La poésie mélancolique qui empreint cette série m'a étreinte jusqu'à sa dernière page et c'est avec une émotion sincère que je referme cette lecture.
Pourtant, on ne peut pas dire que Yuhki Kawatani brille par sa narration ici. C'est plutôt assez linéaire et parfois assez brumeux, voire cela va trop vite dans cet ultime opus et pourtant j'en viens à tout lui pardonner, parce que j'aime le ton décalé et mélancolique, parce que j'aime les dessins poétiques, parce que l'émotion des personnages m'étreint moi-même sur ces questions intimes et universelles.
L'autrice nous a embarqué au cours d'un poignant road-trip morbide où ses trois héros ne souhaitaient qu'une chose : mourir, l'un parce qu'on était en train de l'oublier et les autres parce qu'ils avaient trop de souvenir leur faisant du mal. C'est ce rapport à la vie, à la mort, à l'individualité et à l'amitié qu'interroge l'autrice avec brio. Elle fait preuve de douceur, de sensibilité et d'un regard neuf ou plutôt totalement vierge sur la question, s'ouvrant ainsi à tous les champs du possible.
Impossible de ne pas craquer devant ce héros millénaire qu'est Yamato quand on découvre son passé avec le dieu, Hani, qu'il sert depuis si longtemps. Plus facile c'est de résister quand l'autrice plaque sur son personnage un modèle digne des Paroles de poilus. Ça ne m'a pas fait vibrer comme le reste et j'ai trouvé cela un peu artificiel à cause de la façon brutale dont s'est incorporé au récit. C'est tout le contraire de la douce fragilité des liens Yamato – Hani qui seront notre fil conducteur final et toucheront par l'éphémérité durable dont elle témoigne.
Cette vision de la mort, teinté de divinité et croyance ne pouvait que me plaire par son rappel à la culture bouddhiste japonaise quand il s'agit de se moment charnière de la vie. Yuhki Kawatani le met en scène avec tellement de poésie avec ses dessins lumineux et virevoltant faisant la part belle au folklore japonais. C'est lumineux et plein d'émotion.
Alors oui, ça parle de peur de la mort, de l'après mais surtout peur de l'oubli et tragédie de la mémoire. Et chacun des deux aspects saisi, que ce soit la peur d'être oublié ou la douleur de se rappeler de quelque chose qui a changé et présente un manque. Pas besoin de longs discours chez l'autrice, elle sait trouver l'art et la manière de conter cela en peu de cases pour nous émouvoir.
Ce n'est donc pas sans émotion que j'ai mis un terme à ce voyage au dénouement plein de surprise et d'émotion. C'est beau de voyager avec ses personnages. C'était tendrement amusant de les rencontrer et de faire un bout de chemin avec eux. Ce fut donc bref mais chargé en émotion et décidément je signe pour chaque série de cette autrice tant son univers et son ton me séduit. Merci à Akata de la suivre d'aussi près !
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