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sur 1293 notes
Quand mes enfants étaient petits, je leur lisais « Je veux une maman-robot» de Davide Cali. C'était l'histoire d'un petit garçon (auquel mes fils s'identifiaient, bien sûr) qui voulait remplacer sa maman de chair et d'os par une maman-robot, une sorte de maman idéale beaucoup moins directive que la vraie et qui ferait les devoirs et la vaisselle, ne cuisinerait que des pizzas et des frites et serait aussi beaucoup plus présente (et c'est vrai qu'à l'époque j'étais pressée comme un citron et souvent absente).

Et Klara m'a, d'une certaine façon, replongée dans cette période heureuse. Certes, depuis lors, on a abandonné le concept d'I.A, d'Intelligence Artificielle, pour passer à la version améliorée, upgradée diraient aujourd'hui mes fils devenus ados, d'Amitié Artificielle. Car, entretemps, l'homme moderne s'est rendu compte qu'il avait terriblement besoin de liens, de « quelqu'un » à qui parler de façon libre et avec qui échanger ses peines, ses joies, ses inquiétudes. Vous croyez peut-être que j'exagère ? Eh bien non, d'ailleurs ce matin (synchronie, synchronie) j'ai entendu un reportage, sur la radio nationale belge francophone, sur les robots de compagnie. Donc je n'invente rien du tout.

Bon ouais, mais ce roman, alors ? Bon très mitigée … Au début Klara, la fameuse AA, m'est apparue très mécanique et très conventionnelle, un peu faiblarde même pour le rôle principal qui lui était attribué et qu'elle ne défendait pas vraiment. Elle était distante et impersonnelle, toujours conciliante, toujours serviable, et sans émotion. Quoi de plus naturel, me direz-vous, c'est un robot !

Mais peu à peu, au contact de Josie, sa propriétaire, elle a enrichi ses bases de données, s'est constituée une véritable mémoire d'événements. Et Klara commence à devenir une ado presque comme une autre, elle s'émeut quand Josie est sous pression ou quand la maman de Josie est inquiète. Sa vue se trouble alors et probablement que ses yeux se remplissent de larmes. L'auteur ne le dit pas mais ça me plait d'y croire. Klara gagne en profondeur et copie de plus en plus les humains jusqu'à ressentir le besoin de croyances infondées mais tellement rassurantes dans un dieu, rôle tenu ici par le Soleil. Au fil des pages, Klara met donc au point ses algorithmes pour parer à toutes les situations inattendues. Sauf peut-être à la plus inattendue …

Bien que l'auteur nous fasse réfléchir à notre avenir et surtout à notre humanité, je n'ai pas vraiment embarqué dans cette histoire… Il faut dire que je suis assez vieux-jeu, assez vingtième siècle, et que je préfère les héros et les héroïnes producteurs de sécrétions odorantes en tout genre, plutôt que de robots métalliques aux circuits aseptisés et aux réactions calculées. Et les petits garçons têtus et intrépides ….
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Questionner l'IA et ses potentialités, c'est vite questionner l'humanité et ses limites : vaste champ d'exploration littéraire autant qu'éthique, philosophique, sociologique, psychologique où tout l'enjeu de l'exercice est d'allier dans une oeuvre de qualité pertinence et intelligence d'une part, profondeur et finesse de l'autre.
Réussir un tel exercice n'est pas donné à tout le monde, et je me réjouis d'avoir entrepris avec Klara, après Adam dans "Une machine comme moi" de Ian McEwan, une réflexion enrichissante sur cet Homo Deus dont la technologie à la fois appauvrit et sublime l'essence.

D'autant plus que tout comme Adam, Klara n'est pas perçue comme une machine mais comme un véritable personnage de fiction.
Or quoi de plus humain qu'un personnage de fiction?
Or Klara est aimable, au sens digne d'être aimée, attentive, désireuse d'apprendre, empathique, sans violences.

A un moment du roman, un personnage dit en substance à un autre que ce qui distinguera toujours l'humain de Klara réside dans l'amour que les autres ressentent pour lui. A un autre moment du roman, il est dit par un autre personnage qu'il n'y a rien dans l'humain que Klara ne soit capable de continuer.
Le roman d'Ishiguro navigue entre les rives de ces deux assertions également discutables, au fil d'une intrigue dont la subtilité se dévoile au fil des pages.
J'en ressors sans réponses, mais impressionnée sur la rétine comme dans l'esprit par cet exercice périlleux pleinement réussi.
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"Lorsque je mis un pied sur les cailloux, le Soleil était haut, mais paraissait las. J'hésitai à refermer la porte derrière moi, mais comme il n'y avait pas de passants, et parce que je ne voulais pas déranger Josie en faisant sonner le carillon à mon retour, je tirai la porte sans enclencher le mécanisme de verrouillage. Puis je m'avançai au-dehors."

