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sur 801 notes
Pauline Dubuisson est née le 11 mars 1927 à Malo-les-Bains, elle a fait la une des faits divers dans les années 50 après avoir assassiné son ex petit ami Felix Bailly de trois balles dont une à bout portant. le procès qui a fait suite à ce drame a été très compliqué. Aujourd'hui, Pauline aurait pu être jugée pour avoir commis un crime passionnel mais à l'époque c'est pour meurtre avec préméditation qu'elle a été condamnée. Il n'en faut pas moins de 720 pages (livre papier) ou un petit peu plus de 23 heures (livre audio) à Philippe Jaenada pour détailler, décortiquer, défendre et rendre hommage à Pauline Dubuisson, la femme la plus détestée de France en 1951.
Décédée le 22 septembre 1963, son histoire a inspiré plusieurs cinéastes et auteurs en tous genres, puisque de nombreux films et ouvrages sont sortis sur celle que l'on surnommait : "le monstre".
J'ai découvert l'histoire de Pauline à travers La petite femelle et ce que je peux vous dire, c'est que l'auteur Philippe Jaenada, défend cette femme avec énormément de convictions, c'est curieux, mais il est tellement convaincant qu'on se prend d'affection pour cette meurtrière jeune femme au passé troublant. La suite → http://www.leslecturesdelily.com/2016/11/la-petite-femelle-ecrit-par-philippe.html#more

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Jaenada Philippe – "La petite femelle" [l'affaire Pauline Dubuisson, 1953] – Julliard/Points, 2015 (ISBN 978-2-7578-6040-3) – 740p. – Photos pp. 724 + 727-733 ; bibliographie pp. 737-738

Comme ajouté en sous-titre, il s'agit d'un dossier visant à reconstituer l'affaire Pauline Dubuisson, jugée en 1953, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais acquis ce livre, pensant y trouver des éléments historiques, sociologiques etc. concernant cette période. Hélas...

Il convient d'être persévérant et motivé pour lire d'un bout à l'autre ce grimoire tartiné sur plus de 700 pages, et ce, pour les quelques raisons suivantes (liste non exhaustive).

L'écriture en est fort rudimentaire : certes, il s'agit d'un ouvrage surtout documentaire, mais l'écriture en est bourrée de tics, truffée de facilités façon almanach Vermot (ces innombrables comparaisons plus idiotes les unes que les autres, exemple de florilège p. 385), en version le plus souvent bien grasse (à supposer qu'il s'agisse d'humour). L'auteur en reste au niveau d'un "et le cul de ma tante, c'est du poulet basquaise..." (p. 421) et dispense ses judicieux conseils aux jeunes générations sous l'étiquette "tonton Philippe" (p. 289) : ça se veut sans doute "sympa".

La lecture de sa prose montre que le sieur Philippe Jaenada est affligé d'un égocentrisme démesuré, à tel point qu'il lui est impossible d'écrire plus de deux pages sur son sujet sans infliger au lecteur l'une ou l'autre (longue) digression portant sur sa propre vie, ses propres opinions, ses propres obsessions. C'est d'autant plus navrant que – parfois – ça se voudrait drôle : ça commence dès la page 31 (et sur deux pages), avec une recension du nombre de fois où l'auteur a utilisé le mot "saucisse" dans l'un de ses écrits antérieurs, qu'il liste avec complaisance, pour le cas où le lecteur ignorerait ces impérissables chefs d'oeuvre.
Son propre nombril étant pour lui le centre du monde, il avoue, dans l'une de ces digressions (p. 120), "Je me demande, en regardant en arrière, ce qu'on épinglerait sur moi" ce "on" reprenant "tous les regards" que le vulgum pecus porte sur une personnalité devenue célèbre, ce qu'on appelle "les peoples".
Plus loin, il s'étend sur l'histoire du slip kangourou et la culotte "Petit Bateau" (pp. 187-188), ou encore sur un genre d'acouphène et son goût pour l'émission Koh Lanta (p. 199) ; il n'aime pas le champagne qui le ballonne, ce qui nous vaut un commentaire sur sa marque de whisky préférée (p. 220) avant d'en venir à l'aveu de quelques frasques (p. 270) : il patauge au niveau de la blague de comptoir, quasiment toujours sous le niveau de la ceinture. le simple fait que son héroïne acquiert un porte-jarretelles – accessoire indispensable à cette époque, reconnaît-il pourtant – suffit à provoquer un allusion douteuse (p. 649).

