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sur 1293 notes
Kazuo Ishiguro, né en 1954 à Nagasaki, est un écrivain et romancier britannique d'origine japonaise. Arrivé en Angleterre en 1960, ses parents ne pensant y rester que temporairement, ils préparent l'enfant à poursuivre le reste de son existence au Japon mais ce retour ne se fera pas. Ishiguro suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia et il reste de manière définitive en Angleterre, vivant à Londres aux côtés de sa femme écossaise. L'écrivain a reçu le prix Nobel de littérature en 2017. Klara et le soleil, son nouveau roman, vient de paraître.
Si vous avez vu la série télé Real Humans ou lu Une Machine comme moi de Ian McEwan, vous ne serez pas trop dépaysés par ce roman, mais Kazuo Ishiguro place la barre plus haut et nous offre un livre extrêmement émouvant.
Klara est une androïde, de la série AA (Amie Artificielle), créée pour tenir compagnie aux enfants et adolescents. de sa vitrine, dans le magasin, elle observe les allées et venues dans la rue et attend qu'on veuille bien la choisir. Quand Josie, quatorze ans, entre avec sa mère, c'est le coup de coeur réciproque immédiat…
Très vite il apparaît que Josie souffre d'une maladie, non identifiée mais dont l'issue risque d'être fatale à plus ou moins long terme ; fatigue intense et embellie se succèdent. Sa mère, divorcée s'inquiète, de même que Rick, son petit ami et voisin. Klara veille au grain tout en observant avec précision tout ce qui se passe autour d'elle, tentant d'apprendre en accéléré tous les ressorts de l'âme humaine, les sentiments qui nous animent, pour servir au mieux et devancer les faits et gestes de Josie. Cet intense travail d'apprentissage qui fait du robot une quasi humaine va aboutir à une proposition désespérée de la mère de Josie…
Tout est magnifique dans ce roman et il n'est pas nécessaire d'être un devin pour lui prédire un fameux succès. L'écriture, ouatée, douce, sans élévation de ton mais tellement plaisante pour cela, plonge le lecteur dans la sérénité et que dire de la profonde empathie de l'auteur pour ses personnages. le roman se déroule à une époque future mais pas si lointaine, différent peu de la nôtre à première vue, si ce n'est que régulièrement de petits détails ou situations dont on ne connaitra pas souvent la réelle signification, intriguent et inquiètent un peu sur ce dit futur ; tout du long, nous sommes intrigués. Ca c'est pour la forme.
Quant au contenu, il nous submerge par ses émotions. L'amitié mais surtout l'Amour est au centre de ce roman, l'amour dont Josie est la cible pour tous les acteurs : sa mère, son petit ami, Klara, la gouvernante, son père etc. Chacun l'aimant à sa manière ce qui rend pour Klara la tâche plus difficile pour décrypter la complexité du coeur humain « Cette chose qui rend chacun de nous spécial et unique ». Klara réduira, au-delà de ce qu'on pouvait imaginer de la part d'un robot, l'écart entre la machine et l'homme pour sauver Josie. Y parviendra-telle et à quel prix ?
D'autres thèmes se glissent dans ce livre magistral que tout le monde va lire, donc je n'insiste pas.
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Ce très beau récit de Kazuo Ishiguro est fait à travers la voix de Klara, une amie artificielle, ou AA, choisie par Josie, une jeune adolescente, dans un magasin où le vitrine est le lieu de prédilection des androïdes.
On note immédiatement un sens élevé de l'observation chez Klara, ainsi qu'une grande sensibilité.
Arrivée chez Josie et sa mère, Klara découvre peu à peu son nouvel environnement et apprend à décrypter les sentiments des humains.
Elle voue par ailleurs un véritable culte au soleil qui est pour elle une source inépuisable d'énergie, mais aussi d'espérance.
Au fil du récit, Klara nous interroge sur notre statut d'humains, et sur notre humanité. Qui est finalement le plus sensible, qui est, de l'humain ou du robot, celui qui espère le plus, qui croit le plus en l'humanité ?
Ce roman sensible et délicat porte en lui de nombreuses interrogations sur nous-mêmes et sur le sens de nos existences, sur l'amitié et sur l'amour. Amour maternel ou paternel, amours d'enfants et amours d'adultes.
On termine ce roman avec quelques bribes de réponses quant à notre nature, avec autant de raisons d'espérer que de désillusions.
Un très beau récit.
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Lu il y a quelques années, je me souviens de ce roman et de ce personnage Klara, plus humaine que bien des humains.

