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3,84

sur 125 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai un problème avec les phrases à rallonge.

Celles qui s'étalent sur une demi-page ou plus, où chaque nom s'accompagne de sa cohorte d'adjectifs, où les adverbes abondent et où les virgules s'accumulent. En règle générale, confrontée à ce genre d'écriture, je crie grâce assez vite. J'éprouve la sensation de peiner à trouver mon souffle, de me perdre dans les méandres de mots et de finir entrainée vers le fond.
Je me noie dans les phrases interminables.
Je sais que certains lecteurs en raffolent, j'en connais. Ce n'est malheureusement pas mon cas.
Il y a des auteurs qui me demeurent inaccessibles pour cette unique raison : leur manque de points.

Lorsque j'ai démarré la lecture d'« Une activité respectable », ma première réaction a été de penser que Julia Kerninon et moi, ça risquait de ne pas fonctionner. Un réflexe bien ancré, une angoisse de l'étouffement qui surgit sitôt dépassé le seuil des cinquante mots sans apercevoir le moindre point à l'horizon.
Ne jamais s'arrêter à une première impression.

J'ai poursuivi, un peu sur la défensive, prête à remonter sur la rive. Mais, chose étrange, les phrases si longues de Julia Kerninon ne m'ont pas semblées interminables ou asphyxiantes, elles m'ont parues légères et virevoltantes. Elle ne m'a pas entrainée vers le fond, elle m'a déposée sur une embarcation légère et m'a emportée dans son courant. Je me suis laissée conduire, de paysage en anecdote, de réflexion en perspective.
Je ne me suis pas noyée, mais j'ai retenu souvent mon souffle devant la justesse d'une image ou l'émotion d'un sentiment.
J'ai adoré ce voyage, cette fenêtre entrouverte sur une enfance singulière et sur les affres de l'écriture.

Il semblerait bien que finalement j'aime les phrases à rallonge ; mais seulement celles de Julia Kerninon…

Challenge Multi-défis 2017
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J'ai une tendresse particulière pour la plume de Julia Kerninon, surtout depuis son deuxième roman le dernier amour d'Attila Kiss dont on a moins parlé que l'excellent Buvard, mais qui m'a particulièrement touchée. Alors ces confessions d'une amoureuse des livres, d'une accro à l'écriture, d'une droguée aux mots... je les ai dégustées patiemment et voluptueusement, ravie de retrouver la prose fine et précise de l'auteur et surtout d'en apprendre un peu plus sur elle.

"Mes deux parents croyaient aux livres, ils croyaient à la solitude, à la vie intérieure, à la patience, à la chance, ils croyaient aux bienfaits d'une planche de bois solidement fixée dans une alcôve de ma chambre sur laquelle poser ma machine à écrire, peut-être même qu'ils aimaient le bruit que faisait la machine électrique quand elle mitraillait d'un seul coup la phrase que je venais d'inscrire dans l'écran minuscule au-dessus des touches. Dans la famille, personne n'avait jamais gagné assez d'argent pour y croire, alors ils ne croyaient pas à l'argent, ils croyaient à l'expatriation, à la poésie, à la sobriété matérielle, ils croyaient que la littérature était une activité respectable."

A peine trentenaire, Julia Kerninon a déjà toute une histoire, presque une légende. Des parents amoureux des livres mais surtout dotés d'un état d'esprit incroyablement ouvert, loin des préoccupations strictement matérielles. Des voyageurs qui ont transmis leur curiosité à leur fille. Cet environnement aurait pu lui peser, se transformer en contrainte et peut-être l'a-t-il été à un moment ou un autre. Mais il est surtout la sève qui nourrit sa passion et son ambition.

Car chez la jeune femme, tout est tourné vers l'écriture. Les jobs alimentaires destinés à engranger de quoi survivre durant de longs mois consacrés à écrire. La lecture. Les escapades en France, en Irlande, aux Etats-Unis, à Budapest. Budapest justement, ce séjour qui dévoile l'univers de la genèse du dernier amour d'Attila Kiss...

Ce court récit est un magnifique hommage à la littérature dans ce qu'elle a de plus pur, loin des aspects marketing, de l'argent qui tend inexorablement à pervertir l'art. S'adonner à cet art en tant qu'écrivain apparait comme un véritable luxe. Mais c'est pour Julia Kerninon son oxygène, son carburant, sa thérapie, sa raison d'être.

