la malice des esprits ignorants ou passionnés, puisque l’opposition ne servirait qu’à l’irriter davantage, et consolons-nous par les sentiments qu’ont de sa vertu les étrangers, qui en jugent sans passion et avec lumière.
« Il est vrai que, pendant que les reines Catherine et Marie de Médicis ont eu part au gouvernement des États et qu’à leur ombre diverses femmes se mêlaient des affaires, il s’en est trouvé de puissantes en esprit et en attraits qui ont fait des maux indicibles, leurs charmes leur ayant acquis les plus qualifiés de ce royaume et les plus malheureux, elles en ont tiré cet avantage à leurs fins qu’étant servies d’eux selon leurs passions, ils ont souvent desservi ceux qui ne leur étaient point agréables parce qu’ils étaient utiles à l’État. De là vient que les femmes, paresseuses et peu secrètes de leur nature, sont si peu propres au gouvernement, que si l’on considère encore qu’elles sont fort sujettes à leurs passions et, par conséquent, peu susceptibles de raison et de justice, ce seul principe les exclut de toute administration publique. »
Les grands s’y emploient à rassembler autour d’eux leurs clientèles ; l’insécurité règne, et chacun se promène armé. La question de la régence est, plus que jamais, le point critique où convergent toutes les intrigues. « Les intérêts différents des principaux du royaume et des plus considérables du Parlement les obligèrent bientôt à prendre parti entre la reine et Monsieur, et, si les brigues qu’on faisait n’éclataient pas davantage, c’est que la santé du roi, qui semblait quelquefois se rétablir, leur faisait craindre qu’il ne fût averti de leurs pratiques, et qu’il ne fît passer pour un crime toutes les mesures que l’on prenait sur sa mort. »
Ceux que l’on nomme les dévots, qui forment un parti influent dans l’opinion publique, se souviennent que la politique belliqueuse du cardinal fut imposée lors de la fameuse Journée des Dupes, en 1630, au détriment d’une politique catholique de réforme intérieure et d’alliance avec l’Espagne alors proposée par les catholiques zélés conduits par Marie de Médicis et Michel de Marillac. À leurs yeux, la mort de Richelieu constitue l’occasion de mettre fin à une guerre impie, de travailler à la promotion de la réforme catholique et au soulagement du royaume.
Dans les faits, lorsque s’ouvre une minorité, plusieurs cas de figure peuvent se présenter, suivant que le roi disparu a ou n’a pas prévu l’organisation de la régence. Des autorités de référence (états généraux, Parlement) peuvent intervenir pour la confirmer ou la conférer. Concernant son titulaire, deux traditions s’opposent généralement : la reine mère, assistée d’un parent mâle qui commande l’armée, ou bien le plus proche parent mâle.