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EAN : 9782021369724
384 pages
Seuil (13/09/2018)
3.47/5   18 notes
Résumé :
Printemps 1961 : Simon, venu des Etats-Unis, atterrit à Moscou, pour retrouver son frère Frank qu'il n'a pas vu depuis douze ans. Celui-ci a rejoint par conviction les services secrets soviétiques après la guerre d'Espagne, puis est passé à l'Est.
Espion renommé, il fascine toujours la presse étrangère, et Simon, devenu éditeur, vient mettre la dernière touche à la publication de ses mémoires, un gros coup. Qui, en pleine guerre froide, fait craindre des rév... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« _ Ce bouquin, il s'appelle Ma vie secrète, si toutefois on garde ce titre. Et cette vie, elle commence en Espagne. C'est là que ça a commencé. Ce qui se passe avant n'a aucune importance.
_ Alors un quart de tour, et tu es un espion russe.
_ Un espion ! Ca, c'est quelqu'un qui regarde par les trous de serrure. Comme un détective privé. J'étais un agent. du Parti. du Service. Et je le suis toujours. C'est si difficile que ça à comprendre ?
_ Ce serait plus facile pour les lecteurs si tu leur disais qui tu étais avant et pourquoi tout s'est mis en place en Espagne. »
Joseph Kanon, au meilleur de sa forme, nous conte l'histoire de ces deux frères qui s'aimaient. Deux frères ayant, après de brillantes études, travaillé tous les deux pour le gouvernement américain, Simon aux Affaires Etrangères et Franck dans les Services secrets. En 1949, lorsque Franck file à Moscou (comme les célèbres Burgess et Philby en 51), Simon découvre, stupéfait, amer et trahi, qu'étant le frère d'un espion soviétique sa carrière diplomatique est terminée. le voici donc recasé à la tête de la maison d'édition familiale de son épouse.
Douze ans plus tard, l'exilé de Moscou vient d'écrire ses mémoires et les propose à son frère avec l'aval du KGB. L'occasion pour Simon D ajouter, au coup éditorial garanti, la possibilité de parler une dernière fois à son frère et, peut-être, de comprendre enfin ce traître qu'il aimait tant et qu'il aime peut-être encore, qui sait ?
Suspens psychologique garanti, surprises également car, dans le monde de l'espionnage, rien n'est jamais simple. Simon découvre, dans le Moscou de Khrouchtchev, un frère colonel du KGB, une belle-soeur noyant son chagrin dans l'alcool, le petit cercle des espions anglais (Burgess, Maclean) et l'omniprésence du soupçon et des faux-semblants.
Et si, un peu comme dans L'Ultime Trahison, le héros de l'Union soviétique, couvert d'honneurs et d'avantages, avait eu un autre but que celui de faire publier ses mémoires et de revoir son frère ? Cela pourrait faire un excellent roman, surprenant et haletant jusqu'au dénouement final. Je n'en dis pas plus. Je confirme que les promesses sont tenues, que les personnages ne sont pas tous ce qu'ils semblent être et que les cent-cinquante dernières pages se lisent d'une seule traite tant le lecteur passe d'interrogations en surprises en découvrant que dans ce jeu du chat et de la souris, l'issue n'a rien d'évidente.
Un grand merci à Babelio et au Seuil pour m'avoir permis de découvrir ce tout nouveau Joseph Kanon grâce à Masse Critique.
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En pleine guerre froide, un éditeur américain vient en URSS pour peaufiner l'autobiographie de son frère, ex-agent de la CIA, réfugié comme transfuge, en qualité d'espion au service du KGB.

Voici qui me sort de mes habitudes de lecture. Je suis peu affûtée en thématique espionnage et par manque de comparaison, j'ai du mal à me faire une idée qualitative de celui-ci.

Un premier point positif concerne la compréhension de l'intrigue car à tort ou à raison, les thrillers d'espionnage me semblent souvent assez compliqués. Ce n'est pas le cas ici où la fiction se résume à quelques jours, ne laissant que peu de place à l'action pure pour se centrer sur la psychologie.

