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EAN : 9782021028881
192 pages
Seuil (06/01/2011)
3.95/5   47 notes
Résumé :
Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

le 25 mai 2010, dans l'émission "Dilemme" de la chaîne W9, la jeune Ophélie, tenue en laisse par une comparse, se traînait à quatre pattes, mangeant des croquettes pour animaux dans une gamelle. Elle acceptait de faire le chien dans l'espoir d'aider son équipe à gagner 3000 euros. de "Loft Story" à "Secret Story" en passant par "L'île de la tentation", la téléréalité ne joue pas seulement sur les huis-clos dont la clé est la tension érotique, elle cultive aussi les facettes les plus médiocres de la nature humaine : on accepte de prendre un bain de purin, on se livre à des stimulations sexuelles sur cheval, on s'injurie à longueur d'antenne - "pédophile", "connard", "sénile", "pouilleuse" -, on accepte d'être emprisonné et maltraité par de (faux) compagnons de cellule, on inflige des électrochocs à un candidat qui répond mal aux questions - c'est ici un faux jeu, destiné à montrer jusqu'où les gens sont prêts à aller.
Rien n'est plus utile à l'oligarchie que la vulgarité et la veulerie que met si complaisamment en scène la télévision. L'individualisme qu'expriment ces spectacles correspond à l'idéologie qu'elle encourage efficacement depuis une trentaine d'années, et la distraction proposée détourne les foules de toute interrogation politique. La surreprésentation des rapports émotionnels entre individus - compétition, frustration, désir, cupidité - évacue tout rapport collectif du champ de la conscience des spectateurs.

p96-97.
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C'est un bon récapitulatif des turpitudes , des malhonnêtetés , de la corruption généralisée de nos prétendues élites , sous couverture ( prétendument ) démocratique .
Tous les faits sont bien sourcés ( c'est l'exigence d'un bon journaliste du Monde , il y en a encore quelques uns , qui veut ça ) : on pourra donc puiser là , de bonnes raisons de s'indigner , preuves à l'appui .
Mais si ce n'était que ça , il ne serait pas le premier et ne serait pas très original . Cet ouvrage comme d'autres décrit en détail les intrigues et les outils des riches d'une époque pour conserver et accroître leurs privilèges : tyrannie , empire , colonisation , terreur , propagande , mensonges , traîtrises , idéologie de la propriété et du travail forcé , instrumentalisation du chômage qui rend tout le monde docile , prise de contrôle de la création monétaire , puis des partis , donc des élus , financement des fascismes et des totalitarismes ( de gauche comme de droite ) , novlangue , storytelling , fabrique du consentement , diabolisation des opposants anti-oligarchiques significatifs , focalisation de l'opinion sur de faux ennemis ( appelés "barbares " puis " terroristes " , ou " extrémistes " ou " antirépublicains " ) , attentats sous faux drapeaux , lobbying , pantouflage , corruption , guerre ( 1)brutale quand la révolution menace trop les riches (2) permanente pour faire tourner les usines et pour entretenir un besoin de sécurité ( techniques classiques de la mafia historique : terroriser , puis se présenter en protecteur , en échange de la docilité et du travail forcé .
En plus de proposer un florilège personnel ( dense , court et fiable , donc utile à tous ) des pires corruptions et trahisons du moment , l'originalité du livre d'Hervé Kempf est surtout de mettre un nom : " OLIGARCHIE " sur cette corruption des pouvoirs politiques publics par des puissances économiques privées , et au passage , de nettoyer , de décaper un peu , mais pas assez sans doute , un autre nom galvaudé " DÉMOCRATIE " .
Critique d' Etienne Chouard .
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Le capitalisme finissant glisse vers une forme oublié de système politique qui n'est plus la démocratie (pourvoir du peuple par le peuple et pour le peuple) et pas encore la dictature (pouvoir d'un seul à des fins qui lui sont propres) : l'oligarchie (pouvoir de quelques uns, qui délibèrent entre eux des solutions qu'ils vont imposer à tous). Identifier le mal, c'est se donner les moyens de le guérir. C'est ce que propose Hervé Kempf avec cet ouvrage.
(...)
On pourra reprocher son optimisme naïf paradoxal à croire à un changement paisible et raisonnable alors qu'il vient de décrire et dénoncer avec beaucoup de précision un système politique confisqué par des intérêts particuliers, son analyse n'en demeure pas moins intéressante.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Clair, simple et limpide, l'explication de Kempf sur l'état de notre système politique est sidérante.

"Le monde de la finance est mon ennemi" disait Hollande il y a encore peu. On comprend maintenant pourquoi c'était du baratin : ils sont copains comme cochon en réalité.

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Mets des mots sur le glissement de nos démocraties vers l'oligarchie
Définit clairement ce mode de gouvernement entre démocratie et dictature.

