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sur 889 notes

C'est un prénom associé à un sordide fait divers qui s'est déroulé en Janvier 2011. Ce prénom est maintenant associé au travail de recherches mené par un historien, Ivan Jablonka.
Ivan Jablonka a voulu aller au delà du fait divers. Il a mené une enquête . Une enquête historique en reliant des éléments au passé en particulier au 19 ème siècle comme par exemple les enfants abandonnés. Une enquête sociologique : il veut comprendre, ouvrir, dissiper l'affaire. Cette enquête lui fait découvrir un milieu très différent du sien. A lui qui se dit lié à la judéité, aux livres, à la bourgeoisie parisienne, se révèle une France populaire, où sévit l'alcoolisme, la violence, où les femmes sont victimes de sévices corporels ou mentaux. Ce qui est remarquable dans cet ouvrage, c'est la discrétion de l'auteur. I.Jablonka ne s'attarde pas aux détails sordides. Victimes ou agresseurs sont respectée s. le personnel judiciaire ainsi que la gendarmerie sont associés à son enquête. A travers cette recherche du vrai visage de Laëtitia – qui est peut être le véritable objectif- transparaît la sensibilité de l'homme . Cette profonde sensibilité se transforme à la fin du récit en une véritable empathie. Nous sentons I . Jablonka bouleversé. Et il nous entraîne, nous lecteurs témoins impuissants, sans pathos, sans mièvrerie, avec sobriété , avec même pudeur, vers un dénouement que rien ne peut arrêter. Ce n'est que dans les dernières pages que I.Jablonka laisse éclater son émotion «  Laêtitia, c'est moi «  .
Un livre bouleversant. Un récit à lire pour ne pas oublier Laëtitia.
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Un fait divers qui s'est déroulé en 2011, Laetitia Perrais, 18 ans a été enlevée, torturée et tuée par un homme déjà bien connu de la justice.

Ivan Jablonka nous livre ici l'histoire de Laetitia par les rencontres qu'il a eues avec ses proches et les acteurs de l'enquête.

J'ai été très touchée par ce livre car dès sa plus jeune enfance, la jeune Laetitia a été placée au vu de la maltraitance de son père vis a vis de sa mère qui par ces conditions n'a fait que des allers et retours en hôpital psychiatrique.  Laetitia et sa jumelle Jessica ont donc été écartée de leur parent et placée.

Laetitia a toujours été fragilisée par cette enfance puis même dans la famille d'accueil qui les accueilleront sa soeur et elle. 
Des échos que vit notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer sans qu'une aide ne leur soit appropriée leur soit apportée.

Nicolas Sarkozy, Président de la République, en a fait une affaire en reprochant aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable » alors que le système judiciaire souffre depuis des mois d'être en sous effectif (des notes ont été faites en ce sens) et ne peut, par les moyens humains mis à sa disposition, ne prendre que des faits les plus urgents. 

Le tueur de Laetitia écopera d'une peine de prison, il fera appel seulement il n'avouera jamais le déroulement exact des faits.

Je remercie l'une de mes amies qui m'a offert ce livre car il mérite d'être lu et ce fait connu.





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Livre très intéressant, qui, au delà de se pencher sur un " fait divers" s'interroge sur le contexte social dans lequel ce drame a eu lieu et également sur certaines grandes institutions et leur rôle sans jamais être péremptoire. On se pose des questions , on hypothétise mais on ne condamne pas, merci Monsieur Jablonka pour vos analyses.
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Un très bel hommage à Laëtitia, 18 ans, sauvagement assassinée près de Nantes en 2011.

Humanité, humilité et dignité : trois mots qui résument la démarche de l'auteur et de l'essai dans son ensemble.

Ivan Jablonka dresse en creux du portrait de Laëtitia, celui de la France. Et plus particulièrement celle des enfants placés en foyer, dont les destins, du XIXe siècle à aujourd'hui, sont toujours terriblement marqués par le poids des déterminismes.
Alors que certaines personnes de la "bonne" société nantaise ont commenté ce terrible drame en ces termes : "des cas sociaux qui s'entre-tuent", L'auteur, avec sa sensibilité mais aussi sa rigueur de sociologue et d'historien, s'emploie au contraire à rendre toute sa dignité à Laëtitia. La dignité et l'humanité d'une personne fragile, forte et libre.
En retraçant son histoire et toutes les difficultés qu'elle a dû traverser depuis sa naissance, Ivan Jablonka nous montre le courage, la détermination, l'intelligence, mais également la générosité et la très grande gentillesse dont la jeune femme a fait preuve durant sa vie.