Je me souviens de sa curiosité, de sa découverte du monde.

Je me souviens de ce monde qui paraissait improbable et qui 3 ans plus tard (2 ans seulement) ne l'est finalement plus tant que cela... en tout cas pour des machines comme Klara.
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Klara et le soleil est un magnifique roman de mon point de vue.
C'est le genre de roman que vous n'oubliez pas, auquel vous repensez régulièrement, tant l'histoire, le style et le sujet vous ont interpellé.
Une fois de plus, je suis impressionnée par la qualité d'un auteur japonais, ici Ishiguro.

L'histoire est à la fois originale, improbable et si réelle à la fois. L'auteur imagine dans un futur proche, la présence d'un robot de compagnie, Klara, pour une jeune fille malade, Josie. le roman se concentre d'abord sur Klara, sa vie, puis sa rencontre avec Josie, enfin leur vie ensemble au sein du foyer familial. L'auteur décrit la solitude de Josie, son angoisse de vie, le désarroi de la mère.
C'est une histoire d'amitié, une histoire sur l'affectif dans nos sociétés modernes, la maladie et la dépendance des liens au sein de la famille.
Malgré un début de récit un peu lent, il y a un point de bascule à la moitié du roman qui donne une autre dimension à cette histoire.
Ces robots de compagnie ont tout de l'apparence de l'être humain, ils savent décrypter les émotions et apprendre de leur expérience en étant capable d'empiler des connaissances.
L'écriture est magnifique, à la fois poétique et sensible, j'aime parler de dentelle dans ces cas là, c'est du biscuit !
Je recommande vivement la découverte de cet auteur, avec ce roman ou un autre d'ailleurs.
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Le début de ce roman m'a enthousiasmée, j'ai aimé la découverte des « sentiments » de Klara. J'ai cru que j'allais autant aimer que « Auprès de moi toujours ».

Klara est un robot très humain, une A.A : Amie artificielle, elle n'est pas du tout dernier modèle mais est très observatrice (et parfois naïve) . Elle est achetée par une mère et sa fille adolescente, cette dernière est atteinte d'une maladie mystérieuse que l'on devine grave.
Le soleil joue également un rôle important puisque sans lui , Klara ne peut vivre… Klara fonctionne à l'énergie solaire.
Cependant à un moment, je n'ai plus adhéré au propos de l'auteur, il s'agit du moment où Klara s'imagine que le soleil va guérir Josie, l'adolescente dont elle est l'amie artificielle. Cela m'a paru le comble de la superstition, mal programmée Klara…à partir de là, je n'ai plus trouvé que des défauts à ce livre : manque de rythme, platitudes, incohérences… j'ai eu du mal à finir … et puis cette façon de parler à la troisième personne quand elle parle à quelqu'un … horripilante Klara, déception !
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Ishiguro reprend dans cette fiction toxique le ton neutre et détaché d'Auprès de moi toujours. Dans un futur où tout semble familier, hors la présence d'AA (Amis Artificiels), « la mère » cherche une compagne pour sa fille Josie. Elles hésitent : faut-il prendre un B3, le dernier modèle ? Ce sera plutôt Klara, un B2 de troisième série qui fait forte impression à Josie dès le premier contact. Klara est installée dans la belle maison où « la mère » vit seule avec sa fille et la gouvernante Melania. Cette dernière, dont le prénom évoque la noirceur par opposition à Klara et son Soleil, est une femme simple, d'origine étrangère, tenue à l'écart. Elle aime Josie et se méfie de Klara. La maison est très isolée. le plus proche voisin est Rick, ami d'enfance et confident de Josie, qui vit seul avec sa mère. Ces deux-là sont pauvres. Rick est le fils « non relevé » d'un père « substitué » et l'on devine, sans guère d'indices, que dans cette nouvelle société d'autres enfants bénéficient d'une édition génétique qui demande des ressources, par exemple un père inséré, non chassé de son emploi.

