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EAN : 9782218943317
96 pages
Hatier (18/08/2010)
3.81/5   13 notes
Résumé :

Cinq histoires savoureuses et étrangement inquiétantes qui racontent les difficultés des hommes à vivre ensemble, l'injustice sociale et la mort inévitable des uns comme des autres.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est la première fois qu'un opuscule de la collection "Classiques & Cie Collège" des Éditions Hatier m'est tombé entre les mains et j'ai été émerveillé par la grande valeur didactique et la beauté de la présentation de cette collection.
Je suis content que ma grande admiration pour l'oeuvre de Dino Buzzati m'a fait découvrir cette série d'Hatier.

Si au fil du temps, il m'est arrivé de lire la plupart des romans de l'auteur, certains comme "Le Désert des Tartares" à plusieurs reprises, en revanche les nouvelles de Dino Buzzati (1906-1972) me sont nettement moins familières.

Le présent fascicule en propose 5, dont "Le veston ensorcelé" ("La giacca stregata"), qui fait partie du fameux recueil "Le K" sorti en Italie en 1966, est probablement la plus célèbre.
Un conte fantastique autour du mythe de gain facile et de la cupidité des hommes. Une variété du pacte avec le Diable, comme le Faust de Goethe, en à peine 10 pages !

Avec la nouvelle "Douce Nuit", nous passons du fantastique à l'étrange. Tandis que Carlo et Maria se préparent à une douce nuit dans leur demeure, dans le jardin environnant, insectes et animaux se battent pour survivre...

Dans la seconde nouvelle "L'Oeuf", un petit incident dégénère en un conflit qui s'élève jusqu'au niveau du secrétaire général de l'ONU. Nous sommes à nouveau dans le domaine du fantastique et d'inégalités sociales, à partir d'un oeuf de Pâques qui est refusé à la petite Antonella de 4 ans et de souche modeste, qui en "resta là pétrifiée et sur son visage on pouvait lire une telle douleur que le ciel entier commença à s'obscurcir". (page 28).

L'avant-dernière nouvelle raconte l'histoire allégorique de la jeune Marta, 19 ans, qui tombe du haut d'un gratte-ciel, la tour Pirelli à Milan, et nous offre un tableau saisissant des différentes catégories sociales qui coexistent dans cet immense édifice.

La dernière nouvelle "Chasseurs de vieux" constitue une histoire hallucinante et terrible de conflits violents entre générations, qui connaît un dénouement déroutant.

Ces brèves nouvelles illustrent la riche imagination et la superbe maîtrise de style et de langue du grand auteur que Dino Buzzati a été et dont l'oeuvre reste intemporelle.

Bravo à Patrick Quérillacq, agrégé d'arts plastiques et lettres modernes, pour avoir réalisé une présentation fort agréable et exceptionnellement instructive des nouvelles de Buzzati.
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N°235
Février 2001


DINO BUZZATINouvelles – Éditions Robert LAFONT.


Dino Buzzati est à coup sût un de ces écrivains trop rares qu'il faut aborder avec humilité simplement et peut-être pour cette seule raison qu'il sait parler de l'humaine condition dont chacun d'entre nous porte la marque. Et lui d'égrener tout ce que l'homme porte en lui de souffrance, d'espoirs, d'abnégations mais aussi d'orgueil, d'appétits de gloire éphémère, de volontés de régner et de détruire son prochain ou au contraire de l'aider à survivre.
Il n'est, à coup sûr pas un agnostique qui nie tout en bloc pour ce qui est des choses divines, bien au contraire. Sa plume les traite avec le respect dû à ce qui est incompréhensible et qui dépasse ceux qui ne pourront jamais les atteindre.

Ses nouvelles sont une mosaïque humaine composée de vices et de vertus, tentations et renoncements, délations, trahisons et sacrifices, une grande fresque où chacun d'entre nous se reconnaît simplement parce qu'il y a sa place, infime, dérisoire, mais réelle et irremplaçable.

Quand il philosophe, il ne le fait pas à la manière d'un intellectuel dont les incompréhensibles propos amènent chacun à se dire que comme il n'entend rien à ses démonstrations, elles sont forcément hors de sa portée et qu'on ne peut, dès lors qu'être admiratif devant tant d'intelligence, que d'écouter des paroles qui restent pour nous des mots et des phrases à jamais brumeuses, entourées d'un halo de mystère.

