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4,09

sur 1994 notes
Naître fille, être fille : hier aujourd'hui demain… Glissement lent de cette « place » dans l'intime et dans la société, à travers les époques. Un mouvement qui prend son temps ; une lutte quotidienne pour changer le regard sur soi et des autres. le poids des traditions des habitudes des préjugés des mots des gestes. Camille Laurens ouvre son roman – où le réel et la fiction se mêlent sans cesse – avec l'arrivée au monde en 1959 de Laurence, seconde fille d'une famille bourgeoise, et la déception non contenue de son père qui prononce tout haut sa pensée pour s'en persuader : « C'est une fille… oui oui, c'est bien aussi. » Enfance, adolescence passent avec le regard fuyant du père qui ne s'en remet pas de ne pas avoir eu un garçon, celui de la mère si impassible qu'il en est froid, les doigts d'un grand-oncle qui s'immiscent, le silence qu'il faut garder coûte que coûte… de toute façon, quand on est fille dans les années 60-70, on se tait, on écoute son père, on se plie à ses règles, on se fait oublier. Laurence rêve de liberté d'amour d'égards de respect en lisant des romans. Ainsi, entre les lignes, elle s'extirpe d'une existence pesante. Elle aimera un homme, se mariera, travaillera. Et pour l'accouchement de son premier enfant, son père interviendra en lui imposant un gynécologue – non expérimenté – ; le bébé ne survivra pas. Et Laurence, elle, devra continuer à vivre avec ce manque au creux d'elle entre colère et tristesse. Plus tard, une fille naîtra, et avec elle des interrogations des doutes des hésitations des craintes… Exigence de bien faire, pression dans la transmission, et pour cela parvenir à se libérer soi-même du passé, de s'en défaire. Un roman fort, habile – douloureux parfois – où l'on prend conscience de la puissance – souvent dévastatrice – des mots. Pour les filles, et pour les garçons aussi.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Dans ce roman, à forte connotation autobiographique, l'autrice interroge les mots liés à la féminité, plus particulièrement dans son histoire personnelle.  Partout on été repris les mots de son père affirmant qu'il n'avait pas d'enfants car il n'avait que deux filles.
Il n'en reste pas moins que l'autrice rappelle qu'en Inde "Dire "c'est une fille avant la naissance est passible de trois ans de prison et de dix mille roupies d'amende: on n'a plus le doit de demander ou de pratiquer une échographie pour voir le sexe de l'enfant et avorter en conséquence car trop de filles disparaissent; à force de les étouffer dans l'oeuf, il y a des villages entiers d'hommes célibataires."
La malédiction de naître fille, d'être considérée comme quantité négligeable, comme "une pisseuse", si elle a nettement régressé dans les pays développés, n'en demeure pas moins prégnante dans beaucoup d 'autres parties du monde.
Camille Laurens revient donc sur les moments clés de sa vie et en particulier sur la mort de son premier enfant, épisode d'une violence inouïe quand elle comprend les circonstances qui ont abouti à cette tragédie.
Mais le roman se conclut de manière optimiste avec la jeune fille de l'autrice qui rebat les cartes de la féminité avec une belle énergie.
Un roman constellé de marque-pages.
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« Fille » ou la déconvenue d'un père à la naissance de sa deuxième fille.
Il y en aura une troisième mais elle ne vivra pas. Peut-être, ne voulait-elle pas avoir le même destin que sa soeur Laurence ; pas tout à fait rejetée mais pas tout à fait aimée. Elle est le symbole d'un fils qui n'arrive pas.
Avec une écriture dense et délicate, l'auteur suit Laurence.
Et là que de malheurs : enfant docile, trop docile qui veut se faire aimer, deuil d'une soeur, agression sexuelle, avortement, deuil d'un enfant, divorce, parents mal-aimants…
Et puis Laurence deviendra mère ; d'une fille.

Alors certainement être une femme dans les années 60/70 n'était pas tout rose, et certains passages font encore écho à ce qui se passe aujourd'hui, mais là c'est presque trop. J'ai ressenti une forme de caricature comme pour illustrer absolument le propos.
Heureusement il y a un peu de résilience sur la fin.
Le sujet est néanmoins intéressant et la plume de l'auteur est fine, fluide et intime.
Un récit un peu à part à découvrir.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle
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Laurence, née dans les années 60 s'interroge sur son parcours et son statut de "fille". Comment se positionne t-on en tant que fille surtout quand son père aurait tant aimé avoir un garçon ! Devenue femme, elle a une douloureuse épreuve à surmonter, la mort de son premier enfant, un garçon, suite à une erreur médicale. Cette épreuve, toute dramatique qu'elle soit devient insupportable lorsque l'on apprend que pour faire plaisir à son père, qui l'a manipulé, Laurence doit changer de gynécologue et que c'est ce dernier qui fera cette erreur médicale fatale... Dans la troisième partie, Laurence a enfin la joie d'être mère, elle a une fille. Lorsque cette dernière grandit, Laurence s'interroge sur son rôle : sa fille est un "garçon manqué", est-elle responsable? A-t-elle mal éduqué sa fille? Les questions continuent à l'adolescence lorsque sa fille lui dit préférer "les filles"...
J'ai beaucoup aimé ce roman qui fait réfléchir sur le comportement social, par rapport au genre, au sexe et sur l'époque qui n'a pas tant changé car les attentes de comportement sont toujours différent selon que l'on soit fille ou garçon!
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Un vrai coup de coeur pour ce roman qui analyse avec tant de justesse la place de la femme dans la société où l'héroïne Laurence Baraqué nait. C'est en 1960 à Rouen.
J'ai été bluffée par ce premier chapitre, une autobiographie à « tu » qui raconte le jour de la naissance. Parsemé de références littéraires, c'est aussi une recherche sur le langage et l'implicite des mots. Un aspect du roman que j'ai adoré, c'est un véritable travail de recherche pour l'auteure dont j'ai savouré le style.
J'ai dévoré la suite du roman qui raconte le sort de Laurence, née d'un père qui répond à la question : « Vous avez des enfants ? Non, j'ai deux filles ». de l'enfance à l'âge adulte, elle cherche sans cesse sa place et finit par la trouver dans l'épanouissement d'une mère qui s'accepte et accepte sa progéniture, bien plus sûre d'elle que sa mère.
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Très belle découverte que ce roman de C. Laurens, auteure que je ne connaissait que de nom et dont je vais m'empresser de lire un autre livre (je suis intéressé par vos conseils, merci...).
Beau style d'écriture, beau mélange d'analyse et de réalité crue, belle capacité à faire naître des ambiances à partir de petits détails ou de petites phrases de la vie quotidienne. Les drames ont lieu, ils deviennent invisibles sous les flots de la vie qui continue, mais sont toujours là, tels des récifs prêts à éventrer la coque des navires.
L'humour omniprésent apporte heureusement de la légèreté, en apparence, parce qu'il faut bien sauver les meubles.
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J'ai hésité avec trois étoiles.
Je ne peux pas être élogieux sur cette lecture, trop inégale à mon sens. On trouve de beaux passages de qualité, touchants et bien écrits. Ce livre est très engagé et aborde plusieurs thématiques autour du combat féministe, au travers de la vie d'une petite fille, de sa naissance à son rôle de maman d'une adolescente.

