Le résumé resitue bien l'intrigue en elle-même, qui est relativement simple. En effet, on suit la nouvelle vie de Tatsumi, qui retourne sur l'île d'Aoshima après des années, pour y devenir professeur. Alors qu'il n'a que deux élèves, on le suivra dans son emménagement, ses cours et sorties, mais surtout, on découvrira avec lui l'ambiance particulière de cette île et son côté onirique.
Car l'onirisme est clairement le maître mot ici. Si la narration est un peu en retrait, ou en tout cas que ce premier tome ne raconte pas énormément de choses, c'est vraiment le travail d'ambiance qui permet d'être happé dans le récit. de ce fait, le choix de proposer le titre en grand format dans la collection Graphic n'est pas anodin, le gain en terme de taille permettant de mettre en valeur comme il se doit l'esthétique très travaillée du titre. Par ailleurs, il faut savoir que la mangaka est surtout artiste peintre au quotidien, ce qui explique son style très marqué et l'importance d'autant plus grande du visuel dans son appréhension de ce monde.
Ainsi, la question des différents sens, et en particulier de la vue, est centrale dans l'appréhension de l'ambiance si particulière de l'île. La mangaka met vraiment une grande emphase sur le regard, celui de Tatsumi, qui est notre véhicule à nous, lecteurs et lectrices, pour découvrir l'île, mais également celui d'autres personnages.
Chaque chapitre étant segmenté pour mettre en avant un élément en particulier, créant un folklore propre au récit. Que ce soit le vent, le tonnerre, le brouillard, l'eau ou enfin les insectes, les différents aspects convoqués contribuent à nous faire ressentir une ambiance particulière, et les émotions qui y sont rattachées. Ainsi, c'est une véritable expérience esthétique et onirique plus que narrative à laquelle on assiste, très enveloppante, et qui demande à se laisser porter au fil des pages par le trait de la mangaka et l'ambiance qu'elle réussit à poser.
J'ai ressenti un sentiment assez proche que celui que j'ai à la lecture du Pacte de la Mer de
Satoshi Kon, également dans la collection Graphic, même si ce dernier est plus narratif. J'ai également pensé aux récits de flânerie typiques de
Jiro Taniguchi, comme par exemple
L'Homme qui marche, même si ici, l'ambiance est moins terre à terre et bien plus portée sur le folklore et l'onirisme.
Mais de la même façon qu'avec Taniguchi, je me retrouve face à une lecture apaisante, qui propose un moment de beauté et de respiration bienvenue dans nos vies si stressantes. le fait de prendre le temps, comme Tatsumi, de ressentir les choses et les éléments qui nous entourent par le biais de cette lecture fait un bien fou. Et le tout est rendu encore plus impactant par ce côté presque surnaturel, qui demande à être exploré dans le second et dernier volume. Car en dépit du fait que l'intrigue soit selon moi secondaire, il y a quelques mystères et questionnements posés qui intriguent.
En résulte, vous l'aurez compris, une lecture reposante, qui permet de se recentrer sur soi, et qui fait un bien fou. La qualité éditoriale de la collection est toujours au rendez-vous, mettant parfaitement en valeur le trait de la mangaka et justifiant le tarif de 14€ pour les 192 pages habituelles. Ainsi, si les expériences purement esthétiques et sensorielles vous parlent, je pense que vous serez ravi de cette invitation au dépaysement !
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