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Benoîte Dauvergne (Traducteur)
EAN : 9782815947770
304 pages
Éditions de l’Aube (22/08/2023)
3.93/5   47 notes
Résumé :
"Depuis que ma mère m'avait appris qu'on allait me marier à Eli, j'avais l'impression de porter nos deux familles en équilibre sur la tête comme une bassine pleine à ras bord. Il est difficile d'être la clé du bonheur des autres, de leur victoire, l'instrument de légitimation de leurs actes". Afi Tekple vit avec sa mère dans une petite ville du Ghana lorsqu'elle se voit offrir l'opportunité qui changera leurs vies : une demande en mariage d'Elikem Ganyo.
Mais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Ghana, de nos jours. Pour éloigner son fils d'une femme que toute la famille désapprouve, "Tantine" va lui arranger un mariage avec la jolie et douce Afi, la fille d'une de ses employées. Afi, élevée seule par sa mère depuis le décès de son père, y voit là l'opportunité d'offrir à sa mère de meilleures conditions de vie, ainsi que de réaliser le projet qu'elle fomente secrètement dans sa tête depuis toute jeune, à savoir devenir styliste et avoir sa propre boutique. C'est que son potentiel futur mari et sa famille sont riches, très riches. Elle accepte donc la proposition de Tantine.

Mais rien ne se déroule comme elle l'avait imaginé. le mariage, pour commencer, a lieu alors que le futur marié brille par son absence, il est représenté par son frère cadet. Son installation à Accra ne se fait pas dans la maison familiale, mais dans un des appartements appartenant à la riche famille. Et pour cause, dans cette maison, y vivent déjà la maîtresse détestée de son mari, ainsi que leur petite fille gravement malade... Afi ne rencontrera son mari que deux mois après son installation. Il s'en passera quelques autres avant qu'il ne tombe amoureux et s'installe avec elle...

Afi ne sait de Muna, la maîtresse d'Eli, que ce que sa belle-famille a bien voulu lui dire : elle est laide, fume comme un pompier et boit comme un trou, et pour couronner le tout elle ne respecte pas les traditions familiales. Comme incapable de s'occuper de leur fille malade et certainement parce qu'elle l'a ensorcelé, Eli se voit obliger de rester avec Muna pour la santé de la petite Ivy. Qu'Afi ne s'inquiète pas, d'après les dires de la famille Ganyo, Eli viendra vers elle naturellement tôt ou tard.

Et c'est ce qui se passe, Eli et Afi font connaissance, se rapprochent et tombent amoureux... Afi, consciente que son mari voit encore Muna de temps en temps, s'imagine qu'il le fait dans l'intérêt de la petite Ivy. Avec le temps, elle comprendra que son mari l'aime encore. Comment est-ce possible ? Muna est-elle vraiment celle qu'on lui a décrite ? Pourra-t-elle jamais accepter de partager son mari ?

Parallèlement, Afi apprend à s'émanciper, à s'exprimer, à s'opposer à la matriarche parfois également. Elle suit une formation pour devenir styliste, elle passe son permis, elle fait construire une maison à son nom pour sa mère... Elle découvre petit à petit ce qu'est l'indépendance (grandement facilitée quand on a les moyens !).

Non non non, nous ne sommes pas dans une romance avec le classique triangle amoureux. D'ailleurs, nous ne ferons jamais la connaissance de Muna et de sa fille, on ne les croisera qu'à la fin dans quelques lignes seulement. C'est l'évolution du personnage d'Afi que nous suivrons, de la jeune femme aux rêves de princesse du début du livre jusqu'à la femme indépendante qu'elle deviendra.

Plutôt que romance, nous sommes au coeur d'un roman iniatique, saupoudré d'une pincée de féminisme. Émancipation de la femme, relations familiales et conjugales, valeurs traditionnelles, tels sont les thèmes principaux.

J'ai eu quelques difficultés à m'attacher à Afi, qui a mis le temps pour comprendre la situation. Parce que si l'on suit son histoire toujours de son point de vue, avec pour seuls éléments que ce qu'on veut bien lui dire, nous, lecteurs, comprenons rapidement que Muna n'est pas la folle acariâtre pour laquelle on la fait passer. On comprend dès le départ qu'elle est juste une femme qui refuse d'obéir au doigt et à l'oeil aux ordres de la matriarche et de se comporter tel qu'elle le voudrait. On comprend également qu'elle est le premier amour d'Eli et qu'il ne la quittera jamais. Et observer Afi se leurrer pendant autant de pages paraît parfois exaspérant. Mais petit à petit, on aime tout de même à découvrir la femme en devenir qui sommeille encore, ses ambitions et projets futurs, et qui au fur et à mesure s'impose et sait ce qu'elle veut ou ne veut pas.

Je regrette un peu qu'Eli n'ait pas voix au chapitre, qu'on ne sache jamais ce qu'il ressent ou la manière dont il vit la situation, partagé entre deux femmes qu'il aime, celle qu'il a choisie et celle qu'on lui a imposée, et constamment sous la pression familiale. C'est dommage, j'y aurais bien vu un roman à deux voix, plutôt que de ne tout suivre uniquement du point de vue d'Afi. Parce qu'en dehors d'Afi justement, les personnages manquent un peu de consistance, Eli compris.

