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3,56

sur 163 notes
Somptueux !
Une escapade de la Venise secrète, poétique, fragile..un magnifique livre de Jean-Paul Kauffmann !
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C'est par hasard que je suis tombée sur cet ouvrage de Jean-Paul Kauffmann, que je ne connaissais pas du tout. Cet ancien journaliste fut emprisonné durant plusieurs années au Liban avec Michel Seurat.

J'ai débuté la lecture de Venise à double tour avant d'aller visiter la cité de Doges, et j'ai très rapidement décroché : le style pompeux, le caractère autobiographique voire "auto" psychanalytique tendant souvent vers l'obsessionnel des premiers chapitres a achevé de me faire abandonné ce bouquin, que j'ai repris après avoir visité cette ville qui attise tant l'imaginaire.

J'étais alors en terrain un peu moins inconnu, et je suis entrée peu à peu dans la quête de Jean-Paul Kauffmann. L'intérêt de cet ouvrage - à mon sens - réside dans le paradoxe qui sous-tend Venise : ville touristique par excellence, elle ne pourrait survivre sans ce flot continu de visiteurs qu'elle accueille, et qui fait fuir de la même façon les Vénitiens. Les rencontres que fait l'auteur sont également édifiante pour mieux comprendre la "curie vénitienne" et la place encore prépondérante de l'Eglise dans la gestion du patrimoine.

Si l'on prend plaisir aux déambulations dans les ruelles de Venise, on s'éloigne souvent de la Venise vivante pour parcourir celle rêvée d'une nuée d'auteurs : Sartre, Morand, Marco Polo, Pratt (l'illumination de l'auteur lors de sa vision de Sant'Anna ressemble d'ailleurs à celle de Corto face au Grand Or)...tous présentés par un narrateur décidément omniprésent, étouffant par rapport à son sujet principal. C'est là le grand défaut de ce livre, dont une partie non négligeable semble servir d'auto-confession des doutes et de l'obsession de Jean-Paul Kauffmann, qui finit par lasser. Certaines répétitions agacent également (on a bien compris qu'à chaque visite d'un village il s'empressait de se réfugier dans l'église, que tout gardien fait tinter ses clefs, ou encore que telle église fut transformée en mosquée pour une Biennale).

