Un Royaume en recherche d'un roi, le précédent ayant été assassiné, est assailli par des monstres issus de la mer. Combien des douze duchés aux coutumes et peuples si disparates seront-ils éliminés avant qu'on parvienne à stopper l'avance de l'ennemi ?
Quatre personnages vont évoluer à travers intrigues, trahisons et incompréhensions pour tenter de sauver le royaume …
Le début du récit est assez hermétique, nous passons d'un individu et d'un duché à l'autre et découvrons cet univers à travers les personnages, ce qui n'est pas évident vu la diversité des races aux usages particuliers à chaque duché et la multiplication des personnages.
Le procédé d'alternance des récits s'il n'est pas parfaitement maîtrisé a tendance à empêcher l'immersion dans le livre, ce qui est le cas ici, les personnages mettant du temps à prendre une consistance intéressante du fait du fractionnement des données les concernant et du nombre de pages limité empêchant les développements qui seraient nécessaires. Tout du long nous suivons des personnages qui ne semblent rien avoir de commun, je suppose que nous découvrirons ce qui lie leurs actions dans le second tome, mais dans l'état actuel du livre je reste très dubitatif sur l'intérêt de me procurer la suite.
L'écriture est assez fluide mais le fractionnement de l'action empêche l'immersion du lecteur, il y a des idées intéressantes qui auraient mérité d'être approfondies, mais malgré le faible nombre de pages j'ai eu quelques difficultés à me concentrer sur le récit, je ne sais si j'enchaînerai sur la suite …
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Exceptionnel ! Une pépite dans l'univers de la fantaisie ! Un écrivain français qui écrit avec un grand amour des lettres et une justesse dans le choix des mots. Un rythme haletant, une finesse dans la psychologie de chaque personnage, des jeux de pouvoir et des destins qui se mêlent. Voici la genèse d'un univers qui, je l'espère, nous donneras encore plein d'histoires.
À découvrir absolument !
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Le meilleur roman de fantasy que j'ai lu de ces dernières années. Un univers fouillé, des personnages charismatiques, de l'action, et une écriture splendide..
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— Sans rire, vous voulez dire que vous ne savez vraiment pas ce que ça signifie ? »
L’autre fit un petit signe de dénégation. Mais il y avait quelque chose de faux dans son regard. Celui qui n’avait point de nom joua la carte de la naïveté. « Laissez-moi vous faire un bref récapitulatif. Tout en haut, il y a l’ Duc. C’est facile, c’est l’ seul type avec des yeux d’or, enfin, à dire vrai, on dit qu’il y en a deux voire trois par génération. Après vous avez les yeux d’argent. Ça, c’est les Comtes. Puis les yeux de bronze pour les Barons. Les Barons obéissent à leur Comte qui obéit au Duc mais ça j’crois qu’ c’est partout pareil, non ?
— Depuis la Lex Publica, à la fin du Prime Âge.
— Ouais, ça date pas d’hier, quoi. Bon, ça c’est le sommet de la caste noble, après vous avez le reste de la haute. Les guerriers, aux yeux rouges, les artistes, aux yeux bleus, et les courtisans, aux yeux jaunes. Tout ça, ça constitue la noblesse.
— Jusque-là, j’avais suivi. Même si certaines subtilités m’échappent encore.
— Ouais, ça peut paraître embrouillé au début, mais au bout d’un moment ça d’vient naturel. Après ça, vous avez, les artisans, yeux verts, les commerçants, yeux violets et les paysans, yeux orange. Et là déjà, ça s’complique. Parce que les artisans, ils vendent aussi ce qu’ils fabriquent, ce qui explique qu’on croise aussi bien des yeux verts que des yeux violets sur le marché. »
Non sans une certaine malice, son débit allait s’accélérant au fur et à mesure de ses explications. « Reste les yeux marron, continua-t-il, eux, ils servent de domestiques, de serviteurs, tout ce que vous voulez. Certains vivent chez eux, d’autres chez leurs maîtres. Ils sont payés, ils peuvent fonder une famille. Par contre, les yeux gris… Eux, ce sont les parias. »
Le hochepot arriva sur son tranchoir avec un gros morceau de pain en plus. « Voilà messire. »
Le sans nom s’interrompit brièvement et remercia sans façons. « Pour survivre, enchaîna-t-il la plupart se font esclaves. Leurs propriétaires sont alors tenus d’ les nourrir et d’ les loger, c’est tout. La haute noblesse en possède souvent beaucoup pour la guerre, ce sont des soldats qui coûtent moins qu’un quignon d’pain. Plus de la chair à canon en fait. Beaucoup, sont mendiants. »
Le Bruméen écoutait attentivement malgré le débit. « Et les yeux noirs dans tout ça ? demanda-t-il.
