Eparpillés sur la mer

Encore une réédition dans la collection Chronopages, mais cette fois je recommande sans hésitation !

Mina Jacobson nous propose un monde où l'individualité n'existe plus. Tous les êtres sont reliés à un, deux, trois ou plus encore d'autres êtres. Les pensées et les sensations sont partagées et simultanées entre tous les membres.
Un attelage exceptionnel est au centre de la nouvelle, composé de sept personnes - un cas unique. Son nom est "l'essaim".
On pense à la nouvelle de Greg Egan, Un château sous la mer, mais l'affaire se déroule ici différemment - et c'est tout aussi bien !

Évidemment un grain de sable va venir gripper cette machinerie et s'immiscer dans le "polyphrène".
C'est fin et malin, enthousiasmant et maîtrisé.

Le voyage vaut la lecture !

Intéressante nouvelle de SF dans un style maîtrisé et parfois poétique. À noter également de belles trouvailles dans la construction (l'alternance entre le "nous" et le "je" narratif.)
Bémols : le message philosophique sous-tendu par le texte est peut-être parfois asséné avec un peu trop d'insistance, ça en devient voyant... surtout qu'à l'ère de l'individualisme forcené, personnellement c'est moins le manque de liberté individuelle que l'excès d'icelle que je redoute. Et je suis passé à côté de la chute. Mais bon, j'ai cru comprendre que l'autrice était nouvelle et elle mérite bien un satisfecit.

Initialement publiée dans l'anthologie Clones et Chimères des éditions Arkuiris, la nouvelle de Mina Jacobson, Eparpillés sur la mer, a été republiée chez 1115 Editions dans la collection Chronopages en fin d'année dernière.

Plantons le décor : dans un futur postapocalyptique, après que les océans ont recouvert l'ensemble des terres émergées, l'humanité a dû s'adapter en vivant sur des bateaux. Cependant cela a peu d'importance dans cette histoire qui aurait très bien pu se passer sur une autre Terre (ce qui est peut-être le cas d'ailleurs !) ou dans un environnement totalement différent. Pour survivre, l'humanité s'est adaptée et a modifié la façon de se reproduire : la procréation, générée et programmée artificiellement, donne lieu à des naissances multiples et identiques, généralement deux ou trois clones, parfois un plus grand nombre d'individus. Chaque clone est en contact direct et permanent avec ses congénères grâce à des implants qui permettent d'échanger pensées et expériences en temps réel. Cette liaison permet donc de ressentir les émotions des autres et de vivre collectivement les expériences individuelles. Cette osmose est la nouvelle norme mais que se passe-t'il quand l'un des membres perd le contact avec les autres ? C'est l'histoire que nous narre Mina Jacobson dans un essaim de sept entités.

Après quelques pages pour décrire son univers, l'autrice nous plonge dans son histoire, laissant le lectorat découvrir et s'approprier lentement les nouvelles règles du jeu. La double narration, immersive et pertinente, naviguant entre le "je" individuel et le "nous" collectif, permet de ressentir les émotions des différents protagonistes et de se projeter corps et âme dans le récit.

La fluidité de la plume de Mina Jacobson, couplée à une histoire originale et rondement menée, fait d'Eparpillés sur la mer une nouvelle parfaitement réussie, un texte intelligent qui s'intéresse avant tout à l'humain et à sa relation aux autres. Une belle découverte qui, j'espère, en appellera d'autres.


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En octobre, le voyage m'a fait découvrir une nouvelle autrice, Mina Jacobson, avec un récit de SF étrange dans un futur qui pourrait être la Terre envahie par les eaux ou une autre planète et surtout un futur où la connexion en réseau prend un tout autre sens quand on y associe clonage et synchronisation permanente des données. Que se passe-t-il quand l'une des unités est séparée de force du cluster au sein duquel elle a grandi ? le texte est très court, très « hard SF » dans sa conception, mais également profondément humain et riche en émotions. Je guetterai d'autres textes de cette écrivaine.


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Vraiment une chouette petite nouvelle qui vient interroger notre rapport à l'individualisme et le bien fondé d'une potentielle unicité cérébrale des humains.
C'est très Science-fiction, sans pour autant s'étendre sur des lignes d'explications. Au contraire, c'est simple, concis et beaucoup plus concentré sur le côté humain qui peut ressortir ou non de cette population unie par des puces à ses clones.
Très intéressant, j'ai beaucoup aimé voyager avec cette nouvelle.