Et la manie de l'auteur d'être déçu à chaque ouverture trop facile ou trop hasardeuse d'une des églises qu'il chérissait tant fermée achève de le rendre antipathique aux yeux du lecteur. J'ai du me forcer pour finir cette lecture, qui aura tout de même servi à ajouter à ma pile à lire quelques ouvrages sur Venise.
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Je ne connais pas Venise, je ne m'y suis donc pas retrouvée dans toutes ces églises closes et non closes... Et pourtant, les mots de Jean-Paul Kauffmann m'ont bercé durant toute la lecture. je me retrouvais dans un autre monde, très beau.
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Un merveilleux voyage dans la Venise secrète! A mille lieux de la Venise des énormes paquebots de croisières qui déversent leur flot de touristes sur la place Saint Marc. A plusieurs reprises depuis les années 60, l'auteur s'est rendu à Venise, mais pendant ce long séjour, avec Joëlle, son épouse, ce sont les églises fermées celles qui ne sont pas accessibles au public, qu'il a voulu découvrir, convaincu qu'elles contiennent des trésors. On peut penser qu'il y a un rapport entre sa séquestration lors de la prise d'otages dont il fût victime et cette obsession de découvrir des lieux fermés, isolés. Pour le lecteur, cette quête est un formidable voyage, non seulement dans la " Sérénissime ", mais également dans l'érudition et la culture de l'auteur. Tout au long de son texte il fait référence à d'autres éminents écrivains qui ont écrit sur Venise, tel que Jean Paul Sartre, Paul Morand, Jacques Lacan, le célèbre psychanalyste, ainsi que Hugo Pratt, le père de Corto Maltese, qui vécut à Venise. Aidé par Alma, une guide française, il obtient une audience auprès du Grand Vicaire de Venise, car c'est le Patriarcat qui a autorité sur la plupart des églises fermées. Sans photos, il décrit magnifiquement les lieux qu'il découvre, tant les édifices en eux même, que les sculptures, et surtout la peinture de ces grandes toiles à thème religieux des peintres très connus comme Tintoret, Véronèse, Titien, Tiepolo, puis d'autres moins célèbres tel que Palma le jeune. Il fait découvrir Jacopo de' Barbari qui a peint en 1500 un plan (disons en 3D) de Venise, dont les architectes contemporains se demandent encore comme il a pu faire pour obtenir une telle précision. Dans l'église San Lorenzo, il décrit les travaux des archéologues à la recherche de la sépulture de Marco Polo. Dans une autre c'est le fantôme de Casanova qui surgit. La rencontre avec Claudia, la restauratrice de tableaux, nous offre des pages sublimes. Les descriptions de la pierre d'Istrie et de son rôle dans la beauté de Venise sont également magnifiques. L'incursion dans le jardin d'Eden, interdit d'accès, est un ravissement. La richesse des informations dont Jean Paul Kauffmann agrémente son texte est époustouflante. La simplicité qu'il utilise pour décrire ses déplacements en vaporetto (ligne 4.2), les dîners sur la terrasse de l'appartement avec la vue sur la lagune, ses rencontres autour d'un bon plat authentique, avec un ami français qui cultive un vin rare près de Venise, est plaisante. Il réussit à nous faire partager son impatience lorsqu'il attend, en compagnie de l'architecte du patrimoine vénitien, l'ouverture de l'église San Nicolo dei Mendicoli. Deux cartes au début et à la fin du livre nous permettent de situer les lieux, les églises, qu'il décrit, notamment celle qui sont fermées, où ayant reçu une autre affectation. En avançant dans la lecture on finit par douter qu'il atteigne son but, mais l'épilogue nous révèle tout ce qu'il a réussi à visiter.
Jamais la grande masse des touristes qui arpentent Venise, téléphone portable en main, ne verra ce que J.P. Kauffmann nous a montré dans ce formidable récit, plus encore en période de pandémie.
le petit plus, c'est que Internet nous permet de visualiser beaucoup de ce qu'il a décrit.
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Étrange livre, que j'ai retrouvé chaque soir tout au long du mois d'octobre, accompagnant l'auteur-narrateur dans ses pérégrinations à travers Venise. Fidèle de cette ville, il s'installe quelques mois avec son épouse dans un appartement situé sur la Giudecca, avec cette quête particulière de se faire ouvrir les églises fermées, afin d'y retrouver peut-être l'éblouissement qu'il l'avait saisi face à un tableau entraperçu lorsqu'il avait visité la ville jeune homme. Bien entendu, la quête elle-même, ses péripéties, les rencontres qu'elle provoque et les réflexions qu'elle inspire importent bien plus que son objet, et j'ai eu plaisir à errer dans la ville et à laisser mon esprit vagabonder au gré des divagations de l'auteur. Un charme certain si l'on est sous l'emprise de celui de Venise.
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Magnifique et étourdissante quête à laquelle l'auteur nous invite : pénétrer dans les églises vénitiennes fermées au public mais surtout se glisser dans des interstices plus intimes de sa recherche.
Séduisante, ensorcelante, Venise l'est par sa beauté, son histoire, son architecture... en un mot par son mythe. Agaçante, vulgaire, aguicheuse et repoussante aussi par ses foules de touristes dont nous faisons partie, le toc et le mercantilisme qui prennent le pas sur le reste.
La recherche obsessionnelle mais patiente de Kauffman nous entraîne loin des lieux incontournables cités dans tous les guides, mais pas pour autant dans une Venise secrète de pacotille. Sous le prétexte d'entrer dans des églises closes pour des raisons de sécurité ou d'abandon, le lecteur part en réalité à la rencontre de mille et un vénitien.nes, plus passionnants et intriguants les uns que les autres. Là, une guide française comme alter mater, ici une restauratrice d'oeuvres d'art ou encore un ancien journaliste de Canal + devenu vigneron et bien sûr au coeur de cette confrérie, le Cerf blanc, un documentaliste hors pair, et son opposé le Cerf noir, l'inaccessible maître des clés, Grand vicaire de Venise. La spiritualité, le déclin ou la sublimation artistique, s'immiscent progressivement entre les lignes sans que le lecteur soit pris à témoin ou sommer de choisir son camp.
Outre l'évident plaisir de déambuler dans des quartiers moins connus, cette lecture nous fait voir un peu plus profond que la surface des palais, des églises et autre somptuosités vénitiennes.
Un bonheur supplémentaire se glisse au fil des pages : celui de (re)découvrir pléthores d'artistes, peintres, écrivains, musiciens, de philosophes, d'hier mais aussi d'aujourd'hui. Sans aucune pédanterie de la part de l'auteur, ils s'invitent comme d'amicaux et de merveilleux compagnons de voyage.
Un véritable bijou littéraire modeste et brillant à la fois.
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J'ai beaucoup aimé ce récit de voyage (quoique relativement statique par rapport à ses ouvrages précédents) dans lequel Jean-Paul Kauffmann décidément passionné par les églises ( il avait déjà témoigné de sa passion pour Saint-Sulpice dans la Lutte avec l'ange) tente de se faire ouvrir les églises closes de Venise. C'est à la fois une belle quête, c'est raconté avec simplicité, érudition et humour et cela dessine un beau portrait d'une Venise originale, bien loin des clichés touristiques. Un livre qui donne envie illico de retourner à Venise et de découvrir à notre tour certains lieux évoqués dans ce livre, dont l'un dédié à la production d'un délicieux vin blanc...
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Une envie de voyage!! Kauffman nous entraine à Venise, où les églises sont nombreuses et pour la plupart fermées, pour des raisons diverses : entretien onéreux restauration exorbitante, rachats par des particuliers dépassés ...Sous prétexte de dénicher un tableau rencontré jadis, l'auteur part en croisade, il va mettre son énergie et son érudition au service de la Sérénissime avec pour ambition le déconfinement de ces lieux sacrés et la possibilité d'orienter la lumière sur les trésors que recèlent encore ces endroits oubliés. Il va, cependant, se heurter aux administrations et juridictions vénitiennes dont les lenteurs n'ont d'égales que leur mauvaise volonté ...mais c'est sans connaître l'opiniâtreté de JPK. A sa quête se mêlent quelques digressions introspectives sur l'âme des vieilles pierres et leurs résonances d'antan. Ce sont aussi d'heureuses rencontres telle Alma, la flamboyante mais non moins précieuse guide touristique, le Cerf Blanc restaurateur de tableaux. Et à tout cela se rajoutent les petites histoires qui donnent une dimension intime à ce récit foisonnant : l'ombre de Casanova plane sur la lagune, Wagner hante le palais Vendramin, la grandiloquence de Sartre, Morandl'homme pressé et Napoléon relégué au rang d'un Atila Corse...
Les livres de Kauffmann dont La maisonduretour à mi-chemin de l'enquête et de la retraite, sont de merveilleux alibi pour se plonger derrière la face cachée des choses.
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C'est lentement que j'ai mené la lecture de « Venise à double tour » de Jean-Paul Kauffman, rythme que j'ai ressenti comme dicté, imposé par l'oeuvre, par son contenu plus exactement. Rien de difficile dans cette lecture - bien au contraire, le bonheur de me retrouver à Venise, dans cette ville si particulière, à l'ambiance unique. Avec l'auteur, j'ai entrouvert des portes d'églises et de chapelles fermées au public, glissé ma tête dans leur entrebâillement, profitant des opportunités qui m'étaient alors données...

