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EAN : 9782882506016
192 pages
Noir sur blanc (05/03/2020)
3.43/5   7 notes
Résumé :
Le Châtiment de Prométhée et autres fariboles se compose de 29 récits, écrits entre 1920 et 1938, qui réinterprètent, avec beaucoup de malice et d'intelligence, les grandes thématiques bibliques et historiques.
« Je me sens plus de sympathie pour les gens que pour leurs vérités », déclare Pilate à Joseph d'Arimathie - reprenant par là le credo philosophique de Capek lui-même. Le plus récent de ces récits, « La mort d'Archimède », écrit en 1938, relate le ref... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ces courtes nouvelles font appel à de grandes figures de l'Histoire et des mythes, détournées sur le mode burlesque. La forme du dialogue est privilégiée, et les descriptions sont minimalistes, si bien que ces « fariboles » s'apparentent à des saynètes. Voilà de quoi satisfaire Hamlet, qui fait un passage dans ce recueil et songe à tout plaquer pour devenir comédien, tout en se demandant si être artiste, c'est être (ou ne pas être) proactif contre le tyran qui a usurpé le trône de son père. Sans doute faut-il lire là-dedans un questionnement du rôle politique de l'écrivain, car Čapek rédige une bonne partie de ces textes dans les années 1930, alors qu'un autre tyran accédait au pouvoir en Allemagne. L'une des dernières « fariboles », parue en 1937 s'intitule « Alexandre le Grand », et met en scène la mégalomanie expansionniste du roi grec, trouvant ainsi un prolongement évident dans ce qui attendait la République Tchèque, dépossédée de ses Sudètes l'année suivante. Année 1938 où Čapek, dans « La mort d'Archimède », anticipe également le sort que les nazis avaient prévu pour lui, à l'image de tous les intellectuels ne souhaitant pas faire de compromis avec ceux qui veulent dominer le monde. Ces conquérants ne sont finalement que des enfants jouant à des jeux de guerre, comme le révèle Napoléon dans la faribole qui clôt le recueil. Et Dino Buzzati ne dira pas le contraire plus tard, avec sa nouvelle sur « Dolfi ».

Dans ces histoires intemporelles, qui mettent en perspective l'actualité angoissante de l'époque, Čapek ridiculise ainsi les travers puérils des adultes. Mais pas uniquement sous la forme que je viens d'évoquer, car tout y passe : jalousie de politiciens grecs face au don du feu à l'humanité par Prométhée, mesquinerie de Marthe voulant faire honte à sa soeur d'écouter Jésus lui parler (alors qu'aucune tâche domestique "nécessaire" à l'accueil de ce dernier n'a été accomplie), dogmatisme des vieux hommes des cavernes atterrés de voir les jeunes abandonner le travail de la pierre pour celui de l'os (signe irréfutable du déclin de la civilisation), lâcheté d'un Lazare ayant trop peur de mourir une seconde fois pour sortir de chez lui, égoïsme de Dioclétien qui utilise la raison d'État pour refuser de prendre au sérieux le point de vue des autres. Et cetera. L'humanité est ici une grande et méchante enfant… que Čapek ne peut s'empêcher de trouver attachante, à l'image du juste de Sodome qui préfère rester aux côtés de ses semblables, car il leur doit tout ce qu'il est. Avec le grec Agathon, Čapek critique l'intelligence (égoïste) et la raison (insensible) pour se placer du côté de la sagesse, qui prend chez lui la forme d'un humanisme iconoclaste : « j'aime mieux les hommes que leurs idées ». Sa philosophie relativiste s'appuie sur la fameuse question de Pilate à Joseph d'Arimatie « qu'est-ce-que la vérité ? », et nous invite à étendre figurativement le monde (par la fiction, par exemple) afin que chacune de nos réponses à cette question trouve la place de s'épanouir.