Mais si j'ai parfois été ému à la lecture, j'ai également été écoeuré de l'accumulation trop caricaturale de scènes tragiques ou pathétiques. Certains passages relèvent de la surenchère, et ternissent le livre à mon sens. Je déplore également quelques ratés dans certains jeux de mots ou phrases censés faire rire, là encore trop faciles voire grotesques parfois.

Un livre qui me laisse intrinsèquement partagé, mais déçu par rapport à l'attente que je portais, notamment à la lecture de la quatrième de couverture, prometteuse mais surtout bien choisie au regard du contenu.

Ceci étant, même si le livre ne m'a pas particulièrement plu dans la forme et quelque fois sur le fond, la majeure partie du message qu'il porte est louable et permet de faire entendre le mouvement féministe dans ce qu'il contient de remarquable et absolument nécessaire.

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Qu'est-ce qu'une fille dans un monde d'hommes ?

Oui, on pourra reprocher à Camille Laurens certaines lourdeurs, certaines insistances sur les thèmes du féminisme, de l'inceste et de la misogynie. Pourtant... j'ai parcouru ces 225 pages d'une sincérité déroutante en deux jours, habitée par la cruauté, la déshumanisation de certains personnages face aux femmes, par la haine, le mépris des médecins, des psychologues, des familles. J'ai eu froid dans le dos en lisant certains passages : je pense notamment au mécanisme morbide du silence et de l'oubli face à l'abus sexuel.


Un livre dur, beau et émouvant.
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Roman sur l'inégalité des genres où nous suivons le destin de Laurence, née fin des années 60', ce texte progresse avant tout sur le fil des mots qui divisent et façonnent l'existence des filles. À coup de culpabilisation, de dévalorisation et de manipulation, les mots de la société patriarcale et en premier lieu du père s'impriment au fer rouge dans l'esprit de Laurence pour lui faire adopter le statut de dominée, jusqu'au péril de sa grossesse.

Les violences psychologiques (mensonges, manque d'affection, pression de la norme, banalisation de la souffrance), physiques et sexuelles du roman (inceste, violences obstétricales) sont mises en scène sans être nommées ni conscientisées comme telles au moment des événements mais sont reconsidérées par nous, lecteurs.trices, à l'aune de notre regard post-me too.

Une des réussites du roman sur le plan de la narration est l'alternance des points de vue, tantôt sous forme d'adresse en "tu", tantôt de façon plus intériorisée en "je" puis à la troisième personne en "elle" autour de la scène traumatique de l'inceste dans l'enfance, rendant compte du phénomène de dissociation chez la victime. Plus largement, la force thérapeutique de l'écriture et du langage servent ici à symboliser et à circonscrire l'innommable dans l'ordre de la réalité.

De la fatalité de sa naissance à la réappropriation possible de son identité de femme grâce à l'homosexualité pleinement assumée de sa fille, Laurence nous livre ses interrogations, ses peurs, ses conflits de loyauté, ses trahisons et ses prises de conscience reconstructrices sur une cinquantaine d'années qui nous font mesurer l'ampleur des progrès sociétaux accomplis et encore à accomplir en matière d'égalité des genres.
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Camille Laurens se met dans la peau de la fillette qu'elle fut.
Ça veut dire quoi « être une fille » ? Laurens constate que c'est une convention, une vilaine habitude. Dans l'histoire de nos civilisations, la fille est un non-garçon, un échec, un regret. D'ailleurs les filles peuvent être des garçons manqués (voir des garçons manquants – comme un chaînon), mais rarement l'inverse. Cette convention, ce trouble, le langage en est le colporteur. Il faut être attentif aux paroles, aux doubles sens. Les maux des filles se cachent souvent dans les mots des garçons.
« Fille » est un magnifique roman sur la transmission, sur la difficulté d'éduquer les filles, justement. Dans cette entreprise, Laurens, devenue mère, n'échappe pas aux peurs ancestrales, à cette difficulté que nous avons à revoir la signification du genre, à accepter qu'une fille puisse en aimer une autre et qu'elle n'en demeure pas moins « fille ».
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