Diplômé de l'Institut d'Études politiques de Paris, après avoir travaillé dans plusieurs stations de Radio,
François Guéroult est actuellement journaliste à France Bleu Orléans. Il a publié
Oradour, le roman d'un procès,
Sida, la peine et le sursis et L'Autre Goering aux Éditions Infimes.
On le voit, l'auteur s'intéresse beaucoup à l'histoire de l'Allemagne pendant l'entre-deux-guerres, et particulièrement à celle de la seconde guerre mondiale. Il a découvert le nom de Hans Litten dans une biographie du Führer, dans laquelle il a lu qu'Hitler avait été obligé de s'expliquer en 1931 dans un procès à Berlin.
Voici le résumé de l'éditeur :
« En 1931, Hans Litten est un jeune avocat berlinois encore inconnu du grand public, mais déjà convaincu de sa mission : révéler l'horreur du projet nazi. Il a alors l'audace, lors d'un procès impliquant des SA, de convoquer à la barre un certain
Adolf Hitler. Malgré l'important retentissement médiatique de cette affaire, l'Allemagne resta sourde à l'avertissement. Mais la démonstration fut si brillante qu'Hitler sortit éreinté et ridiculisé de l'audience, au point de ne jamais oublier l'affront : Hans Litten le payera de sa vie.
Dans ce roman historique,
François Guéroult rappelle le destin tragique de cet homme courageux qui tenta, en vain, d'alerter le monde sur la catastrophe imminente. »
Hans Litten était un avocat berlinois issu d'un milieu favorisé, né d'un père juif converti au protestantisme et d'une mère protestante. Après de brillantes études, il avait refusé d'intégrer un cabinet prestigieux pour monter son propre cabinet. Là, il défendait plutôt les gens modestes, notamment des ouvriers communistes qui avaient été molestés par quatre SA comme le rappelle le livre.
Celui-ci aurait pu être un livre d'histoire. Mais très habilement, l'auteur lui donne la structure d'un roman : avant 1938, un jeune homme, ami du journaliste allemand de gauche
Emmanuel Berl, rend visite à l'écrivain Drieu la Rochelle dans le but de le convaincre d'alerter l'opinion internationale pour obtenir la libération de l'avocat allemand. Rappelons que Drieu, écrivain célèbre de l'entre-deux-guerres, tout d'abord sympathisant socialiste, ami d'
Aragon, auteur de Gilles et du Feu follet a adhéré à l'idéologie fasciste au début des années 1930. Par la suite, il va collaborer pendant l'Occupation et se suicidera en 1945.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, bien écrit et qui s'appuie sur des recherches historiques sérieuses. L'ouvrage est préfacé par
Arno Klarsfeld qui reconnaît là et je le cite « Un très bon livre sur un héros encore méconnu en France et dont la mémoire est sauvée par
François Guéroult. »
Pour les personnes qui connaissent mal cette période de l'histoire, l'auteur a indiqué des repères chronologiques et figure également la bibliographie qui pourra s'avérer utile pour tout lecteur qui voudra en savoir plus.
Dans la situation actuelle où on voit monter l'extrême-droite dans certains pays, où fleurissent les discours xénophobes et antisémites, pourtant condamnés par la loi, il est important de prendre conscience qu'à l'instar de Hans Litten des hommes ont tenté sans succès de freiner la montée du fascisme.