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EAN : 978B0014VFZ2C
Gallimard Dijon, impr. Darantière (30/11/-1)
4.62/5   4 notes
Résumé :
«Friedrich Hölderlin (1790-1843), sans aucun doute le plus grand poète de l'Allemagne, fut presque ignoré de ses contemporains. En 1797, après plusieurs dépressions, son état mental le conduit à l'internement. En 1807 il est placé dans une petite chambre au-dessus du Neckar, chez un menuisier : il y demeure pendant trente-six ans, écrivant des fragments étranges, puis des pièces immuablement figées, d'un génie sans âge.
Nous avons voulu en 1929, Pierre Klosso... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le cimetière


Silencieux endroit qui verdoies de jeune herbe
Où dorment homme et femme, où les croix sont debout,
Où du dehors conduits arrivent les amis,
Où brillantes d'un verre clair sont les fenêtres.

Lorsque brille sur toi la lueur du haut ciel
De midi, quand le printemps souvent y demeure,
Quand un immatériel nuage là, gris et humide,
Et doucement le jour avec beauté s'enfuit !

Quel silence n'est pas sur la grise muraille
Par-dessus quoi un arbre pend avec ses fruits ;
Avec un noir mouillé de rosée, feuillage de deuil,
Les fruits pourtant sont joliment pressés.
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En bleu adorable



En bleu adorable fleurit, avec

Son toit de métal, le clocher. Alentour

Planent des cris d’hirondelles, et

L’environne le bleu le plus émouvant. Le soleil

Passe bien au-dessus et colore la tôle,

Là-haut, pourtant, dans le vent,

Grince doucement la girouette. Si quelqu’un

Alors descend sous la cloche, descend ces marches,

C’est un tableau paisible, car

Lorsque la silhouette à ce point se détache, la

Plasticité de l’homme ressort avec force.

Les fenêtres d’où s’échappe le son des cloches

Sont comme des portails, à être si belles. Car

Selon la nature tels qu’ils sont encore, ces portails offrent

La semblance d’arbres de la forêt. Or pureté

Est aussi beauté.

Au-dedans, du divers, naît un esprit sérieux

Si simples pourtant sont les images, si

Saintes, que réellement

L’on n’ose souvent les décrire. Mais ceux du ciel

Qui toujours sont bons, tout à la fois, comme les riches,

Ils ont cette vertu et cette joie. L’homme

A le droit d’imiter cela.

Lorsque la vie n’est plus que peine, un homme a-t-il le droit

De lever les yeux et de dire : ainsi

Je veux également être ? Oui. Aussi longtemps que la gentillesse,

La pure, subsiste au cœur, il ne se mesure pas

Pour son malheur, l’homme

A la divinité. Est-il inconnu, Dieu ?

Est-il manifeste comme le ciel ? C’est cela

Plutôt que je crois. C’est la mesure des hommes.

Riche de mérites, certes, mais poétiquement habite

L’homme sur cette terre. Mais plus pure

N’est pas l’ombre de la nuit avec ses étoiles,

Si je ne puis ainsi dire, que

L’homme, qui a nom image du divin.



Y a-t-il sur la terre une mesure ? Il n’en est

Aucune. Certes, ils n’entravent jamais le cours du tonnerre, les mondes

Du créateur. Une fleur aussi est belle, car

Elle fleurit sous le soleil. Il trouve,

L’œil, souvent dans la vie, des êtres qui

Seraient à nommer bien plus beaux

Que les fleurs. Oh ! je le sais bien ! Car

Saigner en sa forme et son cœur et

Ne plus du tout être, cela plaît-il à Dieu ?

Mais l’âme, à ce que je crois, doit

Rester pure, sinon il atteint au Puissant

De son aile, l’aigle, avec un chant de louange

Et la voix de tant d’oiseaux. C’est

L’entité, c’est la forme.

Ô joli ruisselet, tu as l’air émouvant

Lorsque tu roules, aussi clair que

L’œil de la divinité, à travers la Voie Lactée.

Je te connais bien, mais des larmes jaillissent

De l’œil. Une vie allègre je vois

Fleurir autour de moi dans les formes de la création, car

Je ne la compare pas à tort aux colombes solitaires

Dans le cimetière. Mais le rire

Des hommes, il semble m’affliger,

Car c’est que j’ai un cœur.

Aimerais-je être une comète ? Je crois. Car elles ont

La rapidité des oiseaux ; elles fleurissent en feu,

Et sont comme des enfants en pureté. Souhaiter un plus grand,

La nature de l’homme ne peut s’y risquer.

L’allégresse de la vertu mérite aussi d’être louée

Par l’esprit sérieux qui, entre

Les trois colonnes du jardin, souffle.

Une belle adolescente doit couronner sa tête

Avec des fleurs de myrtes, car elle est simple

De par son être et par son sentiment.

Mais des myrtes, il y a en Grèce.



