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3,8

sur 603 notes
Un court roman rondement bien mené.
Du pur roman noir : un témoin Léon plus ou moins suspect, moche vieux et un peu pouilleux , un Coupable un peu dérangé, plusieurs crimes. Sans oublier le commissaire à l'ancienne avec un nom d'un autre temps Gabelou.
Le tout donne un excellent roman, je me suis laissée emporter par la plume si spécifique à ce style de roman, au langage, à l'enquête de ce commissaire qui traîne son témoin comme on traîne sa misère.
Autant tout avouer, je n'ai rien vu venir au final et cela n'a fait qu'augmenter mon plaisir. Du coup, j'ai repris plusieurs passages du livre pour bien me rendre compte de la portée du roman.
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Une nouvelle fois, Thierry Jonquet nous "ballade" jusqu'à la dernière page avec ses personnages et l'histoire qui nous est contée .
Le coupable, il ne sera défini que comme tel tout au long du récit, est atteint d'une forme de syndrome de Diogène, même s'il n'est pas âgé, qui trouvera son explication au fil des pages mais dont il faudra attendre la toute fin du livre pour que l'auteur nous en dévoile l'origine.
Jouant sur les situations et avec les personnages, Thierry Jonquet nous livre une peinture sociale sombre et triste d'âmes à la dérive.
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Oh la vache!!! Pardon pour ce langage peu châtié mais le dénouement de la Bête et la Belle a de quoi laisser pantoise.

Pourtant c'était plutôt mal engagé car pour s'y retrouver entre le Gamin, la Vieille, l'Emmerdeur, le Coupable, ce n'est pas évident. Surtout qu'on arrive en plein milieu d'une histoire et même, pour être plus précise, en plein exhumation du corps du fameux Gamin. Heureusement qu'on a le commissaire Gabelou et le Vieux Léon comme bornes de repérage.

Assez vite, le récit prend corps et j'ai mieux compris. Thierry Jonquet signe là une intrigue complètement folle, dans un mélange de styles. Je me suis laissée totalement happée par sa plume, ses personnages et son ahurissante histoire. Et je me suis surtout laissée avoir quelque chose de bien. Il faut arriver vraiment dans les toutes dernières pages pour enfin appréhender l'ensemble si déroutant. Et de repartir en pensée sur chaque petit élément qui aurait pu mettre la puce à l'oreille. Mais Thierry Jonquet est trop fort.

L'auteur place son roman entre une banlieue parisienne morose et sinistre dans son béton et le 36. Plus un petit tour en Normandie pour exhumation. En filigrane, il y a la crise économique qui met les employés de chez Citroën en grève et en manifs. Un des personnages principaux est un petit prof de CPPN dans ce collège de banlieue. Il mène une vie réglée et étriquée entre sa classe, les joies de la Camif et sa passion envahissante pour les trains électriques et les circuits qu'il construit par thème et avec une minutie d'horloger. Et puis Vieux Léon, inoubliable, qui vit dans la rue jusqu'à être pris d'affection par le Coupable. Ce contexte socio-économique offre une profondeur supplémentaire à une intrigue déjà excellente.

J'avais beaucoup apprécié déjà Moloch et Mygale, qui fut une claque monumentale. J'ai encore Les orpailleurs dans mes étagères. Encore une future bonne lecture, j'en suis certaine.
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Après la lecture de l'excellentissime "Mygale", je suis déçu de ce court roman. J'adore le style de l'écriture typique des polars français des années 80, et j'ai été plutôt bien servi de ce côté-là. Mais l'histoire m'a laissé de marbre tout du long au point d'être pressé d'en finir. La chute est effectivement exceptionnelle et m'a laissé bouche bée mais ne rattrapera pas l'ensemble du roman.

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Pas mal, pas mal du tout …
Une chute qui effectivement nous surprends, malgré en fait plusieurs indices laissés ça et là.
Un agréable moment de lecture, même si certaines descriptions des lieux sont franchement dégueu. On imagine sans peine les odeurs et le décor…
Mais un livre que je recommande pour la belle pirouette de l'auteur.
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Je me souviens de ce livre comme si c'était hier.Lu quand j'étais lycéenne il m'avait laissé forte impression.
J'avais trouvé ce prof qui entasse ses poubelles dans son appartement pour le moins étrange...
L'intrigue est bien ficelée,en dehors du contexte policier le côté psychologique est très intéressant. Thierry Jonquet pousse très loin l'analyse de la folie avec des retournements de situations pour le moins inattendus.
Ce roman est court mais je ne m'était pas ennuyée lors de la lecture,il faut s'attendre à des surprises à chaque page.L'histoire est originale et le narrateur encore plus,muet comme une tombe et témoin d'un épisode de déchéance humaine hors du commun.
C'est un livre qui mérite qu'on le découvre,même si on est pas particulièrement fan de polars,c'est un bon moment de lecture.
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Le commissaire Gabelou doit trouver des indices qui confirmeraient qu'un homme se soit rendu coupable de plusieurs crimes odieux. Seulement le seul témoin, Léon, un taiseux, ne fait pas avancer l'enquête. Un polar noir teinté d'humour avec un dénouement inattendu.
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Quel étrange roman. Au départ je ne comprenais pas grand chose: la Vieille, le Commis-Boucher, le Gamin, le Coupable, l'Emmerdeur, le Visiteur... Et l'annonce d'une Bête d'une Belle et d'un Palais.
Puis au fil de trois narrations qui s'entre-coupent une enquête, des révélations sur le quotidien de deux hommes pris entre dérive et folie.
Ce roman traite de manière obscure et surprenante le -non- conte de la belle et la bête. La chute est assez inattendue et rend l'histoire totalement loufoque. Mais la toute fin me laisse perplexe... Ca aurait mérité quelques pages de plus.
Le roman est à lire pour sa forme, sa chute et cette enquête qui va crescendo: à la fois on découvre la situation des personnages et en même temps on patauge tout au long du témoignage de Léon.
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« La vieille s'imaginait peut-être tout un cinéma dans sa caboche ? Qu'on passait des nuits à faire la fête, qu'on ramenait des gueuses chez nous et qu'on les troussait hardi hardi, et ran ran ! C'est des idées qui peuvent germer dans la cervelle rabougrie d'une vieille chouette, ça. »