Qui est au fond cette Klara ? Corporellement, c'est une A.A., une amie artificielle, dont nous ne saurons presque rien de l'apparence et du fonctionnement. Mais dans sa psyché, c'est beaucoup plus compliqué. Elle fait partie d'une série dont la construction est vite abandonnée, au profit de modèles plus récents et plus performants.

Sa particularité ? Elle se pose beaucoup de questions et semble vouer un culte au Soleil (dont elle a besoin pour se recharger). Mais surtout elle développe une grande empathie vers les humains avec qui elle va séjourner.

Ces êtres artificiels sont conçus pour assister des jeunes ados, tous issus de familles privilégiées dans une société encore plus inégalitaire que la nôtre. Avec Josie, c'est déjà un quasi-coup de foudre alors que Klara est encore en exposition dans le magasin. Mais Josie est malade et l'on craint pour sa vie.

Kazuo Ishiguro développe son roman en nous plaçant dans le mental de Klara, qui est une narratrice sensible. Beaucoup de faits lui échappent pourtant, et par ricochet aussi au lecteur. Elle a aussi une manière bien particulière de voir le monde.

J'ai retrouvé dans ce roman la stupeur étrange qui nimbait 'Le géant enfoui", paru avant celui-ci. Il m'a décontenancé à plusieurs reprises mais vaut absolument d'être découvert.

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J'aimerai multiplier les éloges sur ce livre. J'aimerai le brandir comme mon précieux, le garder auprès de moi toujours... Passés les premiers chapitres, je ne sais encore pas quoi en penser : déception ? Rendez-vous manqué ? Et plus j'avance dans cette histoire, plus j'ai le sentiment que c'est moi qui suis en train de le manquer, ce rendez-vous ! Qu'est-ce qui me met mal à l'aise ? Ce manque de sentiment et d'émotion dans l'expression ? Mais n'est-ce pas justement ce que l'auteur cherche à nous transmettre ? Ce qui coule de source quand on connaît la narratrice : Klara ! Cette AA - amie artificielle - créée pour tenir compagnie aux enfants et adolescents de cette modernité qui ne fait vraiment pas rêver. Mais Kazuo Ishiguro, n'est pas là pour nous faire rêver... Il nous assène un futur où l'on devine que tous, adultes comme enfants, ne sont pas les bienvenus. Un peu comme au concert ou au ciné, si tu n'as pas ton sésame.

Rick et sa mère vivent en marge de la société, pourquoi ? Josie est malade, mais de quoi ? Et qu'est devenue sa soeur ? Deviner, Découvrir. Toutes les clefs n'y sont pas. Parce que Klara ne les a pas ? Parce que l'auteur ne veut pas nous les donner si facilement ? Et qu'est-ce que cela changerait ? L'Intelligence Artificielle est là. Plus personne ne s'en étonne. Pas de rejet, ni de lutte. C'est un fait. on s'y soumet. le monde que l'on découvre, ne semble pas si éloigné du nôtre quand on y pense. Un monde où l'on fait beaucoup semblant, où les apparences comptent plus que la vérité, car la vérité, ici, c'est souvent l'exclusion, la sélection et la mise à mort sociale. Pas de sésame, pas d'avenir.

"Je voudrais pouvoir sortir, marcher, courir, faire du skate et nager dans les lacs. Mais je ne peux pas parce que ma mère a du Courage. Alors au lieu de cela je dois rester au lit et être malade. J'en suis très heureuse, vraiment".

Kazuo Ishiguro est dans la retenue, l'ellipse. le lecteur a son rôle à jouer dans Klara et le soleil. Et lorsqu'on assume ce Je(u), on prend une belle claque. Et cette fin !
Lien : http://page39.eklablog.com/k..
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Dimanche 29 août 2021, gare de Bordeaux: je quitte mon amoureux après trois semaines de vacances ensemble. C'est beau la distance, c'est chouette, ça donne un petit frisson, on n'empiète pas l'un sur l'autre, mais quand même qu'est-ce que ça fait ch... (et cliché) de se séparer sur le quai de la gare. Pour me mettre un peu de baume au coeur, je m'offre un magazine sur la rentrée littéraire, le seul de ce genre que j'achète dans l'année.