Tout amoureux des livres ne peut que vibrer à la lecture de ces quelques dizaines de pages pleines d'amour dans lesquelles l'écrivain nous livre avec une pudeur généreuse beaucoup d'elle-même. Dans l'attente (fébrile) de son prochain roman.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Julia a des parents aimants, adorateurs de littérature, épris d'histoires, de liberté et d'Amérique. Depuis le berceau, ils l'arrosent de mots. Elle baigne dans les livres et c'est le bonheur. La littérature comme une rivière, un courant perpétuel aux reflets changeants. À cinq ans passés, ils lui offrent un voyage au milieu des livres en poussant la porte de l'illustre librairie Shakespeare and Company, et une machine à écrire électrique. Recueillement et émerveillement, imagination et création. La lecture et l'écriture.

Lire et écrire, une activité respectable. Un double mouvement, indissociable. Creuser le sillon dessiné par ses parents. Dans sa chambre sous les toits, peinte en vert, avec vue sur le pêcher dans le petit jardin, laisser vagabonder les pensées, plonger dans les intrigues, donner vie à des personnages, lire les mots des autres, taper les siens sur la fabuleuse machine. Lecture et écriture entremêlées, toujours.

Julia a vingt ans et décide de suspendre ses études, prendre une année sabbatique, partir loin, à Budapest. Et ainsi seule, écrire. Devenir écrivain. Revenir puis repartir. Enchaîner les petits boulots, aller à l'université, croire à l'amour, ne plus y croire, boire des tequilas le jour de la paye et courir fougueusement jusqu'à la mer avec d'autres « guerrières », être émue par les écrits de Michel Butel, repenser à l'enfance, à son père à sa mère tant aimés et admirés, passeurs de mots d'images et d'émotions…

Aujourd'hui elle a trente ans, a publié deux romans. En écrit sûrement un troisième. Auréolée de prix, Julia Kerninon livre ici un récit empreint de sincérité et de simplicité. Ravive sa mémoire, éclaire son travail d'écrivain, raconte la transmission parentale d'une passion, met en mots sa carte littéraire avec ses chemins de traverses.

Un petit livre enthousiasmant écrit avec ardeur et vivacité qui ne peut que nous transporter, nous, lecteurs, dévoreurs de littérature.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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On pourrait citer l'intégralité des 60 pages ici offertes au lecteur tant elles recèlent de trésors. Quiconque a lu « Buvard » a déjà lu entre les lignes de ce merveilleux roman ce que les livres signifient pour Julia Kerninon, mais elle entreprend ici de nous le raconter avec précision, et on se régale. Atypique, elle l'est assurément et de mille manières, mais rares sont les écrivains capables de transmettre avec une telle évidence leur rapport aux livres et partant, au monde. La langue de Julia Kerninon m'enchante littéralement, il y a une magie dans ses mots qui tient à leur exactitude et à leur agencement méticuleux, et faire ainsi la connaissance de son univers (sa famille, ses voyages…) est un vrai cadeau. Plutôt qu'une autobiographie, un exercice de partage. Une pépite.
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Une histoire de lecture et d'écriture. Comment devient-on écrivain ? Courte histoire d'un moment de vie qui voit éclore une écrivaine.
Une fois de plus, Julia Kerninon (dont j'avais lu « Ma dévotion ») a réussi à me cueillir. J'ai aimé sa sincérité, sa famille, sa sensibilité et surtout sa singularité et sa liberté. Elle m'a fait sourire quand elle explique comment une dame lui a gentiment fait remarquer qu'elle était cinglée. L'auteure est touchante quand elle nous parle de sa découverte de Michel Butel qui raconte sa vie anormale, sa vie littéraire.
J'ai envie de dire à l'auteure surtout qu'elle garde sa douce folie, qu'elle cultive sa différence .... car ses écrits font écho chez certains lecteurs et sont, pour moi, magnifiques.
Merci Julia Kerninon pour ces jolis moments.
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Quel exercice difficile et délicat que celui de clamer son amour des mots et des livres, en si peu de pages !
L'auteure y parvient haut la main, dans ce roman un peu OVNI, usant d'un style bien à elle.
Un style enveloppant, vif et précis.
Au delà de cet amour, c'est aussi un hommage à sa famille qui se dessine, et notamment à ses parents, dévoreurs boulimiques de livres, baignant dans la culture jour et nuit.
Elle nous déroule son parcours, l'ossature de sa vie, avec humilité et justesse. Sans idéaliser, sans faire de raccourci.
Et elle a raison, Julia, quand elle écrit que les livres nous mènent à d'autres livres.
En refermant le sien, je n'ai eu qu'une envie, qu'un réflexe : commander à mon libraire "Birthday letters" de Ted Hughes.
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Julia Kerninon aura trente ans cette année, depuis peu docteur es littérature américaine, son premier roman Buvard a reçu de nombreux prix dont le prix Françoise Sagan en 2014 et en 2016 le prix de la Closerie des Lilas pour le dernier amour d'Atilla Kiss.