Je m'attendais à un remake moderne de « La belle et la bête », j'ai eu un polar en prime ! Tout commence par l'ouverture de cercueils pour pratiquer des autopsies sur les cadavres de personnes déclarées mortes par accident : Une Vieille femme, un Gamin, un Commis boucher. En effet, des cassettes audio trouvées récemment dans le cadre d'une enquête parallèle laisseraient entendre que ces morts seraient toutes criminelles… Ces cassettes émaneraient du Coupable lui-même, mais celui-ci étant actuellement dans le coma, c'est au Commissaire de faire la lumière sur cette étrange affaire : Est-ce l'oeuvre d'un tueur en série, d'un fou, le hasard des circonstances, ou bien ces victimes étaient-elles liées d'une manière ou d'une autre… ?


*****

L'auteur partage son récit entre 1/ une narration extérieure, 2/ des extraits des cassettes audio - enregistrées par le présumé Coupable - qui s'y dénonce… et 3/ les pensées du Vieux Léon, clochard bourru et solitaire cité dans les cassettes et que le commissaire a donc bouclé comme témoin. C'est en lisant tour à tour ces trois sources d'informations que nous avançons petit à petit sur le chemin noir et tortueux de la vérité, qui nous tiendra en haleine jusqu'à la fin. Pour ceux qui ont lu « Les âmes grises » de Philippe Claudel, vous retrouverez peut-être ici ce genre de narration découpée et la noirceur de l'histoire.


Ce roman aux airs de conte désenchanté nous parle de la solitude et du rôle des apparences dans la société. Mais entre le bon sens paysan du Vieux Léon, et les faits déjantés mais symboliques qui nous seront décrits, il n'est pas dénué d'un certain humour qui le pimente parfaitement. Pour accentuer cette impression, les personnages ne sont pas nommés mais représentés par leurs fonctions ou caractéristiques : L'Emmerdeur (l'enquêteur de l'assurance), la Vieille (la seconde victime), le Commis boucher, le Gamin, le Visiteur ; « le Coupable », dira aussi le Vieux Léon en pensant à son ami… Ou encore, comme l'exprime le titre : « La Bête et la Belle ».


Mais qui sont-ils justement ces deux personnages éponymes ? La Bête est non pas Léon, vieux et sale clochard délaissé par tout le monde, mais le présumé Coupable : honorable professeur à l'ancienne, toujours très propre sur lui et passionné par les trains électriques, que la noirceur intérieure grignote pourtant discrètement mais sûrement. Il est en effet marié à sa Belle, pour qui il n'est jamais assez bien et qui se refuse à lui en préférant rejoindre son amant. Et autant dans le conte de fée original, le doux regard de la Belle rend la Bête plus humaine, autant ici c'est (comme l'illustre le titre inversé) le regard dédaigneux et hautain que pose la Belle sur Le Professeur qui fait ressortir la Bête qui sommeille en lui. L'attitude de sa Belle le rend fou… Jusqu'au jour où la Belle disparaît de la circulation, et où la Bête perd tout contrôle... Mais la Bête est-elle le vrai Coupable ? Et si oui, qui irait suspecter le parfait citoyen alors que le vieux clodo est bien plus louche ?


Si j'ai mis quelques dizaines de pages pour entrer dans le roman, je me suis délectée par la suite de ce conte policier à la fois déjanté et désenchanté mais aussi très bien construit.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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A mi-parcours des années 80's, ou même avant, quelle importance tant l'histoire est intemporelle, dans une banlieue industrielle parisienne, pauvre et délabrée: les trajets borderline, torturés et glauques, violents et parallèles de deux paumés urbains et de quelques protagonistes satellitaires emportés ad patres par la dinguerie assassine d'un mari jaloux et abandonné.