Si quelqu’un regarde dans un miroir, un homme, et

Qu’il y voit son image, comme peinte ; elle ressemble

À l’homme, elle a des yeux, l’image de l’homme, par contre

La lune a sa lumière. Le roi Œdipe a un

Œil de trop, peut-être. Ces souffrances de cet

Homme, elles semblent indescriptibles,

Indicibles, inexprimables. Quand le spectacle

Représente une telle chose, cela vient de là. Mais

Qu’éprouvé-je si maintenant je pense à toi ?

Comme des torrents m’entraîne la fin de quelque chose, tout au loin,

Qui s’étend comme l’Asie. Naturellement,

Cette souffrance, Œdipe la ressent. Naturellement, c’est pour cela.

A-t-il aussi souffert, Hercule ?

Certes. Les Dioscures en leur amitié n’ont-ils pas eux aussi

Supporté des souffrances ? En vérité,

Comme Hercule, lutter avec Dieu, voilà la souffrance. Et

L’immortalité, jalousée par cette vie,

Y avoir sa part est aussi une souffrance.

Toutefois c’est aussi une souffrance quand

De rousseurs un homme est recouvert,

D’une foule de taches être tout recouvert ! Voilà

Ce que fait le beau soleil : en effet,

Il tire tout vers en haut. Les jeunes gens, il les guide sur la route

Avec le charme de ses rayons comme avec des roses.

Les souffrances paraissent telles, celles qu’endura Œdipe, que lorsque

Un pauvre homme se plaint qu’il manque de quelque chose.

Fils de Laïos, pauvre étranger en pays grec !

Vie est mort, et mort aussi est une vie.





Traduit de l’allemand par Julien Hervier

in, « Hölderlin » ( Les Cahiers de l’Herne)

Editions de l’Herne, 1989
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En bleu adorable



En bleu adorable fleurit

Le toit de métal du clocher. Alentour

Plane un cri d’hirondelles, autour

S’étend le bleu le plus touchant. Le soleil

Au-dessus va très haut et colore la tôle,

Mais silencieuse, là-haut, dans le vent,

Chante la girouette. Que quelqu’

Un au-dessous de la cloche, descende les degrés, alors

Le silence sera une vie ; car,

Lorsqu’une figure à ce point se détache, la

Forme aussitôt ressort, de l’homme.

Les fenêtres, d’où les cloches tintent, sont

Comme des portes, par vertu de leur beauté. Oui,

Les portes encore étant de la nature, elles

Sont à l’image des arbres de la forêt. Mais la pureté

Est, elle, beauté aussi.

Du départ, au-dedans, naît un Esprit sévère.

Si simples, sont les images, si saintes,

Que parfois on a peur, à la vérité,



Elles, ici, de les décrire. Mais les Célestes,

Eux-mêmes bienfaisants, du tout, comme riches,

Ont telle retenue, et la joie. L’homme

En cela peut les imiter.

Un homme, quand la vie n’est que fatigue, un homme

Peut-il regarder en haut, et dire : tel

Aussi voudrais-je être ? Oui. Tant que dans son cœur

Dure la bienveillance, toujours pure,

L’homme peut avec le Divin se mesurer

Non sans bonheur. Dieu est-il inconnu ?

Est-il, comme le ciel, évident ? Je le croirais

Plutôt. Telle est la mesure de l’homme.

Riche en mérites, mais poétiquement toujours,

Sur terre habite l’homme. Mais l’ombre

De la nuit avec les étoiles n’est pas plus pure,

Si j’ose le dire, que

L’homme, qu’il faut appeler une image de Dieu.



Est-il sur la terre une mesure ? Il n’en est

Aucune. Jamais monde

Du Créateur n’a suspendu le cours du tonnerre.

Elle-même, une fleur est belle, parce qu’elle

Fleurit sous le soleil. Souvent l’œil

Trouve en cette vie des créatures

Qui seraient bien plus belles, encore, à nommer

Que les fleurs. Oh ! comme je le sais ! Car

À saigner de son corps, et au cœur même, de n’être plus

Entier, Dieu a-t-il plaisir ?

Mais l’âme doit

Demeurer, je le crois, pure, sinon, de la Toute-Puissance avec ses ailes

approchera

L’aigle, avec la louange de son chant

Et la voix de tant d’oiseaux. C’est

L’essence, c’est la forme de l’être.

Joli ruisseau, touchant quand tu parais

Et que tu roules, clair comme

L’œil de la Divinité, par la Voie Lactée,

Comme je te connais ! Des larmes, cependant,

Sourdent de l’œil. Une vie allègre, je la vois dans les formes mêmes

De la création alentour de moi fleurir, car

Sans erreur je la compare à des colombes seules

Parmi les tombes. Le rire,

On le dirait, m’afflige cependant, des hommes,

Car j’ai un cœur.

Voudrais-je être une comète ? je le crois. Parce qu’elles ont

La rapidité de l’oiseau ; elles fleurissent de feu,

Et sont dans leur pureté pareilles à l’enfant. Souhaiter un bien plus grand,

La nature de l’homme ne peut en présumer.

L’allégresse d’une telle retenue mérite elle aussi d’être louée

Par l’Esprit, sévère, qui d’entre

Les trois colonnes souffle, du jardin.

