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EAN : 9782864328513
293 pages
Verdier (07/01/2016)
3.75/5   4 notes
Résumé :
« Nous avons commis une faute, une faute grave, la plus grave : nous avons défié le Temps. Nous avons essayé de retenir son cours. Et à présent, Max, à présent, il nous montre son pouvoir ! »
Ainsi s’adresse, en son for intérieur, Marie Minet à son mari, Max Meier, un politicien suisse en vue dont la carrière a absorbé toute son énergie, la conduisant à renoncer à sa vocation de pianiste pour jouer le rôle de first lady idéale. Chaque ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Q ue dire sur ce roman reçu dans le cadre de l'operation Masse Critique ?
U n grand merci à Babelio et aux éditions Verdier.
A près un début poussif à la découverte d'une femme tourmentée,
R apidement, j'ai pris plaisir à lire la plume raffinée d'un auteur qui m'était inconnu.
A dmirablement traduit de l'allemand, le texte nous offre des passages remarquables,
N otamment lorsque Marie évoque ses sentiments ou les griffes du temps qui passe.
T homas Hürliman s'inspire de sa famile et jongle entre présent et histoire ,
E t livre une femme partagée entre ce qu'elle est et ce qu'elle regrette ne pas être.

R emontant l'histoire jusqu' à l'avènement de cet ancêtre juif,
O n vit, avec Marie, une journée anniversaire semblable à tant d'autres.
S a position de Fist Lady idéale n'est que fard sur les rides du regret.
E t l'on ne peut que comprendre et souffrir avec cette femme qui a tout réussi,
S ans jamais avouer qu'elle avait tout raté.
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Ce livre est d'une beauté saisissante ; et je pèse mes mots.

Thomas Hürlimann nous livre un portrait de femme émouvant, subtil et délicat, sans fioritures, sobre mais poétique...

Marie est un personnage très attachant. L'auteur la décrit si bien, raconte sa vie de façon extrêmement maîtrisée, chaque retour dans le passé, chaque projection dans le futur, rien n'est laissé au hasard et chacun de ces moments contribue à nous dévoiler une autre facette de Marie, approfondit notre connaissance de ce personnage et des autres qui l'entourent...
Le combat intérieur que livre Marie est lui aussi très bien retranscrit par l'auteur. Heureusement, dirais-je, car toute l'intrigue ce base sur cette "double-personnalité", et sur la description de ces deux Marie, la Marie-Étoile et la Marie-Miroir, celle de l'extérieur.

Je tiens à faire un détour sur le style de l'auteur. J'ai été sincèrement charmée par cette écriture d'une délicatesse et d'une fluidité tout à fait remarquable, correspondant on ne peut mieux à l'histoire. Superbement écrit, et superbement traduit !

Et, bien évidemment, Marie n'est pas le seul personnage de ce tableau ; Hürlimann dépeint des personnalités hautes en couleur sans jamais en exagérer les traits, ce qui vaut au livre cette subtilité. de Max au père de Marie, en passant par Louise et la Gubendorff, chacun renferme son lot de couleurs. Il est appréciable de constater que, bien que Marie soit le personnage principal de cette oeuvre, l'auteur ne laisse pas tomber les autres et prend soin de les mettre aussi en valeur. Cela contribue à la crédibilité de l'histoire, et à notre immersion dans le livre.

