Le tome 4, avec les vies brisées de la famille Vestrit, ressemblait à une veillée funèbre. le tome 5 – « Prisons d'eau et de bois – se rapprocherait plutôt d'un état des lieux désabusé. Quand les Vestrit ont appris que la Vivacia et son capitaine, cet abruti plein de suffisance, ont été capturés par le pirate Kennit, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ces familles qui reviennent dans leurs maisons après une inondation ou un incendie et essaient, l'air hagard, de récupérer au milieu des décombres ce qui peut encore l'être… Un état d'esprit tout proche du renoncement…
Une chose positive au moins : les Vestrit ont remisé au placard leurs égos surdimensionnés. Ils se sont même parlés à peu près normalement dans le but de trouver la moins mauvaise solution pour échapper à la ruine honteuse, au désastre annoncé.
Comme dans cette épreuve, ils ne peuvent compter sur aucun soutien parmi leurs proches et les marchands de Terrilville, ils décident non sans quelques tiraillements de réarmer Parangon, la vivenef complètement azimutée, afin de récupérer Vivacia. Rien de moins ! Projet hautement risqué qui a toutes les chances d'échouer lamentablement ou en tous cas de ne pas se dérouler comme prévu… Ça nous promet de belles empoignades pour la suite.
Malta a beaucoup changé. En bien ! Elle n'est plus cette pimbêche insupportable et écervelée, toujours attirée par tout ce qui brille, que l'on aimait tant détester. Dans le calvaire qu'elle traverse avec sa famille, elle fait preuve de beaucoup de sang-froid, de solidarité et d'à-propos.
Quant à Althéa, elle est fidèle à elle-même ! Une femme libre, révoltée, le nez au vent, toujours à courir derrière sa Vivacia. Mais, si jamais elle parvient à la rattraper, elle risque d'être déçue ! Traumatisée par le transport d'esclaves que lui a infligée l'abruti de capitaine Kyle, abandonnée par sa famille, elle a les yeux de Chimène pour ce grand charmeur de Kennit, le « Che Guevarra » de la Fantasy, futur roi des pirates et grand libérateur des opprimés.
Les voilà tout prêts d'embarquer sur Parangon, la vivenef folle, accompagnés de l'énigmatique Ambre et du mauvais garçon Brashen…
D'autres évènements sont en mouvement. Plus conséquents ceux-là ! On est plus dans le drame familial ; on verse dans la grande politique, le religieux, le surnaturel... Cet incapable de gouverneur Gosco se fait plus ou moins enlevé par les Chalcédiens ! L'apparition dans les rêves de Malta d'un dragon nous renvoie à notre bon et regretté Fitz-Chevalerie ! Et ces horribles serpents, qui toujours glissent, ondulent en bordure de cette épopée !
La seule chose dont je suis sûr, c'est que l'histoire va maintenant se déporter vers le fleuve du désert des pluies.
Pour le reste, attendons que Madame
Hobb mette un peu d'ordre dans ce monstrueux galimatias. Il lui reste encore quatre tomes pour y parvenir… Pour mon plus grand plaisir.