Le lecteur va évoluer au coeur d'un huis clos typique du néo-polar, oppressant et intriguant, jusqu'à l'épilogue final qui va lui offrir (point d'orgue suprême, et je pèse mes mots) une mise en abîme phénoménale.

Le syndrome de Diogène: nul doute, vous en avez entendu parler. Un syndrome psychiatrique qui impose, entre autres, à celui qui le subit de conserver chez lui tous les déchets qu'il produit. La conséquence immédiate est, pour lui, une totale vie de reclus où son hygiène physique et mentale n'est plus qu'un fantôme du passé. Son isolement social est enfin brisé quand les services sociaux interviennent, à moyen ou long terme, lorsque le voisinage commence à percevoir les odeurs induites.

Et là, concernant les héros principaux de "La bête et la belle", c'est la Police, plus que la psychiatrie, qui va prendre en charge les suites à donner à la découverte du dépotoir à ciel fermé. L'appartement, encombré du sol au plafond, ses deux occupants marginalisés, les cadavres qu'on va y trouver, vont être les points de départ d'une enquête étonnante sur une série de meurtres jusqu'alors inexpliqués.

La suite appartient au roman... et n'est pas sans surprises. le lecteur pensera jusqu'aux dernières pages tout maîtriser de l'intrigue en cours et surtout de sa conclusion. Il se trompe: l'épilogue est à double détente. La seconde est implacable et le laissera sur le c**. Thierry Jonquet applique à ses mises en abîme le système à deux lames de certains rasoirs jetables: la deuxième coupe le poil avant qu'il ne se rétracte sous l'assaut de la première.

Roman choral, "La bête et la belle" donne tour à tour la parole aux différents protagonistes. Ces derniers ne possèdent pas vraiment de noms, seuls de banals substantifs les désigne, il y a:
_le Coupable qui, comme dans Columbo, si je peux tenter le rapprochement, est connu d'emblée du lecteur désormais fixé. Il est le propriétaire de l'appartement obstrué, sa femme veut le quitter et ...
_le Vieux Léon, clodo en plein hiver, sale et repoussant, qui va trouver toit, pitance, alcool et amitié dans le tas d'ordures immobilier occupé par le Coupable.
_et Gabelou, seul nommé de son patronyme, flic aux aguets du (ou des) tueur(s) à ferrer.

4 de couverture: "Léon est vieux. Très vieux. Léon est moche. Très moche. Léon est sale. Vraiment très sale ! Léon se tient très mal à table. C'est dans sa nature. C'est triste ? Non. Léon a enfin trouvé un ami, un vrai de vrai ! Seulement voilà, le copain en question est un peu dérangé. Parfois dangereusement. Mais Léon est indulgent envers ses amis. Pas vous ?"

D'autres protagonistes n'interviennent que le temps de finir leurs vies:
_Les victimes donc: la Vieille ("suicidée" au gaz), le Commis-boucher (accident de la route maquillé) , le Gamin...etc

Un autre, enfin, pour mettre de l'huile sur le feu:
_L'Emmerdeur (assureur flaireur d'arnaques à l'assurance).

Pour décrire l'ambiance régnante: nul besoin de mots; se reporter simplement, si vous l'avez déjà supportée jusqu'au bout sans faillir, à celle suintant du film "Série Noire" (1979) d'Alain Corneau avec Patrick Dewaere et Myriam Boyer. C'est glauque à souhait, noir et sans espoir, violent et saignant. C'est un huis clos oppressant et sans issue, tourné en couleurs; mais le noir et blanc bien sombre aurait presque mieux convenu.

Les phrases de Jonquet sont brèves, sans effets littéraires, le propos est essentiellement factuel, sans artifice. Pas de belles phrases. La recherche de l'essentiel prime. Cette manière est totalement volontaire, délibérée. Il en ressort un effet réaliste exacerbé, une déshumanisation presque choquante de la situation, qui pousse le lecteur parfois à l'abandon quand le sinsitre et le malsain le frôlent de trop près. On baigne dans le fait divers sordide. Pas d'empathie; si ce n'est que le final grandiose la restitue et l'exponentialise.

Quelle prouesse d'auteur que celle qui gruge ici le lecteur en le plaçant sur le plan d'une réalité trompeuse, l'amène à se dire qu'il vient de parcourir 181 pages en se faisant mener par le bout du nez ?

Fascinant.
A lire. Absolument. Pour le simple plaisir de se faire berner.

Pour celles et ceux qui connaissent, il existe un équivalent d'auteur en SF, à agir de même, à bluffer, à tromper et à gruger: c'est Christopher Priest. Jonquet en ce domaine n'est pas mal non plus. D'autant que "Mygale", du même, en ces trompe-l'oeil, était déjà très efficace.

Gallimard, éditant la collection "Série Noire", ne s'y était pas trompé en 1985: Jonquet, en insigne honneur remis, s'était vu avec "La bête et la belle" confier le 2000ème titre de la série. C'est dire. D'autant que le roman reçut le Trophée 813" la même année.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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