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EAN : 9782818500088
304 pages
Fayard (08/09/2010)
3.8/5   33 notes
Résumé :

le terme " décroissance " sonne comme un défi ou une provocation, même si nous savons bien qu'une croissance infinie est incompatible avec une planète finie. L'objet de cet ouvrage est de montrer que si un changement radical est une nécessité absolue, le choix volontaire d'une société de décroissance est un pari qui vaut la peine d'être tenté pour éviter un recul brutal et dramatique. Il s'agit don... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après la lecture de Petit traité de la décroissance sereine, je me réservais l'étude de cet ouvrage plus construit et plus approfondi pour répondre à la question de savoir si la théorie de la décroissance constituait un véritable paradigme antagoniste du capitalisme et du communisme. La question me semble à présent moins importante ; pourtant la force de la théorie réside, à mon sens, justement dans son interdisciplinarité. En effet une lamentation écologiste pure, tout autant qu'une récente réaction à la crise économico-financière actuelle ne seraient que conséquences éphémères et modes passagères. Au contraire, nous sommes ici en présence du fruit de quelques quatre décennies de réflexions (entamées donc en période non suspecte), avec toute l'épaisseur qui en découle, en termes de philosophie politique avant et en sus de telle ou telle "recette" pour conjurer la catastrophe écolo-éconolico-démographique.
L'étude s'articule en deux parties répondant respectivement aux questions "pourquoi la décroissance?" et "comment?". La première assied le concept de décroissance à la fois par rapport à l'idéologie de la croissance (l'auteur parle tantôt de "culte", tantôt de "drogue") et à l'imposture du développement soutenable. La deuxième partie se fonde autour de la schématisation des "8 R" : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, recycler, où se mêlent toujours les côtés économique, écologique sur un fond qui n'occulte en aucun cas le politique.
Avant tout jugement sur la possibilité de réalisation des "utopies concrètes" présentées, il faut garder à l'esprit le rôle que l'auteur accorde à la "décolonisation de l'imaginaire", à savoir à notre capacité de nous immuniser de l'inoculation permanente (sociétale plus encore qu'économique, mais non exempte de manipulations de toutes sortes) du virus de la croissance - venant autant du capitalisme que des gauches - virus qui semble bien être une appendice (la dernière ?) du mythe du progrès, foncièrement ethnocentriste, qui a la vie si dure...!
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Sans doute un des livres les plus aboutis sur l'Enjeu (avec un grand E) de la décroissance, mais comme le titre l'indique, la décroissance se définit par rapport à la croissance et c'est tout le problème, on a tellement intégré le capitalisme dans notre inconscient collectif qu'on a du mal à envisager autre chose !
La force du livre est de démontrer ce qu'on gagnerait en prenant une tangente au diktat de la croissance, l'analyse est pertinente sur les conséquences négatives et sur les effets positifs d'une décroissance maîtrisée.
Mais il reste à inventer un système alternatif qui pourrait remplacer ou transformer le capitalisme et là je suis resté sur ma faim ; le communisme s'étant perdu dans des bureaucratie et des dictatures, est donc hors jeu.
En y réfléchissant, l'avenir n'est sans doute pas à la mise en place d'un nouveau système, mais à la prise d'initiative, voire de pouvoir sur le terrain de tout un chacun, dans les interstice laissés par le capitalisme.
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Intéressant, mais ne m'a rien appris que je n'ai déjà lu dans le journal Silence auquel l'auteur fait d'ailleurs fréquemment référence.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Certes notre nourriture, grâce au productivisme de l'agriculture incorpore cent fois moins de travail direct que celle de nos grands-parents, et nos précieuses automobiles vingt fois moins que celles de nos parents, mais un bilan complet intégrant la totalité des coûts du système agro-alimentaire ou du système automobile ferait apparaître des résultats moins reluisants. La prise en compte pour l'agro-alimentaire de la multiplication des emplois annexes (conseil, recherche, conservation-transformation, agrochimie, agrobiologie, etc.) réduirait considérablement la fameuse productivité. Il y a cinquante ans les agriculteurs recevaient 45 à 60% de ce que les consommateurs dépensaient pour leur nourriture; aujourd'hui, ils ne touchent que 18% en France, 7% au Royaume-Uni et même 3,5% aux Etats-Unis. La différence finances les activités annexes. Résultat : le consommateur ne note pas une baisse absolue du prix des produits alimentaires, en revanche la qualité laisse beaucoup à désirer. Par ailleurs l'intégration des dommages collatéraux (prélèvements d'eau, pollution des nappes phréatiques, pollution des fleuves et des océans, vache folle, fièvre porcine et autres pandémies) amènerait sans doute à conclure à une contre-productivité...