Il convient néanmoins de se resituer dans l'époque où deux grands blocs s'affrontaient sur la scène internationale et où historiquement, des disparitions de diplomates ou de taupes au service du KGB avaient fait grand bruit.

C'est donc un aperçu fascinant de la vie derrière le Rideau de fer, doublé d'une approche du quotidien d'hommes et de femmes accueillis en VIP pour services rendus mais pour autant toujours marginalisés dans la société soviétique.

L'intrigue se noue en double jeu dangereux, entre désillusions, défiance et désenchantement. le contexte familial des protagonistes ajoute une donnée de compréhension sur les circonstances qui ont conduit aux engagements idéologiques opposés, et un éclairage sur la théorie du communisme et sa réalité.

Globalement une très agréable lecture qui restitue une époque paranoïaque proche de l'excellente série The Américans
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Simon et Franck sont deux frères, américains, qui ont travaillé pour l'OSS pendant la guerre et se retrouvent naturellement à la CIA en 1945. Mais Franck est un agent double. Il est recruté par les Russes et exfiltré avec sa femme. Simon devient alors persona non grata au sein de la CIA, il quitte ses fonctions et devient éditeur.

Des années plus tard, Franck veut écrire ses mémoires et les faire éditer aux Etats-Unis par son frère. Simon est donc invité par les Russes, pour travailler avec Franck sur le manuscrit. Il n'a pas revu ni eu de nouvelles de son frère depuis que ce dernier est parti à l'est. Comment cette rencontre va-t-elle se passer, que lui veut réellement Franck qui n'a pas hésité à trahir son pays et sa famille ?

Nous nous retrouvons donc transportés de l'autre côté du rideau de fer, dans un Moscou des années 60, à suivre un pur Américain venu retrouver son frère. Sa femme est malheureuse, elle boit, se sent seule. La vie d'espion qui ne peut plus être sur le terrain est ennuyeuse, ils sont constamment surveillés, ne peuvent pas rencontrer n'importe qui, faire ce qu'ils veulent. Simon découvre la nouvelle vie de son frère entouré exclusivement d'autres espions ayant également trahi leur pays. Mais il s'interroge, que fait-il réellement là, quelles sont les véritables motivations de Franck, à quoi va-t-il le mêler ? Nous sommes plongés dans une atmosphère de suspicion et de paranoïa : qui ment à qui, qui manipule qui, quel complot est fomenté par qui ? La trahison pour ces agents exfiltrés est aussi naturelle que de respirer, aucun n'est transparent, tous cachent leurs véritables motivations, leur ego prenant le pas sur leur honnêteté.