Passons sur l'intrigue et sur le meilleur des mondes. le pivot est Klara, seul personnage non humain mais chargé de la narration. Elle est programmée au respect de ses propriétaires et parle avec une politesse surannée, généralement à la troisième personne. Ses mots les plus fréquents pour justifier ses initiatives sont « Excusez-moi » ou « Je suis désolée ». Experte dans la reconnaissance du langage non verbal, elle utilise une verbalisation conventionnelle qui enrobe et voile l'information que le lecteur attend. Sa mission est de protéger Josie, qui est malade, et de l'accompagner dans le passage de l'adolescence. « La mère » commence par la sous-estimer : « Ça doit être agréable de n'avoir pas de sentiments. Je t'envie ». Je réfléchis avant de répondre : « J'ai beaucoup de sentiments, j'en suis persuadée. Plus j'observe, et plus les sentiments auxquels j'ai accès sont nombreux. » Elle rit de façon inattendue, me faisant sursauter. « Dans ce cas, tu ne devrais peut-être pas être aussi empressée d'observer. » (p 130). de fait les algorithmes d'apprentissage de l'intelligence artificielle forte la font rapidement progresser. A la question « du père » : « Alors permettez-moi de vous poser cette question. Croyez-vous au coeur humain ? […] le coeur dont vous parlez. Il est possible que ce soit la partie de Josie la plus difficile à apprendre. Comme une maison avec beaucoup de pièces. Même ainsi, une AA dévouée, si elle dispose d'un certain temps, pourrait visiter chacune de ces pièces, les étudier tour à tour avec soin, et finir par les habiter comme sa propre maison » (p 275-6). de fait « la mère » et « le père », sous l'influence de l'homme qui prépare un effrayant portrait tridimensionnel de Josie, envisagent que Klara pourrait remplacer Josie si la maladie l'emportait. Dès lors ces parents qui n'admettent ni le deuil ni la solitude quittent l'humanité qui devient l'apanage de l'AA. Dans le Happy End qu'Ishiguro s'amuse à écrire après un sacrifice naïf de Klara au Dieu Soleil, Josie est guérie et abandonne sans remords Klara dans un cagibi.

Dans le style bénin propre à Ishiguro, ce roman illustre un abandon affectif et éthique de l'homme à la machine, à l'instar de l'abandon d'Ésaü à Jacob de son droit d'aînesse.

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Ce livre a été un véritable coup de coeur, un livre d'une incroyable sensibilité !

Klara et le soleil est mon premier roman de Kazuo Ishiguro et ma toute première impression a été que ce n'était vraiment pas un hasard si cet auteur avait obtenu le prix Nobel de littérature.
Nous avons pu lire nombre de récits d'anticipation, à l'époque, sur les machines pensantes. Ces livres présentent en général les dérives probables, jamais très réjouissantes, l'instinct de survie indéniable de ces AI, leur façon de nous percevoir leurs ennemis et ennemis de nous-mêmes, et bien sur le plus complexe la possibilité d'émotions intrinsèques réelles ou non.
Mais dans Klara et le soleil, je crois que c'est tout autre chose. Bien sûr, le fait de nous placer nous les lecteurs dans la tête de l'AI grâce à l'écriture à la première personne biaise un peu le point de vue. Tout le récit ne va être perçu que par le point de vue de Klara avec uniquement les données qu'elle possède, sans aide extérieure autre que ses conversations avec les humains qui l'entourent. Les données non accessibles à Klara, le sont donc aussi à nous les lecteurs, laissant une grande part à des choses non dévoilées.

Mais c'est justement en cela, que j'ai trouvé l'écriture de Kazuo Ishiguro particulièrement géniale !

