AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Joëlle Bocel (Autre)
EAN : 9791096883165
264 pages
Coin de la rue (10/11/2023)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Sur le littoral breton, l'explosion du nombre de résidences secondaires et de locations de courte durée prive les habitants de logements. Les écoles se vident. Les volets se ferment. La population vieillit. De Saint-Lunaire à Arzon, Benjamin Keltz a arpenté cette Bretagne qui hiberne hors-saison et se réveille aux beaux jours. Récit mordant et sensible, Bretagne secondaire décrit des territoires sur le fil, dynamisés par la manne touristique mais en proie à des tens... >Voir plus
Que lire après Bretagne secondaire : Une année au pays des volets fermésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Bretagne secondaire » met les pieds dans le plat : comment se loger en Bretagne alors que les résidences secondaires gagnent toujours plus de terrain ? Benjamin Keltz est parti plusieurs mois à la découverte de ces « villages fantômes » hors saison touristique.

Aux éditions du coin de la rue, la collection “Les explorations bretonnes” rassemble des récits inédits d'auteurs partis à l'aventure dans la péninsule bretonne offrant des regards singuliers et sans complaisance sur la Bretagne. Dans ce 3e opus de la collection, Benjamin Keltz se penche sur un sujet explosif en Bretagne : la crise du logement du fait de la part croissante des résidences secondaires et des locations de courte durée au détriment de l'habitat à l'année. Alors comment faire bon ménage en prenant en considération les besoins vitaux des uns de se loger durablement et le plaisir des autres de profiter de la Bretagne à petites doses ?

L'auteur donne la parole aux maires, propriétaires en villégiature, résidents à l'année et locataires en mal de logement au fil de ses déambulations bretonnes. Un panorama de l'immobilier breton sans langue de bois, et avec beaucoup d'attachement pour les terres bretonnes.
Comme Benjamin Keltz, auteur de ce récit documenté, j'ai posé mes valises durablement en Bretagne il y a de cela quelques années maintenant. Je mesure la chance d'avoir trouvé un toit pour ma famille, à quelques kilomètres de la mer, près de Vannes, à 30 minutes du « fief » familial de mon conjoint.

Évidemment, lorsque nous nous baladons sur le sentier côtier en dehors de la haute saison touristique, nous voyons plus de volets clos en journée que de volets ouverts. Dès juin, le mouvement s'inverse… Ainsi va la vie en Bretagne !
L'auteur ancre son récit dans son histoire personnelle : il cherche à acquérir une maison près de Saint-Malo, sa région natale et va vite être confronté à la pénurie de biens et aux prix exorbitants (et la pirouette du dernier chapitre est vraiment bienvenue avec la résidence secondaire en Espagne). Il décide de sillonner la Bretagne pour comprendre ce phénomène des résidences secondaires et de la crise du logement (qui pourrait s'appliquer à la Corse, la Côte d'Azur, etc.) . Et cette quête de sens le mène de Saint-Lunaire à Belle-Ile-en-Mer, Arzon, etc. Pour ce reportage au long cours, il choisit de se faire prêter des résidences secondaires par des connaissances ou de louer via des plateformes un logement de courte durée.

Au fil des pages, il émaille son propos de références littéraires qui ouvrent d'autres portes, aussi bien sociologiques, historiques que poétiques. J'ai aimé cette façon de partager son expérience en y mêlant des témoignages de locaux et des études sur le sujet. Sans a priori ni jugement sur cet état de fait, Benjamin Kelz nous invite à réfléchir aux solutions politiques possibles pour que chacun puisse y trouver son compte.

