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EAN : 9782355770548
224 pages
La rumeur libre Editions (07/09/2013)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Patrick Laupin explore cette présence du non-mot, dans ces Ravins, qui sont ceux de l'expérience de son langage, abîmes où il nous retient, au fond desquels toute la poésie est là, non écrite. L'effroi qui repousse le langage dévale par tous les pores du paysage où l'enfant n'a de refuge que dans l'épicentre clair et apaisant de l’œil du cyclone, pendant qu'il répand l'intonation de la mort dans le plus infime soupçon d'inspiration. Comment être capable de rester se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Simplement parce que TOUS les livres de Patrick Laupin sont INDISPENSABLES !!!!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
     
Depuis l’enfance il ne renonce pas à l’écriture car elle est le trésor perdu qui parle et raconte. C’est une créature, une personne. C’est une fable, une épopée, une fresque anonyme de rêve sans nom mais dont la force éponyme élève des frissons. Les pommes reinettes qui tombent dans l’herbe, le coucou, sa gorge close et sans nid, la pie et ses solutions bavardes, la calèche et les figurants noirs du silence dans le miroir poli d’ébène. C’est la stèle diamantaire du lac où plongent les enfants, les galets bleuis par les eaux, l’ibis et la magie lente des fleurs inconcevables quand il voit le rose et le parme des lagunes se poser doucement aux pieds des blancheurs de grève dans la matité intacte du souffle des étoiles et la commotion digitale de l’herbe. C’est une étoffe de chair qui parle.
     
C’est aussi l’air qui parle. Quelque chose de banni, tombe, diaphane, irrémédiable, en un cri muet rageur d’étincelle. C’est la vieille maison en ruine sous les arbres et la chair déchirée à faire peur quand on voit en rêve la peau cristal ou porcelaine des habitants du siècle d’avant.
     
On s’initie à l’écriture comme on sort des ténèbres. Un lourd bagage dans le cartable, du chagrin, des feuilles étoilées blanches. C’est une vie dont on se dit à regret qu’on ne l’écrira pas. Trop loin, trop lent, trop dur, trop difficile. Et puis tellement de passage à côté du corps affolé qui creuse un trou pour se taire ou ignorer. Et pourtant, malgré les doubles, railleurs, violents, désinvoltes, cette passion dévore à merci. Elle blanchit qui l’ignore. Elle noircit la digue et les empreintes. Jusqu’à la preuve du son et du sans nom.
     
Quiconque l’écoute périt en son oreille. Se fait sous son charme rêveur inutile par la mort étudiée trop longtemps. Se fait dormeur musical cerné d’un sursaut, d’une alarme. Quiconque l’écoute se fait le scribe d’un trait qui le hisse hors du néant.
     
pp. 50-51
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