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4,09

sur 801 notes
Très documenté, c'est un travail solide et passionnant. Mais c'est également, pour un auteur certainement payé à la parenthèse, l'occasion de se lancer dans de savoureuses digressions et d'user d'un humour parfois grinçant, parfois potache.
L'article complet sur mon blog.
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Une pointe de Truman Capote, un dose de Norman Mailer (voire de Dos Passos) et un zeste de Hunter H. Thompson: voilà, vous avez un Jaenada!

Alléchant? Oh que oui!

Philippe Jaenada s'empare du faits divers avec talent, sensibilité et une bienveillance qui manque cruellement au monde actuel. Jaenada prend son lecteur par la main et lui raconte son histoire: comment il a écrit ce livre, et pourquoi.

Cette narration, très personnelle, faite de digressions sur la vie de l'auteur, a pour effet d'impliquer totalement le lecteur, suspendu aux lèvres de l'écrivain tout au long de ce très gros roman, lequel connait quand même certaines longueurs qui ne nuisent pas pour autant à ses mérites.

Dans La petite femelle, Jaenada revient sur un fait divers qui a marqué son époque, l'histoire de Pauline Dubuisson qui, en 1951, tua son ancien amant Félix Bailly de trois coups de revolver.

Nous sommes dans l'immédiat après-guerre, la presse flaire le sang lorsqu'elle apprend que Pauline est une "pute à boches", et lâche les fauves aveuglés de haine, emplis d'un besoin de vengeance cathartique, sur la petite femelle.

La hyène, la salope. Une misérable petite putain. Une fille sans âme, une garce, un monstre. Une meurtrière qui a tué plus qu'un homme, qui a tué la pureté. Mauvaise, féroce, perverse, diabolique, insensible, amorale, tous ces mots lui ont été appliqués, plutôt jetés dessus, dans la presse et dans les rues, partout en France. Madeleine Jacob, chroniqueuse judiciaire sans pincettes ni scrupules, a écrit dans Libération (le journal qui a été créé dans la clandestinité en 1941 et a couvert l'après-guerre jusqu'en 1964, pas celui de Sartre et July) : « Orgueilleuse, obstinée, sensuelle, égoïste, méchante et comédienne. Tout cela se lit au premier regard sur le visage pâle, émacié, de Pauline Dubuisson. »

A cette vague nauséabonde, Jaenada répond:

C'est bien, de se contenter du premier regard, Madeleine, ça évite de perdre du temps avec les traînées dans son genre.

Le ton est donné, Jaenada s'est fixé une mission: comprendre.

Et pour ce faire, il rouvre l'enquête. Minutieusement, à tâtons, il va fouiller l'histoire (absolument passionnante) de Pauline, de son enfance à son décès. Point par point, il va reprendre l'enquête policière, en démontrer les incohérences, les non sens, les erreurs, et ce qui est terrifiant, c'est qu'il ne fallait pas moins de 700 pages pour en faire la liste.

Il va analyser les minutes de ce procès bâclé qui s'est déroulé dans un climat de tension intolérable, sous les assauts conjoints de la populace et de la presse qui auront raison de la Justice, et dont le seul mérite aura été de faire prendre la Robe à un tout jeune homme: Jacques Vergès.

Pauline est une héroïne tragique. Fragile, victime d'une éducation défaillante, elle se construit en temps de guerre. Elle a tué, c'est certain, Jaenada ne prêche pas l'absolution, mais demande Justice pour celle qui est devenue à ses dépens, le symbole de ce qu'un pays brisé, peinant à se révéler, doit oublier.

Et Pauline va payer, plus que de raison. Elle paiera pour sa dignité, sa modernité, son refus de de soumettre ou de justifier ses choix de vie.

Jaenada souligne l'abjection de ces emballements médiatiques populistes qui sacrifient l'humain pour amuser la foule, folie répugnante décuplée avec l'apparition des réseaux dits "sociaux" , encore aggravée par l'impunité de l'anonymat.

Jaenada en appelle à la raison, à l'humanité des lecteurs.

Raphaëlle Leyris a écrit dans le Monde:

La Petite Femelle est le récit d'une chute (...) la beauté du livre tient au fait que le geste de l'écrivain consiste à se pencher vers elle pour l'aider à se relever

Au final, je ne pense pas pouvoir mieux dire.

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Un livre qui va à contre-courant de l'air ambiant, prompt à déchaîner les foules contre ceux qui ont fauté. Un peu de complaisance parfois peut-être pour cette héroïne malmenée par la vie et les hommes, mais le parti pris de la défense, le contrepied à la vindicte publique est si finement explicité que cela note rien à la force de ce livre passionnant, de ceux auxquels on continue à penser longtemps après les avoir refermés.
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Ce roman reprend l'histoire et la vie de Pauline DUBUISSON, qui a défrayé la chronique dans les années 1950 pour avoir tué par balles son ami de l'époque.
Les enquêteurs, les experts, la presse et les personnes qui l'ont rencontré – ou non – ont présenté un florilège de critiques pour dépeindre un portrait déshumanisé et froid de cette femme, se nourrissant dans sa jeune existence (histoire familiale particulière, fréquentation de soldats allemands, personnalité plutôt solitaire, etc.) en lui prêtant les plus intentions les plus malsaines et cruelles que pouvait contenir leur imagination.

