Beautés japonaises
De
Brigitte Koyama-Richard, 2016
La beauté de la femme, dont il n'est nul besoin de dire qu'on ne s'en lassera jamais,
vue par les peintres japonais. Ils sont sur un filon inépuisable !
Dont Hashiguchi Goyô en particulier qui eut l'heureuse idée d'illustrer des cartes postales qui devinrent à la mode juste après la victoire du Japon sur la Russie, en 1905. Les gens de ruèrent alors dans les bureaux de poste pour acheter les cartes commémoratives de cet évènement. Je ne sais pas si ça plaira aux russophiles. Voilà en tout cas ce que nous raconte
Brigitte Koyama-Richard dans ce beau livre.
Oui
Brigitte Koyama-Richard, de son état professeur à l'université Musashi de Tôkyô, où elle enseigne la littérature comparée et l'histoire de l'art, l'a remarquée aussi.
Je ne parierais pas sur l'idée qu'il n'y ait pas eu une influence française, ce qui ne serait que de bonne guerre puisque les impressionnistes sont allés chercher du japonisant 1830...
Kami sukeru onna (Femme se peignant. 1920. Estampe, 43,9 x 32,5. J'ai flashé dessus.
Keshhù na anna (Femme se maquillant). Elle tient un carré dans les mains en bois laqué rehaussé d'or, ce n'est pas un smartphone, c'est un miroir de poche !
Kokujô no anna (Femme prenant un bain). 1915, 40,70 x 26,7. Sublime peinture.
E ni naru saisha (Première séance de pose) 1913. Peinture sur soie 182,2 x 87,5. Quelle classe ! "Confuse cette jeune femme qui s'apprête à poser pour un peintre n'ose ni regarder l'artiste, ni ôter son vêtement et cache sa timidité derrière sa main d'un geste gracieux .."
Après cette séance elle se sentira souillée, le sentiment jaloux reprend sa place ..
Bon, je n'ai pas de baratin à ajouter, tout est là !
15 octobre 2023
Oui tout est là vu de ma paroisse, mais ce sont des propos qui en appellent d'autres. La femme japonaise, je la vois très femme à se voir toujours belle, coquette dans son intimité, tour à tour chaste et lascive dans ses parures extravagantes, éternelle, mélange de domination et de soumission, de quoi s'en rendre malade comme Bonnard qui nous l'a montrée nue dans son bain comme un voyeur, jalousement gardée, c'est sa femme, et lui le prédateur insatiable. Si Bonnard n'est pas autre chose qu'un voyeur nonobstant génie du pinceau, je veux bien qu'on m'explique ? comme
Manara qui la voit plus blasée, à demi-débauchée dans la sphère plus commune, le bien commun comme séductrice qui s'empêtre dans les fourches caudines du chenapas toujours là comme un obsédé à y jeter un regard indiscret, vicieux, laid.
Il me manque les clefs pour dénouer tout l'écheveau féminin, mes lectures de la littérature japonaise qui semble envahir un quart de la planète étant trop faibles, voire nulles ; mais comme Magritte, Cornélius et bien d'autres, je suis fasciné par tant de beauté sublime, sensuelle. Pour qui se fait-elle belle comme ça la femme japonaise semblant consciente de son rang en société souvent partagé avec d'autres complices comme de jeunes ladies de la société anglaise ? Pour autant, il n'y a pas de question à se poser sur la vamp incarnée japonaise. Citons Brigitte Koyoma-Richard, professeur à l'université Mushachi de Tokyo en littérature comparée et en histoire de l'art qui signe ce livre fort en thème à propos d'une peinture sur soie de Tachibana Sayume, Oiran (courtisane) 1923
"Aucun homme ne pourrait résister au regard ensorceleur et au sourire rouge sang rehaussé d'une touche de vert de cette flamboyante courtisane de haut rang. Son visage incliné est surmonté d'un chignon décoré de lourds et précieux peignes et d'épingles en écaille. Par l'encolure échancrée de son vêtement, on aperçoit sa peau nacrée enduite de blanc oshiroi. Sa pose, qui laisse devinée la courbe de ses hanches et le galbe de sa jambe droite, dégage une profonde sensualité. Dans sa délicate main, la coupe de sake en bois laqué rouge est sur le point d'être partagée avec le client qu'elle regarde et qu'elle a pris dans ses filets. Les diverses étoffes, aux couleurs harmonieuses, aux multiples motifs floraux parsemés de filets d'or et de phénix, sont peintes avec une grande précision. "
Ou encore pour ce "Suima (Démon des eaux) 1932 de ce même Tachimana Sayume :
"Cette jeune beauté nue au corps parfait vient d eperdre la vie. Un Kappa, connu pour attirer les humains dans les eaux profondes, est agrippé aux hanches de la jeune fille. La concupiscence se lit sur son visage , contrastant avec la sérénité de la belle défunte. Les bulles d'air, le camïeu de l'eau et les jeux de transparence font presque oublier le tourbillon qui est sur le point de happer l'innocente victime"
J'ai un faible pour les superbes créatures de Hashiguchi Goyô, ici avec Yokujô no anna (Femme prenant son bain) 1915, ce nu chaste, pure merveille de sensualité suggérée aux formes remplies de poésie, de latence comme une jeune femme qui apprend de son corps si inspirant. Là ce fameux Kami sukeru anna (Femme se peignant) 1920, peau rosée délicate comme un velour à souhait de son corps apparaissant dans son haut largement échancré de son vêtement. Velour qui trouble l'esprit dans le sens que ce sont plutôt les parties charnues de son corps qui valent référence.
Je ne peux ne pas évoquer non plus cette ravissante jeune fille sous le auvent à tester la pluie dans un peignoir bleu fleuri qui habille la délicatesse de son corps parfait, sous le pinceau de Morimoto : Tôri ame (l'Averse) 2012 peinture sur soie.
"