Les peintres flamands, depuis le moyen âge, ont eu la gloire, à deux reprises, de pouvoir être regardés comme les premiers peintres du monde et de donner à l'art européen son mot d'ordre et sa direction. C'est à Florence, il est vrai, au XIVe siècle, sous la puissante impulsion de Giotto, que la peinture, sous sa forme monumentale, décorative, narrative, dans la fresque, avait brillamment conquis ses premières libertés; mais c'est à Bruges et à Gand, dans les premières années du siècle suivant, qu'elle acquit, par l'initiative hardie dos frères VAN EYCK, sous sa forme mobile et expressive, dans le tableau, sa plus haute perfection technique, en même temps qu'elle ouvrait aux artistes un champ de découvertes illimité, en présentant nettement l'observation scrupuleuse et la représentation exacte de la nature vivante comme le principe même de l'art et la condition de tout progrès.
En Belgique, comme en Italie, et pour les mêmes raisons de décentralisation politique et artistique, les œuvres picturales se trouvent disséminées, non seulement dans quelques grands centres, mais aussi dans de petites villes, aujourd'hui tranquilles et silencieuses, qui furent autrefois riches et peuplées. A Bruges, à Malines, à Louvain, à Ypres, aussi bien qu'à Bruxelles, Anvers et Gand, le voyageur rencontre ces vestiges d'une splendeur passée, et sur les autels des églises ou sur les murs des hospices, il peut contempler d'incomparables productions de maîtres primitifs témoignant de la prodigieuse activité qui régna dans ces contrées au XVe siècle,
C'est autour de ces deux peintres incomparables, Jan Van Eyck et Rubens, qu'on voit, durant ces deux belles périodes, se grouper d'innombrables artistes qui participent tous, plus ou moins, de leur génie, sans qu'aucun cependant parvienne à les égaler. La tâche des van Eyck avait été préparée, depuis longtemps,
Tous les grands peintres qui illustrent les Flandres dans la seconde moitié du XV° siècle se meuvent dans l'atmosphère des chefs-d'oeuvre de Jan van Eyck et de Rogier van der Weyden, tous portent plus ou moins la marque de leur double influence.