— Juste en d’ssous d’ tout c’ beau monde. »
L’étranger leva son unique sourcil. « Que peut-il, y avoir en dessous d’un esclave ?
— Votre vertu, dans le Duché des Brumes, c’est la Connaissance, non ?
— Très juste mais quel rapport ? — Comment sont perçus les ignorants chez vous ? »
Le Bruméen eut un rictus de dégoût. « Nous y voilà ! rugit l’Impatient en tapant de la main sur la table et en attirant de fait le regard furieux des deux Prêtres. C’est exactement ça ! Nous sommes la giclée d’ verjus sur les papilles albâtréennes ! Nous n’ sommes pas insignifiants, non, nous sommes pires que ça. Nous sommes de trop. Voilà ce que sont les Impatients.
Alcandre se reprit en expirant longuement. « Cette fille, dit-il un ton en dessous, était-elle d’accord ? »
Clitidas ouvrit de grands yeux ronds. « Comment cela d’accord ? Elle avait les yeux gris, ne sois pas ridicule. Depuis quand la noblesse doit-elle demander son avis à la roture ? N’est-ce pas un honneur que j’ai fait à cette pécore ? »
Alcandre ne dissimula pas son dégoût. « C’est à cause de personnes telles que toi que notre Duché est malade. Primus a créé les castes dans un dessein précis : les plus hautes doivent protéger les plus faibles. Non pas profiter de leur statut. »
Clitidas eut un bref souffle de mépris. « Et où va-t-on avec ta logique ? Si nous laissons les yeux gris se rebeller et que les autres se mettent à suivre, qu’adviendra-t-il ? Ils sont bien plus nombreux que nous.
— Oui, répondit le Duc, glacial. Achevez-le. Il n’est plus d’aucune utilité.
» L’Impatient étudia un moment le gaillard qui reprenait peu à peu ses esprits, grognant sous la douleur. Il s’arrêta, songeur, sur ses mèches de cheveux blancs qui trempaient dans le sang. Il ramassa le fléau et se mit à le faire tournoyer d’une main. Le grincement de la chaîne fit se retourner le blessé, il écarquilla les yeux en voyant s’approcher la boule chargée de pointes. Ce fut un bruit sourd qui résonna dans toute l’immensité de la pièce. Le Duc avait détourné les yeux avec un dédain plein de superbe. Le sénéchal s’était couvert le visage dans un petit couinement. Alcandre n’avait pas cillé.
Adrian était en tête, bouclier dans la main gauche, épée dans la main droite. Il sautait de gravât en gravât vers le cœur amorphe de la mêlée. Un peu plus en avant que les autres, un Noyé semblait l’observer sans le voir, le regard vide et blanc. Sa bouche rouge, énorme, hérissée d’innombrables dents grises, acérées, tordues et dégoulinante de bave glauque, s’ouvrait et se fermait lentement comme celle d’un poisson. On eut dit une sorte de cadavre imbibé d’eau, la peau blanche et suintante, pleine de plis et de recoins. La créature, ainsi que toutes les autres, souffrait par endroit d’une lèpre étrange ; excroissances de métal rouillé à l’extrême qui sortaient de sa peau.
Fleurant s’esclaffa joyeusement à la manière d’un enfant. Il n’était pourtant pas si jeune du haut de ses dix-sept printemps. Mais ses traits fins, la blondeur des cheveux qui lui tombaient jusqu’aux épaules, la pâleur de son teint à l’exception des pommettes qu’il avait rouges comme une poupée, tout son physique transpirait une innocence qui faisait oublier qu’il était un homme fait depuis longtemps.