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A-Kick (Musicien) Electroplantes (Musicien) Foo (Musicien)
EAN : 9782360540112
724 pages
Le Mot et le reste (07/10/2010)
4.44/5   8 notes
Résumé :
La free party est la branche clandestine et radicale de la rave. Issue d’Angleterre, profondément liée à des modes de vie nomades et alternatifs, elle s’est agencée comme une véritable contre-culture dans les années 90. C’est en France et en Tchéquie qu’elle a connu son plus fort développement jusqu’à un âge d’or, au terme de la décennie, suivi d’une répression violente dans les années 2000. Pourtant, aujourd’hui, plus de quinze ans après ses débuts discrets, de nom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Trax: Comment est née l'idée de ce livre?
Guillaume Kosmiki: je travaille sur le sujet depuis Iongtemps. de 1995 à 2000, j'ai suivi des études supérieures de musicologie pendant lesquelles j'ai étudié les phénomènes de transe dans les raves, leur signification musicale ce que veulent nous dire ces musiques sur notre monde, sur notre environnement. En parallèle. j'ai couru les raves, les free parties et les teknivals équipé d'un appareil photo, d'un carnet de notes et d'un magnétophone pour recueillir des témoignages, J'y ai fait aussi des lives sous le nom de Tournesol, En 2009, j'ai publie le livre Musiques électroniques: Des avant gardes aux dance floors, aux éditions le Mot et le Reste. Un ouvrage didactique sur l'histoire des musiques électroniques. Connaissant mon parcours, mon éditeur m'a lancé sur le projet d'un ouvrage sur le mouvement free party.

Trax: Comment cet ouvrage est-il structuré?
GK: Nous avons décidé d'aborder le mouvement free party sous un angle très personnel, à savoir celui de témoignages. Donc, depuis un an, je parcours la France pour interviewer les témoins, suivre leurs parcours de vie, avec des joies et des déceptions. Je me suis intéressé en particulier à la vie dans les sound-systems et à des notions comme le “Do It Yourself”, le nomadisme, l'esprit du voyage, J'ai suivi la manière dont les acteurs du mouvement ont évolué jusqu'à aujourd'hui. En tout, le livre réunit 40 témoins qui retracent 20 ans d'histoire du mouvement free party. Il y a des personnages « historiques», de nombreux sound-systems comme 69db, Jeff et Debbie (Spiral Tribe), Mark (Teknokrates), Josy et Vincent (FullVibes), Ber et Zrtol (Metek), Ben (Heretik)…

Pour compléter ce panel, j'ai réalisé des interviews d'autres activistes du mouvement: Marko (radio Éko des Garrigues, label Kanyar), Ziggy (bookeuse), Gino (Cirkus Road System), Benji (sculpteur sur metal), Foo (musicien live, ancien traveller), DFI0 et Gonzo (du site Internet Défcore), Olive (musicien, organisateur).

Trax: Comment le mouvement rave s'est-il transformé en mouvement free party?
GK: Au départ et jusqu'en 1995/1996, le mouvement rave était uni. Il y avait des fêtes clandestines depuis le début des années 1990, avec tous les styles de musiques électroniques, du hardcore au dub, en passant par la house et la techno… Et puis, il y a eu une scission entre d'un côté, une partie des organisateurs qui ont cherché la voie de la professionnalisation et de l'autre une radicalisation du mouvement rave à cause de la répression féroce par les pouvoirs publics.
1996, c'est d'ailleurs la création de Technopol, suite à l'annulation de la rave Polaris à Lyon. du coup, une partie du mouvement rave et le public avec, glisse vers la free party, illégale avec une musique la plupart du temps hard core, hard tek, transcore. j'ai interviewé William et Stéphane de Pinguins Records à Montpellier. Leur témoignage montre bien la scission entre des soirées officielles, comme les Boréalis qu'ils organisaient, et des free parties, Fuck Borealis, qui avaient lieu en même temps.

Trax : Quelle a été la meilleure période du mouvement free party?
GK: Dans cette histoire d'une vingtaine d'années, chacun a vécu sa période d'euphorie. Chacun a son parcours, ses souvenirs de bons moments. Aujourd'hui, de nombreux sound-systems perpétuent l'esprit du mouvement avec envie, énergie et générosité, avec un goût nouveau pour la création artistique (décors, lumières) et en s'ouvrant à tous les styles électroniques. Mais de mon point de vue, le mouvement free party s'est beaucoup essoufflé au cours des années 2000 pour plusieurs raisons. Il y a eu la médiatisation, alors qu'au départ le mouvement était clandestin. du coup, c'est devenu un phénomène de masse. La qualité des soirées a baissé aussi : moins d'esprit, moins d'ambiance, une musique plus uniforme, voire carrément rigide, monolithique. Certains musiciens se sont détachés du don de soi, de leur musique, et ont recherché la notoriété, Et puis, l'arrivée de nouvelles drogues a changé la fête, les drogues psychédéliques (LSD, MDMA) ont été remplacées par la cocaïne, la kétamine.
Globalement, l'utopie prônée par le mouvement a changé avec les années.