Un manque sur les solutions pour s'en sortir mais ça viendra
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
L’oligarchie, ce n’est pas la dictature, c’est le gouvernement par le petit nombre des puissants. Entre eux, ils discutent, réfléchissent, s’opposent, rivalisent. Ils font « démocratie », mais entre eux, sans le peuple. Et quand la décision est prise, elle s’impose, même si l’on y mettra les formes en habillant avec un art consommé la procédure électorale et la discussion publique.
La classe ouvrière a perdu sa conscience unitaire, le peuple ne se voit plus comme tel, la société ne se voit plus comme tel, la société se croit une collection indistincte d’individus segmentée en communautés ethniques, religieuses, régionales ou sexuelles.
L’oligarchie, elle, a une conscience de classe aiguisée, une cohérence idéologique sans faille, un comportement sociologique parfaitement solidaire.
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L’Acropole d’Athènes est de ces lieux…..
Ici a jailli le miracle grec : sur le terreau de civilisations puissantes et énigmatiques, un peuple a imaginé que l’esprit humain pourrait penser par lui-même. Dégageant pour la première fois de la pierre des corps palpitants et beaux, il a créé la raison, la philosophie, et la politique. Déniant aux prêtres, aux rois et aux puissants l’autorité que ceux-ci prétendaient s’attribuer par nature, il a inventé la démocratie, et démontré pendant deux siècles qu’une communauté humaine se gouvernant elle-même dans la justice et l’égalité était source de beauté, de puissance, et d’équilibre.
Ô Périclès, Hérodote, Aristote, combien est vitale aujourd’hui votre aimable leçon ! Au pied de l’Acropole, les oligarques ont repris le pouvoir. Bouffis de morgue et de suffisance, ils pressurent le peuple, détruisent la nature, bafouent toute règle. Plus cyniques que le plus retors des sophistes, ils affirment qu’ils sont démocrates. Forçant l’Europe qui est née de votre génie, ils transforment cette maternelle maîtresse en une marâtre cupide.
Ô Solon et Clisthène, jamais il n’a été plus urgent qu’en ce jour de secouer le joug ! Jamais plus nécessaire de retrouver la source vive de la liberté et de la mesure !
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le 25 mai 2010, dans l'émission "Dilemme" de la chaîne W9, la jeune Ophélie, tenue en laisse par une comparse, se traînait à quatre pattes, mangeant des croquettes pour animaux dans une gamelle. Elle acceptait de faire le chien dans l'espoir d'aider son équipe à gagner 3000 euros. de "Loft Story" à "Secret Story" en passant par "L'île de la tentation", la téléréalité ne joue pas seulement sur les huis-clos dont la clé est la tension érotique, elle cultive aussi les facettes les plus médiocres de la nature humaine : on accepte de prendre un bain de purin, on se livre à des stimulations sexuelles sur cheval, on s'injurie à longueur d'antenne - "pédophile", "connard", "sénile", "pouilleuse" -, on accepte d'être emprisonné et maltraité par de (faux) compagnons de cellule, on inflige des électrochocs à un candidat qui répond mal aux questions - c'est ici un faux jeu, destiné à montrer jusqu'où les gens sont prêts à aller.
Rien n'est plus utile à l'oligarchie que la vulgarité et la veulerie que met si complaisamment en scène la télévision. L'individualisme qu'expriment ces spectacles correspond à l'idéologie qu'elle encourage efficacement depuis une trentaine d'années, et la distraction proposée détourne les foules de toute interrogation politique. La surreprésentation des rapports émotionnels entre individus - compétition, frustration, désir, cupidité - évacue tout rapport collectif du champ de la conscience des spectateurs.
p96-97.
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C'est une scène de la vie parisienne : dans les gares, des soldats en treillis de combat déambulent, une mitraillette au poing. La France serait-elle en guerre ? Officiellement, ces patrouilles font partie du "plan Vigipirate", supposé protéger le pays du terrorisme, et en vigueur depuis de longues années. La fonction dissuasive d'une telle démonstration, qui est strictement nulle en ce qui concerne les terroristes, dissimule son but véritable : habituer les citadins à la banalité d'une présence militaire normalement réservée aux dictatures. Le plus surprenant est que, chez les vaniteux Gaulois qui s'enorgueillissent encore parfois d'être la "patrie des droits de l'homme", l'affront que constitue cette exhibition ne suscite qu'indifférence. On mesure à cette passivité le degré atteint par la dégénérescence de l'esprit démocratique.

P142.
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Physiquement, le modèle de l'enfermement volontaire se généralise : l'Occidental moyen passe de pluls en plus de temps dans un lieu clos, allant de sa voiture au bureau, s'approvisionnant dans des hypermarchés sans fenêtre, déposant ses enfants à l'école en automobile, se distrayant chez lui dans le tête-à-tête avec la télévision ou l'ordinateur. Le refus d'interaction avec les conditions extérieures se prolonge par la généralisation de la climatisation, qui isole les individus des conditions atmosphériques, au bureau, en voiture et bientôt à domicile, tandis que les lotissements à l'accès contrôlé, les vacances en milieu fermé (croisières ou "villages" clos) se multiplient. Parallèlement, l'expansion de l'institution pénitentiaire répond à la montée des inégalités et aux troubles gênant le confort des classes riches et moyennes : les Etats-Unis montrent ainsi la voie au monde "développé" en ayant multiplié le nombre de personnes emprisonnées par huit en quarante ans, de 174 000 en 1972 à 1 403 000 en 2010 !

p94.
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