Ainsi, tout va être comme inversé, et c'est nous les humains qui allons être comme analysés. Analysés non pas par un expert psychologue mais bien par une machine, cette analyse est donc totalement factuelle et objective. L'analyse de Klara va donc être basée sur son apprentissage préalable dont nous ne savons rien et bien sûr « machinalement » par le résultat calculé le plus probable au regard des données d'entrée disponibles.
Normalement des données reproduites, le b.a.-ba des statistiques et là vous voyez où je veux en venir. Si une fois unique quelque chose donne un résultat, sans contre-exemple accessible, cela devient une règle pour Klara, cause - conséquence.
Et au regard, de tous les petits évènements du quotidien, nous avons bien l'impression que l'apprentissage de Klara n'a pas été très élaboré ou en tout cas pas sur les choses simples du quotidien. Elle est d'ailleurs déjà un modèle obsolète dans sa catégorie de AA, ami artificiel. le parallèle donné entre son apprentissage équivalent entre les gestes simples et les émotions par la simple observation renforce cette vision.
En lieu et place de ses pensées, nous suivons en fait en permanence toutes ses lignes de calculs. Avec la même importance, comme sur un ton totalement monocorde, nous est exposé de manière équivalente comment Klara va apprendre à s'asseoir dans une voiture, marcher sur du gravier ou à reconnaitre les émotions par les visages et les postures et par conséquent en comprendre les implications.

Klara part donc sans a priori et seulement constate. Elle va devenir l'AA d'une jeune fille malade, Josie et va nous faire découvrir son environnement familial et un cercle restreint de personnes liées entre elles par une seule chose bien sur le bien-être de Josie. Klara a par défaut cet objectif commun avec tous, le bien être de Josie, mais tous ont une façon différente de le mettre en pratique, selon leur caractère, et c'est cela que Klara va devoir appréhender et le plus difficile. Car pour elle, cela équivaut à de mêmes données d'entrée avec pas forcément le même résultat dépendant de l'état de l'humain et dépendant du caractère de l'humain. Cependant, par cet objectif commun autour de Josie, Klara va adhérer à leurs projets à tous peu importe leurs différences. Car bien évidemment, en parallèle, comme tous, elle a aussi son projet distinct et bien à elle.
C'est normal, elle a des données supplémentaires qu'ils n'ont pas et qui sont les motifs du soleil, son propre rapport au soleil en tant que source d'énergie et une information essentielle qu'elle seule a pu constater.

De nouveau, la subtilité de l'écriture de Kazuo Ishiguro, nous donne des indices et nous permet de mettre en perspective les réelles capacités ou niveau d'apprentissage de Klara en nous décrivant ce qu'elle voit ou du moins comment elle voit. La vision pour les humains est une chose simple. L'analyse et l'interprétation de ce que nous voyons, hors cas pathologiques, se font normalement sans réfléchir, ce sont des capacités qui ne s'acquièrent pas vraiment mais de l'ordre de l'innée.
La vision de Klara organise l'espace en boites distinctes, une vision bien représentative du manque de vue d'ensemble et d'un effet partitionné qui demande une analyse supplémentaire pour avoir la donnée complémentaire compilée, et finalement la plus importante. Et cette information globale interprétée, elle l'obtient parfois ou pas ou est faussée. Ces passages nous donnent une sensation de d'incompréhension ou confusion. Cela me rappelle le reflexe de la plupart des petits enfants qui sont incapables de ne pas donner de réponses, peu importe ils inventent, adaptent, piochent dans leur mémoire mais ils répondent, incapables de vraiment exprimer tout simplement qu'ils ne savent pas, n'ont pas encore appris.
Klara est comme cela, quelque soit ce qu'elle reçoit, elle interprète, elle n'a pas de système de mise en erreur ou donnée invalide. le passage de sa vision fortuite d'un taureau en est un exemple. Elle sait que c'est un taureau c'est tout, mais toute l'interprétation qu'elle en fait va bien au-delà jusqu'à en conclure « de terribles conséquences ».

Klara va aussi nous faire découvrir le monde, la société moderne qui l'entoure où désormais les relations humaines sont quasi inexistantes et devenues rareté. Des relations, elles-mêmes à apprendre par les humains. Finalement, Klara et les jeunes humains sont quasiment sur un pied d'égalité de ce point de vue-là, ils ont tout à apprendre.
Et c'est par la vision de Klara sur ce monde que sont posés de nombreuses questions existentielles abordées dans ce livre. La force de la pression sociale qui atteint son paroxysme jusqu'à obliger les parents à faire des choix terribles pour leurs enfants même si toujours au nom de leur bien. La force de la croyance en une modernité toujours bienveillante pour la communauté quel qu'en soient les conséquences sur l'individu.
Et la question ultime, nous en tant qu'individus, sommes-nous irremplaçables ? Pouvons nous être réduits à une suite de données même si en très grand nombre, est-il d'ailleurs possible de tout traduire en données, les émotions étant les données les moins reproductibles qu'il soit ?