Il sait parler de la souffrance comme de l'orgueil, de la honte comme de la volonté de puissance, bref il sait dépeindre ce Janus impénétrable et mystérieux qu'est l'homme, à la fois ange et démon, avec ses zones d'ombre et de lumière .
Mais ce qu'il fait surtout, c'est jouer son rôle, celui d'un sentinelle qui certes observe et reste vigilante mais rappelle à l'homme que l'égarement pourrait rendre oublieux que la mort guette.

Car c'est bien là l'essentiel du message qu'il nous délivre, ce vers quoi il revient toujours, cette mort qui nous attend tous, puissants ou quidams, riches ou pauvres. Même si on choisi de l'oublier, la camarde nous guette, sait le jour et le lieu qu'elle a choisi pour nous et contre cela nous ne pouvons rien, qui que nous soyons. Quand elle dévoilera pour nous son sourire décharné, ce sera notre tour, tout simplement. Cette vérité là nous est rappelée, comme une chose fondamentalement simple bien qu'inacceptable… C'est ainsi que nous sommes, pauvres hommes, des êtres de passage, des ombres dans un monde transitoire, qu'on a mis sur terre pour un temps déterminé mais qui reste inconnu de nous jusqu'à la fin avec une idée plus ou moins affirmée de la liberté individuelle ou du destin, avec une dose plus ou moins grande de chance et de malheur. C'est une des marques de l'humaine condition que de rappeler que cette vie ne nous est que prêtée, qu'elle nous sera redemandée un jour, qu'on pourra, selon nos croyances religieuses exiger de nous des comptes ou simplement que cette enveloppe charnelle sera tout simplement vouée à la destruction.

Le temps que nous passons ici-bas n'est qu'un souffle au regard de l'éternité que nous ne pouvons imaginer, comme il nous est difficile de nous faire une idée de Dieu autrement qu'à travers l'enseignement forcément théorique d ‘une religion (une impression personnelle est nécessairement plus restreinte et imparfaite que le message qui nous est délivré par la Parole – Seuls les esprits supérieurs et ceux que Dieu a choisis pour le servir font exception à cette affirmation).

Dino Buzzati sait expliquer les choses et ses observations se transforment en nouvelles, moderne forme des paraboles qui ne parlent pratiquement que du seul cheminement de l'homme vers la mort parce que tel est son destin.

Écrire comme il le fait est sans doute une manière de narguer cette mort inéluctable qui apparemment épargne la nature alors qu'elle sacrifie l'homme, lui donnant ainsi une forme d'humilité.

Cette humilité, il se l'applique à lui-même quand il affirme que, malgré la notoriété, il a l'intuition que ses oeuvres sont écrites par un autre, non pas un « nègre » comme certains hommes de plume dévoyés aiment à s'entourer mais il veut plus exactement nous rappeler que même pour ceux qu'elle choisi pour être ses interprètes, l'inspiration peut aussi venir à manquer. Rimbaud n'a pas dit autre chose quand il a formulé sa fameuse phrase « Je est un autre », un inconnu sans doute. D'aucuns y verrons une marque de sensibilité, d'autres une empreinte divine, qu'importe, le mystère demeure et la création artistique, quand elle n'est pas corrompue par l'argent, reste un mystère avant tout pour celui qui est connu pour l'auteur d'une oeuvre à laquelle il attache son nom mais qui ne se fait aucune illusion quant à sa véritable paternité. Cette inspiration choisira, à condition d'y être attentif et dévoué jusqu'à la fin de la vie ou préférera aller ailleurs, visiter une autre sensibilité humaine. Encore une mystère !

Il n'empêche, le romancier reste une sorte de médium entre le monde des vivants qu'il connaît et celui plus mystérieux des ombres dont il n'a qu'une intuition peut-être imprécise mais dont il sait qu'il est réel, incontestable, simplement parce qu'il le sent et que rien ne peut le faire douter de sa certitude. Il devient donc un messager qui ne peut se taire et dont la fonction est de parler, même si c'est souvent dans le désert de l'indifférence qu'il s'exprime. Là aussi c'est un paradoxe humain qu'il lui fait accepter, assumer parce que sa condition est ainsi !