Simon, et nous par extension, sommes remplis de doutes, de tension, de suspense silencieux, qui avance lentement accentuant ainsi une ambiance lourde, pleine de faux semblants, on devient claustrophobe dans ce Moscou écrasant.
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Les deux héros du roman sont 2 frères issus de la bonne société de Washington, Franck l'aîné est passé à l'Est après la Guerre d'Espagne à laquelle il a participée. Il est devenu un des pontes du KGB. le second, Simon est éditeur après avoir été lui aussi, espion, pour le compte des Etats-Unis dans sa jeunesse. Simon est venu voir son frère après 12 ans de séparation, pour apporter la dernière touche à un ouvrage de souvenirs de son frère Franck qu'il veut faire paraître prochainement. Ce sera une bombe littéraire puisque la défection de Franck pour l'ennemi communiste avait fait grand bruit. le narrateur est Simon et à lire on ne sait pas qui est le plus tordu des deux et surtout, si il est toujours en mission pour les services secrets des USA. Il y a bien sûr une femme, Joanna, épouse de Franck qui a passé le rideau de fer par solidarité avec son mari. Elle eut pour amant d'une nuit son jeune beau-frère Simon, qui en garde depuis un souvenir ému.
Autour des héros gravitent des transfuges de l'Ouest qui mène une vie plus ou moins glauque et confortable entièrement dépendants du pouvoir pour vivre, en remerciement de leur trahison.
C'est un roman bien ficelé, bien écrit qui maintient le lecteur dans l'ambigüité jusqu'au bout. Il s'agit de la description subtile des rapports entre deux frères et de ce qui les lie malgré les années et les choix de vie que chacun a fait.
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1961 : Simon, un éditeur américain, se rend à Moscou retrouver son frère, Franck, qu'il n'a plus revu depuis douze ans lorsque ce dernier est passé à l'est après avoir trahi son pays par conviction. Franck est en train d'écrire ses mémoires et espère être publié aux USA par son frère. Mais est-ce la vraie raison ? Franck cherche-t-il autre chose que la seule publication de son livre ? Commence alors un véritable jeu du chat et de la souris dans un pays hyper-surveillé, au milieu de trahisons, de secrets et de paranoïa, d'autant que Franck est entouré d'autres anciens espions occidentaux passés à l'est comme lui, plus ou moins bien intégrés dans leur nouveau monde.
J'ai adoré ce livre (qui fait bien entendu pensé au "maître" John le Carré), avec ses dialogues ciselés, ses rebondissements et son suspens qui va crescendo. On ne connaitra pas jusqu'à la fin les vrais objectifs de Franck, personnage fascinant, manipulateur, beau-parleur et néanmoins attirant. Qui manipule qui ? Qui va s'en sortir ?
J'avoue que je ne connaissais pas cet auteur et je vais de ce pas me ruer sur ses autres bouquins.
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critiques presse (1)
Liberation
23 novembre 2018
Joseph Kanon est en passe de devenir un maître du roman d’espionnage. On lui doit L’ami allemand (Belfond, 2003) [...] Chaque fois, l’intrigue est tenue et les personnages incroyablement vivants. Pages d’histoire autant que roman noir.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ils étaient presque sur la place quand Franck lui signala une maison de deux étages sur leur gauche. Le crépi rose était un peu passé, l'entrée se faisait sur le côté, par une grille.
"Regarde. La maison de Tchekhov. C'est là qu'il recevait ses patients. Il n'en reste pas grand chose, mais c'est bien sa maison, donc ils ne la démoliront pas pour mettre autre chose à la place."
Ils bifurquèrent dans Malaïa Nikitakaïa et allèrent jusqu'au coin suivant. Une autre maison, bleu pâle cette fois, en partie dissimulée derrière un haut mur.
" La maison de Beria. On dit que c'est là qu'il amenait les petites filles. Huit ans. Neuf ans. Personne ne disait rien. C'est à se demander si les voisins entendaient quelque chose... Tu te rends compte ? Tchekhov, Beria. A deux rues l'un de l'autre. Impossible de voir ça ailleurs.
_ Ailleurs, il n'y aurait pas de Beria.
_ Mais si, lui renvoya Franck calmement. Il existe des tas de variations sur ce thème. Il a simplement eu une carrière plus longue que la plupart des autres. Un monstre. Mais c'est lui qui a fait la bombe que voulait Staline."
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Simon regarda la Loubianka. Un immeuble de bureaux de l'époque des tsars avec une façade jaune. Une statue se dressait au milieu de la place, des camions progressaient lentement tout autour. Pas de voiture noire devant le portail, pas de cris en provenance du sous-sol. Des tuyaux d'arrosage pour laver le sang sur les murs. Des milliers de gens. D'autres à venir.