Pour résumer mon ressenti après cette lecture, je dirais que ce livre est intense, fort, gardant tout le mystère nécessaire, ne répondant pas forcément aux questions mais ouvrant des portes. Une objectivité relative tout en subtilité et sensibilité.
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Une grande première pour moi! Je viens de terminer un livre écrit par une androïde et l'expérience, ma foi, a été des plus plaisantes et source de moultes réflexions pour la vieille dame que je suis.
Le film Blade Runner de Ridley Scott nous avait déjà entrouvert la porte à des réplicants capables de ressentir des émotions; plus récemment le film Her nous a bouleversé en nous confrontant à Théodore, un homme devenu amoureux de Samantha, une machine tant celle-ci est apte à comprendre tous les méandres de son univers émotif.
En ce XXI siècle, l'intelligence artificielle avance à grands pas et ses algorithmes sophistiqués sont derrière beaucoup de nos gestes quotidiens. Se pose alors, avec de plus en plus d'acuité, la question de la différence entre l'homme et la machine et surtout ces progrès technologiques nous obligent à actualiser, à défaut d'upgrader, notre définition de ce qu'est être humain. Alors que la machine nous a détrôné dans notre capacité de raisonner vite et bien et, dans la même foulée, a renvoyé au vestiaire Descartes, notre Lumière, avec son « Je pense, donc je suis » nous pouvions aisément nous rabattre sur notre coeur émotif, oui, oui, notre âme, pour marquer notre spécificité. Mauvaise nouvelle, Klara, une AA (amie artificielle) de la série B2 démontre une empathie sans faille -empathie qui d'ailleurs, ferait rougir beaucoup de psychologues- et supporte non seulement Josie, la jeune ado à qui elle est dédiée mais aussi l'entourage de celle-ci : son père, sa mère, le voisin et la voisine. Elle se révèle confidente, baby-sitter, préceptrice, conseillère et j'en passe.
Klara est une androïde évolutive, non polluante de plus, car elle fonctionne à l'énergie solaire. Dans la vitrine du magasin où elle est mise en vente elle observe les humains passant dans la rue et même dans les magazines, elle décode leurs émotions à partir d'infimes indices corporels, Klara se construit une mémoire, elle analyse, établit des liens entre différents éléments de son expérience. Elle pense, parle, lit, résout des problèmes et elle est même capable de planifier. Il ne lui manque que l'odorat dit Kazuo Ishiguro.

Achetée pour combler la solitude d'une petite humaine atteinte d'une maladie mortelle, Klara est prête à mettre sa vie en danger en donnant une partie de son précieux liquide cérébral pour la sauver, elle prendra d'autres risques pour obtenir la guérison de son humaine. Une fois cet objectif atteint et après avoir pris soin de tous, elle est délaissée, reléguée d'abord dans un cagibi, ensuite dans une cour où elle finit seule, oubliée de tous. Ce qui n'est pas sans rappeler le sort qui est trop souvent réservé à nos animaux domestiques, une fois qu'ils ont comblé nos besoins.
En matière de générosité et de loyauté, la machine semble, ici aussi, marquer des points sur l'homme (et la femme) et nous amène timidement à proposer : et si c'était justement nos imperfections et, plus particulièrement nos imperfections dans nos relations avec autrui, notre labilité notre inconstance, notre imprévisibilité qui distinguent les humains? de là, à faire de nous des êtres supérieurs?
Toutefois, ce qu'il manque indubitablement à cette Klara, aussi altruiste qu'abandonnée et à laquelle nous nous sommes attachés au cours du roman, c'est cette capacité à s'indigner, à se révolter.

Le #MeToo serait-il le propre de l'homme (et de la femme)?

