Tendre est la mort

Ce petit livre en format de poche n'est ni un manga, ni un roman...une courte histoire illustrée peut-être...qui raconte les dialogues entre une jeune personne triste, désespérée, et la mort.

Quand on ouvre l'ouvrage, une page noire, à droite, fait face à une page blanche sur laquelle se trouve dessinée, noir sur blanc, une porte... On tourne la page noire...sur la page blanche suivante, un chevalier entre par la porte... On tourne une autre page noire...le chevalier est fatigué...de se battre...et enlève son armure... Apparaît une jeune fille qui a décidé de vouloir mourir. En même temps surgit (en face, blanc sur noir)... La mort.
La jeune fille entame une conversation avec la mort : elle explique pourquoi elle ne veut plus vivre. La mort prête une oreille attentive, lui répond, se fait rassurante, philosophe, humaine, et encourage la jeune à poursuivre sa route dans la vie...

La porte invisible entre la vie et la mort (et dont seule la mort possède les clefs) est symbolisée par la séparation entre les deux pages qui s'opposent.
La jeune fille veut "se glisser" de l'autre côté, la mort lui refusant l'accès... Dans ce petit "album" qui parle bel et bien de l'appel du suicide chez les ados, les dessins minimalistes "crient" plus fort que les quelques phrases. Ils illustrent parfaitement le désespoir, la colère, les larmes, la difficulté à faire son chemin, l'incompréhension, la haine de soi...mais aussi (assez contradictoirement), l'humanité, non dénué d'humour, de la mort qu'on voit inquiète, essuyant à la serpillière les larmes de la jeune fille, aspirant ses soupirs avec un aspirateur, lui tendre des fleurs, apprêtée de gants de boxes pour lutter contre les apories ou encore, tirant à elle le fil de barbelés dont la fille se sent prisonnière...

Au premier abord, ce livre peut paraître très pessimiste, mais lu et regardé plusieurs fois maintenant, il suscite plutôt réflexion, émotions et un sentiment de tendresse pour cette fille et la mort qui veille sur elle...

Il est rare qu'un enfant veuille mettre fin à ses jours. Plus rare encore qu'un éditeur européen fasse de ce sujet la trame d'un ouvrage destiné aux plus jeunes. L'auteur, il est vrai, est japonais, et on sait depuis longtemps que le suicide et la mort sont loin d'être des sujets tabous au pays des mangas. Alternant avec subtilité des pages noires et des pages blanches qui se joignent à la charnière du livre, ce récit est un dialogue entre une petite fille et sa mort. Une mort appelée de tous ses voeux, mais qu'elle ne peut rejoindre puisqu'elle se trouve « de l'autre côté » et que l'heure n'est pas encore venue d'ouvrir la porte. Un dialogue surprenant d'où l'optimisme, comme le pessimisme, semblent bannis, un dialogue où seules comptent les certitudes, si difficiles soient-elles à accepter. La mort se montre douce et pleine de prévenances envers la fillette, qu'elle tente de raisonner comme elle le peut. En vain. le livre se termine par une conversation intime entre l'enfant et celle qu'elle rejoindra tôt ou tard, un échange privé dont le lecteur est exclu et qui se voit contraint de descendre à son tour en lui-même, dans cet univers qui n'appartient qu'à lui. Sublime.

C'est compliquer de critiquer ce genre de livre. Peu de textes mais tout de même un message fort. Un dessin très approximatif mais bon là c'est le style de l'auteur.
Le thème du suicide n'est jamais facile à aborder mais je suis totalement passée à coté de ce petit livre. Je trouve pourtant la forme originale mais peut-être aurai-je voulu quelque chose de plus poétique. Je n'ai pas été touchée.

L'adolescence n'est pas une periode aussi joyeuse que cela, c'est à cette âge qu'on se pose beaucoup de questions sur l'utilité de la vie. L'auteur aborde donc ce thème de façon illustréé. Ce qui est drôle c'est que c'est la mort qui donne à la jeune fille des raisons de vivre.