Ce recueil howardien made in France (au devrait-on dire made by Patrice Louinet ?) est composé d'excellentes nouvelles !
La Sword & Sorcery de R.E. Howard emprunte tout au presque à la Sword & History d'Harold Lamb, à tel point que parfois il faut plisser les yeux pour la différence entre les deux... Mais en mélangeant l'aventure d'Henry Henry Rider Haggard et le fantastique d'H.P. Lovecraft, l'auteur redimensionne un genre encore gestation en en redéfinissant tous les codes à l'aune de la culture populaire en voie de massification : c'est ainsi que la Fantasy moderne connaît la révolution culturelle dès le tournant des années 1930 alors qu'il faudra attendre les années 1970 pour qu'elle touche les arts et les médias populaires (et après il y a encore des exégètes littéraires pour oser dire que la Fantasy moderne naît au milieu des années 1950 avec "Le Seigneur des Anneaux" de J.R.R. Tolkien ^^)... Il amène avec lui les grands espaces inspiré du Texas, des scènes d'action cinématographiques chorégraphiée avec soin et minuties, mais aussi une noirceur, un pessimisme et un nihilisme poignants, et encore plus poignant parmi les démons cachés dans la Boîte de Pandore, l'espoir, la justice, l'humanisme... On pourrait croire que l'expression epicness to the max a été inventée pour lui ^^
L'ante-pénultième nouvelle est dotée d'un sad end quasi hors-sujet à mon goût, la pénultième est très intéressante mais inaboutie sur la forme par rapport aux autres textes du recueil (sans doute parce qu'elle a été maintes fois reprise et améliorée par la suite, à commencer par l'auteur lui-même), et la dernière est plus humoristique qu'épique et donc en décalage par rapport au reste du recueil (et puis on ne va pas se mentir, l'auteur est plus efficace dans le tragique que dans le comique). Pour tout le reste, R.E. Howard qui nous a trop tôt quitté est un véritable magicien, un alchimiste transformant le plomb en or : sous sa plume, et quel que soit le genre abordé, la plus classique des histoires devient une épopée flamboyante, âpre et violente… C'est noir, c'est sombre et c'est sans concession, mais quand grande aventure et grande tragédie sont aussi bien mélangées il faut en profiter !!!
"Les Faucons d'Outremer" :
Cormac FitzGeoffrey est une tête brûlée irlandaise qui a dû choisir entre la mort ou l'exil, et il a finalement choisi de prendre la croix en accompagnant son seigneur à Jérusalem. Après la mort de ce dernier, il se mit au service de Gérard du Guesclin, parangon de vertu qu'il aurait pu lui-même devenir si la vie lui avait été plus douce et plus facile.
Quand ce dernier tombe par traîtrise, Chrétiens et Musulmans doivent subit le courroux d'un Cormac en quête de vengeance. Mais derrière la machination qui ont conduit à la perte de du Guesclin se cache un complot encore plus vaste qui menace tous les souverains du Proche-Orient.
"Le Sang de Belshazzar" :
Le croisé irlandais Cormac FitzGeoffrey rejoint la Citadelle de Satan pour se mettre au service de Skol Abdhur le Boucher dans l'espoir de toucher une part de ses fabuleux butins...
Les renégats de trois continents travaillent pour le chef pillard qui les monte les uns contre les autres pour mieux les contrôler. Car les salopards du monde entier, de Venise à la Mongolie, convoitent son plus précieux trésor : le Sang de Belshazzar, le plus fabuleux rubis de tous les temps !
Quand le Boucher et son garde du corps sont retrouvés assassinés, tous les regards se portent sur Cormac le croisé qui doit défendre sa peau dans un huis-clos angoissant...
"Les Épées Rouges de Cathay la Noire" :
Le Normand Godric de Villehard et ses hommes sont envoyés en expédition en Orient pour faire alliance avec le légendaire royaume du Prêtre Jean. Au-delà de l'Empire Byzantin et des royaumes d'Asie centrale, c'est un Godric complètement isolé et esseulé qui sauve la vie de la princesse Yulita. Et c'est au royaume de Cathay la Noire que Godric pris en tenaille entre les manipulations des souverains chinois et les ambitions de Gengis Khan, devient roi de ses propres mains ! (refrain bien connu des amoureux de l'heroic fantasy)
"Les Cavaliers de la Tempête" :
Cahal Ruadh, appelé Cahal le Rouge, est un prince irlandais déchu et trahi par son plus grand amour. Il traîne sa misère dans les ruelles du Caire avant de rejoindre la troupe de Renaud d'Ibelin. Ces deux derniers, bien conscients de la triste condition d'eux-mêmes et des royaumes latins du Levant décident de tenter le tout pour le tout dans une dernière chevauchée vers une forteresse musulmane censée détenir de fabuleuses richesses... avant de se heurter à la horde sauvage des Khwaresmiens !