J'ai adoré
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d'un auteur bien connu et dont j'avais déjà lu quelques livres , j'étais curieux de découvrir son approche des AA. me voilà satisfait ! par une écriture douce et illustrée , l'auteur met en' scène une AA de la mise en vente jusqu'à la fin de vie ; l
essentiel se passant dans un milieu familial marqué par une maladie et une histoire sombre . l'histoire est subtile et ne tombe pas dans les chausse trappes de la science fiction de bas étage ; ici il s'agit plutôt de mettre les AA dans notre quotidien et cela est fait d'une façon attachante et poétique
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De passage en librairie, j'ai été attiré par le nouveau roman de Kazuo Ishiguro. Je n'ai lu qu'un livre de cet auteur, "Les vestiges du jour", qui est sûrement son roman le plus connu. Bien que cette lecture remonte à quelques années, je m'en souviens encore très bien puisque j'avais été bluffé par cette très belle écriture. Pour autant, par manque de temps, je n'ai pas lu d'autres romans de cet auteur et la sortie de ce nouveau livre dans le cadre de la rentrée littéraire 2021 est donc une bonne occasion de retrouver cette magnifique plume.

Le thème développé dans ce roman qui tourne autour de l'intelligence artificielle, des robots et de leurs interactions avec les êtres humains n'est pas particulièrement original. C'est un thème d'actualité qui est déjà largement abordé dans la littérature, on peut par exemple citer le roman de Ian McEwan "Une machine comme moi" ou encore, dans un style un peu différent, un roman que j'ai chroniqué il y a peu de temps sur ce blog, "Kentukis" de Samantha Schweblin. Les librairies regorgent de romans sur ce thème, pour autant Kazuo Ishiguro y apporte sa touche, et compte-tenu de la qualité de son écriture et de ce côté toujours un peu poétique qu'il arrive à donner à ses écrits, cela en fait de base un livre à part.

Ce roman invite le lecteur à se mettre dans la peau de Klara, une AA, c'est à dire une Amie Artificielle. Il s'agit d'une sorte de robot de compagnie pour enfant et pour adolescent. On découvre Klara dans la vitrine d'un magasin, elle échange avec ses semblables et s'expose au soleil, astre qui lui apparaît comme absolument essentiel et pouvant régler tous les problèmes. Puis, un jour, elle fait la connaissance d'une jeune fille. L'enfant lui promet qu'elle reviendra pour partir avec elle. La promesse est respectée et Klara se retrouve chez Josie. Elle va apprendre à vivre avec cette famille, faire connaissance avec la mère de l'enfant, avec son ami (ou bien petit ami c'est assez ambigu) qui est aussi son voisin, ou encore avec la gouvernante de la famille.

Klara va rapidement découvrir que Josie a une maladie rare et elle va faire tout son possible pour l'aider. Ce roman est très émouvant. Klara qui tente d'appréhender le fonctionnement et les sentiments des êtres humains, le sort de Josie et le plan de sa mère pour la sauver puis par la suite le sort de Klara, l'auteur arrive avec brio à jouer avec les émotions du lecteur.

Par ailleurs, la société futuriste qu'il propose est particulièrement réaliste bien que quelque peu glaçante. L'auteur ne force pas le trait, cette société parait presque semblable à la notre mais des éléments intrigants, pour la plupart peu reluisants, sont petit à petit dévoilés comme cette sélection pour les entrées dans les écoles.

J'ai retrouvé la sublime écriture de l'auteur. Il se dégage une certaine poésie et aussi une certaine mélancolie de ce récit. L'empathie de l'auteur pour ses personnages transparait dans l'écriture et c'est un roman qui m'a accroché, captivé même, tout au long de ma lecture. Il y a quelque lenteur mais on ne peut pas parler de longueur pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais eu l'impression de sortir du récit.

Je vous invite à découvrir ce nouveau roman de Kazuo Ishiguro. Sa sensibilité, son écriture, les personnages, cette société futuriste...Aucun doute que ce roman réussira à vous captiver également ! A découvrir, que vous connaissiez déjà ou non cet auteur importe peu !
Lien : https://marquepageetexlibris..
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