« _ Ce bouquin, il s'appelle Ma vie secrète, si toutefois on garde ce titre. Et cette vie, elle commence en Espagne. C'est là que ça a commencé. Ce qui se passe avant n'a aucune importance.
_ Alors un quart de tour, et tu es un espion russe.
_ Un espion ! Ca, c'est quelqu'un qui regarde par les trous de serrure. Comme un détective privé. J'étais un agent. du Parti. du Service. Et je le suis toujours. C'est si difficile que ça à comprendre ?
_ Ce serait plus facile pour les lecteurs si tu leur disais qui tu étais avant et pourquoi tout s'est mis en place en Espagne. »
Joseph Kanon, au meilleur de sa forme, nous conte l'histoire de ces deux frères qui s'aimaient. Deux frères ayant, après de brillantes études, travaillé tous les deux pour le gouvernement américain, Simon aux Affaires Etrangères et Franck dans les Services secrets. En 1949, lorsque Franck file à Moscou (comme les célèbres Burgess et Philby en 51), Simon découvre, stupéfait, amer et trahi, qu'étant le frère d'un espion soviétique sa carrière diplomatique est terminée. le voici donc recasé à la tête de la maison d'édition familiale de son épouse.
Douze ans plus tard, l'exilé de Moscou vient d'écrire ses mémoires et les propose à son frère avec l'aval du KGB. L'occasion pour
Simon D ajouter, au coup éditorial garanti, la possibilité de parler une dernière fois à son frère et, peut-être, de comprendre enfin ce traître qu'il aimait tant et qu'il aime peut-être encore, qui sait ?
Suspens psychologique garanti, surprises également car, dans le monde de l'espionnage, rien n'est jamais simple. Simon découvre, dans le Moscou de Khrouchtchev, un frère colonel du KGB, une belle-soeur noyant son chagrin dans l'alcool, le petit cercle des espions anglais (Burgess, Maclean) et l'omniprésence du soupçon et des faux-semblants.
Et si, un peu comme dans
L'Ultime Trahison, le héros de l'Union soviétique, couvert d'honneurs et d'avantages, avait eu un autre but que celui de faire publier ses mémoires et de revoir son frère ? Cela pourrait faire un excellent roman, surprenant et haletant jusqu'au dénouement final. Je n'en dis pas plus. Je confirme que les promesses sont tenues, que les personnages ne sont pas tous ce qu'ils semblent être et que les cent-cinquante dernières pages se lisent d'une seule traite tant le lecteur passe d'interrogations en surprises en découvrant que dans ce jeu du chat et de la souris, l'issue n'a rien d'évidente.
Un grand merci à Babelio et au Seuil pour m'avoir permis de découvrir ce tout nouveau
Joseph Kanon grâce à Masse Critique.