Nous avant tout le reste, ou notre amitié à toute épreuve est un roman touchant, plein de tendresse empli d'amitié et d'amour, malgré une thématique dramatique : la maladie et le rapport à la vie. Une ode à la vie malgré l'omniprésence de la mort.
Massachussets, chez Anna, cinq amies d'enfance, voici la toile de fond de ce livre. Anna, atteinte d'une maladie grave, au niveau du coeur, un amas de lymphocytes NKT, Natural Killer. Tueur naturel qui n'augure rien de bon. Depuis des années, elle va de rémissions en récidives, essaie de nouveaux traitements. Cette fois, elle ne veut plus subir la maladie, la souffrance par l'arrêt de tout acharnement thérapeutique. Il lui faut désormais convaincre sa famille et ses amis que ce choix sera le bon, qu'il faut la laisser partir malgré l'amour que son ex-mari, ses enfants, ses frères et ses amies lui porte. Elle n'a plus peur, elle est décidée à arrêter ce combat, cette lutte acharnée dont l'issue sera fatale un jour ou l'autre. Ses amies se réunissent alors à son chevet : Helen, Caroline, Ming et Molly.
Comme une sorte de huis-clos, les amies de toujours se réunissent autour de Anna. Chacune face à des sentiments contradictoires, entre souhait de la laisser partir et remord de ne rien pouvoir faire pour elle, entre incompréhension et compassion. Toute l'histoire s'organise dans la maison d'Anna, rythmée par le quotidien de la malade. Une impression de bulle, isolées du monde extérieur, plus rien ne compte désormais que l'état de santé de leur amie et son évolution. Les cinq amies de la photo soudée dans la joie comme dans l'adversité. Autour de cette bulle, virevoltent d'autres personnages tout aussi essentiels dans la vie de notre personnage : son ex-mari Reuben, avec qui elle a une relation privilégiée et qui est toujours présent à ses côtés en oubliant quelque peu sa propre vie ; son infirmière à domicile, jolie et qu'Anna aimerait voir se rapprocher de Reuben ; et Asa, rencontré à l'hôpital, car veillant sur sa mère malade, et futur mari de sa meilleure amie Helen, une rencontre organisée par Anna elle-même.
Cette atmosphère est ponctuée par des souvenirs, des retours dans le passé. Comme des moments échappatoires pour se remémorer une époque, des histoires communes heureuses ou plus douloureuses. Tout un puzzle de la mémoire qui s'imbrique pour mettre en lumière le personnage d'Anna et de comprendre sa vie et cette amitié particulière qui lie ces femmes depuis tant d'années. Parce que, malgré la tragédie,
Victoria Redel dresse le portrait de cinq femmes aux Etats-Unis à la fin du 20ème siècle et au début du 21ème siècle. Des existences ponctuées par des moments de joie intense, d'amour, des séparations, des réconciliations, des instants de doute, des choix à faire. de courts paragraphes sur des temps précis de leurs vies aident le lecteur à dessiner le visage de ces femmes à travers leur enfance, leur adolescence et leur vie adulte.
Sur la 4ème de couverture, l'éditeur cite deux critiques d'auteurs :
Siri Hustvedt et
Michael Cunningham, qui font l'éloge de ce roman. Par conséquent, j'ai fait l'analogie avec les romans de Cunningham (que je connais plus que
Siri Hustvedt) et l'ambiance qui peut y régner, généralement sombre avec peu d'espoir comme dans
Les Heures, où les personnages sont en proie à leurs démons. Sauf qu'ici,
Victoria Redel y ajoute de la tendresse et de l'humour parfois face aux situations auxquelles la vie peut nous confronter.
Nous avant tout le reste, dernière phrase du roman, est un roman bien écrit ponctué de flashbacks qui fait réfléchir à l'importance de la vie. Je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour ce joli moment de lecture.