"C'était une compagnie d'assurances dans le temps. Les assurances Rossya. La prison s'y est installée dans les années trente." Un signe de tête en direction de la statue. "Djerjinski, le père fondateur. Et regardez là-bas, maintenant. Detsky Mir. Le plus grand magasin de jouets de toute la Russie. Les enfants adorent y aller...Vous savez, ils ne sont pas très sensible à l'ironie, ici. Ca va bien pour le magasin, parce qu'il n'est pas vraiment là." Il venait de montrer le bâtiment du KGB. "Il n'existe pas. Rien de tout cela n'est arrivé. Parce que si c'était le cas, si on commençait à le voir... Alors personne ne voit rien. C'est juste un vieil homme bien gentil qui regarde jouer les enfants. Des millions de gens ont disparu et personne ne les a vus partir. C'est comme ça dans ce pays. Les choses n'existent pas, même quand on les a sous les yeux. Alors il en a pensé quoi Soames, de tout ça ? Et Weeks, ou n'importe lequel d'entre eux ? Quand ils ont compris pour qui ils travaillaient. Voilà ce que je voudrais savoir."
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"_ Vous avez entendu déjà parler de ce qui s'est passé à Albuquerque ?
_ Saul...
_ Très détendue. Elle a les papiers dans son sac à main, les papiers les plus précieux du monde à ce moment-là, et quand elle arrive à la gare ils fouillent les bagages. Carte d'identité et tout le bazar. Pourquoi à ce moment-là ? Personne n'en sait rien. Peut-être juste la routine. Mais elle doit monter dans ce train. Comme il y a beaucoup de soleil, elle porte un chapeau. Elle l'enlève et glisse les papiers dedans, sous le ruban intérieur. Et au moment où elle arrive devant le garde de la police militaire elle lui tend son chapeau en lui demandant s'il veut bien le tenir pendant qu'elle ouvre son sac pour lui présenter sa carte d'identité. C'est lui qui a les plans entre ses mains pendant qu'elle cherche ses papiers. Après ça, merci beaucoup, reprenez votre chapeau madame, et elle monte dans le train. Pas mal, non ? Et tout ça sans ciller. Rien."
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"_ Il est tellement heureux que vous êtes là. Son frère. Vous étiez proches ?
_ Oui."
Déjeuners au Harvey's. "Il se passe quoi aux Affaires étrangères ?". "Chez vous, qui est-ce qui va à la conférence ?" Et il leur répétait tout dans ses rapports. Oui, proches, on peut le dire.
"_ Il s'est porté garant pour vous.
_ Garant pour moi ?
_ Auprès du Service. Quand il a fait demande pour votre venue. Alors c'est important, vous comprenez, rien de suspect vous concernant. Même une promenade innocente...
_ Garant pour moi, comment cela ?
_ Votre raison pour venir. Le travail éditorial.
_ Pourquoi est-ce que je serais venu sinon ?"
Vassilchikov haussa les épaules.
"_ Vous êtes dans l'OSS, oui ? Parfois un agent est réactivé. Quand l'occasion se présente. Le camarade Weeks était agent précieux. Peut-être le plus précieux. Un grand problème pour les Américains.
_ Ils croient que je suis là pour le buter ? demanda Simon, prêt à éclater de rire. Je suis ici pour le rendre célèbre." Puis, à moitié pour lui-même : "Je ne suis toujours pas sûr de savoir pourquoi, d'ailleurs.
_ Des frères, lui dit Vassilchikov très vite. Le camarade Weeks était sûr que vous viendriez..."
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Il tourna la tête en direction des étoiles rouges au sommet des tours du Kremlin. Un espace magnifique pour les défilés. Là, on pouvait parler sans avoir besoin d'ouvrir les robinets. En file indienne pour voir "Le Corps" comme disait Gareth. Surveillés. Ecoutés. En prison dans ce vaste panoptique victorien, tellement immense que l'on n'avait guère conscience d'être à l'intérieur. Mais en continuant à avancer on sortait de la place et, sans jamais s'arrêter dans l'immense étendue de terrain plat, on refaisait en sens inverse le même parcours, jusqu'au moment où l'on arrivait aux limites visibles, les barbelés, les chiens d'attaque et les miradors. Aucune étoile rouge ne brillait dans ces endroits-là. Pas moyen de prétendre que l'on vous surveillait pour votre bien. Un regard aux barbelés et on comprenait. Il sentit sa poitrine se serrer. Il pouvait quitter l'hôtel et retourner à Vnoukovo, passer en avion au-dessus des barbelés. Mais Franck et Jo... "C'est ici que nous sommes", lui avait dit Franck. Une condamnation à perpétuité.
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