8 nouvelles sur 9* de ce recueil sont de pures merveilles. Exceptionnel pour une autrice qui débarque en littérature avec une maîtrise tant du point de vue de la narration (elle n'abuse pas de la chute, mais parvient par la composition de ces textes à nous ménager de nombreuses surprises, sans effets de manche ), que par le style.
Toujours sur le fil du rasoir, entre émotions contenues et humour, les mots semblent avoir été placés dans les phrases avec un ordre inédit. Qu'elle s'intéresse au contenu d'une assiette " Des pommes de terre farineuses se mettent en quatre pour ne pas finir en purée.", ou aux rues bordées d''herbes folles, à la manière dont un personnage rentre chez lui "je m'en remets à la technique pour arriver au cinquième étage", Karen Kohler parvient d'emblée à créer son propre univers, tant sa manière d'appréhender le monde et d'en rendre compte est personnelle.
La solitude, la mort, la douleur, la fin de l'amour sont quelques uns des thèmes évoqués mais avec une telle intensité retenue et une telle humanité qu'on ne regrette pas d'avoir embarqué dans un tel voyage. à découvrir sans plus attendre . Et zou sur l'étagère des indispensables !
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Une écriture au fusain, des nouvelles comme autant de petits tableaux en noir et gris, jeux d'ombres et de contrastes ... quelques taches rouge-sang. Une galerie de vies, souvent blessées. J'ai été séduit autant par la belle maîtrise de la narration que par l'originalité des récits, la justesse du ton. J'ai laissé durer la lecture sur plusieurs jours pour mieux garder ce plaisir des mots, du rythme, qui accompagnent une fois le livre fermé. Ces personnages de jeunes femmes (en majorité) en souffrance ne laisse pas indifférent. Une belle découverte et un coup de coeur. A suivre.
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p 128 "Je ne pourrais pas.
-Quoi ?
- Faire ton boulot. Servir les gens, ici. Ragoter. Toute cette fange de village. enfin, je veux dire, c'est quoi le périmètre dans lequel tu vis ? De chez toi au magasin ?
- Parce que ce que tu fais, c'est mieux, peut-être ? Avant, tu remuais la merde des vaches, maintenant, tu remues la merde des gens. C'est toujours la même chose. Tu es toujours le petit Khuni qui nettoie l'étable. Tu peux appeler ça journaliste. Mais tu remues de la merde, c'est tout. J'ai lu tous tes articles, tout ce que j'ai trouver sur Internet. Je me suis abonnée au quotidien pour lequel tu travailles depuis quelques années. Je sais dans quoi tu as mis les mains.
Je crois que tu es venu ici pour fêter ton putain de prix et nous montrer que nous, nous sommes tous de pauvres provinciaux alors que toi, tu es formidable parce que tu es devenu quelqu'un.
- Quelles conneries !
Mon anniversaire tombe toujours en hiver. Chaque année. C'est nul. Parce que ce que j'aimerais, c'est une grande fête au parc avec tout le monde ou au bord d'un lac avec une nuit à la belle étoile et tout ça.