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EAN : 9782376220800
192 pages
Tohu-Bohu (04/01/2019)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Un jour d’hiver, Emma conduit sa mère à l’hôpital ; victime d’une hémiplégie, Thérèse est aphasique. Dans la chambre qu’elle ne quitte plus, sa fille prend soin d’elle. Les rôles s’inversent et un nouveau langage s’installe : langage du corps pour Thérèse, langage des mots pour Emma qui, pour effacer les rigueurs du silence, couvre sa mère de mots. Il y a cet étrange huis clos dans la chambre d’hôpital, les verdicts sans appel des médecins, le découragement des jour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je viens de terminer "Drôle d'hiver" de Agnès Lacor, reçu lors de la masse critique Babelio de janvier 2019 des éditions Tohu-Bohu.
Je remercie vivement l'une et l'autre pour ce cadeau.

Emma est la narratrice.
L'histoire nous plonge dès le début du livre, sans préambule, dans ce que sera la suite, "Maman qui bave. Maman qui pleure. Maman qui coule de partout et je te regarde couler",
les toutes premières phrases du livre.
Emma a 16 ans, sa maman Thérèse vient d'avoir
-"une déficience des carotides. Les deux. ce qui est extraordinaire.
- Extraordinaire ?
-Rare, je veux dire
....
- Oui, une petite morte en quelque sorte." (Pge 41)

Elle est aphasique et hémiplégique. le verdict du médecin est sans appel.
Pourtant, Emma va tenter d'être forte pour deux, elle s'installe dans la chambre d'hôpital avec sa maman, et puisqu'elle ne peut plus parler, Emma parle pour deux, lui fait des petits soins et exercices pour qu'elle retrouve un peu de mobilité. Elle lui raconte ce qui se passe dans l'immeuble où sa maman est concierge, Rose la propriétaire de l'immeuble, une mêle tout indécrottable, mais pas mauvaise, Jésus, qui est son confident, Michel Poinsonnet, un garçon peu appétissant qui va l'initier au sexe dans ce qu'il a de moins beau, il y a aussi Monsieur Genet, qui un jour a demandé à Thérèse de l'épouser, elle a dit non et puis l'Argentin rencontré dans un café. Emma a du mal avec ses relations avec les hommes.
Mais au-delà de l'histoire proprement dite, il y a une belle étude d'une ado qui devient par obligation la mère de sa mère. On découvre Emma insouciante avant la maladie et une Emma plus responsable et attentive, révoltée et parfois en colère, qui cherche des repères qu'elle n'a plus, qui est depuis toujours en questionnement sur ce père qu'elle n'a pas connu et dont sa maman, même avant la maladie n'a jamais voulu parler et qui à présent ne pourra plus le faire. Les relations d'Emma avec les hommes sont aussi bien traitées dans ce roman, Emma ne prend pas les bonnes décisions concernant ces relations, elle les assume tant bien que mal, plutôt mal que bien (Les hommes me font du mal Maman" page 28). Mais à 16 ans, en pleine métamorphose peut-on prendre les bonnes décisions? Emma n'a pas eu d'image d'un père, un repère masculin. On voit bien qu'il y a un manque de maturité chez Emma, elle se retrouve enceinte, se fait avorter, mais ces passages sont laissés par l'auteure sur le côté, comme si cela n'avait pas d'importance, je n'ai pas bien compris.
C'est un roman émouvant, qui parle des relations mères-filles et filles-mères. C'est parfois très drôle, parfois lourd, mais pas du tout dramatique dans le style.
Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ce livre.
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Certains personnages hantent longtemps dans la mémoire des lecteurs … à peine avais-je lu les premières lignes de ce que je savais qu'Emma allait être de ceux-là…
Mon résumé :
Quel âge a Emma ? difficile à dire : si pour l'Etat civil c'est 16 ans presque 17… dans sa tête… c'est autre chose.
Emma vit avec sa mère qui est concierge dans un immeuble parisien.
Au moment où commence son récit, elle s'est « installée » dans la chambre que sa mère occupe à l'hôpital. Celle-ci est victime d'hémiplégie et d'aphasie. Si elle récupère doucement au niveau des gestes, sa parole est toujours absente.
Alors c'est Emma qui parle pour elles deux.
Elle raconte leur vie dans l'appartement parisien, entre Rose (la propriétaire grippe-sous), la famille Poinsonnet ( dont le fils a décidé de tester avec Emma toutes les positions du kamasutra dans des « quart d'heure sexe »). Il y a aussi Jésus l'italien du dessus, un confident pour Emma a qui elle demande d'installer des toilettes dans l'appartemetn pour éviter de partager celles au fond de la cour.
En trame de fond de ce récit, résonne son amour pour sa mère, sa difficulté à assumer son nouveau rôle de « fille-mère » pour une mère privée de parole. L'adolescence est déjà un passage difficile pour n'importe quelle jeune fille de 16 ans, mais comment être ado et se rebeller contre une mère dont on doit prendre soin, dont on ne sait pas si elle redeviendra un jour « comme avant ». Emma nous raconte aussi celle qu'elle est « à l'extérieur », et en particulier sa relation aux hommes, à son corps.

