Ce livre m'a été envoyé par YV1, que je veux remercier ici pour son état d'esprit tout babélien: merci Yves.
Aussi suis-je un peu géné de devoir poster une critique sévère sur ce bouquin, que lui-même a apprécié: j'espère qu'il me pardonnera!
On aime ou pas le personnage
Eva Joly, et ça peut n'être pas politique. Je n'aime pas Madame Joly pour son traitement de l'affaire ELF, car j'estime qu'elle a ainsi considérablement abaissé le rayonnement et méprisé les intérêts bien compris de son pays d'adoption. Son acharnement, qui confina au sadisme pur, à l'encontre de Loïc le Floch-Prigent, ne me la fait pas apprécier non plus. Opinion personnelle et peut-être erronnée: qu'on me pardonne cette fois encore !
Si je me permets d'exprimer mon sentiment, c'est que Madame Joly, qui semble désormais prisonnière du personnage médiatique qu'elle s'est construit, s'autorise (et elle en a bien le droit d'ailleurs) à scénariser un roman avec la volonté manifeste de nous infliger des poncifs genre porte ouverte qui n'apportent strictement rien. Tout son ressentiment et toute sa bile se résument à cet extrait:
""- Et pendant que vous y êtes, signez la commission rogatoire! Au moins vous saurez pourquoi vous vous faites engueuler, tente encore Félix.
- On va trouver quoi? Des entourloupes de milliardaires mais rien sur ce qui s'est passé. Les riches aussi se noient.
- Mais seuls les pauvres ne savent pas nager".
Tout l'esprit du bouquin est là.Les riches sont riches, les flics corrompus ou au mieux aveugles ou encore trouillards.
Evidemment, les politiques ne sont pas en reste:
"- Ce pays est un paradis fiscal et judiciaire, le Premier Ministre peut arrêter une enquête comme il veut, bloquer un journal s'il veut; Il y a des milliards cachés ici qui suffiraient à sauver tant de gens".
Qu'Eva Joly décide de sortir ce livre au moment exact où elle est en campagne interne pour une présidence n'est pas anodin: regardez-moi, je suis la pure, celle qui ne faiblit pas, perdue au milieu de ce monde pourri...
Ca suffit peut-être pour être élue, certainement pas pour faire un bon livre: celui-ci est ennuyeux car bien trop prévisible, même si ses partisans trouveront qu'elle a bien raison. Et quel courage, dites-moi, nous qui vivons sous une dictature, que d'oser pourfendre ainsi !
Pour être honnête, la journaliste,
Judith Perrignon, qui a mis en mots les thèses de Madame Joly, ne se débrouille pas mal du tout, ce qui sauve le bouquin du néant de l'idéologie sous-tendue.
C'est en fait un de ces livres appelant à voter le Pen: puisqu'ils sont si pourris que ça, sortons les tous. En celà, ce livre me gène aussi.
Points positifs: une description de Lagos qui me donne envie d'y aller faire un tour, et un style nerveux.
Judith Perrignon devrait pour son bien se chercher une autre inspiratrice.