AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Muriel Keuro (Autre)
EAN : 9782080207357
180 pages
Flammarion (24/02/2021)
4.42/5   20 notes
Résumé :
Le suicide c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus. " Guy de Maupassant

" Je suis mort le mercredi 27 novembre 2019, à moins que cela soit le 26, le médecin légiste n'a pas été formel. L'acte de décès établi par l'officier d'état civil porte froidement la mention : "Décès constaté le 27 novembre 2019, dont la date n'a pu être établie. Le corps a été retrouvé en son dom... >Voir plus
Que lire après Ne rentre pas trop tardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il est très difficile d'écrire un billet sur un livre qui traite de la mort d'un enfant, et de savoir qu'en plus il ne s'agit pas d'un roman mais d'un récit, donc d'une histoire « vraie » et encore si récente. Perdre un enfant, c'est bien la seule chose qu'on ne souhaiterait à personne, pas même à son meilleur ennemi. Contre-nature, contre-intuitif, à l'encontre du bon sens, c'est un scénario qui glace le sang de tout parent dès qu'il est évoqué. Nous avons dans la tête, malgré nous, un ordre précis des choses : nous faisons des enfants, nous les élevons, ils deviennent des adultes autonomes et responsables, et ils recommencent le cycle de la vie.

On veut TOUS ça.

Et on imagine globalement que c'est ce que l'on va vivre.

Mais ça, c'est une projection idéale…
La vie et la mort peuvent nous rattraper. Les accidents, les maladies… Et puis aussi une chose que l'on n'imagine pas, un enfant qui va profondément mal alors qu'il n'y a pas de « raison » particulière et que l'on ne comprend pas, ne comprend plus, ce qui se joue.

Ne rentre pas trop tard est le témoignage, en demi-teinte, de l'auteure, suite au suicide de son fils, Arnaud. le livre est écrit à la première personne, celle du fils, pour tenter de montrer le mal-être et la maladie (en l'occurrence ici, la bipolarité) qui gagnent du terrain. En creux, au travers des mots d'Arnaud, on voit les parents qui s'agitent, qui tentent des choses, cherchent de l'aide, se questionnent sur les attitudes à adopter et les postures à tenir.
Arnaud n'avait rien d'un enfant malheureux. Il a vécu la séparation de ses parents, certes, et sûrement les déceptions familiales qui en découlent, comme c'est le cas de plus de la moitié d'entre nous. Enfant, il était rieur et enjoué. Même devenu adolescent et adulte, tout le monde le décrit comme tchatcheur, intelligent, drôle. Arnaud n'a rien du garçon malheureux en apparence, mais sombre chaque jour un peu plus dans une mélancolie mortifère, qui alterne avec quelques phases euphoriques. Très vite, il trouve refuge dans l'alcool, et sera considéré comme dépendant par le corps médical avant même sa majorité.

La mère culpabilise. Qu'a-t-elle raté ? Et son ex-mari ? Je pense que c'est le poids monstrueux de cette inquiétude et de cette culpabilité qui m'a le plus marquée dans le livre. Car on peut vraiment essayer chaque jour de faire de son mieux, rien n'empêchera autrui de prendre la route qu'il a envie de prendre. Aurait-on pu « sauver » Arnaud, et était-ce aux autres de le sauver, avant qu'il ne décide de se suicider dans sa chambre de bonne ? Impossible de le savoir. On peut toujours se dire qu'on aurait pu faire autrement. On peut toujours se dire qu'on a pris, à tel ou tel moment, la mauvaise décision. Mais est-ce parce qu'on se le dit que c'est vrai ? Une telle décision de suicide peut-elle reposer sur un potentiel raté, une possible erreur, de la part des parents ?

Le mal-être psychique de l'un de ses enfants est une souffrance sans nom. On ne comprend pas, on aimerait hurler « réveille-toi, la vie est belle aussi, tu peux agir », et en même temps on veut soutenir, accompagner, être présent. Ce n'est pas pour rien qu'il existe de multiples associations pour les aidants et les proches. Car eux sont submergés par le poids de la responsabilité et de la culpabilité qui n'est probablement pas le leur. Mais c'est comme ça : ils ont des enfants qui ont un chemin de vie chaotique. Ils en payent le tribut très cher. Tout le monde en paye l'addition. Mais pourquoi ? Je n'en sais rien. On connaît tous des individus qui flirtent avec la mort, ou ont franchi le Rubicon. On ne sait pas comment l'interpréter. On trouve des pistes d'explications, a posteriori, on a besoin d'une relation de causalité. le pire à supporter, c'est qu'il n'y en ait peut-être pas. C'est ainsi parce que c'est ainsi.

Un autre sujet qui revient dans ce récit est le rapport au secret médical. Un parent d'un jeune alcoolique de 18 ans ne peut rien savoir, car les médecins sont tenus au secret professionnel. On le tolère en théorie, mais c'est probablement invivable dans la réalité, quand rien ni personne ne vous donne une quelconque information sur l'état de votre jeune adulte, parce qu'il a eu ce p*** d'anniversaire de majorité. Est-ce dans l'intérêt du patient ? Sujet très controversé et compliqué. le secret médical a dû autant sauver que tuer. L'éthique est un sujet trop chargé d'affects pour en avoir une opinion tranchée.