Dimanche 29 août 2021, deux heures et quelques minutes plus tard, gare Montparnasse (ou plutôt quai du métro): j'ouvre ma revue et tombe sur un article sur le nouveau roman de Kazuo Ishiguro. Je dévore l'interview de l'auteur durant le trajet.

Dimanche 29 août 2021, 20 minutes plus tard, gare du Nord: je cours acheter Klara et le soleil, tant pis, ça ne sera pas chez ma libraire préférée.

Dimanche 29 août 2021, 1 heure après, à bord du train me ramenant chez moi: je commence la lecture de ce roman, j'adore.

Lundi 30 août 2021, de retour de chez ma mère: misère! J'ai oublié mon livre chez elle, je vais devoir attendre plusieurs jours avant de le récupérer (heureusement, j'ai de quoi faire chez moi);

Dimanche 12 septembre 2021: je récupère mon livre et le termine le 13 au petit matin... Ouais, j'ai boulot mais tant pis.

Comme vous l'aurez constaté, j'ai une vie passionnante. Mais vous ne pouvez pas savoir la frustration que j'ai ressentie quand je me suis aperçu que je l'avais oublié, surtout que j'étais arrêtée à un des moments les plus palpitants du roman.

Il faut savoir que j'ai découvert cet auteur il y a deux ans avec Auprès de moi toujours qui fut une claque magistrale, un énorme coup de coeur, ma meilleure lecture de l'année 2019. La révélation d'un auteur (pourtant déjà auréolé du prix Nobel de littérature quand j'ai fait sa connaissance), d'un raconteur d'histoire, d'un créateur de personnages et d'une plume. Oui, Kazuo Ishiguro pourrait écrire le bottin que je le lirais. Son écriture, à la fois simple et soignée, me ravit; il n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour me prendre dans ses filets, et c'est pour moi la marque d'un grand écrivain (c'est très subjectif, bien entendu).

Cet homme, cet écrivain sait raconter des histoires, rendre des personnages réels, arriver à me faire totalement chavirer de leur côté; donner une âme à un robot. Car c'est de cela qu'il s'agit ici.
Klara est ce que l'on appelle une AA, pour Amie Artificielle. Elle a été choisie dans un magasin par Josie, une jeune adolescente malade. Son rôle sera de lui tenir compagnie, l'aider à grandir. Elle est intelligente, Klara, mais elle a surtout un truc en plus: savoir lire les émotions, ce qui la rend, finalement, la plus humaine de tous. L'histoire est racontée de son point de vue et je me suis très vite attaché à elle.

Alors, tout n'est pas parfait dans ce roman, l'auteur suggère beaucoup au lieu de dire clairement, mais ça laisse la place à l'imagination et à l'interprétation du lecteur, ce qui est aussi très appréciable de mon point de vue. La fin, même si un peu trop précipitée, m'a touchée et je n'avais qu'une envie à la fin de ma lecture: relire Kazuo Ishiguro, encore et encore.

Vous l'aurez compris, ce fut une excellente lecture même s'il m'a manqué un je ne sais quoi pour qu'elle soit un coup de coeur.
Je ne suis pas une adepte des nouvelles technologies et autre intelligence artificielle mais cela ne m'a nullement empêchée d'apprécier ce roman. Et, je me répète, l'écriture de l'auteur, servie en prime par une excellente traduction, vaut le coup: ni compliquée, ni tordue, d'une justesse comme je les aime.


Lu en septembre 2021
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Ce roman décrit une aventure familiale dans un temps situé pas trop loin de nous et où évolue un robot nommé Klara.

L'univers de Kazuo Ishiguro est mystérieux, mais on n'y retrouve des repères qui ne nous dépaysent pas trop. Il pointe les dérives humaines actuelles.

Klara, la narratrice, est un robot qui fonctionne grâce à l'énergie solaire. Ceci explique déjà une petite partie du titre. Il y a dans ce roman des côtés mystiques qui interviennent autour du soleil et qui m'ont rappelé des cultes divins.

Dans ce futur pas trop lointain où nous sommes plongés, des machines intelligentes ont été conçues pour accompagner les enfants au cours de leurs études, dans une société futuriste devenue de plus en plus élitiste.