"Sa seule épouse" est un roman contemporain dans lequel j'aurais aimé pouvoir m'attacher un peu plus aux personnages mais grâce à qui j'ai tout de même passé un agréable moment. Il est très bien écrit, et le contexte familial (matriarcat, vie aisée dans les beaux quartiers de la capitale du Ghana, traditions et attentes de la famille, etc) est quant à lui très bien dépeint. Et puis surtout, j'ai eu la fin que je voulais.

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Nathan de Babelio pour la sélection et les éditions de L'Aube pour l'envoi de cette ouvrage.
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Au Ghana, Afie Tekple se marie avec Eli Ganyo, déjà marié une fois.
Ce mariage est un arrangement orchestré par la mère d'Eli, la mère d'Afi et ses tantes dans l'intérêt des deux familles.
Afi accepte ce mariage pour protéger sa famille.
En ce jour important, le marié n'est pas là.
Il faudra le temps avant que ce marié fantôme apparaisse.
Sa première femme, une femme de forte influence ne le supporterait pas.
Ses visites sont rares et contrairement à ce qu'on lit habituellement, Eli est un homme compréhensif qui veut aider Afi à réaliser ses rêves de devenir couturière et styliste dans la capitale.
Les conseils de la mère d'Afi afin d'être la plus belle pour son mari, de lui préparer de bons petits plats qui lui donnent envie de revenir sont assez insupportables.
En même temps, ces conseils nous renvoient à l'ingérence des mères et des pères de nos pays .
Cette tendance disparaît mais existe encore dans certaines familles matriarcales ou patriarcales où les enfants ont tendance à obéir, à plaire à leurs parents.
Avouons...ces enfants et ces parents sont des espèces en voie de disparition et tant mieux.
Pas question de livrer la fin du récit et jusqu'où Affi ira dans son épanouissement mais elle ressemble étrangement aux jeunes femmes de nos pays sauf pour le départ du roman.
Une belle lecture surprenante d'un livre de la rentrée littéraire proposé par la Masse Critique privilégiée de Babelio et les éditions de l'aube.

Ma critique est parue une première fois le 20 car je savais que je devais attendre la rentrée littéraire qui était imprimée dans ma tête le 18 août.
Mais non, c'était le 23. Merci à Nathan d'avoir rectifié mon erreur.
Je présente donc mes excuses à mes amis babeliotes qui avaient déjà liké mon avis.

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Nous sommes au Ghana, Afi vient d'épouser Eli par procuration, trop occupé par ses affaires, le marié n'a pas dénié assister à la cérémonie. Elle connaît à peine cet homme, maintenant elle doit s'installer à Acra pour vivre chez son lui et récupérer la place qui lui revient, une place occupée actuellement par une Libérienne, maîtresse d'Eli et devenir sa seule épouse.
Cette plongée dans la société ghanéenne contemporaine à travers la lutte d'une femme pour conquérir son mari est aussi portée par deux personnages secondaires savoureux : Tantine, une femme généreuse, mais manipulatrice qui donne d'une main et dirige de l'autre et l'oncle Pious un être abject, sournois et cupide qui vit aux crochets des membres de sa famille.
Ce récit sur fond de polygamie est passionnant et captivant, il m'a permis de découvrir une société, que je ne connaissais pas, ambivalente qui offre à la fois aux femmes les moyens de posséder leur propre entreprise, mais qui les soumet à un régime patriarcal très puissant.
Je remercie les éditions de l'Aube et Babelio de m'avoir offert cette agréable lecture.
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Un grand merci à Babelio et aux Editions de l'Aube pour l'envoi de ce livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée. Reçu tout début juillet, mais avec une contrainte : ne faire paraître sa critique qu'aujourd'hui. En règle générale, je publie rapidement mon commentaire après lecture. Je décide donc de patienter un peu pour lire ce roman. Oui mais voilà, la couverture est vraiment sympa et attire l'oeil de mes filles. D'abord ma fille cadette qui dévore ce roman en me disant qu'il est génial. Puis mon aînée qui le lit aussi rapidement et me fait le même commentaire. Argh ! Bon c'est dit, je ne patienterai plus et je l'ai lu il y a déjà un mois.
.
Que me reste-t-il au bout d'un mois ? L'image d'un roman aussi coloré que sa couverture. L'histoire d'une Cendrillon moderne, féministe et Africaine.
Car oui, avec ce roman, vous partez au Ghana où vous rencontrez Afi, toute jeune fille, intelligente, pauvre, très pauvre. Son mariage avec Eli va lui permettre de découvrir un monde doré.
Elle va aimer mais aussi décider de ne pas se cantonner au rôle traditionnellement dévolu aux épouses. D'où son côté féministe.
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J'ai aimé ce roman (comme mes filles !), c'est réjouissant, frais, l'héroïne prend sa vie en main, refuse ce qu'on lui impose. Une héroïne courageuse, pleine de vie qui finit par comprendre que le prince charmant n'existe pas.....
L'écriture, à l'image du roman, est enjouée.
.
Depuis ce livre a été apprécié par ma belle-mère et est entre les mains de ma mère ! Mazette à croire que ce roman ne peut être lu que par les femmes. Je vous rassure messieurs, il pourrait également vous plaire !
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A force de lire Tony Morisson, Bernardine Evaristo ou Chimamanda Ngozi Adichie, on pourrait finir par attendre de tout roman écrit par une femme racisée qu'il soit intense, brûlant, qu'il vous laisse sans souffle ni aucun répit. Qu'il se révèle comme un chef d'oeuvre indispensable. le contre-point tragique et nécessaire à toute une littérature excluante et stigmatisante.
Sa seule épouse est un agréable démenti. La preuve que la chick lit peut aussi prendre les accents du Ghana.