Ce nombrilisme maladif (aurait-il pris modèle sur le "Cosmos" d'Onfray ?), ce besoin d'étaler sa vie privée, le conduisent à étaler aussi celle des autres, à commencer par ses proches que sont son fils et son épouse (qu'il nomme "ma femme" – comme dans "ma pipe, mon fauteuil, mon chien" – pour reprendre un procédé d'écriture qu'il affectionne).
Ayant pour profession de barboter dans les égouts de la vie privée des starlettes (en p.542, l'auteur révèle qu'il travaille pour le prestigieux magazine "Voici", entre le pipôle et le salace, revue dont il innocente la crasse en p. 672), il brandit la sienne et nous révèle par exemple que – alors qu'ils étaient déjà en couple depuis six mois –, sa compagne Anne-Catherine n'aurait pas hésité à rejoindre "son ex, un photographe à qui je l'avais ingénieusement barbotée" (sic) et à revenir en arborant des traces de sperme d'icelui sur ses seins, nauséabonde anecdote dont il est si fier qu'il la narre deux fois (p. 248 puis rappel p. 558) !!!

Passons sur les propos aussi outranciers qu'idiots parsemés ça et là sur la religion et les gens, hommes ou femmes, qui la représentent, cela fait aujourd'hui partie intégrante de la bien-pensance ordinaire, et trahit la totale ignorance qui est devenue la norme en ce domaine dans la plupart des pays occidentaux, issus de l'héritage chrétien, qui se croient devenus "athées" tout en adorant religieusement le veau d'or. Dans le cas présent, les propos sont d'un tel niveau qu'ils trahissent surtout un certain crétinisme rayonnant d'autosatisfaction (exemples p. 161 ou 346).

Passons sur tous ces points, car l'objectif principal poursuivi par Jaenada en écrivant ce livre consiste à obtenir son brevet inoxydable de mâle occidental affranchi, voire de féministe ardent, avocat émancipateur et chantre de la femme libérée. La démonstration est infligée et répétée jusqu'à plus soif sous les trois aspects canoniques.
- Primo, tous les hommes sont des obsédés sexuels – Jaenada les place tous, et surtout la victime, à son propre niveau d'obsédé de la braguette, qu'il décrète norme universelle.
- Secondo les hommes et "la société" de cette époque poursuivaient avec acharnement l'écrasement des pôvres femmes, ce qui nous vaut les portraits caricaturaux des deux juges Raymond Jadin et Raymond Lindon ainsi que de l'avocat René Floriot et de inspecteur Jean Barrière (p. 445), tous bien évidemment relégués au rang de gros machos abrutis, des "français bas de plafond" héritiers des peuplades germaniques décrites par Tacite (p. 184) – l'auteur applique aux agissements et opinions des gens de cette époque une grille de lecture totalement décalée, reposant sur les préjugés actuellement en cours, que l'auteur prend pour des vérités éternelles ; s'aperçoit-il seulement qu'il se contredit lui-même lorsqu'il est bien obligé de mentionner toutes celles et tous ceux qui viennent défendre l'accusée, toutes celles et tous ceux qui, au Maroc, la soutiendront ?
- Tertio : mais attention, il y avait des femmes libérées avant l'heure, dont Pauline Dubuisson bien évidemment : la malheureuse se voit enrôlée pour illustrer la thèse centrale et simpliste exposée p. 583 : "Pauline a une génération d'avance sur eux" (un grand classique de la démonstration imbécile s'il en est).

L'auteur avait pourtant là matière à tant et tant de réflexions !
La description de l'horrible destinée des habitants et habitantes de la ville de Dunkerque, écrasée sous les bombes du début à la fin de la guerre 1939-1945, aurait pu l'amener à se poser des questions sur la collaboration et le rôle spécifique des femmes dans ce triste processus (dont Pauline Dubuisson constitue un exemple, avec la complicité probable de son père), d'autant plus spécifique qu'il avait déjà été crûment vécu par ces mêmes populations du Nord lors des quatre années d'occupation 1914-1918 (Jaenada ignore tout de cette problématique, car il n'en souffle pas un mot, connaît-il seulement l'affreuse expression "les boches du Nord" – voir l'ouvrage de Nivet ?).
Concernant le sort de ces femmes à la Libération, il aurait pu bénéficier des recherches publiées par exemple par Philippe Frétigné et Gérard Leray dans leur ouvrage "La tondue : 1944-1947" (éd. Vendémiaire, 2011 – voir recension), ce qui lui éviterait de tomber dans des clichés simplistes.