Mon avis :
Chaque livre a une histoire. Je pourrais presque dire que c'est par hasard que j'ai lu celui-ci. Je l'avais choisi lors d'une masse critique de Babelio. Mais au moment de confirmer mon choix, bug de la page internet…pressée (et stressée par mon inspection) je n'ai pas recommencé mon choix. Quelle ne fut pas ma surprise donc de recevoir un mail m'annonçant, quelques jours plus tard que j'allais le recevoir.
Un hasard donc, mais un heureux hasard !!! J'ai aimé cette lecture pour sa dureté et sa tendresse mêlées : il n'y a qu'une voix dans ce récit, celle d'Emma, mais quelle voix !!! Chacun de ses mots frappent au coeur, remuent les tripes de son lecteur. On sent la femme qui émerge sous l'adolescente. Une naissance prématurée, anticipée à cause des évènements ; On sent l'enfant fragilisée, même si elle ne le dit pas, par l'absence d'un père, par sa non-existence dans sa vie.
Agnès Lacor manie les mots avec talent ;
Ce livre aurait pu être lourd par son ambiance, par le sujet, mais il ne l'est pas grâce à l'humour. Car les personnages qu'elle invente sont tour à tour, attendrissant, drôle, repoussant, réels en fait. Pas de » les hommes sont méchants et les femmes sont gentilles ». Dans chacun on retrouve une personne de notre quotidien croisée ou côtoyée plus longuement.
Il y a de l'humour donc mais aussi et surtout beaucoup d'amour aussi dans cette histoire. L'amour transpire chacun des mots qu'Emma adresse à sa mère ou utilise pour parler d'elle. Malgré l'envie qu'elle aurait d'une vie plus douce, plus extravagante pour sa mère, elle ne la juge jamais.
Je remercie vraiment Babelio pour cette lecture, qui va longtemps raisonner et que je conseille.

« Il a parlé de mon courage (le docteur). Il ne m'a pas laissé lui répondre que je ne savais pas faire autrement. Que loin de toi c'est la peur. »
« Je retourne dans la chambre des silences. Tes silences, pas les miens. Moi je n'arrête pas de te couvrir de mots. Il y en a que tu comprends. »
« Tout ce morceau de toi qui est parti avec tes mots. Ton silence m'a emportée au fond d'un gouffre. Je t‘en veux. Pour toi. Pour moi. »
« Je pense à ta vie sans hommes, à ce corps jamais partagée qui reste silencieux. Je voudrais te dire qu'il m'appartient, que j'ai le droit de connaitre ton histoire, que c'est aussi mon histoire. Mais il garde son secret. En perdant ses mots, il s'est construit la plus terrible des forteresses. Même ta fille ne parvient pas à la franchir. »
« N'importe quel homme dans cette rue pouvait s'appeler Jean Dumage. Un père sans visage, ça se colle n'importe où. Dans la peau des plus laids ou des plus beaux. C'est une question d'humeur ou de temps qu'il fait. »
« J'avais déjà le gout de ton silence dans la bouche. Les jours ont coulé, on me dit que je suis grande. Je dois le croire. Ton immobilité m'y oblige. J'ai envie de te dire que sans toi, ce serait mieux. Mais ce n'est pas vrai. Je suis là, à t'attendre. Pourquoi me suis-je réveillée ce matin sans savoir si je voulais encore attendre. J'ai besoin d'un signe de toi. »
Lien : https://lireetrelire.blogspo..
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Première fois que je lis un livre des éditions tohu-bohu et le format proposé, assez original (à mi-chemin entre un petit un grand format), m'a plu; cela reste facile à tenir en main.
Avant de découvrir ce roman je m'attendais à un récit centré sur la maladie mais cela ne fut pas le cas. Certes, elle reste présente mais n'occupe qu'une partie du roman. L'autre moitié aborde la vie d'Emma et de sa mère avant son hospitalisation. le c?ur du roman est leur relation comme l'indique la quatrième de couverture. Je l'ai trouvé intéressante et bien abordé (même si nous avons surtout la vision d'Emma étant donné que c'est elle qui narre le récit).

attention!!!! Les lignes à venir vont spoiler mais j'ai besoin de le formuler, savoir si d'autres personnes ont eu ce ressenti.
Lors de ma lecture, je n'ai pas compris pourquoi il est abordé la grossesse d'Emma étant donné qu'elle finit par avorter. Avec le recul, je me demande si ce n'est pas pour nous signifier l'émancipation d'Emma dans le duo qu'elle forme avec sa mère, elle fait ses propres choix (qui sont importants) sans en faire part à quiconque.
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