Joseph Kessel trace la biographie de Félix Kersten, médecin finlandais du XXème siècle, spécialiste du massage thérapeutique.
Fin 1938, lorsque le docteur Kersten est appelé pour soigner les douleurs insupportables du chef suprême des SS, dues sans doute aux responsabilités que lui confient
Hitler, c'est un refus net. Mais un médecin doit-il sélectionner ses patients ? Tentant de mettre de côté ses convictions les plus profondes, il devient celui qui apaise Heidrich Himmler. Les prestations ne se monnaient pas, Kersten demande à Himmler de l'écouter et d'accéder à ses demandes. Ainsi débute une « collaboration » plus ou moins secrète qui n'est pas sans alerter les proches d'
Hitler, notamment Heydrich et Kaltennbrünner qui tenteront à de nombreuses reprises d'éliminer Kersten.
Les faits relatés d'une façon chronologique décrivent un monde presque surréaliste livré aux ordres d'un fou entouré d'extraterrestres, dénués de réflexion. Si ce livre ne nous apprend rien là-dessus, il confronte la crédibilité du lecteur aux situations au cours desquelles le pouvoir d'un médecin peut supplanter les pires décisions juste par le palper du bout des doigts sur le corps d'un bourreau pour en atténuer ses souffrances et lui permettre d'appliquer les directives de son vénéré Führer.
Et l'on découvre comment Félix Kersten a sauvé 100 000 personnes juives des tortures et de la mort, au risque de sa propre vie.
Je ne tairai pas un certain scepticisme qui me gagna parfois à la lecture de ces 400 pages. Je dois dire que j'ai choisi ce roman après avoir assisté à une conférence d'un historien «
François Kersaudy » qui, s'emparant de nombreuses références historiques et de recherches approfondies livra la même histoire à un auditoire pantois, citant également le roman de
Joseph Kessel, interrogeant seules quelques dates et lignes romanesques. Plus près de la grande Histoire,
Kersaudy écrit l'histoire de Félix Kersten dans un ouvrage «
la liste de Kersten ». Là aussi, on a parlé » de « la liste de Shindler » qui avait sauvé un millier de juifs, Kersten en a sauvé cent fois plus,
Kersaudy parle d' « un juste parmi les démons » de par sa proximité avec les nazis.
Le style narratif sobre de
Joseph Kessel sied parfaitement à une histoire qui n'a pas besoin d'un excès d'emphase pour surprendre et émouvoir.
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