Mais tel n'est pas finalement le coeur de l'oeuvre qui est en réalité le récit d'une quête intérieure, celle d'un ancien otage, qui revient parfois sur ce passé, celui aussi de la construction de son être par l'éducation reçue, les lectures réalisées, la culture acquise. Et c'est cette quête qui m' a contrainte à ne lire ce livre que chapitre à chapitre, laissant passer parfois plusieurs jours entre chacune de ces rencontres.
Finalement je reprends à mon compte les mots de J-P Kauffman : « Qu'est-ce qui a compté, au fond, dans cette chasse au trésor ? (...) Ce qui m'a excité(e) je l'avoue, c'est la joie de l'affût, l'attente, l'occasion à saisir, la poursuite, mais aussi l'imprévu, les impasses, les fausses routes, les bifurcations, qui vous emmènent parfois à braconner. de cette vie intense, on ne revient jamais bredouille. On attrape autre chose ». Rencontre humaine très intéressante, qui m'a aussi renvoyée à mes découvertes de cette ville extra-ordinaire qu'est Venise, qui demande qu'on s'y perde, pour y découvrir des trésors, y faire des rencontres inoubliables, - à condition de sortir des sentiers battus du tourisme de masse, de savoir l'observer, l'écouter, la sentir, la toucher.
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Quand même un peu déçu ! Certes, c'est bien, a-t-on envie de dire. C'est bien, mais ça ne vaut pas tout ce que Jean-Paul Kauffmann a pu produire. Bien sûr, il y a ces phrases bien léchées, patinées comme un bibelot précieux, mais il arrive à la lecture de ce livre qu'on s'y ennuie et qu'on envisage la fin comme un souhait. Lorsqu'il nous avait emmenés aux Kerguelen, à Longwood ou en Russie, ça n'avait jamais été le cas. Là, peut-être parce qu'il ne s'y passe rigoureusement rien, on se dit qu'on tourne un peu en rond, comme l'auteur, baladé de vicaire en guide local, sans jamais arriver à ses fins. Attention, toutefois, on n'est jamais bien déçu que de ce qu'on apprécie beaucoup...Car l'auteur nous livre quand même quelque chose de solide qui, s'il n'a pas la magie de ses prédécesseurs, reste agréable à lire...
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