Qu'on se le dise d'entrée de jeu, je ne vais nullement rentrer dans cette absurde polémique qui entoure les tomes 4/5/6.
Elle m'indiffère totalement.
Je vais donc donner mon ressenti de la manière la plus honnête possible, comme à mon habitude, sur une suite écrite par un auteur prenant la relève de Larsson et j'avoue avoir été assez impatiente lorsque j'ai commencé ma lecture de voir comment Lagercrantz allait relever ce défi d'envergure.
Il m'aura suffit de quelques pages pour m'apercevoir que l'auteur est tout autre, évidemment l'écriture est différente et d'un sens j'ai envie de dire "tant mieux" rien aurait été pire que le parti pris de tenter une pâle copie du défunt Larsson. C'est bien dans un nouvel univers que je voulais entrer tout en espérant que la particularité des personnages soit respectée et de ce côté là, à mon sens, le défi est relevé, ce qui n'est pas à minimiser.
Dans "Ce qui ne me tue pas" on retrouve dès le début un Blomkvist en prise à une mauvaise passe tant personnellement qu'au sein du Millénium, quant à Lisbeth, toujours égale à elle-même, elle n'a subi aucune égratignure.
L'intrigue, elle, nous propulse au sein de la NSA , agence de sécurité nationale américaine s'occupant principalement d'internet et des activités téléphoniques.
Intéressant donc quand on sait qu'aujourd'hui c'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'elle surveille chaque conversation des citoyens sans occulter leurs correspondances et activités !
Des géants hors la loi au sein de l'état ?
Meuhhh non... Bientôt on va me dire la même chose concernant les big data... ! 😏
Mais au delà de cette petite provocation pas si dénuée de sens, le sujet m'intéresse bel et bien en vue de nos sociétés ancrées dans la cybersurveillance.
Et puisque nous sommes bien dans un polar, on sent donc une certaine menace poindre quelque part ayant pour sujet un meurtre autour d'un programme sur la cyber intelligence à la
Asimov.
Une aventure de hackers VS hackers avec au beau milieu un journaliste dorénavant bien connu qui s'éjecte de son canapé pour reprendre du service auprès de notre fifi, sans surprise, c'est bien l'équipe de choc qui se reconstitue.
Et donc, ca donne quoi le Millenium de Lagercrantz ?
Un embarquement immédiat !
le rythme est intense et son excellente maîtrise des sujets abordés et largement documentés n'a fait que donner de la consistance à la trame. Il est clair qu'il apporte cette chose en plus bien à lui, une hauteur supplémentaire et plutôt pointue que ce soit au sujet de l'autisme, du darknet, de l'espionnage industriel et de l'univers geek. L'auteur s'est accaparé Millenium en s'octroyant l'autorisation de lui donner une dimension de toute évidence plus exigeante.
L'intrigue, elle, n'est pas en reste non plus, au contraire, elle est rondement menée et solidement ficelée. Après le père de Lisbeth, place à une nouvelle figure qui fait son entrée avec éclat et révèle un nouveau visage tout aussi sordide.
Une chose est certaine, Lagercrantz entretient la flamme et rallume un feu autour duquel il est toujours réjouissant de se clapir.
Pour ma part, le virage Lagercrantz est donc une réussite et plus que ca, il est prometteur, j'enchaîne donc avec le Millenium 5 "La fille qui rendait coup pour coup" et me félicite au passage de ne pas avoir cédé au négativisme ambiant autour de cet opus qui il faut bien le dire est bien plus souvent motivé par la polémique que par des arguments sur la qualité littéraire.