Autre piste possible : il mentionne lui-même, et raconte souvent sur plusieurs pages, d'autres affaires criminelles de même type, dont voici une liste sans doute lacunaire : affaire Yvonne/Pierre Chevalier (qui fait l'objet d'un chapitre entier, avec les mêmes juges Raymond Jadin et Raymond Lindon – 37e chapitre, pp. 518-538) ; affaire Dominici (p. 541), affaire Germaine/Albert Leloy (p. 600), affaire Léone Bouvier/Emile Clénet (p. 606), affaire Ferlut/Paule Guillou/Armande Habasque (pp. 618-626), affaire Jean Ligier/Jackie Richardson (pp. 630-632), affaire Sylvie Paule/Jeanne Perron (pp. 634-641), affaire Albertine Sarrazin, l'auteur de "L'Astragale" (p. 638), affaire Denise Labbé (pp. 643-649).
Il y avait là de quoi procéder à des confrontations intéressantes en exposant justement les points de vue de cette époque, consignés à cette époque dans le vocabulaire de cette époque, ce qui eut été beaucoup plus probant que toutes les fatwas d'un Jaenada !

Encore une autre piste, celle du rôle de la presse à scandale. Là, c'est carrément de la déception ! L'auteur se commettant lui-même aujourd'hui dans ce créneau en vendant sa plume au magazine "Voici", le lecteur est tout à fait en droit d'en attendre des analyses beaucoup plus fouillées que les quelques citations (trop bien) choisies par l'auteur.

Notons enfin la plus pitoyable des occasions perdues d'écrire un bon livre : à plusieurs reprises (dès la page 84), l'auteur mobilise (pour ne pas dire "utilise") ce personnage de Lucette, née en 1928, quasi contemporaine de Pauline Dubuisson (née en 1927) : au lieu de nous bassiner avec ses propres préjugés de piètre émancipateur mâle de la gent féminine, Jaenada aurait mieux fait d'écouter cette femme, et de nous transmettre son témoignage.

En conclusion : au pire, ce livre constitue un témoignage nauséabond du narcissisme abyssal de son auteur, au mieux, il s'agit d'un raté...
NB : n'est en rien comparable avec par exemple les ouvrages de Morgan Sportès.
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700 pages, une chronique judiciaire, un crime commis dans les années 50... à priori, un défi pour moi car pas du tout dans mon univers de lecture.
Mais un régal, c'est écrit dans un style particulier avec beaucoup de renvoi sur les pensées de l'auteur, c'est ironique, c'est bien fait, hyper bien documenté.
l'auteur sait de quoi il parle. Je me suis surprise à lire ce livre très rapidement tant Pauline Dubuisson et son histoire est intéressante en tout point: historique, psychologique et judiciaire.
Passionnant et édifiant! peut être même terrifiant quand on pense que la ré interprétation de nos vies peut être traduite d'une façon aussi déformée et à sens unique lors d'un procés !!!
Humainement, ça nous apprend à voir plus loin que le prisme journalistique.
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Philippe Jaenada a commencé sa carrière littéraire en nous parlant de lui. Cela m'a valu de lire « le chameau sauvage », un sacrément bon bouquin (pour peu qu'on apprécie le style de l'auteur, de mon côté au premier essai une paire d'années auparavant, ça n'avait pas tilté et j'avais reposé le livre en me demandant ce que mes copines blogueuses pouvaient bien lui trouver !) et aussi « Plage de Manacora, 16H30 » (plus court, je vous le recommande pour découvrir l'écrivain), qui m'avait tout autant emballée.
Et puis, du propre aveu de l'auteur, la veine autobiographique s'est tarie (je n'ai lu que deux des sept romans appartenant à ce registre). Jaenada s'est donc tourné vers le fait divers. A Lire en poche, je n'avais pas résisté au plaisir d'aller papoter avec lui en lui donnant « Sulak » à dédicacer … mais il faut croire que la vie du bandit en question ne m'intéressait que modérément puisque le livre est toujours dans ma Pile A Lire.
Je me suis dit qu'il en irait autrement avec « La petite femelle », paru en août dernier, malgré son côté pavé (720 pages), car le personnage dépeint m'intriguait. J'avais découvert son existence en lisant le billet de Clara au sujet de « Je vous écris dans le noir », roman de Jean-Luc Seigle qui parle aussi d'elle, Pauline Dubuisson, née en 1927, étudiante en médecine au passé sulfureux (ses relations allemandes pendant la guerre) qui assassina son ancien amant en 1951. Son procès défraya la chronique et inspira, en 1960, le film de Clouzot « La vérité », avec Brigitte Bardot.