Si j'avais commencé ma lecture sur cette base, sans doute que je me serais davantage laissé porter par l'histoire dès le début. Là, j'attendais la volte-face, le moment de la crise, le drame. Après quelques pages où je ne décelais aucun indice dans ce sens, j'ai finalement accepté qu'on n'était pas dans ce registre et qu'il s'agirait davantage d'un joli conte de fée. J'ai rangé mes banderoles de féministe, ai remisé mon indignation, ma culpabilité de blanche vernie et me suis coulée dans les aventures d'Afi.

Afi est toute mimi. C'est à la fois sa chance et son drame. Ses charmes lui valent en effet d'être sélectionnée par une puissante matriarche pour faire une épouse enfin honorable à son fils, lequel lui a fait l'affront de convoler avec une indésirable. Programmée pour satisfaire les attentes de son clan, Afi va se révéler au fil d'un parcours initiatique oscillant entre 20% de Zola pour la touche exotico-sociale et 80% de Pretty Woman pour le glam.

Au passage, le lecteur va découvrir un mode de vie où les collatéraux se précipitent à toutes les fêtes pour se réclamer des vôtres, piller le buffet et exiger leur part de votre bonheur. Des personnages masculins habilement croqués dans leurs contradictions et leurs outrances. Avec en arrière-plan, quelques mentions très allusives aux métiers de la mode et du stylisme.
Reste qu'on se demande comment les amours d'Afi vont finir. Je ne vous en dirai rien, vous pensez bien ! Mais vous vous doutez aussi que le dénouement ne vous coûtera aucune larme. Et comme nous sommes en 2023, vous pouvez espérer gaillardement échapper au : « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. »

Alors si vous cherchez un moment de détente, léger, agréable avec juste ce qu'il faut d'engagement bon teint et sans aspérité, je vous recommande Sa seule épouse. C'est bien aussi, de temps en temps, le facile tout lisse.
Merci aux éditions de l'Aube et à Babelio pour cet envoi.
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critiques presse (1)
LeMonde
25 août 2023
Peace Adzo Medie, dans ce premier roman très attachant, fait sauter les verrous du ­patriarcat avec une étonnante tranquillité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Tu ne vas pas rester à la maison à te tourner les pouces ?
- Moi ? Me tourner les pouces ?
J'avais l'intention de m'inscrire dans une école de stylisme, où j'apprendrais à dessiner et à coudre des tenues comme celles que portait ma nouvelle belle-sœur, Yaya. Je voulais posséder ma propre boutique à Accra....
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C'est vrai, mais on ne sait jamais vraiment qui on épouse après tout, même quand on a connu la personne toute sa vie. C'est pour ça qu'il y a tant de divorces.
p 33
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Pious avait lentement secoué la tête, l'air sidéré par la stupidité de son frère, cette stupidité dont semblaient atteints tous les Ghanéens qui avaient passés trop de temps sur les bancs de l'école.
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Depuis que ma mère m'avait appris qu'on allait me marier à Eli, j'avais l'impression de porter nos deux familles en équilibre sur la tête comme une bassine pleine à ras bord. Il est difficile d'être la clé du bonheur des autres, de leur victoire, l'instrument de légitimation de leurs actes
Commenter  J’apprécie          50
Je crois qu'aucune de nos familles n'y avait réfléchi. Tout ce qui comptait pour elles, c'était que je sois reconnue comme épouse légitime d'Eli devant Dieu et les nôtres. S'il avait été en vie, mon père, Illustrious Tekple, aurait insisté pour que j'obtienne un acte de mariage.
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Video de Peace Adzo Medie (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peace Adzo Medie
A Conversation about Life, Love and Marriage with Author Peace Adzo Medie 13 oct. 2020 In “His Only Wife,” Ghanaian writer Peace Adzo Medie crafts a novel about a young woman trying to make a path for herself in the world. As the book begins, Afi Tekpie is wedded to a man she’s never met in an arranged marriage. Afi moves to the capital city of Accra where her life takes unexpected turns on her journey to independence.
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