Cahal le Rouge, dernier survivant de son expédition, chevauche alors plus vite que le vent vers le Ponant et son destin pour avertir Chrétiens et Musulmans du terrible danger qui les menace !
"Le Seigneur de Samarcande" :
Al Boga le Tatar espionne la bataille entre le sultan turc Bayazid et les Byzantins alliés aux Francs. de la terrible confrontation les musulmans sortent victorieux. Au lendemain de la bataille il recueille l'un des rares survivants du massacre, l'Écossais Donald MacDeesa. En se mettant au service de Timur le Boiteux, ce dernier vend son âme au diable car Tamerlan est l'un des pires tyrans de tous les temps... Mais seul le puissant conquérant peut lui offrir ce qu'il souhaite ardemment au fond de son coeur : venger ses amis et ses compagnons d'armes qui comptaient parmi les milliers et les milliers de prisonniers chrétiens exécutés par le sultan Bayazid !
"La Route d'Azraël" :
Kosru Malik le mercenaire chagatai n'a ni dieu ni maître. Mais quand il croise le chemin d'Eric de Cogan, l'homme qui lui sauva la vie lors de la prise de Jérusalem, la vie du farouche guerrier turc bascule... Tous deux se lancent dans une chevauchée pour ravir aux mains de Muhammad Khan, le nouveau Lion de l'Islam, la jeune Ettaire dont le noble chrétien comme le souverain musulman sont fous amoureux. Pour échapper à leurs poursuivants, l'Anglais chrétien et le Turc païen combattent alors côte à côte sur la route de l'ange de la mort Azraël !
"Le Lion de Tibériade" :
Les hasards du destin ont fait du bâtard John Norwald et du jeune Achmet ibn Doumey de féroces compagnons d'armes. Lors d'une bataille perdue face au puissant Zengi, ils déposent les armes en échange de leur vie. Mais dans son arrogance, Zengi se parjure en fouettant à mort le 1er, et en condamnant le 2e à une vie de misère aux galères...
Bien des années plus tard, le courageux Miles du Courcey essaye de déjouer les plans d'un Zengi à l'ambition sans limite qui manipule seigneurs et émirs, rois, califes et basileus pour devenir le maître du Moyen-Orient et du monde. Mais nul n'échappe au destin écrit par Allah !
"L'Ombre du Vautour" :
Désormais il n'existe plus nul repos pour Gottfried von Kalmbach. le Grand Sultan Soliman le Magnifique a juré la perte du seul homme encore en vie à lui avoir infligé une blessure. Comme le souverain musulman ne saurait souffrir une telle injure, il envoie les Akinjis de Mikhal Ogu le Vautour mettre l'Europe centrale à feu et à sang pour le débusquer...
Gottfried n'a plus d'autre choix que de se réfugier derrière les murs de la ville de Vienne, mais c'est alors que les 250000 soldats du Grand Sultan venus fondre sur l'Occident commencent le siège de la ville. Dans la fureur des combats Gottfried ne doit son salut qu'à une mystérieuse combattante surnommée Sonya la Rousse, qui se prétend la soeur jumelle de Roxlane l'épouse favorite du Grand Sultan... le fer et la poudre, le sang et les larmes pleuvent alors dans les deux camps !
"La Voie des Aigles" :
Nous sommes sur les bords de la Mer Noire au XVIe siècle. D'un côté nous avons des pirates cosaques qui veulent tirer vengeance d'Osman Pacha, le chef corsaire en disgrâce qui a assassiné leur leader. D'un autre côté nous avons un survivant arménien qui veut prendre sa revanche sur les pillards turcomans qui ont massacré son village. Entre ces deux quêtes de vengeance, il y a l'esclave perse Ayesha qui essaye de faire retrouver sa fierté à Murad, le frère du sultan enfermé dans un nid d'aigle gardé par les Kurdes. Et cette dernière va précipiter les uns et les autres à la rencontre de leur destin...