En conclusion, un livre subtil et délicat, puissant et émouvant, à lire sans retenue. Un grand merci à Babelio et aux éditions Verdier pour l'envoi de ce livre.
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Quand Marie se réveille, le 29 août, elle peut admirer le paysage qui s'offre sous ses yeux, le lac et les montagnes que la brume estompe encore. Elle peut se réjouir par anticipation, car elle sait qu'en ce jour son mari lui fera livrer quarante roses pour son anniversaire. Un rituel qui s'est installé entre les époux, à la fois pour sceller leur amour et pour flatter Marie, qui aura toujours quarante ans.
Cependant, ces quarante roses sont aussi le symbole du mensonge, de ce besoin de travestir la réalité pour l'adapter à son désir, à son dessein. C'est même devenu une seconde nature pour Max Meier. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, que la neutralité suisse lui aura permis de passer sans encombres, il rêve de mener sa carrière politique jusqu'aux plus hautes fonctions.
Quitte à oublier en route quelques éléments de sa biographie, quitte à construire de toutes pièces une famille modèle.
Thomas Hürlimann aime utiliser des éléments de la biographie familiale dans ses romans. Il n'en va pas autrement ici, où il convoque quelques uns de ses ancêtres. Ce qui lui permet de gratter le vernis tout juste sec d'un tableau par trop idyllique. Pour ce faire, il va se servir de Marie, de sa lassitude à passer ses journées dans un double mensonge de plus en plus pesant.
Elle est l'arrière petite-fille d'un tailleur juif venu de Galicie, région aujourd'hui coincée entre la Pologne et l'Ukraine et qui a longtemps un carrefour de cultures et de religions. Une dynastie familiale qu'elle a gommé d'un coup d'eau bénite, en étant baptisée afin de s'intégrer dans la province catholique. Dans le monde des affaires et de la politique se joue le même petit jeu. L'esprit d'entreprise se doit, surtout dans un microcosme comme celui de la province suisse allemande, de faire des compromis, voire des compromissions pour pouvoir s'épanouir. Quand une carrière politique ne peut se construire sans souci du paraître, de la respectabilité bourgeoise, du souci des alliances et de la bienséance. Quitte à flirter quelquefois avec des idées nauséabondes, telles le fascisme italien dont les échos parviennent jusqu'en Suisse.
Si l'anniversaire de Marie est l'une des scènes marquantes de ce livre, la veillée de Noël est sans aucun doute l'autre grand moment, quand Marie affirme qu'elle croit en Dieu et affiche aux yeux de son frère, prêtre et de son mari député du parti chrétien conservateur et fait de ce moment de paix un moment de guerre ouverte : «Je crois en Dieu. Il me fait même un peu pitié. Aux enfants innocents, il refuse la résurrection [son frère lui a affirmé que les jumeaux qu'elle a perdu à la naissance n'iraient pas au paradis, car non baptisés ], et qu'est ce qu'il en retirera ? Au jugement dernier, les lampes en peau humaine retrouvées à Auschwitz siffleront autour de sa tête.»
Avec autant de poésie que d'ironie, avec autant de belle écriture classique que de mordant, Thomas Hürlimann prouve ici qu'il est l'un des prosateurs de langue allemande les plus doués de sa génération.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mon bien aimé, quand tu as dit qu'ici-bas, on ne pouvait pas avoir l'absolu, tu t'es trompé. Entre le ciel et la terre, il y a un lien: la musique et l'amour. C'est là que l'infini devient fini. Tu es ma vie et mon éternité ! Descends, prends-moi dans tes bras, embrasse-moi pour que je m'endorme! Enlève-moi à moi-même et donne-moi toute à toi.
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Du côté de Saint Oswald, huit heures sonnèrent, et soudain, Marie s'arrêta dans cet état qu'elle appelait mon entre-deux. Immobile, elle attendait que l'horloge du salon atteignît également l'heure pleine, mais ça durait et durait, car l'horloge murale venait toujours un peu plus tard et ainsi se constituait entre les deux horloges qui indiquaient toutes les deux la même heure un petit morceau de Présent, l'entre-deux du Temps.
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Marie était une dame qui avait du style. Jamais elle ne quittait l’étage supérieur sans être légèrement maquillée : elle courut à la salle de bains, tamponna ses joues de rouge, mit un peu de salive dans le mascara et se peignit soigneusement les cils. Dans le miroir, elle aperçut son regard panoramique qui, sortant de son for intérieur, lui donnait une aura mystérieuse. C’était le 29 août, son anniversaire. Marie savait ce qui l’attendait. Quand on sonnerait, elle courrait à la porte, accueillerait le coursier qui apporterait les fleurs et battrait des mains de joie.
À chaque anniversaire, Max lui faisait envoyer quarante roses. (p. 9)
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Depuis son enfance, elle rėvait d'un buffet de gare dans lequel naissait l'amour, et dans un buffet de gare, ô le plus beau des hommes, notre amour est né. Hasard ? Non, quel torrent chaotique que la vie semble former, regardée de plus près, elle passe dans un courant aussi bien ordonné qu'une sonate de Schubert. Ils étaient faits l'un pour l'autre.
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Permettez moi, Madame, de vous souhaiter une très bonne journée d'anniversaire.
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Video de Thomas Hürlimann (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Hürlimann
CEO of Global Corporate at Zurich, Thomas Hurlimann talks to Global Risk magazine on what he thinks about the future of premium volume, whether the industry should be investing in people or technology in the current economic climate, and how he thinks the industry has changed since 2008 (2013/06).
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