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"Notre PIB (...) déclarait Robert Kennedy comprend aussi la pollution de l'air, la publicité pour les cigarettes et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur les routes. Il comprend la destruction de nos forêts et la destruction de la nature. Il comprend le napalm et le coût du stockage des déchets radioactifs. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instuction, de la gaieté de leurs jeux, de la beauté de notre poésie ou de la solidité de nos mariages. Il ne prend pas en considération notre courage, notre intégrité, notre intelligence, notre sagesse. Il mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue". cité par Derek Rasmussen
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On sait que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi en raison du chômage et de l'abandon des programmes sociaux, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. On peut imaginer quelle catastrophe représenterait un taux de croissance négatif ! De même qu'il 'y a rien de pire qu'une société travailliste sans travail, il n'y a rien de pire qu'une socéité de croissance sans croissance. C'est ce qui condamne la gauche institutionnelle, faute d'oser la décolonisation de l'imaginaire, au social-libéralisme. La décroissance n'est donc envisageable que dans une société de décroissance. Le projet de la décroissance est un projet politique, consistant dans la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes. Au niveau théorique, le mot d'"a-croissance" serait plus approprié, indiquant un abandon du culte irrationnel et quasi religieux de la croissance pour la croissance.
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Le mot d'ordre de la décroissance a surtout pour objet de marquer fortement l'abandon de l'objectif insensé de la croissance pour la croissance, objectif dont le moteur n'est autre que la recherche effrénée du profit par les détenteurs de capital. Bien évidemment, il ne vise pas au renversement carricatural qui consisterait à prôner la décroissance pour la décroissance. En particulier, la décroissance n’est pas la croissance négative, expression antinomique et absurde qui traduit bien la domination de l’imaginaire de la croissance.
On sait que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi en raison du chômage et de l’abandon des programmes sociaux, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. On peut imaginer quelle catastrophe représenterait un taux de croissance négatif ! De même qu’il n’y a rien de pire qu’une société travailliste sans travail, il n’y a rien de pire qu’une société de croissance sans croissance. C’est ce qui condamne la gauche institutionnelle, faute d’oser la décolonisation de l’imaginaire, au social-libéralisme. La décroissance n’est donc envisageable que dans une «société de décroissance ».
Le projet de la décroissance est un projet politique, consistant dans la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales, autonomes et économes. Au niveau théorique, le mot «d’a-croissance » serait plus approprié, indiquant l’abandon du culte irrationnel et quasi religieux de la croissance pour la croissance.
Entendons-nous bien : la décroissance de l’empreinte écologique au Nord (et donc du PIB) est une nécessité. Ce n’est au départ ni un idéal, ni l’unique finalité d’une société de l’après-développement et d’un autre monde possible. Mais faisons de nécessité vertu, et concevons la décroissance comme un objectif dont on peut tirer des avantages. La plupart de nos réductions de nos prélèvements sur la biosphère peut entraîner, en effet, qu’un mieux-être.
En première aproximation, pour le Nord, on peut concevoir une politique de décroissance comme se donnant comme objectif de renverser le «ciseau » entre la production du bien-être et le PIB. Il s’agit de découpler ou de déconnecter l’amélioration de la situation des particuliers et l’élévation statistique de la production matérielle, autrement dit de faire décroître le «bien-avoir statistique » pour améliorer le bien-être vécu…
On peut synthétiser ce changement de cap dans un programme plus radical, plus systématique et plus ambitieux en 8 «R » : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, recycler. Ces 8 objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un cercle vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Certains ne manqueront pas de voir dans ce recours systématique au préfixe «re » la marque d’une pensée réactionnaire ou de la volonté romantique ou nostalgique de retour au passé. Nous avons déjà consacré le chapitre 3 à débattre de cette objection et à la réfuter. Disons simplement que, mis à part une légère coquetterie d’auteur dans cette façon de présenter les étapes sous le signe de la lettre «R », les actions en cause participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radical de direction et de l’innovation que de la répétition. Si réaction il y a, c’est face à la démesure, à l’hubris du système qui se traduit chez Jean Paul Besset par autant de «sur » que je verrais de « re » : »
« suractivité, surdéveloppement, surproduction, surabondance, surpompage, surpêche, surpâturage, surconsomation, suremballages, surendettement, surcommunication, surcicurlation, surmédicalisation, suréquipement…
En ce qui concerne les sociétés du Sud, l’objectif de décroissance n’est pas vraiment à l’ordre du jour dans les mêmes termes, puisque, si elles sont traversées par l’idéologie de la croissance, la plupart ne sont pas vraiment des «sociétés de croissance ». Oser la décroissance au Sud, c’est tenter un «désenveloppement » c’est à dire enlever les obstacles à l’épanouissement de sociétés autonomes et enclencher un mouvement en spirale pour se mettre sur l’orbite du cercle vertueux des 8 «R ». de la décroissance sereine, conviviale et soutenable.
Ce schéma théorique commun dessine l’objectif souhaitable mais n’exclut donc pas, dans ses modalités de mise en œuvre, des étapes, des compromis et des transitions que nous évoquerons plus loin.
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Réduire est un impératif évidemment lié à la réévaluation et à la relocalisation. Le changement d'attitude dans la façon d'affronter la maladie, la vieillesse et la mort aura un impact énorme sur notre consommation médicale et pharmaceutique. L'acharnement thérapeutique est un symptôme de l'excès actuel. Nos préjugés en ce qui concerne le pur et l'impur, le propre et le sale, le sain et le malsain, renforcés par le conditionnement du système, déterminent notre comportement face aux déchets et s'opposent souvent à la réutilisation, à la récupération et au recyclage.
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