"Des Faucons sur l'Égypte" :
Le Castillan Diego de Guzman ne vit que pour se venger de l'homme qui a trahi et assassiné les siens. Une double mission l'amène au coeur de l'Égypte fatimide : tuer le général berbère El-Ghazi et empêcher le calife Al-Hakim de lancer ses troupes à la conquête de l'Espagne et de l'Europe.
Et les rivalités des généraux El-Ghazi, Othman et Es Salih Muhammad, les disputes entre les soldats berbères, soudanais et turcs ainsi que la folie grandissante du calife font de la ville du Caire une véritable poudrière prête à exploser à la première étincelle !
"Les Portes de l'Empire" :
Le gros Giles Hobson est un menteur, un bagarreur et un soiffard invétéré. C'est aussi un grand lâche qui doit fuir son pays après avoir provoquer une émeute dans laquelle son seigneur Guiscard de Chastillon a failli mourir. Les caprices du destin le conduisent à la ville du Caire où il se fait passer pour le bâtard du roi d'Angleterre pour les Musulmans, et pour le fils cadet d'un nobliau écossais pour les Chrétiens. Mais il se retrouve bien malgré lui au centre des intrigues nouées par Shawar, le vizir du califat fatimide, Shirkuh, le bras droit du puissant maître de la Syrie Nur-ad-Dîn, et Almaric le roi de Jérusalem...
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Bien, je dois admettre que j'ai eu un peu de mal à lire ce recueil. Surtout qu'au départ, j'étais partie pour le lire "d'une traite" (je l'ai fait jusqu'à la moitié), ce qui s'est avéré simplement impossible.
Pourquoi ? Et bien parce que toutes ces nouvelles se ressemblent trop. C'est vraiment lassant à lire d'affilée. Quand elles étaient publiées au coup par coup dans des revues, ça devait être tout à fait agréable, mais là, très franchement, même si je trouve toujours que ces intégrales sont une excellente idée, et une excellente chose, il ne faut pas tenter de tout lire d'un coup, il y a de quoi se dégoûter de Howard, et ce serait dommage !
Car même s'il y a du bon et du moins bon, cela reste vraiment plaisant à lire, nouvelle par nouvelle, petit à petit.
Mes préférées du lot (Le lion de Tibériade, L'ombre du vautour, les portes de l'empire, surprenante !) sont comme par hasard dans la seconde moitié du recueil, c'est à dire celles que j'ai lues au "coup par coup". Ce sont aussi les plus "variées" (contrairement à celles du début du bouquin), et celle que j'aurais pu lire éventuellement d'affilée, mais bon, je ne le savais pas au départ !
Sonya la Rousse est un personnage vraiment magnifique, haut en couleur, garçon manqué mais féminine, et une figure forte de la nouvelle " l'ombre du vautour", contrairement aux autres persos féminins de Howard, trop stéréotypés "faibles femmes"...
Enfin bref, au bout du compte, c'est encore que du bonheur. Mais suivez mon conseil. Lisez les premières nouvelles (Jusqu'au "Lion de Tibériade") au compte-goutttes, vous ne les en apprécierez que mieux !
Ah oui j'oubliais : pour une fois, je n'ai pas lu les "appendices" en fin de bouquin, je dois l'avouer, mais j'ai déjà passé trop de temps sur ce livre...
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Actuellement je me replonge dans le monde d'Howard en ressortant de ma bibliothèque un volume réédité, acheté il y a quelques années mais que je n'avais pas encore entamé.
L' écriture est plaisante mais j'ai du mal à accroché autant qu'avant lorsque j'étais tout jeune lecteur, il y a 35,40 ans.
Les personnages sont sympas à découvrir mais le format nouvelles ne permet pas de développer en profondeur et donner plus de consistance. Dommage car on se dit que certaines histoires auraient pu être le point de départ de bons gros romans avec des personnages bien sentis.
Du coup je lis les nouvelles les unes après les autres sans vraiment me plonger à fond dedans et en oubliant assez rapidement ce que j'ai lu... Mais c'est peut-être le format nouvelles qui ne me convient plus. J'ai trop l'impression de rester sur ma faim.
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Elle était grande et superbement bâtie, avec une silhouette pourtant élancée. De sous son casque d’acier s’échappaient de longs cheveux rebelles qui tombaient sur ses épaules robustes en une cascade d’or roux étincelant au soleil.