Trax :A-t-il été facile de traiter le sujet de la drogue avec vos interlocuteurs?
GK: le livre se veut le plus franc possible, au plus proche du vécu, et le sujet de la drogue est traité complètement. Dans le livre, on sent des émotions, des instants qui touchent au sublime, et des moments glauques aussi.

Trax : L'histoire du mouvement free party est peu connue, et paraît enfouie dans une mémoire pourtant proche…
GK le livre m'a demandé un grand travail de recherche. Principalement parce que les sound systems n'ont pas de mémoire collective: ils ne tenaient pas de blog,n'avaient pas de sites Internet. Mais aujourd'hui, ce travail est justement facilité par Internet. Tout un pan d'histoire ressurgit grâce à des sites qui collectent les souvenirs, les flyers, les photos. Il y a aussi les mémoires de chacun des participants, et tout le challenge du livre a été de raviver cette mémoire, de croiser les souvenirs avec des dates, des lieux, des fêtes. Évidemment, j'ai aussi vécu le mouvement free party de l'intérieur, comme universitaire et comme teuffeur, et j'ai gardé de nombreux documents, des flyers que j'avais datés et classés. J'ai aussi été chroniqueur de free parties sur te site Internet Kanyar à partir de 1998, toujours sous le pseudonyme de Tournesol. du côté des médias traditionnels, il y a peu d'archives, ils ont peu ou pas traité ce sujet, ou principalement sous l'angle sensationnaliste, en rubrique faits divers, et pas d'un point de vue culturel ou social.

Trax: le livre est accompagné de documents inédits…
GK: il comprend un cahier photos en couleurs de 32 pages, de nombreux clichés noir et blanc et aussi pas mal de flyers. Mais il est également accompagné d'un CD de 14 titres, avec des sound-systems connus (Metek, Ubik, Dfaze) et des artistes amateurs. Tous sont hors Sacem car à l'époque, le refus des taxes et des règles établies avait un sens.

Trax: Quel enseignement principal tirez-vous de l'ensemble des témoignages recueillis?
GK: Toutes les personnes que j'ai interviewées ont retenu des éléments positifs de leur passage dans un sound-system ou dans le mouvement free party. Que ce soit un esprit de débrouille, de “Do It Yourself”, ou une entraide entre les personnes. Cela a forgé leur personnalité. Dans une appréciation plus générale, je dirais que la free party est une nouvelle forme de fête qui s'est mise en place il y a une vingtaine d'années. Ce n'est ni un bal sur une place de village, ni un concert, c'est une nouvelle forme festive qui s'est inscrite durablement dans la paysage social et culturel,
Entretien O. Pernot/G. Kosmicki
Trax, septembre 2010
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Ils s'appellent Tomahawk, Heretik, UFO, Spiral Tribe, Psychopat, Defcore, Kanyar. Des noms barbares pour les uns, des tribus mythiques pour les autres. Des collectifs, des sound systems, la somme de trajectoires singulières qui s'entrecroisent depuis vingt ans, pour écrire un large chapitre de la contre culture: celui des free parties. Ayant vécu le mouvement de l'intérieur, Guillaume Kosmicki met en perspective, dans Free party, une histoire, des histoires, une quarantaine de témoignages, deux générations d'électrons libres qui racontent leurs tribulations tribales. Autant de récits qui jalonnent la grande histoire des free, au fil des Teknivals (Millau 1994, Tarnos 1995, Vitry 1996… jusqu'à la génération 2.0). Alors que beaucoup pensent que la fête s'est achevée avec les années 90, des collectifs comme Epsylon témoignent aujourd'hui d'une nouvelle vivacité. Des anciens, des nouveaux, des figures historiques, des anonymes, des utopistes, des résistants, des activistes… En confrontant ces parcours complémentaires, Kosmicki remet cette scène de l'ombre en pleine lumière, en montrant sans masque ce que les free ont amené aux gens, comment elles ont parfois orienté leur vie, façonné leur être et boosté leurs élans.
Stéphanie Lopez
Tsugi, octobre 2010
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Extrait d'une conférence de Guillaume Kosmicki sur la musique électronique
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