Même si c'est un roman d'anticipation, un domaine qui ne m'attire pas spécialement, j'ai adoré ce livre car, d'une part il aborde des tas de sujets contemporains dangereux, et d'autre part, il est d'une grande profondeur psychologique.

Une première partie a lieu dans le magasin où Klara, encore "neuve", est mise en vitrine. Elle explique son ressenti face à ce qu'elle voit autour d'elle. Son regard géométrique et spatial est purement fascinant et assez contaminant dans sa façon de structurer l'espace. La trajectoire du soleil, l'énergie qu'il lui procure, le monde qu'elle découvre avec les effets néfastes de la pollution, et les piétons qu'elle observe. Tout le roman est empreint de sa vision de machine qui voit tout derrière un écran, mais avec une grande finesse et justesse.

Josie, une enfant malade mais pétillante, sera l'enfant dont elle aura la charge. Sa maison est isolée au milieu d'une campagne très vaste, avec pour seul voisin son ami Rick.

Le personnage de Klara est témoin de réalités sensibles qui font écho. Au travers de sa réalité de machine, elle restitue la complexité des choses.

Ce roman évoque le don de soi de Klara mais aussi en général, la grande difficulté des rapports humains, et les frustrations qui en découlent, l'incommunicabilité et la solitude des êtres.

Un très beau livre.
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Prix Nobel de littérature en 2017, explorateur acharné des secrets de l'âme humaine, Kazuo Ishiguro livre, avec ce roman à la science-fiction très plausible, un nouveau chef d'oeuvre, riche d'une délicate sensibilité. Dans une société aux règles très strictes et à l'environnement dégradé par le changement climatique et une intense pollution, Klara est une A.A, une Amie Artificielle, un robot de haute technologie, conçu pour partager la vie des enfants et des adolescents. Elle attend l'heure où elle sera choisie, dans un magasin dont la gérante, qui admire la curiosité et l'intelligence qu'elle manifeste bien davantage que ses camarades-robots, l'a prise en affection et lui attribue souvent les meilleures places dans la vitrine. Un jour, une enfant attarde son regard sur elle, et, c'est le coup de foudre réciproque, elle est bientôt achetée et emmenée dans la famille de la jeune fille. Mais Josie est malade, d'une étrange affection, qui la fatigue fréquemment et nécessite une attention permanente. Klara s'adapte patiemment à la situation, composant avec la mère de l'adolescente et Melania, la gouvernante au caractère difficile. Elle découvre aussi Rick, le voisin et l'ami de coeur de Josie, avec qui celle-ci entretient une relation changeante, ponctuée de crises de mélancolie, en fonction de son état de santé. Peu à peu, Klara se voit confier une mission rédemptrice… Kazuo Ishiguro sait maintenir le suspens, construisant son récit autour du point de vue de Klara, fine observatrice des émotions de son entourage, finalement peut-être plus lucide, plus empathique, voire plus « humaine » que les humains, lorsque ceux-ci se déchirent à cause de leur prétention ou de leur jalousie, comme lors d'une réunion d'adolescents, l'une des scènes les plus marquantes du roman, ou lorsqu'elle accompagne, seule, la mère de Josie, pendant une promenade à la cascade, au cours de laquelle la mère lui fait jouer le rôle de sa fille. Une histoire bouleversante jusqu'aux scènes finales et qui nous laisse avec cette interrogation : et si nous ne valions pas mieux que ces robots que nous imaginons, si finalement leur coeur artificiel, nourri de soleil, devait rayonner davantage que le nôtre ?
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Avec Klara et le soleil, Kazuo Ishiguro s'insère dans les circuits d'une androïde au sein d'un futur proche. Il se place du côté de l'intelligence artificielle, utilisée pour mettre à jour les poupées d'antan et réaliser le fantasme de jouets devenus de véritables amis. Narratrice radieuse, Klara s'allume et s'intègre peu à peu dans ce meilleur des mondes possibles, qu'elle nous décrit perpétuellement avec espoir, elle qui est censée aider les enfants à se développer et à se sentir moins seuls.

Comme Pinocchio, Klara est une poupée très humaine. Sa spécialité est d'observer et d'enregistrer. Par-dessus tout, elle enregistre la lumière du soleil. Elle s'en nourrit physiquement (ses batteries fonctionnent à l'énergie solaire) et spirituellement. Car à l'insu de tous les humains qui l'entourent, elle développe un mysticisme solaire. le soleil est pour elle un dieu qui n'est jamais nommé ainsi mais qu'elle invoque dans des prières idiosyncratiques, en une ébauche naïve de religion : à travers Klara, l'intelligence artificielle commence subrepticement à rattraper le cerveau humain jusque dans ce qu'il a de plus spécifique. Klara est presque une vraie petite fille.