- Hé, Sonya la Rousse ! s’écria un homme d’armes. Fais-leur en baver, ma fille !
- Fais-moi confiance, compagnon, dit-elle tout en approchant la mèche enflammée du canon.
Une formidable détonation noya le reste de ses propos et un nuage de fumée aveugla ceux qui se trouvaient sur la tourelle. Sonya la Rousse poussa un hurlement de joie sincère. Les Turcs gisaient à terre, le crâne fracassé et le corps déchiqueté. À cet instant, une puissante clameur retentit de l’autre côté des murailles.
Gottfried von Kalmbach s’approcha des créneaux. Il avait déjà entendu ce cri à glacer le sang : les Janissaires se lançaient à la charge. Soliman le Magnifique n’avait pas l’intention de perdre de temps avec cette ville qui lui barrait la route vers une Europe impuissante. Il comptait bien abattre ces murailles dès le premier assaut...
C'en était fini. La chose sanglante et disloquée qui avait été le prince Achmet Ibn Doubeys fut jetée négligemment sur un tas de cadavres, une étincelle fugitive de vie palpitant encore faiblement dans ses membres suppliciés. L'ombre d'ailes de vautour tournoyant dans le couchant tomba sur le masque écarlate de ses traits. Zenghi se débarrassa du fouet ruisselant de sang et se tourna vers le Franc silencieux. Mais, lorsque son regard croisa les yeux embrasés de son prisonnier, le sourire s'effaça des lèvres du prince et ses railleries moururent dans sa gorge avant d'avoir été prononcées. Dans ces yeux froids et terribles, le Turc lut une haine au-delà des conceptions humaines... Une chose monstrueuse, brûlante, presque tangible, surgie des régions inférieures de l'enfer, et que ni le temps qui passe ni les souffrances ne sauraient effacer.
(Dans "Le Lion de Tibériade")
- Ton coeur est fait d'acier, dit l'Arabe. Pourtant j'ai vu une touche de tendresse en toi... L'affection que tu portes à Yusef, le fils de Nejm Ad-Din. Existerait-il aussi un soupçon de repentance en toi ? De tous tes actes, n'y en a-t-il pas un que tu regrettes ?
Zenghi déplaça un pion en silence et son visage se rembrunit.
- Si, dit-il lentement. C'était il y a bien longtemps, le jour où j'ai brisé les armées d'Ibn Sakada dans le Sud, non loin des rives de ce même fleuve. Il avait un fils, Achmed, un garçon qui avait un visage de jeune fille. Je l'ai frappé à mort avec ma cravache. C'est le seul geste que j'aimerais ne jamais avoir commis. Il m'arrive d'en rêver.
(Dans "Le lion de Tibériade")
- Les saints nous préservent ! Arrière ! laissa échapper l'homme d'armes terrifié. Cormac FitzGeoffrey ! Arrière ! Retourne donc en enfer, comme un bon chevalier ! Je vous jure, seigneur...
- Epargne-moi tes serments, grogna le chevalier. Pourquoi de telles paroles ?
- N'es-tu pas un esprit désincrané ? demanda le soldat. N'as-tu pas été tué par les corsaires maures lors du voyage qui te ramenait dans ton pays ?
- Par les dieux maudits ! pesta FitzGeoffrey, cette main te fait-elle l'effet de la fumée ?
(Dans "Les faucons d'Outremer")
- Tu as l'âme d'un guerrier, malik. A-t-on eu de raison de toi par traîtrise ? (Haroun)
- Par traîtrise, en vérité, jura Cahal, et par la perfidie d'une femme qui s'est lovée autour de mon âme tel un serpent jusqu'à ce que j'en devienne comme aveugle... et finisse par me faire bannir tel un pion brisé.
(Dans "Les cavaliers de la tempête")
Le cinéaste Bertrand Mandico s'empare de la figure de Conan le barbare, d'abord adaptée sur grand écran par John Milius en 1982 d'après l'oeuvre originale de Robert E. Howard. Il donne une version bien revisitée et loin de celle interprétée par Arnold Schwarzenegger. Car Conann avec deux "N" est "iel", loin des clichés de virilité, et le réalisateur joue avec les codes queer pour mettre en scène sa vie...
Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
#cinéma #conan #feminisme
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