Un récit dur, frappant, et en même temps terriblement nécessaire pour percevoir une réalité bien plus fréquente qu'on ne le dit, mais aussi et surtout pour accepter la part d'impuissance contre laquelle nous luttons tous en permanence.


Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
Commenter  J’apprécie          50
S'il y a encore des personnes qui doutent que lé dépression est une "vraie maladie", qu'il n'est ni question de volonté ni d'entourage, alors lisez le témoignage de Muriel Keuro ! Lisez l'histoire d'Arnaud ! Et même si vous êtes déjà convaincu, lisez-le ;-)
Arnaud s'est suicidé à l'aube de sa vie... tout juste majeur... et déjà au bout de sa vie...
Pourtant, il voulait s'en sortir, faire taire les démons qui le rongeaient...
Pourtant, il était entouré, baigné d'amour... celui, indéfectible de sa maman, celui grandissant ou plutôt de plus en plus expressif de son papa, celui de Matis, son petit frère, celui de Laurent, son ex beau-père, son deuxième papa... et celui qu'il ne parvenait pas à voir, celui de ses amis...
Pourtant Arnaud a essayé... il a eu de formidables et émouvantes réussites mais il a aussi eu des échecs, de la culpabilité... il s'en est voulu... Arnaud n'a pas réussir à voir, à croire en toutes les marques d'amour...
Et cette sombre bête féroce a gagné... Arnaud s'est suicidé...

Un récit fort, sans pathos mais d'une éprouvante justesse.
Un récit nécessaire pour faire la lumière sur la part d'ombre que peuvent ressentir certains proches autour de nous...
Un récit nécessaire pour faire bouger les choses dans les institutions et au sens large de l'ensemble de la psychiatrie.

Merci et bravo à Muriel Keuro pour ce sublime et très émouvant (mais aussi révoltant) témoignage.
Commenter  J’apprécie          50
MON AVIS :
Un témoignage émouvant et poignant, de cette mère, dont le fils est décédé suite à la maladie de la bipolarité et de la mélancolie (dépression profonde).
Cette maladie ayant entraîné très jeune, des addictions pour ce jeune, ses parents ont essayé multiples actions, les médecins également, mais du fait de sa majorité, les parents n'ont pas pu faire entreprendre certaines actions, de par leur connaissance de la personnalité de leur fils: Arnaud.
Arnaud, qui a essayé de lutter contre ses démons, protéger ses parents et son frère tant qu'il le pouvait, était une personne rayonnante pour son entourage, lors des répits de sa maladie.
Une terrible maladie, difficile à soigner, à faire admettre aux malades, et ce récit de la dépression profonde, la mélancolie, alliée à la bipolarité, est très touchant, écrit avec pudeur, finesse, et fait bien ressentir les tourments et émotions des personnes concernées, sera utile aux malades atteints de cette maladie ainsi qu'à leurs proches.
Commenter  J’apprécie          40
" Ne rentre pas trop tard " est le témoignage d'Arnaud retrouvé mort dans une chambre de bonne à l' âge de 20 ans. La perte d'un enfant est la pire chose qui puisse arriver dans la vie. Muriel Keuro a eu beaucoup de courage pour écrire ce récit.

Majeur, Arnaud n'a pas su se démêler de ses démons ; la dépression, l'alcool et la drogue font partie intégrante de sa vie. Malgré les suivis des médecins et des psychiatres, Arnaud rechute et sombre à petit feu. Sa mère n' a jamais désaimé son fils malgré son état. Comment réagir et faire face aux addictions de son enfant ?
Mais Arnaud bascule toujours dans une profonde spirale dépressive. J'ai senti le désespoir de cette maman face à la souffrance de son fils.

" Heureusement, il y a la bière.
Le week-end, à la sortie de l'internat, je découvre ses effets apaisants et désinhibants.
En semaine, les bouteilles et les canettes circulent sous le manteau.
Je deviens un autre.
Sûr de lui, drôle, sociable.
Le gars ultra-populaire qui ambiance les soirées parisiennes.
Envolés, les complexes et les doutes. Quelques verres suffisent pour que je m'aime enfin. "
" Ne rentre pas trop tard " est un récit qui m'a secouée; l'auteure décrit parfaitement le mal être psychique d'Arnaud. C'est un témoignage criant de vérité.
Muriel Keuro fait de ce roman un bel hommage !
Lien : https://delphlabibliovore.bl..
Commenter  J’apprécie          70
Il s'agit d'un récit, tragique qui malgré tout me fait echo. le récit d'une mère, mais écrit comme si c'etait le fils, ça raconte la nuit de l'âme qu'aucune lueur ne rallume, quand l'esprit n'est pas un refuge, mais une prison,
En dehors du sujet qui me touche beaucoup, je trouve l'écriture belle, profonde, poétique et d'une grande justesse.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Se battre pour tout, tout le temps, à force, c'est épuisant.
Commenter  J’apprécie          61
Avec le temps, va, tout s'en va, on oublie le visage et l'on oublie la voix...
Commenter  J’apprécie          20

Video de Muriel Keuro (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Muriel Keuro
Muriel Keuro présente "Ne rentre pas trop tard", un livre sur le suicide de son fils
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Dragon ball et Dragon ball Z

(Super facile) Combien d'enfant a Son Goku ?

1
2
3
4

10 questions
767 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}