Merci à Babelio et à l'opération Masse critique, qui m'ont permis la découverte et la lecture de ce livre… qui m'a néanmoins, en toute honnêteté, beaucoup déçue.
Tout avait pourtant bien commencé : en couverture, un superbe tableau de Magritte ; en guise de titre, une citation de Saint Jean de la Croix ; en bandeau, l'appréciation d'un prix Nobel de physique… autant de promesses, pour le moins, de sérieux et de qualité !
Et puis, il y avait la présentation de l'éditeur, évoquant “une enquête approfondie sur l'existence d'un autre niveau de conscience “, parlant d'une exploration des champs akashiques, des états modifiés de conscience, des NDE, des synchronicités, de la flèche du temps, citant
Sri Aurobindo,
Satprem et Mère, ou le père
François Brune … autant de thèmes et autant de références qui, à titre personnel, me passionnent et me paraissent essentiels à qui est en chemin et en recherche spirituels.
J'attendais au minimum, après cette présentation extrêmement flatteuse, une étude sérieuse sur cette révolution de la connaissance et de la pensée humaines qui, de nos jours et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, conduit la science et les chercheurs, notamment par le biais des découvertes récentes de la physique quantique, non plus vers une opposition mais vers une convergence et une mise en lumière des connaissances spirituelles ancestrales révélées depuis des millénaires par les grands initiés de toutes les traditions...
Et ma déconvenue fut à la hauteur de mes espérances.
De quoi s'agit-il exactement avec ce livre ? D'une “narrative non fiction” à l'américaine, ce type de récit importé des Etats-Unis et utilisé surtout pour les ouvrages de développement personnel ou de spiritualité New Age, dans lesquels l'auteur nourrit ses démonstrations et ses thèses du récit permanent de sa propre vie, de ses expériences quotidiennes et de celles de ses proches. L'intérêt de ce style de narration est en général soit de rendre la lecture plus vivante (et donc plus attractive), soit d'enrichir encore le propos si la vie de l'auteur a valeur exemplaire.
En l'espèce, nous sommes les témoins du “cheminement initiatique” de Laurence de la Baume, journaliste d'Arte, que ses reportages conduisent à entrer en relation avec (première partie) un chamane aborigène et
Satprem (disciple français de
Sri Aurobindo et transcripteur de Mère), puis (deuxième et troisième partie) avec de nombreux penseurs et scientifiques de renom (un médecin, un philosophe, un psychiatre, un biophysicien, un prêtre, un médium et deux physiciens - dont un prix Nobel).
Eu égard à la valeur spirituelle ou scientifique de ses interlocuteurs, cela pourrait, et cela aurait dû, être novateur, précieux, et passionnant. Mais ce n'est, à mon avis, pas le cas, tant l'auteur, au lieu de s'effacer derrière les personnalités qu'elle rencontre, s'attache à occuper en permanence le premier plan du discours, retranscrivant à l'envi ses moindres ressentis, s'attachant à relater, au fil de pages que j'ai trouvées interminables, les micro-événements de sa vie personnelle… au détriment, tout simplement, de l'essentiel.
Au bout du compte, si l'on fait l'essai (et je l'ai fait) d'expurger ce livre de tout le “bavardage” personnel de l'auteur pour se concentrer sur les sujets de fond, on se rend compte que le propos - en l'occurrence l'enquête sur l'existence d'un autre niveau de conscience - pourrait se résumer à quelques dizaines de pages. Car de ces grands sujets, rien n'est approfondi, tout est survolé et en permanence entrecoupé par ce “bavardage” parasite et narcissique qui rend toute réflexion sérieuse impossible, alors qu'il y avait là a priori matière à un essai de toute première importance. Quel dommage !