Le récit baigne dans une forme de douceur limpide et solaire, et l'optimisme de la voix narrative de Klara donne la fausse impression que rien de négatif ne se produit jamais. Sous cette simplicité souriante, Ishiguro aborde des sujets très difficiles, tels que la compétition sociale, la dépendance à la technologie et les abus des parents envers leurs enfants (avec la bénédiction inconsciente de ceux-ci, ce qui est encore plus dérangeant). Klara nous dévoile tout cela avec sa vision particulière qui met les choses dans des boîtes (comme des pixels) et guette partout l'intervention providentielle du soleil : une pensée imparfaite et arbitraire, reflet de la nôtre, ni pire ni meilleure mais aidant à la remettre en perspective. Et dans un monde dystopique, en déclin spirituel, le salut vient peut-être de la machine qui apprend à rêver. A travers elle, Ishiguro encense l'enfance, le merveilleux. Nous avons affaire à un conte de fées autant qu'à un roman de science-fiction, et on reconnaît ainsi la filiation d'Ishiguro avec sa mentore et amie Angela Carter.

Malgré une violence émotionnelle parfois très présente, ce n'est jamais vraiment un conte cruel… quitte à laisser en plan certains points qu'il aurait été intéressant de développer davantage si l'auteur avait bien voulu se montrer plus méchant envers ses personnages (). La fin m'a paru un peu inoffensive et mièvre au regard des attentes élevées qu'avaient soulevé en moi le reste du récit.

Mais je pense que l'objectif d'Ishiguro n'était pas de suivre jusqu'au bout ses idées les plus abrasives. Au contraire. Il ne voulait pas donner tort à Klara d'espérer, il ne voulait pas que le récit contrecarre désespérément la douce voix narrative qui l'imprègne comme un sanctuaire, comme une prière païenne adressée au soleil. le plus important n'était-il pas que cette voix soit tenue de bout en bout ? le plus important n'était-il pas de préserver, le temps d'un roman, la lumière que l'on se rappelle avoir vue et enregistrée lors d'un passé où tout semblait possible, lors de l'enfance ?

L'art aussi est une forme de mysticisme, et c'est dans de belles pages que nous créons mentalement un bel endroit où l'on aimerait, comme Klara observer et enregistrer la lumière du soleil.

https://www.youtube.com/watch?v=g0Cu9GOWHHc
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Je l'avoue, j'ai été déçue....
J'avais lu "les vestiges du jour" que j'avais trouvé lent.
J'ai fini il y a quelques jours "Klara et le soleil" que j'ai trouvé.... lent....
Pourtant l'un est un récit historique, l'autre un texte de SF.
Pourtant j'ai aimé être à la place de Klara, IA qui doit servir de meilleure amie à une jeune ado. le sujet était intéressant avec cette IA qui découvre tout. Mais je ne sais pas, je m'attendais peut-être à une critique de notre société ou à des questions plus ou moins philosophiques ou éthiques sur notre futur. J'ai trouvé cette partie (traditionnelle en SF) inexistante au profit d'un récit certes poétique mais trop inabouti pour moi.
J'ai commencé à toucher à une partie plus fondamentale avec la question de "devenir Josie" (je ne veux pas déflorer). Mais cette partie est tellement courte alors qu'elle promettait de beaux questionnements qui sont à peine ébauchés. Je m'attendais à m'interroger.... c'est raté pour moi.
tant pis !
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Klara est un robot humanoïde. Elle est sensible, intelligente et doit apprendre au contact des êtres humains pour se parfaire. Elle devient l'amie d'une fillette malade et Klara réfléchit avec sa naïveté de robot, une solution pour sauver son amie.
J'ai été très touchée par ce personnage. Il n'est pas humain, et pourtant il est plus qu'humain, sa candeur la rend tellement gentille et humble.
L'histoire est contée à travers ses yeux et nous sommes donc témoin de son raisonnement à la fois simpliste et riche en réflexion.
Je me suis laissée plongée dans cette douceur, cette poésie pleine de sensibilités, de gentillesses et d'innocences.
Klara et le soleil, c'est comme le rayon du soleil un matin de Printemps qui tombe agréablement sur le visage avec les odeurs de fleurs et le chant des oiseaux. Merci à l'auteur.
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