Cette histoire, Philippe Jaenada l'a prise à bras le corps et c'est toute la vie de Pauline Dubuisson, pas seulement son crime, qu'il examine de manière approfondie, car son acte ne peut pas être détaché de ce qu'elle est. Mais attention ! Quand Jaenada donne dans la biographie, il ne le fait pas de manière classique : c'est du Jaenada, qu'on lit ! Avec sa faconde (des tas de petites remarques ou métaphores bien à lui, telles : « même s'il est pédagogue comme je suis ballerine russe », « c'est comme équiper les poules de petits casques en cuir quand le renard approche »), ses multiples parenthèses (et après l'avoir lu, on en met partout) et aussi des incises de tailles diverses racontant telle ou telle anecdote privée plus ou moins en rapport avec le propos, comme celle, hilarante, concernant l'occurrence du mot « saucisse » dans ses romans. Vous voilà prévenus ! Que cela ne vous arrête pas pour autant, car ces apartés représentent quelques respirations bienvenues, autant que les commentaires bien sentis que l'auteur peut faire à propos d'untel et untel qui ont altéré la vérité pour mieux servir leurs intentions durant le procès : Jaenada nous dit les choses comme il les a découvertes et quand il n'est pas content, on le sait, le style académique ne passera pas par lui.

Au-delà de la forme, primesautière et percutante, avec un humour toujours apprécié, il y a le fond, en béton armé. Parce que le dossier Dubuisson, Jaenada s'y est totalement immergé et il le maîtrise de A à Z, aussi bien la psychologie de la jeune femme que les faits et leur contexte (on a ainsi un long développement sur Dunkerque pendant la guerre, marquant), avec sur la fin l'exposé de cas similaires à celui de Pauline mais traités par la justice de manière fort différente. Il a épluché et confronté tous les documents relatifs à l'affaire, fouillé dans les archives (« comme un tapir enragé »), bref il n'a laissé aucun détail dans l'ombre, c'est du boulot de pro (dommage que Pauline n'ait pas eu un avocat de sa trempe !). le résultat est passionnant (et passionné).

Après un tel déluge de compliments, vous vous attendez sans doute à me voir décerner trois ou quatre parts de tarte au titre de ma cote d'amour du livre, vous avez peut-être même déjà jeté un oeil à la fin du billet et là, surprise, il n'y a que les deux du « j'ai bien aimé ». C'est que le cas Dubuisson, tout intéressant qu'il soit, n'a pas réussi à retenir mon attention sur la durée. L'honnêteté m'oblige à dire que, en cours de route, mon emballement initial s'est affaibli, je me suis lassée de la principale protagoniste et de tous les détails la concernant et j'ai tout simplement abandonné le bouquin. Et pas que quelques jours, non, quelque chose comme deux mois … J'ai fini par le reprendre et en achever la lecture, avec un intérêt renouvelé après cette longue pause (d'autant que je m'étais arrêtée à un moment où il y avait un certain flottement dans la vie de Pauline Dubuisson, qui se répercutait dans le livre), et la qualité du propos ne s'est pas démentie.
Un roman biographique remarquable, donc, qui met en évidence à quel point la justice rendue a pu être conditionnée par les préjugés de l'époque, mais le nombre de pages est conséquent et la lassitude est malgré tout possible (la preuve).
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J'avais dèjà mis un résumer pour ce livre car je trouvais mes remarques trop osées, et bien non , elles n'étaient pas trop osées? J'ai vécu exactement la même chose , EXACTEMENT.
Il n'a même pas attendu que je revienne sur mon refus ? Dès le refus il m'a dit, dans l'ascenceur, tu le regretterras, toute ta vie, plus personne ne voudras te parler. Je ne comprennais pas, je n'avais jamais eu de problème avec personne, j'avais beaucoups d'amis, beaucoup de relations d'amitier, j'étais mariée et j'aimais mon mari, j'avais deux magnifiques enfants, ce qu'il a fait c'est me faire passer pour une voleuse ,, ça dure toujours, pour tous je suis une voleuse et ça fait 30 ans que ça dure , je n'en peux plus, je tuerai aussi.
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Rencontrer cet auteur et l'entendre parler de son sujet "Pauline Dubuisson" est passionnant, de plus les échanges avec ses lecteurs sont chaleureux.
Un grand merci à lui et à Orange pour cette belle soirée.