Cet essai commente également comment Nicolas Sarkozy s'est emparé de ce fait divers et de l'émotion qu'il a suscité dans toute la France à des fins strictement politiques dans le déni du bon fonctionnement de la justice.
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Janvier 2011 - Laëtitia Perrais, jeune fille de 18 ans, est enlevée, sauvagement tuée, puis démembrée par Tony Meilhon. Simple fait divers ? Rien n'est moins sûr lorsque le tueur est un récidiviste, et que le Président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy, reproche alors aux juges de l'avoir libéré sans le tracer par la suite. S'en est suivie une grève mémorable et sans précédent des magistrats dans la France entière. Pour autant, l'évocation de cette affaire conduit à se rappeler davantage du bourreau plutôt que de la victime elle-même dont on ne sait pas grand' chose finalement. C'est à ce déséquilibre que l'auteur, historien et sociologue, cherche à remédier en procédant à une enquête minutieuse et passionnante de bout en bout.

Laëtitia en latin signifie « Joie » comme l'auteur le souligne en épigraphe… Plutôt déroutant au regard du sort qui a été réservé à cette jeune fille ! Révolté par cette affaire et ayant par le passé effectué des recherches sur les enfants retirés à leurs parents puis placés dans l'institution qu'on appelle aujourd'hui l'Aide sociale à l'enfance, Ivan Jablonka décide de raconter Laëtitia, son enfance et son adolescence loin de ses parents, dans des foyers et familles d'accueil, le milieu dans lequel elle a grandi, pour mieux comprendre de quelle manière un tel drame a pu se produire et intégrer les répercussions sociales de ce fait divers.
Pour ce faire, il a rencontré toutes les personnes évoluant dans l'entourage de Laëtitia, les unes après les autres, à commencer par sa soeur jumelle, Jessica, sans l'autorisation de laquelle il n'aurait rien fait. Sa démarche emplie de doutes et de bienveillance est très touchante : point de voyeurisme malsain mais une vraie empathie et une volonté d'apaiser qui m'ont particulièrement émue tout au long du livre.

L'approche adoptée consistant à observer ce fait divers par un prisme différent, un objet d'histoire, est originale, loin des chroniques judiciaires que j'affectionne par ailleurs. Ainsi que le souligne l'auteur, Laëtitia incarne ainsi un phénomène plus grand qu'elle : la vulnérabilité des enfants et les violences subies par les femmes. La méthode pédagogique suivie par l'auteur le conduit à analyser comment interagissent toutes les personnes concernées de près ou de loin par le fait divers : familles naturelle et d'accueil, juge d'instruction, procureur, avocats, journalistes et politiques. L' « Affaire Laëtitia » est assurément hors du commun en raison de l'horreur du crime, l'un des plus terrifiant du XXIe siècle, mais aussi des implications qu'elle aura eues sur la société. L' « Affaire Laëtitia », c'est aussi une affaire dans l'affaire donnant lieu à une réflexion sur la récidive, indissociable du problème carcéral bien connu en France. Une affaire à l'aune des réseaux sociaux où l'information circule quasiment en temps réel, imposant à tous les protagonistes de s'adapter afin de tenir au mieux leurs rôles. Alternant entre ces différentes réflexions et le récit du crime, l'auteur imprime un rythme soutenu à son ouvrage, rendant ses propos davantage soutenables et au-delà, extrêmement intéressants.
Loin de se positionner en simple observateur, l'auteur livre ici un documentaire engagé, n'hésitant pas à descendre en flèche la récupération politique qui a été faite de Laëtitia, tout en lui redonnant corps et âme et nous faisant découvrir la jolie personne en devenir qu'elle était. Une lecture dont on ne ressort pas indemne et qui nous habite encore longtemps après avoir tourné les dernières pages.

Lien : https://www.facebook.com/jul..
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Ici, le fait divers tragique a inspiré l'écrivain de la meilleure façon possible. Il a enquêté mois après mois, troublé par le sort réservé à une jeune fille tombée sur le mauvais garçon au mauvais moment. Car si le crime en lui-même est sordide, l'explication dans ses détails, telle que l'on pourrait la voir dans l'entrefilet d'un article, il est à l'image du traitement que l'on en a fait : un cas presque banal de meurtre. Au contraire, l'auteur nous montre que dans son passé, comme dans ceux de ces proches puis dans l'emballement médiatico-judiciaire qui a accompagné l'enquête, l'histoire de Laetitia est bien la suite de négligences et d'abus, de mépris et d'un patriarcat qui veut la voir en martyr. Il fait émerger en croisant récit, témoignage et enquête, toutes les marques révélatrices du sort et des aprioris réservées aux femmes depuis des siècles. Une lecture poignante, qui ébranle nos certitudes tout en éclairant définitivement notre point de vue.
G.H

Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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« Mon pari est que, pour comprendre un fait divers en tant qu'objet d'histoire, il faut se tourner vers la société, la famille, l'enfant, la condition des femmes, la culture de masse… » p 347
En effet, « Laetitia » est une véritable enquête, pas un roman. Enquête sociologique, historique menée par l'auteur, universitaire, ayant déjà écrit sur la condition de l'enfance maltraitée.
Laetitia, c'est Laetitia Perrais, jeune apprentie du Pornic, placée en famille d'accueil avec sa soeur jumelle Jessica, enlevée près de chez elle, avant d'être poignardée, étranglée, démembrée par Tony Meilhon en janvier 2011.
L'affaire est lourde mais prend une autre ampleur quand elle est exploitée par le Président Sarkozy. Elle fait descendre les magistrats, mis en cause collectivement, dans la rue ; c'est rare. le drame devient encore plus sordide quand le père d'accueil est arrêté pour viol.
Yvan Jablonka parvient à analyser tous les aspects de cette affaire avec précision et de nous y intéresser (les 370 pages se dévorent). Cet universitaire procède avec méthode (références nombreuses aux textes législatifs) mais il y mêle des rencontres avec les principaux témoins de la vie toute simple de Laetitia. Il raconte son enquête comme Emmanuel Carrère dans l'adversaire (Affaire Romand).
Un livre dur étant donné le sujet mais qui a réussi à me captiver. C'est sérieux mais très humain. Il rend hommage à Laetitia et à tous ces enfants placés et victimes des adultes.
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Un début e lecture un peu difficile...
Je trouve qu'il est difficile de rentrer dans le livre, il faut s'accrocher.

Une fois le tiers du livre passé on commence enfin à avoir envie de connaître Laëtitia et Jessica. Un livre intéressant car l'auteur voit les différents aspects de l'affaire (police, justice, famille, milieu social...).

En revanche, je trouve qu'il y a trop de répétition, une impression de lenteur et de lourdeur en ressort.
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Laetitia, un véritable destin tragique. Dès sa naissance, les choses ne se sont pas déroulées comme espéré: son père est violent et fait de la prison, sa mère est traitée dans un asile psychiatrique pour dépression. Laetitia et sa soeur jumelle sont prises en charge par la grand-mère maternelle qui ne peut assumer et doit donc se résoudre à placer les filles. Elles sont ballotées de foyer en famille d'accueil. Elle sont autorisées à voir leur père biologique, une fois par mois. Les visites avec la mère biologique autorisée au même rythme se font plus rares car cette dernière ne pense pas toujours à les prévenir de ses absences pour cause de traitement. La famille d'accueil leur donne un cadre de vie plus stable mais au prix de sacrifices sexuels...

Lorsque Laetitia disparaît, tuée par un pervers qui a déjà fait de la prison pour divers vols et aggression sexuelle sur un co-détenu, l'affaire est récupérée par le président de la république, des moyens collossaux sont mis en oeuvre pour retrouver tout le corps de Laetitia, des marches blanches sont organisées par la famille d'accueil. Ivan Jablonka retrace la vie de Laetitia, analyse les réactions de récupération, pointe du doigt les mensonges et brosse un bien piètre portrait de notre société. Un livre qui prête à réfléchir sur les moyens financiers mis en oeuvre par le politique lorsque les médias s'emparent d'une affaire alors qu'ils auraient été, à mon sens, mieux utilisés en amont...lorsque la jeune fille était encore vivante. le livre est bien construit malgré les répétitions.
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Laëtitia a tout juste 18 ans. Elevée en famille d'accueil après avoir été retirée à une mère dépressive d'avoir vécu trop de violence, et à un père défaillant, elle a retrouvé une certaine stabilité et prend peu à peu son envol.

C'est alors que sa route croise Tony, homme violent, délinquant, négligé, mais sans doute aussi charmeur. Au cours d'une folle journée, Laëtitia le suit jusqu'à l'horreur. Un meurtre, peut-être précédé d'un viol, puis le démembrement de son corps.

En janvier 2011 ce « fait d'hiver » m'avait beaucoup marqué. Non seulement parce qu'il avait été stigmatisé comme résultant des manquements de la justice, mais également parce que cela se passait en Loire-Atlantique, près de chez moi donc.

Contrairement à La maladroite ou à Chanson douce, où la part de fiction tenait l'horreur à distance, ici ce n'est pas un récit distancé, édulcoré mais au contraire circonstancié. Beaucoup de détails émaillent le récit, rendant certes les portraits plus réalistes, mais aussi plus tragiques et durs à lire.

En tous les cas le pari de l'auteur, exprimé dès le début, de rendre hommage à Laëtitia en mettant la vie de la jeune fille en relief, avec ses failles, ses difficultés, mais aussi ses avancées et ses espoirs, est bien tenu. du sordide il veut revenir à la dignité, et c'est vrai que là aussi la réussite est au rendez-vous.

Ce livre documentaire est également un plaidoyer en faveur de l'institution judiciaire, malmenée par les médias et les politiques.

Un livre juste, des portraits humains et touchants, mais un récit difficile aussi, à mettre dans des mains averties. Si le livre se lit comme un roman, il n'en est pas un et reflète une réalité tragique…
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
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