Philippe JAENADA nous propose là le résultat d'un impressionnant travail de fourmi pour rechercher, observer, analyser et creuser tous les éléments relatifs à la vie de Pauline DUBUISSON et présenter ainsi un parcours au plus proche de la réalité.
Selon moi, cet ouvrage est très proche du document biographique, la seule part qui le relie au roman est ce qui se passe dans la tête, les pensées et les ressentis de Pauline qui ne peuvent qu'être inventés…

A la fin de la lecture de ce livre, mon avis est mitigé.
Plusieurs points positifs : le travail de recherche étant très poussé, il amène une certaine crédibilité et il est donc toujours agréable de voir rétablis quelques éléments de vérité et d'humanité pour cette femme qui a été plus que bafouée par la société, et qui n'a cessé de payer sa peine de toute sa vie.
De plus, le fait que l'auteur ne se cantonne pas à la vie de Pauline DUBUISSON permet d'apprendre des choses sur les périodes et les contextes traversés…
Mais aussi des points négatifs qui rendent la lecture parfois agaçante et un peu longue… la ritournelle critique des livres précédemment écrits sur le sujet par d'autres auteurs dévalorise, pour moi, le travail de Philippe JAENADA : nul besoin de critiquer l'autre, le lecteur peut se faire son propre avis. Et surtout, les digressions continues de ce dernier qui pourraient alléger le propos si elles ne faisaient que quelques lignes parfois, mais non plusieurs pages trop souvent.
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J'ai découvert Pauline Dubuisson en lisant le roman de Jean-Luc Seigle " Je vous écris dans le noir " paru aux éditions Flammarion. Lorsque j'ai su que Philippe Jaenada nous livrait un nouveau récit sur cette femme fascinante je me suis précipitée; ( j'avais beaucoup aimé son livre "Sulak") C'est encore un régal, car très documenté et très vivant comme toujours. C'est un "pavé" mais qui se lit avec plaisir et qui nous ouvre d'autres perspectives sur ce personnage hors du commun!
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Certes 700 pages, mais on ne s'ennuie pas ! Parce qu'il y a un style Jaenada, qui mélange les anecdotes de sa propre vie à celle, détaillée, foisonnante, de son personnage, Pauline Dubuisson, un style qui commente avec humour entre parenthèses les actions, les attitude de ses personnages.
Bravo à lui d'avoir su faire un objet littéraire d'un fait divers retentissant, le procès d'une femme qui a tué son amant, et d'avoir voulu fidèlement rendre compte de manière minutieuse, documentée, de ce qu'elle était, de son enfance, de ses amours, pour la réhabiliter. Quelle passion pour cette femme ! Que l'on finit par défendre aussi malgré les apparences qui ont longtemps été contre elle et que veut dépasser l'auteur.
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Un début laborieux pour ma part, le contexte historique, bien qu'essentiel, n'est pas du tout ma tasse de thé. Heureusement que l'auteur a beaucoup d'humour et "casse" ce côté trop sérieux avec ses anecdotes (une mention spéciale pour les saucisses).
C'est intéressant tant au niveau des moeurs de l'époque que du système judiciaire (cela dit, Omar Raddad c'était y'a pas si longtemps).
L'auteur a fait un travail énorme de recherche sur cette femme qui apparait presque au final comme la victime de cette société qui avait soif de vengeance.
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Jaenada est drôle et ses digressions souvent régalantes mais 700 pages à décharge sur Pauline Dubuisson c'est trop pour moi. Le sujet ne m'interesse pas suffisamment. Je lâche au tiers du parcours... Pardon Monsieur Jaenada ;-(
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A partir d'un des plus célèbres faits divers de l'après-guerre, Jaenada réussit à faire passer le lecteur par toutes les émotions, ajoutant sa touche de drôlerie potache et de cynisme à la noirceur des faits. Comme "Sulak", ce n'est pas le récit sec d'un destin, mais bien son ancrage dans une époque : Pauline Dubuisson, femme libre, trop aux yeux de son temps, fut victime d'un patriarcat dominant.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Encore un livre très réussi de Jaenada, un vrai regard sur l'injustice. Avec celui-ci, il revient sur le destin de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué son amant dans les années 1950. Contrairement à « La Serpe » et « Au printemps des monstres » (énormes coups de coeur de l'année dernière), ce livre s'apparente plus à une biographie, avec la volonté de rétablir la vérité sur la personne de Pauline, qu'à une contre-enquête (ce que j'avais tant aimé dans les deux autres). Encore une fois, Jaenada prouve qu'il analyse et parle des rouages judiciaires, des faits divers et du grondement populaire comme personne. Toute la partie retraçant le procès est fascinante. Mais pour une fois, ce n'est pas ça le coeur du livre. Et c'est sans doute pour cela que j'ai moins accroché. Autant j'ai vraiment aimé la première partie qui retrace l'adolescence de Pauline dans un Dunkerque occupé puis assiégé, autant j'ai un peu plus décroché à son début de vie adulte entre Lille et Paris, avec des passages souvent redondants. Je ne connaissais rien à ce fait-divers, et j'ai été un peu perturbée également par le fait que lorsqu'une nouvelle personne était introduite au récit, on nous citait tout de suite des extraits de ses témoignages au procès, sans même savoir de quoi il s'agissait encore exactement. C'était plus difficile d'avoir un regard analytique sur l'affaire, et c'est dommage. Mais il y a toujours le sarcasme de Jaenada, son regard sur la société, (et ses fameuses digressions) et ça vaut toujours le détour.
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