Chez Buzzati, il y a ce côté absurde d'un Kafka, mais il est vain d'opposer l'un à l'autre, de vouloir à tout prix voir chez chacun d'entre eux des similitudes. le chemin que fait tout homme et le message qu'il délivre et que lui enseigne son expérience est nécessairement humain, quelle que soit la forme qu'il prend, des situations les plus absurdes aux plus réelles et aux plus banales. Il y aura toujours quelqu'un pour recevoir ce « message ».

Dès lors un espoir est possible après cette vie qui peut être désespérée.

Je voudrais revenir sur ce que je disais sur l'humilité en général et sur celle dont doit faire preuve l'écrivain. Ce détail n'a pas échappé à Buzatti quand il disait à son ami le musicien Luciano Chailly «  La recherche du mérite ?… Moi, je sais seulement que dans mon petit univers j'ai essayé de faire de mon mieux. Si je n'y suis pas parvenu, tant pis ! »

© H.L.
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Ce livre de Dino Buzzati raconte plusieurs histoires courtes sur l'Homme en communauté, ces histoires ont une morale et une métaphore sur la vie.
La première histoire raconte un employé qui a soif d'argent et dûpes les gens mais son plan se retournera contre lui.
La deuxième histoire est une femme de ménage qui cherche a faire justice soit même a cause d'une injustice envers sa fille.
La troisième est une fille qui est attiré par la luxure et la richesse, elle est en haut d'un building et refuse de s'arrêter de se pencher et tombe mais ne voulant pas continuer sa chute a cause d'une fête, elle tombe.
La quatrième histoire est un couple couché mais des insectes s'inviteront à cette histoire.
La cinquième est un conflit entre generations jusqu'à que les jeunes deviennent vieux a leurs tours.
Ce livre m'as beaucoup car ces histoires sont des métaphores de la "vie" en communauté.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa, Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait, une caisse sur le dos, d'une porte secondaire du mur d'enceinte, et chargeait la caisse sur un camion.
Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ. Alors, il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps, jusqu'à l'extrême périphérie de la ville, et s'arrêta au bord d'un vallon.
Kazirra descendit de voiture et alla voir. L'inconnu déchargea la caisse et, après quelques pas, la lança dans le ravin, qui était plein de milliers et de milliers d'autres caisses identiques.
Il s'approcha de l'homme et lui demanda : «Je t'ai vu sortir cette caisse de mon parc. Qu'est-ce qu'il y avait dedans ? Et que sont toutes ces caisses» ?
L'autre le regarda et sourit : « J'en ai encore d'autres sur le camion, à jeter. Tu ne sais pas ? Ce sont les journées.
- Quelles journées ?
- Tes journées.
- Mes journées ?
- Tes journées perdues. Les journées que tu as perdues. Tu attendais, n'est-ce pas ? Elles sont venues. Qu'en as-tu fait ? Regarde-les, intactes, encore pleines. Et maintenant... »
Kazirra regarda. Elles formaient un tas énorme. Il descendit la pente et en ouvrit une.
A l'intérieur, il y avait une route d'automne, et au fond Graziella, sa fiancée, qui s'en allait pour toujours. Et il ne la rappelait même pas.
Il en ouvrit une autre. C'était une chambre d'hôpital, et sur le lit son frère Josué, malade, qui l'attendait. Mais lui était en voyage d'affaires.
Il en ouvrit une troisième. A la grille de la vieille maison misérable se tenait Duk, son mâtin fidèle qui l'attendait depuis deux ans, réduit à la peau et aux os. Et il ne songeait pas à revenir.
Il se sentit prendre par quelque chose qui le serrait à l'entrée de l'estomac. Le manutentionnaire était debout au bord du vallon, immobile comme un justicier.
«Monsieur», cria Kazirra. «Écoutez-moi. Laissez-moi emporter au moins ces trois journées. Je vous en supplie. Au moins ces trois. Je suis riche. Je vous donnerai tout ce que vous voulez».
Le manutentionnaire eut un geste de la main droite, comme pour indiquer un point inaccessible, comme pour dire qu'il était trop tard et qu'il n'y avait plus rien à faire. Puis il s'évanouit dans l'air, et au même instant disparut aussi le gigantesque amas de caisses mystérieuses.
Et l'ombre de la nuit descendait.
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Avez-vous déjà eu l'impression que votre vie se passait à attendre ? Attendre l'amour fou, attendre le poste de vos rêves, attendre le prochain voyage, attendre, au fond, que la vraie vie commence enfin ?
« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.
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