"Au mois de novembre 1953 débute le procès retentissant de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette beauté ravageuse dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché avec les Allemands, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ? Personne n'a jamais voulu écouter ce qu'elle avait à dire, elle que les soubresauts de l'Histoire ont pourtant broyée sans pitié. "

Voilà tout a été dit ou pas....Tel un preux chevalier, l'auteur revêt l'armure non pour enquêter, mais pour partir à la "quête" au sens noble, de la véritable Pauline.
Il collecte minutieusement tous les documents possibles, les étudie, les croise, les entre-croise et les fait parler.

Le livre est dense, dramatique, drôle (les digressions de l'auteur allègent cette atmosphère d'après-guerre malsaine), et le lecteur est captif de cette histoire.

Pauline seule fille, d'une fratrie, dont les frères ont déçu entre une mère inexistante, indifférente et un père qui la considère comme un objet malléable, car elle a un cerveau bien fait capable d'assimiler beaucoup et de servir les affaires paternelles.
Qu'en est-il de sa personnalité affective, de sa jeunesse, de son éducation tout simplement?
Lorsqu'elle va devoir intégrer la vraie vie, celle où l'on côtoie ses congénères, elle va être en décalage avec les autres.
Cela la rend singulière, voir antipathique, détestée ou aimée pour de mauvaises raisons.
Une chose est claire : elle ne sait pas vivre dans son époque.

Les chroniqueuses judiciaires de l'époque s'acharnent sur Pauline Dubuisson, s'arrangent avec la vérité, font du sensationnel et de la surenchère.
Du côté de la justice pas mieux, on trie les faits, les arrange, les invente mais pas question d'essayer de comprendre comment elle en est arrivée là. de plus son avocat n'est pas doué...

Le lecteur assiste au procès en direct, tant par la documentation et les recherches apportées par l'auteur et les comparaisons judicieuses avec d'autres procès de femmes à la même époque, que par la magie de cette écriture.

Philippe Jaenada est obsédé par cette affaire, mais il ne fait pas de cette jeune femme une héroïne, il montre ses défauts, ses failles, son instabilité,juste il rétablit une vérité qui l'a montré "en bête immonde", alors que c'est une jeune femme qui a le tort (pour l'époque) de préfèrer porter la blouse du médecin que celle de la ménagère.
Une analyse sur tous les fronts : historique, sociologique, psychologique...
60 ans après, cette vérité là fait du bien, la réhabilitation d'une femme libre, ce n'est pas nier les faits seulement les remettre à leur place.

Un livre magnifique, de la très belle littérature.
Il y a quelque chose de rabelaisien, et j'ai suivi le précepte du prologue de Gargantua, "j'ai rompu l'os et sucé la substantifique moelle".

Lien : http://chantal-lafon-12.skyr..
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Histoire d'une femme libre, humaine, alors que tout veut nous démontrer qu'elle est un monstre .C'est le destin tragique d'une femme , dans une époque qui l'a condamnée .
Jaeneda , nous démontre par une enquête policiere que Pauline Dubuisson , jugée comme monstre , pour avoir tué son mari , est en fait une femme libre, et humaine .
GENIAL!!
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J'avais enregistré le téléfilm avec Lucie Lucas (Clem) et l'ai visionné ce week-end de Pentecôte. Il m'a rappelé la livre. Une affaire triste. Celle d'une belle fille qui a tiré sur son amant. le procès a été retentissant. Au point de la présenter comme une furie, affichant son portrait dans les médias de l'époque sous des titres sans pudeur. «L'infâme», «l'orgueilleuse sanguinaire», la «Messaline des hôpitaux», la surnomme-t-on. Elle échappe de peu à la peine capitale. Belle reconstitution et travail de documentation formidable, mêle si je sais que l'auteur a pris quelques libertés pour romancer le récit.
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Après 114 pages, j'abandonne.
L'histoire de cette femme aurait pu être intéressante mais j'ai beaucoup de mal avec la narration.
Je ne sais pas si c'est à cause des digressions constantes ou si c'est cette multitude de details, mais les unes ets les autres ne m'ont pas permis d'accrocher au récit.
Je m'attendais à une biographie vulgarisée. La 4eme de couverture promettait un récit à la manière d'une enquête criminelle. Mais je n'ai absolument pas trouvé ça. J'ai posé ce livre sans avoir envie d'y revenir. Dommage.
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L'histoire de Pauline Dubuisson revue par Jaenada revisite en détails le parcours de cette femme accusée du meurtre de son amant, mais aussi de ses relations troubles avec l'occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale. Jaenada met en lumière la force des préjugés et la machine implacable qui condamne aveuglément ceux qui suivent un autre chemin...
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