Lien : https://www.unlivredansmaval..
Commenter  J’apprécie          00
Connaissant le problème de logement en Bretagne, et amoureuse d'une petite ville des Côtes d'Armor, la lecture de ce livre était pour moi une nécessité. J'ai apprécié l'approche de Benjamin Keltz, les rencontres au fil des pages, l'histoire des villes (entre autre celle de Sables d'Or que je ne connaissais pas du tout), les problématiques rencontrées. Si le sujet vous intéresse je vous conseille cette lecture.
Commenter  J’apprécie          10
3ème livre d'une collection qui permet d'arpenter la Bretagne sous différents thématiques. J'avais bien aimé le voyage dans les sommets de l'Himalaya breton, me voilà dans les résidences secondaires. le sujet est bien abordé avec des multiples exemples, les regards croisés des locaux, des élus, des vacanciers, des historiens. Une belle contextualisation sociale historique et écologique pour aborder des sujets de fonds.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- la situation que nous subissons est difficile à vivre. On accepte les petits boulots, les petits salaires, les logements précaires parce qu'on tient habiter Belle-Île-en-Mer. L'été, on affronte la condescendance et l'arrogance de nombre de résidents secondaires. C'est dur à accepter. Belle-Île-en-Mer devient le terrain d'une nouvelle lutte des classes ! On ne saurait mieux dire. D'un côté : les propriétaires de résidences de vacances. De l'autre : ceux qui cherchent un logement. Il ne s'agit pas simplement d'une opposition entre riches et pauvres, patrons et salariés, gens de gauche et gens de droite. Dans la Bretagne secondaire, médecins, professeurs d'université, hauts fonctionnaires, cadres ou pharmaciens peinent à trouver un toit. A défaut certains renoncent à accepter un poste. La boulimie immobilière sape ainsi la possibilité même du vivre ensemble. L'accaparement des demeures entraîne la mise à l'écart de ceux qui font vivre le territoire au quotidien. Les plus modestes, bien sûr, subissent cette violence de plein fouet. Au plus fort de la pandémie de COVID-19, en 2020, infirmières, boulangers, caissières, aides-soignants, livreurs, éboueurs... Ont été brièvement célébrés. Elus et médias les ont présentés comme des indispensables. Une fois les nuages sanitaires passés, ils sont redevenus des invisibles. Tout cela a laissé des traces. Certains, en Bretagne, se définissent comme des "serfs" au service de "colons" débarquant aux beaux jours. Je n'invente pas cette métaphore. Je l'ai entendue à plusieurs reprises, il y a quelques mois, sur le port du Palais, tandis que la navette dégueulait des SUV de vacanciers. À l'époque, je n'avais pas su comment répondre. J'avais raillé la taille des véhicules importés, trop larges pour sortir indemnes des portes Vauban ou Bangor. Le garagiste du caillou aurait du boulot. On avait ri. Un peu. Jusqu'à ce qu'une "serf" plante ses yeux dans les miens et dise : - les îles sont des territoires finis. Elles affrontent les problématiques de plein fouet sans échappatoire. Le continent y sera confronté avec la même violence demain. Pour l'heure, les communes du bord de mer masquent leurs difficultés en repoussant à des dizaines de kilomètres les plus modestes. C'est impossible ici. Soit on accepte notre condition d'insulaire précaire, soit on part. cette tension ne tiendra qu'un temps. Ça va péter, un jour. Nos littoraux se meurent. Ils ressemblent de plus en plus au Club Med.
Page 77
Commenter  J’apprécie          00
Habite-t-on jamais vraiment un lieu, au point de le réduite à sa merci, de s'en faire le maître, de le dissoudre en soi, (...) ou bien est-ce le lieu qui vous habite, s'empare de vous, vous envahit et désaltère ? Je suis né ici, sur ce rivage, de ce dialogue interminable entre terre et mer, ce sont ces rochers, ces lumières, ces odeurs de sel et de vent qui m'ont fait ce que je suis.
Commenter  J’apprécie          10
De très nombreux bretons veulent rester chez eux plutôt que partir. Les expatriés, quant à eux, aimeraient revenir. Les amoureux de la péninsule s'y installent volontiers. Il y a embouteillage. Les investisseurs convoitent le moindre bien. Il y aura toujours des touristes à qui les louer. Les résidents secondaires poursuivent leur razzia, quitte à acheter des bicoques à prix d'or. De plus en plus d'habitations principales se transforment en "maison morte". La loi du marché s'avère impitoyable pour les autochtones, qui peinent à rivaliser. En proliférant, résidences secondaires et locations saisonnières agissent comme des tumeurs. Elles anesthésient le rivage. Elles dérèglent les équilibres sociaux. Elles excluent.
Page 26
Commenter  J’apprécie          00
Tiens, j'ai lu Les Echos. Selon l'économiste Antoine Foucher, le travail "ne paye plus" et l'héritage est devenu la principale composante de la richesse en France. Dans son papier, il explique comment nous avons basculé d'une société du mérite à une société de rentiers. Selon le rapport du Conseil d'analyse économique intitulé Repenser l'héritage, paru en décembre 2021, la fortune héritée représente aujourd'hui 60 % du patrimoine total contre 35 % dans les années 1970. Antoine Foucher conclut : "Autrement dit, la majorité de ce que les Français possèdent est due au hasard de leur naissance, et non à leur mérite individuel. "
Page 209
Commenter  J’apprécie          00
Les notables et élus locaux se mettent volontiers au service, eux aussi, de cette population influente. Parmi les hauts fonctionnaires, ministres, chefs d'entreprise et autres militaires en maillot de bain, certains disposent d'assez d'entregent pour déverrouiller quelque blocage administratif depuis Paris. Lorsque tout ce beau monde repart à la fin de l'été, la vie reprend son cours. Les estivants sont reposés et les autochtones sont plus riches- ou un peu moins pauvres. C'est gagnant-gagnant.
Page 96
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : récitsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Scarlett et Novak

Qu'est-ce qu'est Scarlett ?

un téléphone
un brightphone
un biphone
un sonephone

10 questions
21 lecteurs ont répondu
Thème : Scarlett et Novak de Alain DamasioCréer un quiz sur ce livre

{* *}