Mais comme le disait Rodrigue dans le Cid de Corneille : " Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années" et je crois que l'opus de 60 pages que je tiens entre les mains en est une parfaite illustration.

L'incipit que je vous livre "A cinq ans et demi, j'ai passé un contrat avec mon père. Premier compromis d'une longue et fructueuse série, j'ai accepté de ne plus sucer mon pouce en échange d'un aller-retour à la capitale." a la valeur d'un contrepoint.
Je ne gâcherai pas votre plaisir de découvrir le magnifique portrait mère-fille qui suit, qui est d'une délicatesse dans la communion qui existe entre elles dans un lieu magique : "Shakespeare and Company.

D'emblée vous imaginez cette petite fille brune au yeux espiègles élevée au milieu des livres et qui, à cinq ans a reçu en cadeau non pas un nounours ou une poupée mais une machine à écrire.
Objet de convoitise, de passion, d'ouverture et de tous les possibles, cet objet va être le symbole d'une activité respectable.

La maison de la petite Julia se présente comme une forge. Oui, c'est un atelier de forgeron, avec au milieu le foyer, où la chaleur rend malléable le matériau.
Foyer équipé d'un système de soufflerie, actionné manuellement, je m'explique : le système est représenté par les parents qui lisent beaucoup, tout le temps, deux ogres des mots; mais sa maman a une science particulière, les livres sont vitaux pour elle,ils l'ont "sauvée", et plus qu'une bibliothèque, c'est un véritable trésor qu'elle offre à sa fille.
Ne pensez pas pour autant, que la vie de Julia, soit faite de rêveries ou qu'elle reste à l'écart du monde, non, elle vit dans son époque mais avec un plus, la liberté d'être ce qu'elle est : un écrivain, et par le travail de s'en donner les moyens.

Ce petit livre est une pépite contenant la magie des livres, et si le parcours de Julia est particulier, il a une universalité dans laquelle chaque lecteur se retrouvera.
Le style reconnaissable de l'auteur, sa concision qui donne une clarté à son propos, sont au rendez-vous avec ses lecteurs.

Soixante pages d'une fulgurance salutaire.
©Chantal Lafon de Litteratum Amor 4 janvier 2017.
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Ce petit bouquin auto-biographique nous plonge dans la vie mouvementée d'une trentenaire "Globe Trotter" désireuse d'écrire depuis toute petite. Elle a pu assumer sa passion grâce, notamment, à l'ouverture d'esprit de son père et à la non complaisance de sa mère au caractère bien affirmé (lire page 22 et 23). Certains passages sont émouvants et cet auteur n'a pas fini de nous étonner. A lire absolument.
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Sans l'enthousiasme des Bibliomaniacs (mon podcast littéraire préféré), je n'aurais même pas repéré 'Une activité respectable' chez mon libraire. Son auteure m'était inconnue et je ne suis pas une grande lectrice d'autobiographies, surtout lorsque elles sont écrites par une à peine trentenaire...
Et puis ça a été la divine surprise.
En retraçant son parcours (vingt-cinq ans d'écriture, tout de même!), Julia Kerninon nous parle de vocation (celle qui vient des tripes) et de détermination (presque sacrificielle) pour y répondre. Elle nous fait ressentir physiquement le caractère vital pour elle de la lecture et de l'écriture. Son écriture, justement, est un souffle de vie, de puissance, qui m'a reconnectée à ces essentiels de ma vie. Réveillée et touchée, je suis très impressionnée par toutes les qualités de ce court texte.
A conseiller aux lecteurs et 'écriveurs' avides qui aiment aussi la vie réelle.
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Ce tout petit livre a le goût des pages, des lignes, des mots, de Shakespeare and Co, de souvenirs, de voyages (immobiles ou réels), de l'Amour, d'un pêcher dans un jardin, d'une maison, de la famille, de l'écriture, d'une machine à écrire, de la poésie, du silence partagé, d'une chambre verte, de tablettes de chocolat, de trognons de pommes, des p'tits boulots, de l'appel d'un éditeur, des bibliothèques, des librairies, de léopards, du temps libre……………….. d'Une Vie.

Ce tout petit livre a le goût d'un grand.

Prenez une heure, et laissez opérer le charme.
Lien : https://arthemiss.com/une-ac..
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