Une fille aimable doit couronner son front

De fleur de myrte, parce qu’elle est simple

Par essence, et, de sentiments.

Mais les myrtes sont en Grèce.



Que quelqu’un voie dans le miroir, un homme,

Voie son image alors, comme peinte, elle ressemble

À un tel homme. L’image de l’homme a des yeux, mais

La lune, elle, de la lumière. Le roi Œdipe a un

Œil en trop, peut-être. Ces douleurs, et

D’un homme tel, ont l’air indescriptibles,

Inexprimables, indicibles. Lorsque la pièce



A pu produire une chose pareille, du coup la voilà. Mais

De moi, maintenant, qu’advient-il, que je songe à toi ?

Comme des ruisseaux m’emportent la fin de quelque chose, là,

Et qui se déploie comme l’Asie. Cette douleur,

Naturellement, Œdipe la connaît. Pour cela, oui, naturellement.

Hercule a-t-il aussi souffert, lui ?

Certes. Les Dioscures dans leur amitié n’ont-ils pas,

Eux, supporté aussi une douleur ? Oui,

Lutter, comme Hercule, avec Dieu, c’est là une douleur. Mais

Être de ce qui ne meurt pas, et que la vie jalouse,

Est aussi une douleur.

Douleur aussi, cependant, lorsque l’été

Un homme est couvert de rousseurs —

Être de la tête aux pieds couvert de maintes taches ! Tel

Est le travail du beau soleil ; car

Il appelle toute chose à sa fin. Jeunes, il éclaire la route aux vivants,

Du charme de ses rayons, comme avec des roses.

Telles douleurs, elles paraissent, qu’Œdipe a supportées,

D’un homme, le pauvre, qui se plaint de quelque chose.

Fils de Laïus, pauvre étranger en Grèce !

Vivre est une mort, et la mort est aussi une vie.





Traduit de l’allemand par André du Bouchet

in, « Hölderlin » ( Les Cahiers de l’Herne)

Editions de l’Herne, 1989
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Moitié de la vie



Suspendue avec des poires jaunes
Remplie de roses sauvages,
La terre sur le lac.
Et vous merveilleux cygnes ivres de baisers
Trempez la tête dans l’eau saint et sobre.

Malheur à moi ! où les prendrai-je moi
Quand ce sera l’hiver, les roses ?
Où le miroir du soleil
Avec les ombres de la terre ?
Les murs s’élèvent sans parole et froids
Et les enseignes grincent dans le vent.


/ Traduit de l’allemand par Pierre Jean Jouve et Pierre Klossowski
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TINIAN

Agréable d’errer
Dans le désert sacré.
Et aux mamelles de la louve, ô bon esprit,
Aux eaux, qui par la terre natale,

Errent autrefois sauvages,
Maintenant apprivoisées, de boire
Comme l’enfant trouvé ;
Pendant le printemps, quand dans le fond chaud
Du bois revenant les ailes étrangères
Le jour se reposant en la solitude,
Et à l’arbuste de palmier
Avec les oiseaux de l’été
Se rassemblent les abeilles,

Car il y a des fleurs
Non poussées de la terre,
Elles grandissent de soi-même du sol vide,
Un reflet, et ce n’est pas heureux
De cueillir ces fleurs-là,
Déjà dorées elles se tiennent fleurs décharnées
Pareilles aux pensées

Construire aimerais
Et nouvellement élever
De Theseus le temple et les stades
Et où Périklès habitait

Mais il manque l’argent, car on a trop
Dépensé aujourd’hui. Des hôtes avais-
je invités et assis étions ensemble

Narcisses renoncules et
Seringa venu de Perse
Œillets, et enfilées
Les fleurs couleur de perle
Et noires et jacinthes
Comme lorsque ça sent au lieu de musique
De l’entrée, là, où les mauvaises pensées,
mon Fils
Aimants ils doivent s’en aller oublier
Les rapports et cette vie
De Christophe le Dragon
ressemble à la Nature
Poussée Pouvoir Pensée
.
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Videos de Friedrich Hölderlin (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Friedrich Hölderlin
Chaque mois, un grand nom de la littérature contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'écrivain Stefan Hertmans est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Rencontre animée par Cécile Bidault, productrice chez France Culture
QUI EST STEFAN HERTMANS ? Stefan Hertmans, né à Gand en 1951, a publié plusieurs recueils de poésie, des essais et des romans. Son oeuvre poétique a été récompensée par le prix triennal de la Communauté flamande. Son roman Guerre et Térébenthine, traduit dans vingt-quatre langues, a été nommé pour le Man Booker International Prize. Il a publié tous ses romans aux éditions Gallimard, dont Une ascension en janvier 2022. Dans la collection « Arcades » paraît également en mai 2022 Poétique du silence, un volume regroupant quatre essais de Stefan Hertmans sur la modernité poétique dans ses rapports au langage et au mutisme, concentré de ses réflexions sur les oeuvres de Hölderlin, de Paul Celan et De W.G. Sebald notamment.
En savoir plus sur les masterclasses littéraires : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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