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29 courtes nouvelles ,29 excursions dans les mythes et l'histoire ,un casting d'enfer (Alexandre le Grand, Archimède, Loth ,Pilate, Dioclétien, Hamlet, Napoléon) , du beau monde mais aussi Jeannot le Cro-Magnon , Lucius dit Macer , soldat de César, un boulanger de Judée. Chaque nouvelle décentre notre regard de l'évènement « historique » vers une autre manière de le voir (le boulanger se plaint qu'en multipliant les pains Jésus va le mettre au chômage , le Cro-magnon regrette le bon vieux temps du silex ) , le héros ou le puissant révèle ses failles ( Hamlet se demande « être ou ne pas être comédien », Napoléon doute de lui-même..) .De l'humour subtil et savant mais aussi un reflet du monde des années 30 et de ses angoisses :procès politiques (« le châtiment de Prométhée »,complotisme (Thersite) ,menaces d'invasion ou de guerre ( « La mort d'Archimède ») recherche de boucs émissaires ( « Attila ») , fake news ( « Ophir », « Romeo et Juliette ») . Et ces angoisses-là sont aussi les nôtres . Capek fait le choix de l'humain contre la loi des dieux (« le Pseudo-Loth ») même si il ne méconnaît pas la mesquinerie et la vilénie de l'individu (« Iconoclasme ») . C'est remarquable de lucidité et d'intelligence.
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Karel Capek a signé, dans les années 1930, un ensemble de vingt-neuf histoires empreintes de son regard amusé sur la vie: il a "revisité", comme un cuisinier revisite des spécialités connues, un certain nombre de légendes, mythes, ou récits des évangiles ou de l'Histoire, afin de les faire revivre à sa façon, de porter un sourire sur ces épisodes.
Le résultat est plutôt inégal selon ses "fariboles", comme il les nomme lui-même. Certaines sont plaisantes à lire, elles nous rendent ces faits plus humains et les démystifient. D'autres me semblent plus embrouillées, comme si Capek s'était cherché. Néanmoins j'ai retenu de ce "châtiment de Prométhée et autres fariboles" quelque chose de plaisant à lire, sans que ce soit époustouflant, juste de bons moments. J'ai noté ici la patte d'un poète autant que celle d'un conteur marqué d'anticonformisme.
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« le châtiment de Prométhée et autres fariboles » de Karel Čapek. On trouve ici un ensemble de nouvelles joyeusement anachroniques, ironiques, sarcastiques sans jamais être cruelles ni idiotes. Il faut une solide culture classique pour apprécier pleinement cet ouvrage, sans la connaissance des mythes originels, on perd beaucoup du sel de l'écriture. le style est fluide, la traduction impeccable... pour faire un parallèle, il s'agirait de court-métrages d'époque dialogués par Audiard, vous voyez le genre ? de plus, le regard sur les travers humains est d'une actualité mordante... un gros coup de ♥️ pour moi.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Mon chez Hippodamos, fit Thersite, Il semble que tu n’y voies pas très clair dans tout ça. Si nous, les Hélènes, nous faisons la guerre, c’est premièrement pour que ce vieux renard d’Agamemnon puisse ramasser du butin à pleins sacs ; deuxièmement, pour que ce gandin d’Achille puisse satisfaire son ambition effrénée ; troisièmement, pour que cette canaille d’Ulysse puisse nous rogner sur les fournitures de guerre ; et, finalement, pour qu’un vieux chanteur de foire, un dénommé Homère, ou je ne sais au juste comment s’appelle ce vagabond, se laisse soudoyer avec quelques misérables deniers pour chanter la gloire des plus grands traîtres de la nation grecque, tout en couvrant de honte, s’il ne les passe pas carrément sous silence, les vrais, les modestes, les dévoués héros achéens que vous êtes. Voilà toute la vérité, Hippodamos. »
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L'intelligence est ordinairement cruelle, malveillante et égoïste; elle recherche chez le voisin son point faible et se fait fort de l'exploiter à son avantage; elle mène au succès.
La raison est souvent dure envers l'homme, mais elle est juste dans ses desseins; elle recherche l'intérêt général; si elle découvre chez le voisin un point faible ou peu développé, elle s'efforce d'éliminer ce manque par l'enseignement ou la discipline; elle conduit à la réforme.
La sagesse ne peut être dure, car elle est toute bienveillance et sympathie; elle ne recherche même plus l'intérêt général, car elle est trop attachée aux hommes pour pouvoir s'attacher à quelque autre dessein; si elle découvre la faiblesse ou la misère du voisin, elle lui octroie son pardon et son amour; elle conduit à l'harmonie.
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Je vous dis, qu'il rende la santé , qu'il ressuscite les morts au besoin,,je n'ai rien contre cela. Mais ce qu'il a fait avec ces cinq pains ,ça , il n'aurait pas dû.En tant que boulanger , je puis vous affirmer qu'il a fait ainsi un tort énorme aux boulangers.
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